Surveillance aérienne de la mer du Nord en 2019

En 2019, l’UGMM a effectué 246 heures de vol dans le cadre du programme national de surveillance aérienne de la mer du Nord. Cet article énumère les résultats les plus importants. L’accent est mis ici sur les tâches essentielles : la surveillance de la pollution marine et la surveillance de l’environnement marin. Treize déversements opérationnels provenant de navires ont été observés, et des quantités suspectes de soufre ont été identifiés dans le gaz d’échappement de 51 navires. En matière de contrôle des émissions de soufre, la Belgique continue à jouer ainsi un rôle de pionnier au niveau international, suscitant un intérêt considérable s’étendant bien au-delà de l’Europe. L’avion a également participé avec succès à une surveillance coordonnée au niveau international des installations pétrolières et gazières dans la partie centrale de la mer du Nord.  En outre, comme chaque année, l’avion a effectué d’importants comptages de mammifères marins et a surveillé les travaux dans les parcs éoliens.

L’avion de la Garde côtière en action. © Tim Corbisier

Aperçu des vols de surveillance

En 2019, 246 heures de vols ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord dans le cadre du programme national de surveillance aérienne. Ce programme est mis en œuvre par le Service UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, en coopération avec la Défense. La majorité des heures de vol ont concerné des vols nationaux (183 heures).

  • 173 heures dans le cadre des missions de la Garde côtière belge
    • 129 heures de contrôle de pollution : 67 heures pour la surveillance des déversements d’hydrocarbures et autres substances nocives (Annexes I, II et V de MARPOL) et 62 heures pour la surveillance des émissions de soufre par les navires (application de la législation Annexe VI de MARPOL / SECA – Sulphur Emission Control Area ou Zone de contrôle des émissions de soufre, voir ci-dessous) ;
    • 43 heures de contrôle des pêches, à la demande du service flamand « Département des pêches maritimes »;
    • une heure en réponse à un appel spécifique pour le suivi d’une baleine proche des côtes.
  • 10 heures de suivi des mammifères marins

Une plus petite partie (63 heures) a été consacrée aux vols internationaux, dont 35 heures pour la surveillance des émissions de soufre dans les eaux néerlandaises à la demande du gouvernement néerlandais (Inspection de l’environnement et des transports),  24 heures pour la mission Tour d’horizon de surveillance des plateformes de forage en mer du Nord, une mission internationale dans le cadre de l’accord de Bonn et 4 heures pour un exercice international de lutte contre la pollution organisé par les Pays-Bas.

Déversements des navires

En 2019, la Belgique n’a heureusement pas été touchée par la pollution résultant des accidents maritimes (pollution accidentelle). Néanmoins, treize cas de pollution opérationnelle par des navires ont été observés.

  • Un cas d’une pollution limitée par hydrocarbures devant le port d’Ostende, qui ne pouvait pas être liée à un navire.

  • Douze cas concernaient le déversement de substances liquides nocives autres que des hydrocarbures (Annexe II de MARPOL). Une de ces 12 pollutions, une détection nocturne, a pu être lié à un navire. Une enquête d’inspection portuaire a été demandée dans le port d’escale suivant, qui a révélé qu’il s’agissait d’un rejet autorisé d’huile de palme (Annexe II de MARPOL).

Ces chiffres montrent que, bien que le nombre de pollutions par hydrocarbures ait été considérablement réduit au cours de la dernière décennie (premier graphique), le nombre pollutions de substances liquides nocives autres que des hydrocarbures est toujours un problème commun, et semble même être en augmentation (deuxième graphique).

Déversements de pétrole dans les ports belges

Lors des vols de transit (de l’aéroport d’Anvers – la base d’attache de l’avion – à la mer du Nord), 2 déversements de pétrole ont été observées dans le port d’Anvers. Celles-ci ont été immédiatement signalées aux autorités compétentes pour assurer un suivi.

Surveillance des émissions de soufre des navires en mer

Afin de surveiller les limites strictes de la teneur en soufre des combustibles marins dans la zone de contrôle des émissions de soufre de la mer du Nord, environ 96 heures de vols avec le capteur renifleur ont été effectuées par l’avion au-dessus des eaux belges et néerlandaises. Sur les 1241 navires dont les émissions de soufre ont été mesurées, 51 avaient une valeur de soufre suspecte. Ceux-ci ont été systématiquement signalés aux services d’inspection maritime compétents en vue d’un contrôle supplémentaire à terre.

La Belgique est actuellement l’un des rares pays à effectuer une telle surveillance aérienne des émissions de soufre des navires. L’expérience et les résultats obtenus, y compris en termes d’enquêtes portuaires ultérieures et de poursuites des contrevenants, ont déjà suscité un grand intérêt en Europe et en dehors. En 2019, les scientifiques de l’IRSNB ont de nouveau participé à divers forums internationaux dont le « Shipping and Environment Conference » en Suède, le « Sulphur Experts Meeting » au Danemark, et le « European Maritime Safety Agency Surveillance Training » aux Pays-Bas. En partie sous l’impulsion de la Belgique, il a été décidé, lors de la réunion ministérielle de BONN de 2019, d’inclure l’Annexe VI de MARPOL dans le programme de travail de l’accord de Bonn.

Heureusement, la plupart des panaches d’émissions des navires en mer sont moins noirs et moins polluants que celle-ci. © IRSNB/UGMM
Approche d’un navire pour le contrôle des émissions de soufre. © IRSNB/UGMM

Mission internationale Tour d’Horizon

Au cours de la mission annuelle de lutte contre la pollution marine provenant de plateformes de forage dans la partie centrale de la mer du Nord (dans les eaux néerlandaises, allemandes, danoises, norvégiennes et britanniques), effectuée dans le cadre de l’accord de Bonn, l’avion de surveillance a identifié un total de 32 cas de pollution, dont 23 pollutions par hydrocarbures qui pouvaient être liés à une plateforme pétrolière. Quatre autres cas de pollution ont aussi pu être reliés à une plateforme, mais aucune observation visuelle n’a pu être faite en raison d’un brouillard épais (les pollutions n’étaient visibles que sur les images radar). Les 5 observations restantes – 3 nappes de pétrole, 1 nappe d’une autre substance nocive et 1 nappe d’une substance inconnue – ont toutes été observées sans navire ni plate-forme à proximité. Ces observations ont été systématiquement communiquées à l’État côtier compétent pour un suivi ultérieur, conformément aux procédures internationales.

Nappe d’hydrocarbures à proximité d’une plateforme de forage tel qu’observé par l’avion de surveillance lors de la mission internationale TdH en 2019. © IRSNB/UGMM

Participation à l’exercice international de lutte contre la pollution d’hydrocarbures

En avril, l’avion a pris part, avec les avions des garde-côtes néerlandais et allemands, à un exercice international de lutte contre la pollution d’hydrocarbures organisé par le Rijkswaterstaat (Pays-Bas). L’objectif de cet exercice était de mieux comprendre l’efficacité et l’impact de l’utilisation des dispersants en mer. Il s’agit du traitement chimique des déversements d’hydrocarbures, qui est une deuxième option aux Pays-Bas et en Belgique après la récupération mécanique des hydrocarbures.  L’avion a joué un rôle important dans la documentation et le suivi des déversements d’hydrocarbures en mer dispersés de manière chimique comparé à ceux qui s’altéraient naturellement.

Participation de l’avion à l’exercice international de lutte contre la pollution d’hydrocarbures aux Pays-Bas. © IRSNB/UGMM

Suivi des mammifères marins au large de nos côtes

En juin, 2 phoques et 52 marsouins communs (dont 6 juvéniles) ont été observés, en août il y avait 5 phoques et 42 marsouins (dont également 6 juvéniles). L’estimation résultante de la densité moyenne était de 0,72 (0,41-1,27) et 0,62 (0,38-1,00) marsouins par km² de surface maritime, ou pour les eaux belges d’environ 2.500 et 2.100 animaux.

Ces campagnes de surveillance des mammifères marins sont menées pour contrôler l’impact environnemental des parcs éoliens en mer. En 2019, pas moins de 3 nouveaux parcs éoliens en mer ont été construits. L’avion a vérifié si les conditions de permis étaient respectées, par le placement correct d’un rideau de bulles (bubble curtain), ce qui garantit une réduction de la pollution sonore pour entre autres les mammifères marins.

Suivi des travaux dans les parcs éoliens : utilisation d’un rideau de bulles lors du levage d’un pylône. © IRSNB/UGMM
L’avion de la Garde côtière en action. © Tim Corbisier

 

En mars 2020, l’UGMM a mis en ligne un nouveau site web afin de résumer de manière claire et complète pour la presse et le public les activités de l’avion de surveillance de l’IRSNB (UGMM), les cadres juridiques dans lesquels ces activités se déroulent, et le contexte technique des tâches effectuées. N’oubliez pas de regarder la vidéo qui se concentre sur la surveillance des émissions de soufre, l’une des marques déposées et des tâches pionnières de la surveillance de l’air belge.