Premier lancement du nouveau navire de recherche Belgica

Le futur navire de recherche belge Belgica a été lancé pour la première fois le 11 février 2020 depuis le chantier naval Freire Shipyards à Vigo, en Espagne. Une étape importante après la pose de la quille, l’équivalent de la pose de la première pierre d’un bâtiment, il y a un peu moins d’un an. La cérémonie s’est déroulée en présence des différents partenaires du projet : le chantier naval, la Défense, la Politique scientifique fédérale (BELSPO) et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Maintenant, le navire est en cours d’achèvement et sera doté de tout l’équipement et du matériel nécessaires. La livraison du navire à Zeebrugge est prévue pour le dernier trimestre de cette année. Il sera ensuite officiellement mis en service. Le prix de revient du projet s’élève à environ 54 millions d’euros (y compris la TVA).

Le nouveau RV Belgica est à l’eau pour la première fois, Vigo (Espagne), 11 février 2020 (© Marine belge/Jorn Urbain)

Le premier lancement d’un nouveau navire (où le navire est littéralement transféré de la terre à l’eau pour la première fois) est toujours considéré comme un événement joyeux, qui est célébré par une cérémonie officielle. Cela comprend les discours des différents partenaires du projet du côté espagnol et belge, le lancement proprement dit, la signature du livre d’honneur et l’échange de cadeaux.

Après un discours de bienvenue de M. Guillermo Freire, directeur général du chantier naval Freire Shipyard, les représentants de la délégation belge ont été les premiers à s’adresser au public. M. Pierre Bruyere, président du comité exécutif de BELSPO, a exposé la voie qui a conduit à la collaboration et au contrat actuels avec le chantier naval Freire Shipyard, et a souligné qu’en 2020, nous célébrerons également 50 ans de financement continu des sciences marines par le biais des programmes de recherche de BELSPO. L’arrivée du nouveau RV Belgica sera un moment fort de cette célébration. Mme Patricia Supply, directrice générale de l’IRSNB, a notamment souligné la longue histoire de la recherche scientifique marine dans cet institut. De nombreux jalons ont été passés en revue : de la première expédition belge en Antarctique (1897-1899) dirigée par Adrien de Gerlache, au premier échantillonnage standardisé de la faune marine belge (1898-1939) par Gustave Gilson, en passant par l’hébergement du service scientifique de l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord) au sein de l’IRSNB en 1997. L’amiral de division Yves Dupont, chef de la division Systèmes de la direction générale des ressources matérielles de la défense, a ensuite salué la manière dont l’étroite coopération de ces dernières années dans le cadre de l’actuel RV Belgica a conduit à une connaissance accrue de la mer, ce qui contribue également au succès des activités de la Marine. Les connaissances que le nouveau RV Belgica va acquérir et l’échange continu d’informations scientifiques et militaires resteront également indispensables dans ce contexte.

Enfin, les représentants belges ont félicité le chantier naval Freire Shipyard non seulement pour la mise en œuvre réussie du projet RV Belgica, mais aussi pour le 125e anniversaire du chantier naval, qui sera également célébré en 2020.

Mme Patricia Supply, directrice générale de l’IRSNB, s’est adressée au public (© Marine belge/Jorn Urbain)

Contexte et étapes du processus de construction et de dénomination

Après 36 ans de service, avec plus de 1 000 expéditions scientifiques et plus de 900 000 kilomètres parcourus au compteur (>22,5 fois le tour de la terre), l’actuel navire de recherche océanographique belge A962 Belgica (construit en 1984) avait besoin d’être remplacé. C’est pourquoi, le 28 octobre 2016, le gouvernement fédéral a pris la décision de faire construire un nouveau navire de recherche moderne. Le contrat pour la conception et la construction du navire a été attribué par le ministre de la politique scientifique au chantier naval espagnol Freire Shipyard (Vigo) et au concepteur naval norvégien Rolls-Royce Marine AS (qui a entre-temps fait partie de la société norvégienne Kongsberg Maritime).

La Direction générale Material Resources (DG MR) du ministère de la défense a une solide connaissance des procédures d’appel d’offres. La dernière acquisition de deux nouveaux patrouilleurs et le renouvellement de la capacité de contre-mesure des mines, entre autres, s’inscrivent bien dans l’acquisition de ce nouveau navire de recherche. Il va donc de soi que le ministère de la défense et la Politique scientifique fédérale continuent à travailler en étroite collaboration sur l’acquisition et le suivi du processus de conception et de construction. Depuis l’attribution du contrat, beaucoup de choses ont été réalisées : les plans détaillés du navire ont été établis, des maquettes ont été testées et le 13 février 2019, la découpe de l’acier pour la construction du nouveau navire a commencé. La pose de la quille a eu lieu le 27 mars 2019. Moins d’un an plus tard, le nouveau RV Belgica peut être lancé pour la première fois ! Le navire sera ensuite achevé et équipé de tous les équipements et matériaux nécessaires. Fin 2020, comme prévu, il sera livré dans son port d’attache de Zeebrugge pour soutenir la communauté de la recherche marine pendant les trente prochaines années. Après 36 ans de bons et loyaux services, l’actuel RV Belgica mettra alors définitivement fin à ses activités de recherche.

Dans l’intervalle, le nom du navire océanographique belge a également été déterminé. Après un concours de dénomination en plusieurs phases (soumission de propositions par les écoles secondaires, première sélection des noms admissibles par un jury professionnel, suivie d’un vote public en ligne), il est apparu clairement que le nouveau navire honorera la tradition belge et passera également par la vie en tant que RV Belgica. Le ministre fédéral de la Politique scientifique l’a annoncé le 25 avril 2019 en présence de la classe gagnante 1LA de l’Athénée Maurice Destenay (Liège), après quoi les élèves et le ministre ont pu profiter d’un voyage en mer avec l’actuel A 962 Belgica.

Prêt pour le lancement ! De gauche à droite : l’Amiral de Division Yves Dupont (Défense), M. Pierre Bruyere (BELSPO), Mme Patricia Supply (IRSNB) et M Guillermo Freire (Freire Shipyard) (© IRSNB/Kelle Moreau)

L’avenir du nouveau RV Belgica

Par rapport à son prédécesseur, le nouveau RV Belgica est plus grand (71,4 m de long contre 50 m) et offre plus d’espace aux scientifiques (un doublement de l’espace de laboratoire avec une capacité pouvant accueillir jusqu’à 28 scientifiques à bord). Le nouveau RV Belgica garantira le respect des obligations nationales et internationales de notre pays et assurera la continuité du soutien aux sciences marines. De cette manière, le nouveau RV Belgica continuera le rôle important de l’actuel Belgica A962 dans la surveillance de l’état des eaux marines belges et des eaux environnantes, ainsi que dans la recherche scientifique fondamentale.

Le nouveau Belgica sera également équipé d’un matériel scientifique de pointe qui permettra de prélever des échantillons jusqu’à une profondeur de 5 000 m. Le nouveau navire sera également un navire silencieux (important pour la recherche sur les stocks de poissons, entre autres) avec un léger renforcement de la glace pour pouvoir mener des recherches dans les zones arctiques pendant l’été. Bien que la mer du Nord reste la principale zone d’intérêt du nouveau navire, la zone de recherche s’étend plus loin que l’actuel RV Belgica : vers le nord jusqu’au-dessus du cercle arctique, plus au sud en incluant la Méditerranée et la mer Noire et vers l’ouest jusqu’à l’océan Atlantique. Le navire aura une autonomie de 30 jours et effectuera jusqu’à 300 jours de recherche en mer chaque année.

Le nouveau RV Belgica avant son lancement (© Marine belge/Jorn Urbain)

La dimension internationale

La dimension internationale de la science recevra également l’attention qu’elle mérite lorsque l’agenda du nouveau RV Belgica sera étoffé. Tout comme l’actuel RV Belgica faisait déjà partie du réseau européen EUROFLEETS dans ce contexte (dans lequel les scientifiques internationaux peuvent obtenir du temps de navigation sur des navires de recherche étrangers), le nouveau RV Belgica restera également actif au sein de ce réseau. Dans le cadre du « European Marine Board », la Belgique (représentée dans ce dossier par le Dr Lieven Naudts, chef du projet « New RV » pour l’IRSNB) a également participé à une étude sur le statut de la flotte européenne de navires de recherche et a contribué à déterminer le rôle clé que ces navires jouent aujourd’hui et à l’avenir dans la poursuite d’une meilleure compréhension des océans, les fonctions qu’ils peuvent remplir pour nous et les conditions préalables dans lesquelles les activités humaines peuvent être autorisées. Une prise de position du European Marine Board sur ce thème a été publiée à l’automne 2019. Depuis juin 2019, le Dr Naudts assume également la fonction de président du groupe ERVO (European Research Vessel Operators).

Grâce au nouveau RV Belgica et au cadre européen, la Belgique reste à la pointe de la science et de la technologie liées à la mer, contribuant ainsi à ce que l’Europe puisse rester un leader mondial dans le domaine des sciences et de l’exploration marines.

Le nouveau RV Belgica lors de son lancement festif (© Marine belge/Jorn Urbain)

Le projet « NewRV » a vu le jour grâce à la collaboration entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), le ministère de la Défense et la Politique scientifique fédérale (BELSPO). Le nouveau Belgica sera la propriété de l’État belge, représenté par le Bureau fédéral de la politique scientifique (BELSPO). La gestion opérationnelle sera assurée par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (KBIN) en collaboration avec la Défense et un partenaire privé.

De plus amples informations sur le projet « NewRV » et les spécifications techniques du nouveau navire peuvent être consultées sur le site http://www.belspo.be/NewRV, où le processus de construction peut également être suivi.

Mystérieux crâne de dauphin à Braine-le-Château (Brabant wallon)

Le samedi 25 janvier 2020, un marcheur a été surpris lorsqu’il a trouvé un étrange crâne d’animal le long de la route, avec de la viande et de la graisse encore dessus. Le lieu de l’événement était Braine-le-Château, une petite commune verte de la province du Brabant wallon.

© M. Kyramarios

Pas spécial ? Oui, car il semblait s’agir du crâne d’un dauphin, et le marcheur se trouvait être quelqu’un qui connaissait le sujet. Il s’agissait du crâne d’un dauphin commun (Delphinus delphis) ou d’un dauphin rayé (Stenella coeruleoalba), deux espèces dont les crânes ne se distinguent pas facilement l’un de l’autre. Ces espèces sont très peu présentes en mer du Nord, leur aire de répartition normale dans l’Atlantique ne s’étendant que dans la partie occidentale de la Manche.

Comment ce crâne s’est-il retrouvé le long d’une petite route proche de la E19 entre Nivelles et Bruxelles? Spéculation … Que l’animal ait remonté l’Escaut à la nage, puis via des affluents, à travers des écluses, jusqu’à ce qu’il atteigne le site, nous pouvons l’exclure. Le fait que l’animal ait été traîné sur le site par un renard, par exemple, après avoir été échoué, semble tout aussi improbable.

Toute information pouvant contribuer à résoudre ce mystère est la bienvenue sur kmoreau@naturalsciences.be.

Développement du protocole pour construire un salinothermomètre

17/01/2020

Rapport: Syvain Gozingan, Katrijn Baetens

Récupération du capteur Arduino de deux sondes de température d’une sonde de la salinité.

Le 16/01/2020 à 20h24mn, le système a été allumé, et il a été mis dans le bassin à 20h 32mn. La tension aux bornes du système était de 10.85 V . Le système  a été récupéré le 17/01/2020 à 10h55mn. On note que la boîte est étanche, le circuit du système reste allumé avec une tension de 10.33 aux bornes des piles.

The sensor survived the night in the bassin and delivered some good results

L’analyse des données est présentée sur les figures ci-dessous.

Salinity in the fresh water bassin of the institute containing several catfish. The salinity is slightly increasing during the night with some peaks in the morning. This is probably related to feeding time of the fish, but needs further investigation.

Protocole de la conception du thermomètre salin

Ce protocole permettra à un concepteur de réaliser de nouveaux capteurs faciles et efficaces.

 

 

Finalement, on a réussi

16/01/2020

Rapport: Sylvain Gozongan, Katrijn Baetens

Aujourd’hui, on a finalement réussi la construction d’un thermomètre salin.

Bonne méthode de soudage

Médard a trouvé une meilleure façon de souder les bornes du système Arduino Nano. Il a donc soudé les bornes de 10 Arduino.

Bonne validation des mesures du salinomètre développé par notre équipe

Le system Arduino du salinomètre et de la température avec clous a été calibré, et les résultats sont comparés aux résultats du multi paramètre pro-2030 (voir le tableau ci-dessous).

a-) Avant calibration

Variable (Eau salée) Salinité (PPT) Température °C
multi paramètre pro-2030 19 29.1
Arduino 29.78 28.81
Variable (Eau douce) Salinité Température °C
multi paramètre pro-2030 0.09 psu 29.4
Arduino 0.09 ppm 29.19

b-) Après calibration

Variable (Eau salée) Salinité (PSU) Température °C
multi paramètre pro-2030 19.38 27.7
Arduino 19.82 27.52
Variable (Eau douce) Salinité (PPT) Température °C
multi paramètre pro-2030 0.10 27.3
Arduino 0.6 27.12

Développement d’un capteur amélioré

The new sensor system. Note the container with a more practical format, the extra thermometer and the salinity meter (blue wires)

Test du nouveau capteur dans le bassin de l’institut IRHOB

After a week of hard work we can finally put the system to the test

 

Salinomètre basé sur la conductivité (deux fils électroniques)

15/01/2016

Rapportage: Médard Honfo, Katrijn Baetens

Après les nombreux travaux des deux jours précédents et les difficultés rencontrées avec le salinomètre de la marque ufire nous avons décidé de développer un salinomètre basé sur la mesure de la conductivité dans un circuit fermé par l’eau. Voici le schéma utilisé pour notre ensemble:

Electricity schemes used for creating or salinity and temperature meter

Voici notre salinomètre:

Our salinity meter developed on the basics of electrical conductivity

Quelques difficultés à résoudre

14/01/2020

Rapport: Wilfried Sintonji, Katrijn Baetens

Vérification de la tension aux bornes des batteries branchées la veille n’etait pas fiable

A notre arrivée aujourd’hui, les deux capteurs étaient toujours allumés. Le système de batterie montée en série était allumé de 18 heures 54mn la veille jusqu’à ce jour à 09 heure 39mn. Deux des piles du système en parallèle étaient très faibles et de l’eau en coulait. Donc les résultats ne sont pas fiables.

Imperfections dans la méthode de soudure

Par la suite, tous les capteurs de température et de salinité réalisés ont montré dans l’ensemble un bon fonctionnement, sauf que le nouveau Arduino était difficile à utiliser, à cause de la perfection de la soudure.

Salinomètre de Ufire difficile à installer

Aujourd’hui, on a trouvé un code pour installer le salinomètre, mais on n’a pas réussi à produire des résultats.

The ufire salinity meter branched to the Arduino development board

Enfin, de nouvelles boites ont été immergées dans l’eau afin de tester leur étanchéité.

Deuxième partie du projet : ajouter un compteur de salinité, plusieurs thermomètres et trouver une solution pour la durée de vie des batteries

13/01/2020

Rapporteur: Wilfried Sintondji, Katrijn Baetens

Il s’est tenu ce jour, 13 Janvier 2020 à l’Institut de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Benin (IRHOB), une première séance d’activité dudit projet dans le cadre de la deuxième mission au Bénin du Dr. Katrijn BAETENS selon l’ordre du jour ci-après:

  • Inventaire des matériaux apportés par Dr. Katrijn BAETENS au Bénin.

  • Réparation et programmation de capteur à trois thermomètres avec un nouveau code.

  • Fabrication du nouveau capteur à trois thermomètres.

  • Fabrication du salinomètre.

  • Recherche de solution de batterie pour les capteurs.

Au bout de cette journée, nous avons pu réaliser et programmer des capteurs à plusieurs thermomètres avec un nouveau code adapté. Un nouveau capteur à trois thermomètres a été réalisé par la suite puis testé avec le code.

Two thermometers attached to the arduino so temperature can be measured at different heights in the water column
Batteries in series to power the system
2 batterie packs of 8 AA’s organized in parallel to feed our system

Pour résoudre le problème de batterie, nous avons monté deux nouveaux dispositifs constitués des piles de 1,5v. Le premier dispositif est constitué de huit (08) piles toutes montées en série alors que le second dispositif est constitué de deux paires de huit piles (montées en série) toutes montées en dérivation. Le premier dispositif fournissait une tension aux bornes de 9,45v alors que le second dispositif avait une tension aux bornes de 12,86v. Chaque dispositif de batterie réalisé était soumis à l’alimentation d’un capteur à plusieurs thermomètres. Les résultats des performances des batteries seront constatés le lendemain.

La rare baleine à bec qui s’est échoué à Ostende était en bonne santé

Mercredi 15 janvier au soir, un Mesoplodon de Sowerby (une espèce de baleine à bec) s’est échoué sur la plage d’Ostende. Une autopsie a montré que l’animal était probablement encore vivant lorsqu’il a eu des ennuis dans nos eaux côtières, aucune cause claire de la mort n’a pu être déterminée. Les eaux côtières peu profondes étant un habitat inadapté pour les baleines à bec, les signalements de l’espèce ont toujours été rares en Belgique. À ce jour, seuls cinq cas d’échouage de baleines à bec en Belgique sont connus.

© IRSNB/Jan Haelters

Dans la soirée du 15 janvier 2020, des promeneurs ont trouvé une baleine à bec échoué près du brise-lames est d’Ostende. Malheureusement, l’animal (qui a d’abord été signalé comme un marsouin, puis comme un grand dauphin) était déjà mort, et grâce à une coopération efficace avec la police, les pompiers et les services techniques d’Ostende, la carcasse a pu être rapidement transférée dans les bâtiments de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (KBIN) à Ostende. De là, le jeudi 16 janvier au matin, il est parti pour la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Gand, où une autopsie a été pratiquée vers midi. Entre-temps, il était clair qu’il s’agissait d’une femelle immature du Mesoplodon de Sowerby (Mesoplodon bidens), d’une longueur de 2,88 m et d’un poids de 240 kg.

Baleines à bec en Belgique

Il n’est pas fréquent que des baleines à bec soient observés en mer du Nord ou échoués sur les plages adjacentes, ce qui n’est pas surprenant. Après tout, les baleines à bec préfèrent les grands fonds et restent loin des côtes. Une grande profondeur est le facteur explicatif le plus important, car le régime alimentaire des baleines à bec est composé de toutes sortes d’organismes des profondeurs (principalement des céphalopodes, mais aussi des poissons et des crustacés des grands fonds). Ainsi, autour des îles situées dans les zones de haute mer, où la profondeur des eaux augmente rapidement avec la distance de la côte, on peut observer des baleines à bec relativement près de la côte. Cependant, les eaux peu profondes de la mer du Nord (en particulier de la partie sud) ne peuvent pas être considérées comme leur habitat familier.

En Belgique, on ne connaît que cinq échouages antérieurs de Mesoplodons de Sowerby (et pas d’observation d’animaux vivants en mer). Dans deux cas il s’agissait de couples mère-jeune : en août 1835 à Ostende, en août 1933 à Wenduine (mère + jeune), en août 1954 à De Panne (femelle enceinte), en février 1969 à Heist et en octobre 1972 à Bredene (mère + jeune). Tous ces animaux se sont échoués vivants, mais sont morts peu après (le jeune de 1972 à Bredene a survécu quelques jours dans le delphinarium de Harderwijk, aux Pays-Bas).

Cause de la mort ?

« L’autopsie n’a trouvé aucune preuve d’un traumatisme récent pouvant être cité comme cause de la mort (par exemple, collision, noyade dans un filet), et a confirmé que l’animal était en bonne santé jusqu’à peu de temps avant sa mort. » explique Jan Haelters, biologiste marin et expert en mammifères marins a l’IRSNB. « Il semble donc plausible que la baleine à bec d’Ostende était encore en vie lorsqu’elle a eu des ennuis dans les eaux côtières, et que les égratignures sur l’animal par la suite ont été causées par le grattage du corps d’avant en arrière contre les pierres du brise-lames d’Ostende. Cependant, rien n’a été trouvé dans l’estomac (pas même du plastique ou d’autres objets), ce qui montre que l’animal n’avait pas trouvé de nourriture depuis un certain temps et qu’il n’avait de toute façon aucun avenir prometteur. Tous les baleines à bec de la liste belge ont probablement subi le même sort. »

© IRSNB/Jan Haelters

Certains crânes de baleines à bec belges sont conservés à l’IRSNB, qui possède également une vaste collection de restes fossiles de baleines à bec. Ils y restent disponibles pour la recherche scientifique (par exemple https://www.naturalsciences.be/fr/news/item/2880), et pour des expositions occasionnelles (par exemple https://www.naturalsciences.be/fr/news/item/17771/). Le squelette de la nouvelle baleine à bec d’Ostende sera utilisé à l’Université de Gand comme matériel didactique dans la formation vétérinaire.

Impacts environnementaux des parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord: une décennie de surveillance, de recherche et d’innovation

Depuis 2008, 318 éoliennes offshore ont été installées dans la partie belge de la mer du Nord. La technologie de construction et la surveillance de l’impact sur l’environnement ont beaucoup changé au cours de la dernière décennie. Dans un nouveau rapport, les partenaires scientifiques du programme de surveillance résument ce que nous avons appris jusqu’à présent sur les effets à long terme sur diverses composantes de l’écosystème, des invertébrés benthiques aux oiseaux et mammifères marins. Au fur et à mesure que les séries chronologiques s’allongent, notre capacité à détecter les impacts augmente. Parmi les résultats frappants, mentionnons que les substrats durs artificiels comme les fondations d’éoliennes ne peuvent être considérés comme des solutions de rechange équivalentes aux substrats durs naturels riches en espèces, que les parcs éoliens dissuadent certaines espèces d’oiseaux mais en attirent d’autres, que le nombre de marsouins communs échoués est lié aux périodes de forte intensité sonore sous-marine et que les parcs éoliens en mer ont seulement modifié de façon subtile la pêche sans créer de faibles taux de prises chez les principales espèces ciblées.

Évolution des pratiques de construction et programme de surveillance

De 2008 à 2018, 318 éoliennes offshore d’une puissance installée totale de 1556 MW ont été construites dans la partie belge de la mer du Nord. La technologie et les pratiques de construction ont radicalement changé au cours de cette décennie. Ces changements comprennent une évolution des types de fondations (des fondations gravitationnelles en béton et en acier aux éoliennes monopiles XL), une extension de la zone géographique pour la construction de parcs éoliens (en direction des eaux offshore) et une augmentation de la taille et de la capacité des éoliennes (de 3 MW avec un diamètre rotor de 72 m à 8,4 MW avec un diamètre rotor de 164 m).

Le programme de surveillance WinMon.BE a documenté et évalué l’impact environnemental des phases de construction et d’exploitation des parcs éoliens pendant toute cette période. Il a évolué pour devenir la base d’une compréhension approfondie des effets à long terme sur diverses composantes de l’écosystème, des invertébrés benthiques et poissons aux oiseaux et mammifères marins. Le nouveau rapport fait le point sur ce que nous avons appris jusqu’à présent et met l’accent sur une sélection de techniques innovantes de surveillance et d’atténuation des impacts.

Impacts sur l’écosystème

L’échantillonnage des sédiments a révélé des impacts constants sur la composition sédimentaire et les communautés macrobenthiques (invertébrés vivant dans et sur le fond marin, comme les vers, les mollusques, les crustacés et les étoiles de mer). Le raffinement des sédiments n’a été observé que très près des fondations gravitationnelles en acier, alors qu’aucun résultat concluant en termes d’enrichissement organique n’a été trouvé. Des densités et une diversité des espèces plus élevées d’organismes macrobenthiques ont été observées à proximité des éoliennes. C’est au banc Thornton que le phénomène a été le plus prononcé. Ceci confirme l’hypothèse selon laquelle les impacts sont spécifiques aux sites, aux types de fondation ou même aux turbines individuelles, ce qui souligne l’importance d’une surveillance continue du macrobenthos pour les différents types de turbines.

En ce qui concerne la macrofaune qui vit/grandit sur les fondations, une décennie de suivi a révélé trois étapes de succession. Dans une première phase pionnière relativement courte (~2 ans), l’installation des fondations de la turbine a été suivie d’une colonisation rapide qui a varié selon les sites et les types de fondations. Vint ensuite une étape intermédiaire plus diversifiée caractérisée par un grand nombre de suspensivores (qui mangent des particules de nourriture flottant dans l’eau, comme le Jassa herdmani, un petit crustacé amphipode). Un troisième stade, et peut-être le point culminant, avec une plus faible diversité d’espèces et l’anémone plumeuse Metridium senile et la moule commune Mytilus edulis comme espèces dominantes, a été atteint après neuf à dix ans. Les rapports antérieurs sur les éoliennes offshore en tant que points chauds de la biodiversité font généralement référence à la deuxième étape de la succession, riche en espèces. Il faut donc les lire avec prudence car la riche biodiversité semble maintenant être de courte durée et disparaître à nouveau à un stade ultérieur (après environ six ans dans cette étude). Ceci souligne que les substrats durs artificiels ne peuvent pas être considérés comme une alternative aux substrats durs naturels riches en espèces.

Oiseaux et mammifères

La comparaison des données sur la répartition des oiseaux de mer avant la construction avec les données recueillies après, a montré que le fou de Bassan Sula bassana (-98 %), le guillemot de Troïl Uria aalge (-60-63 %) et le pingouin torda Alca torda (-75-80%) avaient évité la zone du parc éolien. En revanche, l’attrait du parc éolien a pu être démontré pour les grands cormorans Phalacrocorax carbo, les goélands argentés Larus argentatus et les goélands marins Larus marinus. Il est important de noter que la plupart de ces effets n’étaient plus perceptibles à des distances de plus de 0,5 km des bords du parc éolien. L’impact de ces effets sur la condition physique individuelle, le succès de reproduction et la survie des oiseaux demeure encore inconnu.

Il est démontré que les parcs éoliens offshore belges sont visités par les pipistrelles de Nathusius Pipistrellus nathusii en migration. L’étude jette un premier éclairage sur les conditions météorologiques qui favorisent l’activité des chauves-souris dans le sud de la mer du Nord et sur le risque possible de collision avec des éoliennes offshore. La vitesse du vent (la plupart des détections à une vitesse maximale de 5 m/s), la direction du vent (fréquence maximale dans les vents de l’est et du sud-est), la température et la pression barométrique semblent influencer l’activité des chauves-souris dans les parcs éoliens. La vitesse du vent semble avoir la plus grande influence. Ces connaissances offrent la possibilité de réduire le risque de collision pour les chauves-souris, par exemple en réduisant l’activité des turbines lorsque certaines conditions météorologiques surviennent pendant la saison de migration.

Les niveaux sonores impulsifs élevés produits lors de la construction d’un parc éolien en mer (battage de pieux) entraînent le déplacement et la perturbation des marsouins communs Phocoena phocoena, le cétacé le plus commun dans le sud de la mer du Nord. Notre analyse révèle une fréquence plus élevée d’échouages de marsouins communs sur les plages belges pendant des mois avec une forte intensité de sons impulsifs. Cette analyse préliminaire suggère une augmentation de la mortalité des marsouins communs pendant les périodes de construction de parcs éoliens et fera l’objet d’une analyse approfondie dans l’avenir. Au cours des dernières années, les techniques d’atténuation du bruit ont donc reçu beaucoup d’attention et diverses techniques sont maintenant commercialement disponibles. Dans ce rapport, nous quantifions comment les grands rideaux à bulles et les systèmes de résonateurs fixes (AdBm Noise Mitigation System) ont été utilisés pour réduire la pression acoustique pendant la construction de parcs éoliens dans les eaux belges.

Impact sur la pêche

Comme la pêche est interdite dans les parcs éoliens offshore belges (environ 140 km² opérationnels), la surface totale disponible pour la pêche diminue à mesure que les parcs éoliens offshore se multiplient. Il a été démontré que les parcs éoliens offshore n’ont que subtilement modifié l’activité de pêche dans les eaux belges sur la période 2006-2017 (effort, débarquements et taux de capture des 10 espèces les plus importantes, y compris la sole commune Solea solea et la plie d’Europe Pleuronectes platessa – les principales espèces cibles de la flotte belge et néerlandaise de chaluts à perche). De toute évidence, une diminution remarquable de l’effort de pêche a toutefois été observée à l’intérieur des parcs éoliens offshore, ce qui suggère que les pêcheurs locaux ont adopté des efforts pour s’adapter à l’exclusion de la zone du parc éolien de leurs zones de pêche et ont augmenté leur effort de pêche sur les bords. Alors que les taux de capture de sole à proximité des parcs éoliens offshore opérationnels sont restés comparables aux taux de capture dans l’ensemble de la zone, les taux de capture de plie étaient plus élevés autour de certains parcs éoliens opérationnels.

 

Le Programme de Suivi WinMon.BE est une coopération entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), l’Institut de Recherche Nature et Forêt (INBO), l’Institut de Recherche en Agriculture, Pêche et Alimentation (ILVO) et le Groupe de Recherche en Biologie Marine de l’Université de Gand, et est coordonnée par l’équipe Écologie et Gestion Marines (MARECO) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Le rapport complet, ainsi que les anciens rapports de suivi, peuvent être consultés sur le site http://odnature.naturalsciences.be/mumm/fr/windfarms/.