Un petit rorqual d’environ 6 mètres s’est retrouvé coincé dans les eaux peu profondes de la baie de Heist le 31 août. Les sauveteurs et les services de secours ont maintenu l’animal mouillé pendant des heures dans un bassin peu profond, et un chenal creusé rapidement a permis de le guider vers la mer à mesure que la marée montait. Bien que l’animal soit retourné en eaux peu profondes à deux reprises, ils ont réussi à le guider plus profondément à chaque fois. Cependant, des doutes subsistaient quant aux chances de survie.
Le dimanche 31 août, un petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) a rencontré des difficultés au large de la côte est belge. L’animal s’est retrouvé dans les eaux peu profondes et dangereuses de la baie de Heist juste avant midi, et avec le retrait de la marée, il a été complètement exposé.
Réduire la pression du poids
Les sauveteurs ont travaillé tout l’après-midi pour sauver le malheureux petit rorqual. Ils ont construit un mur de sable autour de lui et l’ont maintenu mouillé dans un bassin peu profond. Il est important qu’un cétacé sur la terre ferme soit soutenu autant que possible afin de réduire la pression de son propre poids sur ses organes. Même une profondeur d’eau de seulement 25 centimètres est toujours mieux que rien.
Le petit rorqual, d’environ 6 m de long et pesant probablement 4 tonnes, est resté relativement calme. Très alerte, il jetait constamment des regards dans toutes les directions. Il ne frappait la queue ou n’ouvrait la bouche que de temps en temps, révélant brièvement ses fanons couleur crème parfaitement alignés. Le petit rorqual semblait par ailleurs en bonne santé : il semblait bien nourri, sa peau était parfaitement intacte et il était peu parasité.
Des biologistes marins de l’Institut des sciences naturelles a conseillé les mesures à prendre. Un bulldozer municipal a été utilisé pour creuser un petit canal : en approfondissant le chemin le plus court vers la mer, l’animal pourrait revenir plus rapidement avec la marée montante.
Les sauveteurs, ainsi que plusieurs pompiers, un vétérinaire et quelques bénévoles, sont restés dans l’eau pendant des heures, d’abord jusqu’aux genoux, puis jusqu’à la taille. Finalement, vers 16 h, ils ont pu guider l’animal à travers le chenal creusé vers des eaux plus profondes. Après avoir nagé en aller-retour pendant environ une heure et demie plus loin vers le large, la baleine est revenu vers la rive à deux reprises. À chaque fois, le petit rorqual s’est retrouvé coincé dans les eaux peu profondes, mais a été rapidement repoussé. L’animal a été vu pour la dernière fois dans la soirée.
Peu après la dernière action, l’animal a disparu sous l’eau près de la côte. Le petit rorqual n’a pas été revu dans les dernières heures précédant la tombée de la nuit. Ceci est assez étrange, car un cétacé stressé par les échouages et qui s’efforce physiquement de se libérer n’est pas censé plonger immédiatement en profondeur, mais rester à la surface pour respirer régulièrement. De plus, la plongée en profondeur est impossible dans la baie de Heist, peu profonde.
Suite au retour répété du petit rorqual dans les eaux côtières, mais aussi conscients de la possibilité d’une carcasse échouée sur le rivage, les services de secours et l’Institut des Sciences naturelles sont restés vigilants dans les heures qui ont suivi. Le lundi 1er septembre, alors que deux nouvelles marées basses avaient déjà eu lieu et qu’aucun petit rorqual n’avait été retrouvé, mort ou vivant, l’alerte finale a été levée peu après midi.
Si le 31 août a été une merveilleuse fin de saison estivale pour les sauveteurs – une journée de cohésion d’équipe qu’ils n’oublieront jamais, et que les nombreux autres contributeurs (dont les pompiers, la police, le service technique, le vétérinaire et plusieurs bénévoles) méritent également d’être félicités, les craintes quant au sort du petit rorqual belge semblent désormais fondées.
Vendredi 5 septembre au soir, un petit rorqual mort s’est échoué à Katwijk, aux Pays-Bas. Cet animal mesurait également environ 6 m de long. Il s’est avéré que c’était un mâle. La carcasse a été transportée à l’Université d’Utrecht. Après une comparaison détaillée des photos du petit rorqual de Heist et de la carcasse de Katwijk, les chercheurs néerlandais et belges ont conclu que les animaux des deux sites étaient identiques. Une cicatrice sur le flanc gauche, entre autres, a été déterminante.
Cette conclusion a été renforcée par une reconstitution de la trajectoire du petit rorqual mort quelques jours avant son échouage. Cette simulation, basée sur un modèle scientifique où les courants jouent un rôle clé, a été réalisée par l’Institut des Sciences naturelles. Le modèle a rapproché le petit rorqual de façon remarquable de l’endroit où il avait été vu pour la dernière fois, le 31 août. Ce résultat indique également que l’animal est probablement mort peu après sa dernière observation au large des côtes belges, car un rorqual vivant ne se laisse pas simplement emporter par les courants.
Les petits rorquals restent rares dans notre région. Pour un aperçu des échouages et observations les plus récents en Belgique, veuillez vous référer au rapport sur les mammifères marins de 2024 et à un article Web sur un jeune petit rorqual qui s’est échoué à Ostende en 2024.
Maintenir un niveau de préparation élevé est essentiel pour tous les partenaires de la Garde Côtière belge face aux menaces de pollution maritime.
Lors de POLEX 2025, l’exercice national belge de lutte contre la pollution marine, qui s’est déroulé le 18 juin 2025, l’Institut des Sciences naturelles a apporté deux atouts clés : 1) l’avion de surveillance aérienne a assuré la coordination et la surveillance en temps réel depuis le ciel, tandis que 2) les simulations de modèles développées par le Marine Forecasting Centre (centre de prévision maritime) ont soutenu la prise de décision en mer.
En combinant intervention sur site, imagerie satellite et apport scientifique, l’Institut des Sciences naturelles a contribué à renforcer la connaissance de la situation et la coordination des interventions dans cet environnement complexe. Des exercices comme POLEX 2025 sont essentiels pour garantir, en cas de besoin, la synergie entre la science et les capacités opérationnelles afin de protéger le milieu marin.
Un jeune phoque à capuchon photographié sur la plage d’Ostende le 21 août était le cinquième cas documenté de ce phoque du Nord en Belgique. Cependant, l’animal n’a été identifié que le lendemain. À ce moment-là, il était déjà retourné à la mer, pour ne plus jamais être revu. Ou était-ce vraiment le cas ?
Jeudi soir 21 août, un habitué des plages d’Ostende a photographié un jeune phoque sur la rive est. Les phoques ne sont plus une rareté sur notre côte. À l’ouest du chenal du port d’Ostende, il existe même une aire de repos permanente où l’on peut régulièrement observer des phoques communs et gris. L’observateur pensait donc avoir capturé un jeune phoque gris. Une observation toujours agréable, mais désormais plus inhabituelle.
Ce n’est que le lendemain, lorsque les photos ont circulé sur les réseaux sociaux, qu’il est devenu évident qu’il s’agissait d’une espèce beaucoup plus rare : un jeune phoque à capuchon (Cystophora cristata), originaire des eaux lointaines et glacées du Grand Nord. L’animal semblait en bonne santé, mais malgré les recherches menées par des amoureux de la nature et des spécialistes de l’Institut des Sciences naturelles, il n’a pas été retrouvé. La direction dans laquelle le jeune phoque à capuchon a poursuivi son voyage, et sa réapparition éventuelle, étaient alors inconnues.
Le phoque à capuchon est un phoque originaire des océans Atlantique Nord et Arctique, du Spitzberg à la côte est du Canada. Les plus grandes populations se trouvent entre le Groenland et le Canada, avec aussi une importante zone de reproduction près de l’île volcanique de Jan Mayen (Norvège).
Contrairement aux phoques communs et gris que nous connaissons, le phoque à capuchon vit généralement plus au large, chassant dans des eaux plus profondes et plus froides, et fréquentant souvent la banquise dérivante. Les petits y naissent entre mars et mai. Leur période d’allaitement est remarquablement courte, la plus courte de tous les mammifères. En seulement quatre jours, les petits consomment tellement de lait maternel riche en matières grasses que leur poids double presque. Ils deviennent ensuite indépendants et parcourent rapidement de grandes distances en mer.
Les jeunes animaux, comme le spécimen d’Ostende, ont le dos bleu-gris et le ventre clair, ce qui leur vaut le surnom de « dos bleus ». La caractéristique typique du phoque à capuchon, une poche de peau noire que les mâles adultes peuvent gonfler jusqu’à la taille de leur tête, n’est pas encore visible chez les jeunes animaux.
Le fait que quelqu’un ait pu photographier un phoque à capuchon sur une plage belge un soir d’été montre à quel point la nature peut parfois être surprenante. La raison pour laquelle ce jeune animal est apparu à Ostende reste un mystère. On pourrait envisager des changements dans son habitat nordique, dus par exemple au changement climatique, mais les preuves tangibles manquent. Le contraire est également impossible à prouver.
Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas la première fois qu’un phoque à capuchon est observé en Belgique. Les précédentes observations remontent à 1987, 1999, 2000 et 2003. La première était la plus remarquable : une femelle adulte ayant remonté l’Escaut, vue pour la première fois près de Gand, puis capturée près de Tournai. Elle a été hébergée au zoo d’Anvers, puis au Centre des phoques de Pieterburen (Pays-Bas), mais est décédée peu après. Les trois autres cas concernaient de jeunes animaux : un mâle à Heist (1999), une femelle à Knokke (2000) et un mâle à Middelkerke (2003). Tous étaient affaiblis et ont été soignés par SeaLife. Seul l’animal de 1999 a survécu à son aventure méridionale et a été relâché en mer du Nord en janvier 2000.
Le fait que les choses finissent généralement mal pour les jeunes phoques à capuchon qui apparaissent si loin au sud a malheureusement aussi été illustré par le spécimen récent d’Ostende. Le 1er septembre, il est réapparu, cette fois à Rockanje, aux Pays-Bas. Après une période d’observation de 24 heures, il a été emmené au Centre des phoques A Seal à Stellendam le 2 septembre, où il est également décédé.
Dans le nouveau rapport « Les Echoués. Mammifères marins en Belgique en 2024 », l’Institut des Sciences naturelles résume les résultats de la recherche sur les mammifères marins échoués en Belgique en 2024. 36 marsouins communs et 72 phoques, ainsi qu’un très jeune petit rorqual, se sont échoués. Le rapport fournit également un aperçu des observations d’espèces remarquables et met l’accent sur plusieurs événements marquants.
En 2024, seuls 36 marsouins communs se sont échoués en Belgique. Au cours des 22 dernières années, ce n’est qu’en 2023 que le nombre de marsouins échoués était plus bas (26). La tendance à la hausse du nombre de marsouins communs échoués, amorcée au tournant du siècle, résulte d’un déplacement de la population en mer du Nord, l’espèce occupant de plus en plus la partie sud. Le nombre le plus élevé d’échouages a été enregistré il y a dix ans.
La raison pour laquelle le nombre de marsouins échoués a diminué depuis lors reste obscure. Une analyse des données recueillies lors de relevés aériens a montré qu’en 2024, le nombre de marsouins communs dans les eaux belges était relativement faible : en avril, août et octobre, on estimait leur nombre à 5 200, 1 000 et 3 300 animaux respectivement. Les années de pointe, on en comptait parfois trois à quatre fois plus. Une étude menée en collaboration avec les pays voisins a montré que les marsouins communs étaient perturbés par la navigation à des distances relativement importantes.
Les plagistes ont signalé un total de 72 phoques morts le long de la côte belge en 2024. Il s’agissait de 34 phoques gris et de neuf phoques communs, les autres n’ayant pas pu être identifiés. Il s’agit du deuxième chiffre le plus élevé des 30 dernières années pour ces animaux, une tendance qui s’explique par la croissance des populations dans les pays voisins. En revanche, Sealife a soigné relativement peu de phoques en 2024 : six phoques gris et trois phoques communs.
Le petit rorqual échoué à Ostende le 13 mai 2024 ne mesurait que 3,16 m et était donc très jeune. L’animal a sans doute perdu sa mère et est mort de faim. C’était le seul mammifère marin échoué en 2024 qui n’était ni un marsouin commun ni un phoque. Les auteurs profitent de l’occasion pour raconter l’histoire de deux petits rorquals échoués chez nous au XIXe siècle.
En mer, outre de nombreux marsouins, une baleine à bosse morte et deux vivantes, deux petits rorquals vivants, plusieurs grands dauphins, un dauphin commun et un groupe de dauphins à bec blanc ont été observés.
Événements liés aux baleines
En 2024, de nombreux événements ont été organisés autour des baleines. Le 13 juin, devant la gare centrale d’Anvers, une baleine bleue grandeur nature a attiré l’attention. L’animal avait été placé là pour attirer l’attention sur les collisions entre les baleines et les navires.
Mais c’est surtout à Coxyde qu’il y avait beaucoup à découvrir : du 25 mai au 15 septembre, un festival d’art en cabine, avec la baleine comme thème central, a eu lieu, et le Musée national de la pêche NAVIGO a rouvert ses portes le 7 septembre. Une nouveauté remarquable : le squelette du cachalot Valentijn, enfoui dans le sol du polder en 1989 et exhumé après plus de 30 ans.
Le nouveau rapport « Les Echoués. Mammifères marins en Belgique en 2024 » est une publication de l’Institut des Sciences naturelles. Les rapports annuels précédents (disponibles depuis 2014) peuvent être téléchargés ici.
Bruxelles, le 19 juin 2025 – Le consortium Anemoi a accueilli des parties prenantes de toute l’Europe pour un événement dédié aux émissions chimiques liées à l’énergie éolienne offshore à l’Institut des Sciences naturelles (IRSNB).
L’atelier interactif a réuni des experts de l’industrie, des organisations politiques et environnementales, en se concentrant sur les défis actuels et les orientations futures de la réglementation des émissions chimiques des infrastructures d’énergie renouvelable offshore.
La Commission OSPAR a présenté les mesures politiques prévues au niveau régional concernant les substances dangereuses provenant de sources d’énergie renouvelables en mer dans l’Atlantique du Nord-Est.
European Energy a partagé le point de vue de l’industrie et a fourni des réflexions sur les pratiques actuelles et les responsabilités environnementales.
L’équipe du projet ANEMOI a présenté les résultats intermédiaires de la recherche, notamment :
L’identification et la distribution des produits chimiques associés aux parcs éoliens offshore
Effets potentiels sur les organismes marins et les produits de l’aquaculture
Options de mesures d’atténuation pour minimiser les risques environnementaux
L’événement a donné un précieux coup de pouce à l’échange d’idées et a contribué à une approche plus éclairée et collaborative de la protection de l’environnement marin à mesure que l’énergie renouvelable offshore devient de plus en plus populaire.
Le projet Anemoi est financé par le programme Interreg Mer du Nord, avec un cofinancement de la Province de Flandre-Occidentale (Belgique) et de VLAIO (Belgique), et est coordonné par l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (ILVO, Belgique). Les partenaires sont l’Institut des Sciences naturelles (IRSNB), POM Flandre-Occidentale, l’Université d’Anvers (Belgique), SINTEF Ocean (Norvège), DTU Wind (Danemark), NIOZ (Pays-Bas), Ifremer (France), BSH, Hereon et TU Braunschweig (Allemagne).
Les parcs éoliens offshore attirent une vie marine diversifiée. De nouvelles recherches montrent que la faune qui colonise les éoliennes influence également le réseau trophique marin. En particulier, l’augmen-tation des organismes suspensivores – tels que les moules, les amphipodes et les anémones qui extraient les particules alimentaires de l’eau – contribue à transférer le carbone plus rapidement et plus directement dans le réseau trophique.
Le secteur de l’énergie éolienne offshore poursuivra son développement afin de contribuer à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO₂ de l’UE. Si l’impact des parcs éoliens offshore sur la biodiversité locale est déjà largement connu, la question essentielle reste de savoir quelles conséquences ces changements auront sur le fonctionnement des écosystèmes marins dans leur ensemble.
« Nous avons collecté de nombreux échantillons dans la partie belge de la mer du Nord et au-delà afin de modéliser les réseaux trophiques des habitats naturels et artificiels », explique Emil De Borger (Université de Gand et NIOZ), chercheur principal de l’étude. « Cela nous a permis d’étudier en détail le fonctionnement de ces systèmes et de comparer les processus écologiques des sédiments mous à ceux qui entourent les éoliennes. »
Jan Vanaverbeke (Université de Gand et Institut des Sciences Naturelles), co-auteur de la nouvelle étude, souligne un autre point important : « Jusqu’à présent, la plupart des études sur les réseaux trophiques dans les parcs éoliens offshore reposaient sur des environnements simulés. Autrement dit, sur des parcs éoliens qui n’existent que dans des modèles scientifiques. Nous avons adopté une approche différente. Notre objectif était de développer des modèles de réseaux trophiques basés sur la réalité, en utilisant des données collectées dans de véritables parcs éoliens en exploitation. »
Les chercheurs ont utilisé des analyses des isotopes stables et des modèles pour comprendre et mesurer la circulation du carbone et de l’énergie dans le réseau trophique, du plancton aux poissons. Les résultats ont montré des différences frappantes entre les fonds sableux naturels et les parcs éoliens offshore.
L’étude confirme que les structures récifales artificielles telles que les parcs éoliens offshore sont effectivement riches en espèces par rapport aux habitats à fonds mous environnants. Cependant, nombre de ces espèces présentent une biomasse très faible lorsqu’on les extrapole à l’échelle du parc éolien offshore, qui comprend de nombreux « espaces vides » entre les éoliennes.
Le véritable changement écologique réside dans la prolifération des suspensivores, des organismes tels que les moules, les amphipodes et les anémones, qui se fixent aux surfaces dures des turbines et se nourrissent en extrayant les particules organiques directement de la colonne d’eau. Les turbines favorisent ainsi une absorption plus directe du carbone et de l’énergie stockés dans les particules alimentaires dans le réseau trophique. Sur les fonds marins sableux, le carbone et l’énergie doivent souvent emprunter des chemins plus longs.
« Ces suspensivores agissent comme des pompes biologiques », explique De Borger. « Ils absorbent les particules riches en carbone de l’eau, les transforment et enrichissent les sédiments environnants en matière organique. Ce dépôt constitue à son tour de la nourriture pour les organismes vivant au fond, créant ainsi de nouvelles possibilités alimentaires dans un environnement par ailleurs pauvre en énergie. Ce sont ces nombreuses interactions entre une communauté d’espèces diversifiée qui contribuent à la productivité élevée du nouveau réseau trophique. »
Changement de régime alimentaire des poissons
L’un des résultats les plus marquants de l’étude concerne le régime alimentaire des poissons vivant à proximité des parcs éoliens. Les observations sur le terrain confirment des recherches antérieures suggérant que certaines espèces de poissons adaptent leur régime alimentaire à des proies particulièrement abondantes à proximité des éoliennes.
« Cela confirme l’idée que les parcs éoliens offshore ne sont pas de simples structures physiques », explique Ulrike Braeckman (Université de Gand et Institut des Sciences Naturelles), co-auteure. « Ils influencent activement le comportement des espèces, notamment les relations prédateur-proie. Certains poissons bénéficient clairement des sources de nourriture concentrées créées par les éoliennes. Il s’agit d’un écosystème construit qui influence les processus naturels. »
Comprendre ces changements dans les réseaux trophiques est crucial, non seulement pour la connaissance scientifique, mais aussi pour une gestion pratique. « Les réseaux trophiques nous renseignent sur la stabilité des écosystèmes, la biodiversité, et même sur notre approvisionnement alimentaire et notre bilan carbone », a ajouté Jan Vanaverbeke. « Alors que nous continuons d’accroître la capacité éolienne offshore, nous devons comprendre le fonctionnement de ces systèmes, tant pour protéger la vie marine que pour gérer durablement les océans. »
L’étude souligne l’importance d’intégrer les connaissances écologiques dans la planification, la construction et le suivi des projets d’énergie renouvelable. Alors que l’Europe s’efforce d’accroître sa capacité éolienne offshore pour atteindre ses objectifs climatiques, ces résultats fournissent des indications précieuses sur la manière de concilier l’impact sur le milieu marin et l’objectif durable de la production d’énergie éolienne offshore.
Les chercheurs plaident en faveur d’une utilisation plus large des modèles basés sur des écosystèmes réels et soulignent la nécessité d’une surveillance à long terme pour suivre et comprendre l’évolution de la dynamique du réseau trophique et de la biodiversité au fil du temps. « Nos travaux montrent que les parcs éoliens peuvent améliorer certaines voies écologiques, mais il est essentiel de comprendre lesquelles et comment elles affectent le système dans son ensemble », explique Emil De Borger.
L’étude « Offshore wind farms modify coastal food web dynamics by enhancing suspension feeder pathways » est en libre accès et a été publiée dans Communications Earth & Environment par une équipe multidisciplinaire de chercheurs marins de l’Université de Gand (Groupe de recherche en biologie marine) et d’instituts marins de Belgique et des Pays-Bas (Institut des Sciences Naturelles ; Institut de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’alimentation – ILVO ; Institut royal néerlandais de recherche sur la mer – NIOZ ; Wageningen Marine Research).
Le projet SWiM (Solar and Wind in the Belgian Marine Zone), financé par le Fonds belge pour la transition énergétique, rassemble six partenaires issus de l’industrie et de la science. Ils étudient la combinaison de technologies marines dans la zone économique exclusive de la Belgique, notamment pour intégrer des panneaux solaires flottants en mer dans des parcs éoliens de manière écologiquement durable. Le 6 mars 2025, un premier atelier a eu lieu à Bruxelles à l’Institut des Sciences naturelles afin d’aborder certaines questions cruciales.
L’atelier, organisé par le Blue Cluster et l’Institut des Sciences naturelles, a réuni près de 40 décideurs politiques, experts de l’industrie et chercheurs pour discuter des principaux défis et opportunités dans le domaine de la réglementation, des marchés publics et des critères de permis environnementaux (https://www.swimproject.be/results-workshop-01/).
Les discussions ont montré qu’il existe un besoin urgent de cadres réglementaires et de normalisation pour les usages multiples et, plus spécifiquement, l’énergie solaire offshore dans l’énergie éolienne afin de créer des conditions de concurrence équitables avec l’énergie éolienne et d’atteindre les objectifs énergétiques et de durabilité.
Libérer le potentiel de l’OPV dans les parcs éoliens offshore
Un point clé des discussions portait sur la question de savoir si les systèmes photovoltaïques offshore (Offshore Photovoltaics – OPV) devaient être intégrés aux parcs éoliens offshore ou développés indépendamment. Si cette intégration pouvait permettre une utilisation optimisée de l’infrastructure, elle soulevait également des inquiétudes quant aux coûts supplémentaires et à la complexité opérationnelle.
Les facteurs clés du processus d’approvisionnement comprennent la faisabilité financière, les études d’impact environnemental, l’intégration au réseau et les principes de conception circulaire. Pour améliorer la faisabilité économique, les participants ont exploré des instruments politiques tels que les subventions et les mécanismes de financement innovants.
Des méthodes d’approvisionnement flexibles, avec des durées initiales de projet plus courtes et des possibilités d’extension, ont été mises en avant comme un moyen d’accélérer l’innovation. De plus, des procédures d’autorisation et des cadres juridiques clairement définis sont essentiels pour clarifier la propriété et faciliter le développement des zones multifonctionnelles.
Considérations environnementales
Les considérations environnementales ont occupé une place importante dans les discussions. La conception respectueuse de la nature a été soulignée comme stratégie de soutien à la biodiversité marine, tout en reconnaissant les risques écologiques potentiels. Le manque actuel de données sur les impacts environnementaux cumulés de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne offshore souligne la nécessité de poursuivre les recherches et les projets pilotes.
L’accent a également été mis sur la circularité et les pratiques de démantèlement durables afin de limiter les impacts environnementaux à long terme. L’utilisation conjointe d’infrastructures câblées et de parcs éoliens a été proposée comme moyen d’optimiser l’efficacité spatiale et de réduire l’empreinte écologique.
Afin de promouvoir la durabilité, les critères d’appel d’offres devraient privilégier les projets qui répondent aux objectifs environnementaux et s’intègrent parfaitement aux infrastructures offshore existantes. Les composants tels que les câbles et les transformateurs durent souvent plus longtemps que les éoliennes, offrant des possibilités de réutilisation ou de remotorisation en combinaison avec les technologies OPV.
L’atelier a souligné l’importance d’une vision à long terme, de cadres politiques bien définis et d’une collaboration entre les gouvernements, l’industrie et les instituts de recherche. Les projets de démonstration seront essentiels pour approfondir l’évaluation de la faisabilité technologique et environnementale du OPV. Les prochains ateliers SWiM continueront de se concentrer sur les stratégies de mise en œuvre et les opportunités de transposition à plus grande échelle.
Le prochain atelier SWiM aura lieu le 20 octobre 2025 à la KULeuven et se concentrera sur 1) les défis restants en matière d’OPV et d’applications complémentaires dans les parcs existants pour atteindre les objectifs des stratégies énergétiques de l’UE, 2) l’expansion à d’autres applications liées à l’énergie, telles que l’énergie des vagues et des marées, et 3) l’intégration des impacts environnementaux positifs dans les procédures d’autorisation et d’appel d’offres.
SWiM est un projet de deux ans dans lequel six partenaires unissent leurs forces : la KU Leuven/EnergyVille (partenaire principal), Engie Laborelec, Blue Cluster, Imec, l’Université de Hasselt et l’Institut des Sciences naturelles (IRSNB). L’IRSNB, représenté par Arthur Capet, Pauline Denis, Geneviève Lacroix (Modélisation des écosystèmes – ECOMOD), Ee Zin Ong et Jan Vanaverbeke (Écologie et gestion marine – MARECO), est responsable du volet environnemental.
De fin mai à septembre, les garde-côtes belges et français collaboreront dans le cadre d’une opération maritime polyvalente (Multipurpose Maritime Operation – MMO). Le MMO est une opération maritime de grande envergure en mer du Nord, coordonnée par l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) et l’Agence européenne de contrôle des pêches (AECP), avec le soutien de l’Union européenne. Les États membres collaborent étroitement à des missions telles que la sécurité maritime, la protection de l’environnement et le contrôle des frontières. Le Service Scientifique UGMM de l’Institut des Sciences naturelles y participe également.
Un MMO a également eu lieu en mer du Nord pendant quatre mois en 2024, avec la Belgique et la France comme États membres participants. En 2025, des drones et des robots sous-marins seront à nouveau déployés pour éprouver les tâches des garde-côtes, telles que la localisation de personnes en train de se noyer et de petits navires, la détection de la pollution marine, le contrôle des émissions des navires, le suivi des réglementations de pêche et la cartographie des épaves, des mâts et des structures sous-marines de mesure. De plus, la Garde côtière aura l’occasion de travailler avec l’Ocean Protector, l’un des trois navires de l’AECP, et de réaliser des tests avec un remorqueur d’urgence. Il existe en effet en Belgique une demande de longue date pour ce type de remorqueur.
La nouveauté est qu’en 2025, un exercice de recherche et de sauvetage aura également lieu à la frontière entre la Belgique et la France, au cours duquel des navires de sauvetage et des hélicoptères seront utilisés pour sauver une cinquantaine de personnes en train de se noyer, tant des mannequins que des personnes réelles, en mer du Nord.
Nathalie Balcaen, Administratrice Générale de l’Agence des Services Maritimes et du Littoral (Agentschap Maritieme Dienstverlening en Kust – MDK), se réjouit du lancement d’un nouveau MMO. « L’année dernière, nous avons beaucoup appris grâce au MMO et à la coopération transfrontalière avec la France. Géopolitiquement, nous traversons une période de turbulences marquée parde nombreuses menaces. Ensemble, nous pouvons faire beaucoup plus. »
La collaboration a officiellement débuté le 28 mai et se terminera le 19 septembre 2025. Le coup d’envoi a été donné ce mercredi à Zeebrugge, en présence de tous les partenaires.
Lors de l’événement de lancement, les invités ont eu droit à un aperçu unique des coulisses de des opérations. À la base navale, ils ont été guidés à bord de différents navires dont le Sirius (MDK), le Primula (Défense) et l’Abeille Normandie (Boluda). Les différentes fonctions des navires et la coopération entre les partenaires ont été expliquées en détail. Enfin, les invités ont pu assister à un impressionnant exercice de recherche et de sauvetage avec l’Orinoco et l’hélicoptère NH90, au cours duquel la coordination entre les services impliqués a été démontrée très concrètement.
Au cours de cette Opération Maritime Polyvalente, le Service Scientifique UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord) de l’Institut des Sciences naturelles, en étroite collaboration avec la Défense, utilisera des drones de taille moyenne (Remotely Piloted Aircraft System – RPAS) pour effectuer une surveillance environnementale complémentaire au-dessus de la partie belge de la Mer du Nord. Ces drones seront déployés en soutien au programme national de surveillance aérienne de la mer du Nord.
Ronny Schallier de l’équipe de surveillance aérienne de l’UGMM explique : « Bien que les drones ne puissent remplacer un avion des garde-côtes entièrement équipé de capteurs et piloté, ils sont considérés comme des plateformes de surveillance supplémentaires importantes pour soutenir les différentes fonctions des garde-côtes. Grâce à une combinaison intelligente de surveillance aérienne dotée de personnel à bord et pilotéeà distance, les garde-côtes espèrent renforcer considérablement la surveillance et le contrôle en mer. Cette combinaison devrait permettre, entre autres, de détecter la pollution provenant des navires, de vérifier la pollution signalée via le service européen CleanSeaNet (service de détection par satellite) et de surveiller les infractions à la navigation. »
En 2024, l’avion Garde côtière de l’Institut des Sciences naturelles a documenté 4 cas de pollution marine opérationnelle provenant de navires. De plus, 31 et 59 navires présentaient des niveaux suspects de soufre et d’azote dans leurs panaches de fumée. D’autres activités consistaient en des vols dans le cadre d’une surveillance maritime plus large, d’opérations internationales et des recensements des mammifères marins.
Dans le cadre du programme national de surveillance aérienne, 220 heures de vol ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord en 2024. Ce programme est organisé par le service scientifique de l’UGMM (Unité de gestion du modèle mathématique de la mer du Nord) de l’Institut des Sciences naturelles, en collaboration avec le ministère de la Défense.
L’effort le plus important (177.5 heures) a été dédié aux vols nationaux, avec pas moins de 161.5 heures de vol dans le contexte de la Garde côtière belge. Ceci inclut 118.5 heures pour la surveillance maritime liée à la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL). Parmi ces heures de vol, 69 ont été dédiées à la surveillance des rejets d’hydrocarbures, d’autres substances liquides nocives et d’ordures, alors que les 49.5 restantes ont été passées à surveiller les émissions de soufre et d’azote des navires. De plus, 43 heures ont été prestées d’une part au contrôle des pêches à la demande du service régional flamand « Dienst Zeevisserij », et d’autre part en soutien aérien lors d’un exercice d’opérations anti-pollution en mer. Finalement, 16 heures de vol ont été consacrées à la surveillance des mammifères marins.
A côté de ces vols nationaux, 42.5 heures ont été mobilisées dans le cadre de l’Accord de Bonn qui assure la coopération internationale entre les États bordant la mer du Nord dans la lutte contre la pollution marine. Ceci inclut alors une mission dite « Tour d’Horizon » (TdH) pour le contrôle des plates-formes de forage et une autre campagne de surveillance à la frontière de la zone de contrôle des émissions des navires, à l’entrée de la Manche, au large de la Bretagne (France). Finalement, 23.5 heures de vol ont été utilisées dans le contexte d’un projet de recherche européen (CINDI-3), en collaboration avec l’Institut royal d’Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB).
Déversements par les navires
Aucune pollution par hydrocarbure n’a été observée dans la partie belge de la mer du Nord en 2024, confirmant la tendance baissière observée ces 34 dernières années.
Cependant, 4 cas de pollution opérationnelle par des substances liquides nocives autres que les hydrocarbures (annexe II de la convention MARPOL) ont été observés, à chaque fois sans pollueur identifié. Il était donc impossible de déterminer la nature spécifique des liquides déversés en mer.
A la différence des déversements d’hydrocarbures, les rejets d’autres substances liquides nocives demeurent un problème. Jusqu’en 2022, une tendance à la hausse avait pu être observée, ce que confirmait les rapports des autres pays de la mer du Nord. 2023 a montré pour la première fois dans les dix dernières années une baisse des pollutions constatées. Cette baisse semble se maintenir en 2024 même s’il est encore trop tôt pour pouvoir en tirer des conclusions. Le fait que certains de ces déversements puissent être autorisés par la loi ne change pas le fait qu’ils peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement. La surveillance continue par les états côtiers reste donc importante, non seulement pour cartographier les problèmes potentiels en mer mais également pour soutenir la révision de la réglementation, si nécessaire.
En 2024, aucune violation de l’annexe V de la convention MARPOL concernant le rejet d’ordures et de matériaux solides en vrac n’a été détectée.
La pollution par les hydrocarbures dans les ports
Le 14 mars 2024, l’avion de la garde côtière a détecté une nappe d’hydrocarbures érodée dans le port d’Anvers, sans pollueur à proximité. Le 4 juin, plusieurs nappes d’hydrocarbures ont été observées dans le même port, probablement une pollution historique libérée lors d’opérations de dragage. Peu après, le 7 juin, des hydrocarbures ont de nouveau été observés. Après avoir contacté les autorités portuaires, il a été établi que la pollution résultait d’un déversement de fioul lourd lors d’une opération de soutage. Au cours des jours suivants, plusieurs vols ont été effectués au-dessus du port afin de surveiller la situation et d’évaluer l’efficacité des mesures de lutte contre la pollution.
La Belgique continue d’être à l’avant-garde de la lutte internationale contre la pollution atmosphérique causée par les navires grâce à l’utilisation d’un capteur renifleur à bord de l’avion de la garde côtière (surveillance des émissions et mise en œuvre de l’annexe VI de la convention MARPOL). Ce capteur permet de mesurer en temps réel divers polluants atmosphériques dans les panaches d’échappement des navires.
Les mesures de soufre font partie du programme depuis 2016 et visent à contrôler le respect des limites strictes en matière de soufre dans les combustibles marins dans la zone de contrôle des émissions de la mer du Nord. En 2024, 31 des 743 navires inspectés présentaient des valeurs de soufre suspectes.
Depuis 2020, grâce à l’ajout d’un capteur de NOx, l’avion mesure également les concentrations de composés azotés (NOx) dans les panaches d’échappement des navires. Ces mesures contribuent à l’application des limites plus strictes en matière de NOx applicables depuis le 1er janvier 2021 dans la zone de contrôle des émissions de la mer du Nord. En 2024, des valeurs suspectes de NOx ont été observées sur 59 des 735 navires.
Tous les cas suspects ont été signalés aux services compétents d’inspection maritime belges et européens pour un suivi et des contrôles supplémentaires dans les ports.
En 2021, un capteur de carbone noir a également été ajouté à l’équipement du sniffer. Ce capteur mesure les émissions de carbone noir, un indicateur des niveaux de suie dans les gaz d’échappement des navires. Les émissions de 451 navires ont été mesurées en 2024. Les résultats préliminaires montrent que les navires émettent beaucoup plus de suie en mer que ce qui avait été estimé précédemment.
Dans le cadre de la Garde côtière, l’avion de surveillance contribue également à des missions plus larges de mise en application de la réglementation maritime et de la sécurité en mer. Ainsi, les opérateurs aériens de l’UGMM signalent régulièrement au centre de la garde côtière les infractions aux règle de la navigation en mer et à l’usage du système d’identification automatique (AIS) des navires ainsi que les violations éventuelles des périmètres de sécurité autour de certaines infrastructures telles que les parcs éoliens ou les fermes aquacoles.
En 2024, 11 navires ont été observés sans signal AIS actif, tous des navires de pêche. En outre, 26 infractions à la navigation ont été constatées, ce qui représente une augmentation significative, principalement des navires naviguant dans la mauvaise direction (navigation fantôme) ou au mouillage dans les voies de navigation. Ces observations ont été systématiquement signalées à la Direction générale de la navigation (SPF Mobilité et Transports) pour suivi.
L’année dernière, trois infractions liées à des intrusions dans des périmètres de sécurité maritime ont également été signalées aux autorités compétentes. Ce chiffre est conforme à celui de 2023, mais nettement inférieur à celui des années précédentes. Cela s’explique probablement par le fait que les zones réglementées, telles que la ferme aquacole au large de Nieuport et la zone d’étalonnage près d’Ostende, sont désormais mieux connues et respectées par la communauté maritime.
Enfin, en étroite coordination avec le Carrefour de l’Information Maritime (CIM-MIK), l’avion a surveillé quatre activités suspectes dans ou à proximité des zones maritimes belges, dont trois impliquaient des navires russes.
En avril, août et novembre 2024, l’Institut des Sciences naturelles a effectué des recensements saisonniers des mammifères marins. Respectivement 109, 21 et 69 marsouins communs ont été observés le long des trajectoires de vol. L’extrapolation scientifique suggère des estimations de population de plus de 5 200 animaux en avril, de plus de 1 000 en août et de plus de 3 300 en novembre dans les eaux belges.
Des phoques ont également été régulièrement observés : 3, 10 et 18 au cours des mois respectifs. L’étude d’avril a été particulièrement remarquable, avec des observations rares, notamment un petit rorqual et un groupe de cinq dauphins à bec blanc.
Missions internationales
En juillet, une campagne de plusieurs jours a été menée à la limite de la zone de contrôle des émissions près de Brest, accumulant 21,2 heures de vol. Pendant 5 jours, les émissions de 189 navires ont été mesurées. Quatorze navires ont dépassé les limites de soufre et 4 ont émis des quantités excessives de NOx. Toutes les observations ont été communiquées aux autorités françaises et aux ports d’escale européens concernés, puis enregistrées dans la base de données européenne d’inspection Thetis-EU.
En septembre, la mission internationale annuelle « Tour d’Horizon » a été menée dans le cadre de l’Accord de Bonn (21,3 heures de vol), en mettant l’accent sur la pollution causée par les installations pétrolières et gazières dans le centre de la mer du Nord (eaux néerlandaises, danoises, britanniques et norvégiennes). L’avion a détecté au total 8 déversements d’hydrocarbures, un nombre faible par rapport aux années précédentes, probablement dû aux mauvaises conditions météorologiques et à la mer agitée qui ont entraîné une dilution rapide des hydrocarbures dans l’eau. Sept des huit déversements pouvaient être directement liés à une plate-forme pétrolière. Toutes les observations ont été systématiquement signalées aux États côtiers compétents pour suivi, conformément aux procédures internationales.
La campagne CINDI-3 s’est tenue pour la troisième fois à Cabauw, aux Pays-Bas. Plus de 100 participants issus de 16 pays ont collaboré afin de comparer différents instruments de mesure scientifiques pour le dioxyde d’azote, l’ozone, les aérosols et d’autres gaz. Les mesures ont été effectuées depuis la terre, l’air et l’espace.
L’utilisation de l’avion de la garde côtière pour mesurer la qualité de l’air au-dessus de Cabauw et des ports de Rotterdam et d’Anvers a constitué un élément clé de la campagne. La combinaison des données aériennes avec d’autres instruments a fourni des informations précieuses pour valider les observations satellitaires de la pollution atmosphérique.
Un nouvel horizon?
Si l’année 2024 a à nouveau été une année fructueuse au niveau des résultats engrangés par le programme de surveillance aérienne de la mer du nord, il faut cependant ajouter que l’avion de la garde-côtière est une plateforme vieillissante âgée de 50 ans bientôt. Son remplacement est nécessaire pour garantir la pérennité des opérations de plus en plus délicates qui s’imposent à la Belgique comme Etat côtier dans un contexte maritime et international qui se complexifie. Sans cela, il est probable que la Belgique ne dispose plus d’une plateforme de surveillance aérienne adaptée et ne puisse donc plus honorer entièrement ses engagements nationaux et internationaux envers la protection de l’environnement, la sécurité et la sûreté en mer du Nord.
Dans le cadre de la lutte contre les invasions biologique en Belgique, une nouvelle campagne nationale intitulée « Vérifier – Nettoyer – Sécher » a été lancée le 15 mai. Soutenue par les autorités régionales, elle vise à sensibiliser les usagers des milieux aquatiques à la biosécurité. À cette occasion, plusieurs fédérations des secteurs aquatiques ont signé des codes de conduite volontaires, marquant leur engagement concret pour la protection de la biodiversité.
Le jeudi 15 mai, les représentants de quatre secteurs clés actifs dans les milieux d’eau douce en Belgique se sont réunis pour marquer une étape importante dans la lutte contre les invasions biologiques. Lors d’une cérémonie officielle à l’Institut des Sciences naturelles, des fédérations et organisations issues du monde des sports aquatiques, de la pêche, de l’aquaculture et de la navigation de plaisance et batellerie ont signé des codes de conduite, témoignant de leur engagement commun à protéger nos écosystèmes aquatiques.
Cette initiative, coordonnée par le Secrétariat scientifique national des espèces exotiques envahissantes (NSS-IAS, basé à l’Institut des Sciences naturelles) pour le compte des autorités régionales (Bruxelles Environnement, Agentschap voor Natuur en Bos (ANB) et le Département de la Nature et des Forêts (DNF)), s’inscrit dans une démarche globale à l’échelle européenne de lutte contre les espèces exotiques envahissantes (EEE) (Règlement européen (UE) 1143/2014) et fait partie du Plan d’action national qui constitue la mise en œuvre belge des mesures nécessaires de prévention.
Les codes de conduite adoptés sont un instrument volontaire, visant à prévenir l’introduction et la propagation des EEE en Belgique dans les écosystèmes aquatiques. Ils résultent d’un processus participatif entamé il y a un an avec les différents secteurs concernés. Ensemble, ils ont défini des mesures de biosécurité à la fois efficaces pour limiter la dispersion des EEE et compatibles avec les pratiques des usagers.
Les fédérations signataires s’engagent ainsi à encourager leurs membres à appliquer des protocoles de biosécurité rigoureux, et à participer à des actions de sensibilisation aux invasions biologiques et à leur impact. Un guide à destination des gestionnaires des cours d’eau et voies navigables a aussi été édité, afin d’inclure la biosécurité dans les cahiers des charges des travaux d’entretien.
Lancement de la campagne « Vérifier – Nettoyer – Sécher »
En parallèle, une campagne nationale de communication est lancée pour sensibiliser l’ensemble des utilisateurs récréatifs et professionnels des milieux d’eau douce – qu’ils soient amateurs de kayak, pêcheurs, plongeurs, plaisanciers, bateliers, pisciculteurs ou gestionnaires – à la biosécurité.
Inspirée de campagnes déjà en place ailleurs en Europe, comme en Grande-Bretagne depuis 2011, cette initiative vise à éviter la dissémination accidentelle des EEE via le matériel humide. Le message central : « Devenez des héros de la protection des écosystèmes aquatiques ».
Mais quel est exactement le problème ?
Les invasions biologiques constituent une menace pour la biodiversité de nos cours d’eau, rivières et lacs. L’introduction des EEE souvent accidentelle peut perturber gravement l’équilibre naturel et par ricochet avoir des conséquences néfastes sur l’économie et les loisirs.
Animales ou végétales, les EEE se propagent souvent par accident. Par exemple par la coque d’un bateau de plaisance ou du matériel de pêche mal nettoyé à la suite d’un séjour à l’étranger ou utilisé dans divers lieux. Les EEE peuvent être petites et difficiles à repérer, peuvent généralement survivre à une sécheresse temporaire, et se répandent donc facilement sur le matériel et les vêtements.
Une fois implantées, ces espèces peuvent se développer, se propager et ainsi endommager les infrastructures, et nuire aux activités. Mais aussi causer des problèmes en transmettant des maladies affectant la santé des animaux et des humains.