Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a présenté le 7 mai 2019 à Genève un nouveau rapport qui examine les points de vue des différentes parties prenantes sur les défis liés à la durabilité de l’extraction et de l’utilisation du sable. Avec ce rapport, le PNUE vise à lancer un débat mondial sur l’extraction du sable, suite à l’adoption récente d’une nouvelle résolution sur la gouvernance des ressources minérales par la 4ème Assemblée des Nations Unies sur l’environnement.
Les défis quant à la durabilité de l’extraction et de l’utilisation des ressources en sable à l’échelle mondiale
L’ampleur de l’extraction de sable et de gravier dans le monde en fait l’un des défis majeurs du développement durable au XXIe siècle. On estime que 40 à 50 milliards de tonnes de sable sont extraites chaque année des carrières et des puits, dans les rivières, le long des côtes et dans le milieu marin. La croissance de la population mondiale, l’urbanisation, l’évolution de nos modes de consommation et le développement des infrastructures qui en découle sont des facteurs importants qui ont considérablement accru l’exploitation des ressources en sable qui a triplé au cours des deux dernières décennies. Sans sable, il n’y a pas de béton, pas d’asphalte, pas de verre, …. et donc pas d’écoles, d’hôpitaux, de routes, de panneaux solaires ou autres infrastructures nécessaires. La purification de l’eau et la réalisation de terre-pleins sont également des utilisateurs importants. Le sable est même utilisé dans la production industrielle électronique et cosmétique… Après l’eau, c’est aujourd’hui la ressource naturelle la plus exploitée. En outre, les barrages et l’extraction ont réduit l’apport sédimentaire des cours d’eau à de nombreuses zones côtières, ce qui a entraîné une diminution des dépôts dans les deltas fluviaux et une accélération de l’érosion des plages.
La tendance croissante à l’extraction non durable et illégale de sable dans les écosystèmes marins, côtiers et d’eau douce a des conséquences profondes pour l’environnement, la société et l’économie (p. ex. tourisme, pêche). La recherche scientifique, la surveillance ainsi que les politiques adéquates pour soutenir une extraction et une consommation responsables, sont insuffisantes dans de nombreuses régions du monde. Entre-temps, le commerce international de sable et de gravier continue de croître. En raison de la forte demande dans les régions sans réserves locales de sable et de gravier, on s’attend à une augmentation de 5,5 % par an de ce commerce. En raison des interdictions internationales d’extraction de sable, de l’extraction de sable pour les projets de poldérisation et des effets de l’extraction non réglementée du sable dans les cours d’eau internationaux, l’extraction de sable et de gravier est devenue également un problème transfrontalier en expansion.
De nouvelles solutions pour la gouvernance des réserves mondiales de sable
Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement reconnaît la nécessité de concilier les politiques et normes mondiales avec la disponibilité locale de sable, les besoins en matière de développement et les réalités de l’application des lois, et s’engage à mettre ces défis en évidence afin d’atteindre, ensemble avec toutes les parties prenantes, une meilleure gouvernance. L’organisation attend donc avec intérêt la poursuite de la mise au point d’outils efficaces qui permettront un meilleur suivi de l’extraction et de l’utilisation des ressources en sable, ainsi qu’une prise de décision efficace en ce qui concerne la réduction des effets de l’extraction du sable.
Le nouveau rapport « Sand and Sustainability: Finding New Solutions for Environmental Governance of Global Sand Resources » est axé sur cette thématique. Il préconise d’éviter une consommation inutile de sable, d’utiliser des matériaux recyclés et alternatifs et de réduire l’impact environnemental par des pratiques d’extraction plus responsables. Le rapport a été produit en octobre 2018 au cours d’un dialogue d’experts animé par le PNUE/GRID-Genève (GRID = Global Resource Information Database) et l’Université de Genève avec le financement du Ministère fédéral suisse de l’environnement.
Résolution de l’ONU sur la meilleure gouvernance des ressources minérales
Le rapport « Sand and Sustainability » fait suite à l’adoption récente (avril 2019) d’une nouvelle résolution sur une meilleure gouvernance des ressources minérales par la 4ème Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, et a été officiellement présenté le 7 mai 2019 au Palais des Nations, à Genève, en présence de Mme Joyce Msuya, Directrice du PNUE. La résolution met l’accent sur la collecte d’informations sur les pratiques durables et les lacunes en matière de connaissances, sur l’identification de stratégies de mise en œuvre et sur les méthodes d’évaluation. Un compte-rendu devrait être présenté à la cinquième session de l’Assemblée générale des Nations Unies pour l’environnement.
Extraction de sable marin en Belgique
Entre-temps, la Belgique continue à investir dans une meilleure gouvernance de ses ressources minérales. L’extraction de sable a lieu dans les eaux marines belges depuis plus de 40 ans, sous l’autorité et le contrôle du SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie. « Afin de soutenir la gouvernance sur le long terme, une base de connaissances géologiques reprenant les quantités disponibles par qualité de sable pour la partie belge et la partie sud néerlandaise de la mer du Nord a été mise sur pied » explique Vera Van Lancker du groupe de recherche ‘Suspended Matter and Seabed Monitoring and Modelling’ de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. « En outre, son couplage avec des modèles numériques permet d’investiguer différents scénarios d’impact de l’extraction. » Le rapport final du projet TILES (‘Transnational and Integrated Long-term Marine Exploitation Strategies’) est disponible sur le site web de la Politique scientifique fédérale belge (BELSPO). Comme les stocks ne sont pas inépuisables, des stratégies d’exploitation plus réfléchies s’imposent.