La contribution Océan Austral à la Décennie ONU de l’Océan

Dans l’Océan Austral, la présence humaine et les effets combinés de diverses formes de pollution, des transports, des infrastructures et de la recherche de ressources vivantes, ainsi que l’accélération du changement climatique, exercent des pressions croissantes sur l’environnement. Ces changements sont susceptibles de modifier le rôle de l’Océan Austral dans la régulation du climat mondial et d’autres systèmes, ce qui aura un impact sur une multitude d’autres services écosystémiques importants. Bien adaptées à des conditions environnementales stables et dotées de caractéristiques uniques, les espèces de l’Antarctique sont considérées comme plus vulnérables aux perturbations environnementales et aux polluants, par rapport aux espèces des latitudes plus septentrionales. L’environnement vaste, éloigné et difficile des régions polaires signifie qu’aucune nation ne peut à elle seule développer et mettre en œuvre une stratégie de recherche et de données pour comprendre et gérer ces régions.

La Décennie ONU de l’Océan et la Communauté Océan Austral

En 2017, les Nations Unies ont proclamé une Décennie pour les Sciences Océaniques au service du Développement Durable (ci-après dénommée la Décennie ONU de l’Océan) de 2021 à 2030 afin de soutenir les efforts visant à inverser le cycle de déclin de la santé des océans. Pour atteindre cet objectif ambitieux, cette initiative vise à rassembler les parties prenantes dans le monde entier autour d’un cadre commun qui garantira que l’océanographie peut pleinement aider les pays à créer de meilleures conditions pour le développement durable des océans. L’initiative s’efforce de renforcer la coopération internationale nécessaire pour développer la recherche scientifique et les technologies innovantes qui peuvent relier l’océanographie aux besoins de la société à l’échelle mondiale.

Les résultats sociétaux de la Décennie ONU de l’Océan s’alignent fortement sur les attributions du Traité sur l’Antarctique (voir ci-dessous). La Communauté Océan Austral, qui comprend non seulement la communauté de recherche scientifique mais aussi un groupe beaucoup plus large avec des représentants de l’industrie ainsi que des organismes de gouvernance et de gestion, reconnaît donc la nécessité de développer et de mettre en œuvre un plan international coordonné qui s’appuie sur notre compréhension actuelle de la façon dont l’interaction humaine avec l’Océan Austral peut bénéficier aux personnes et aux sociétés de manière à contribuer à la protection et à la conservation des caractéristiques uniques de ces régions.

Améliorer les Actions Océan Austral pour atteindre les normes mondiales

L’Océan Austral est sous-représenté au niveau international, alors qu’il joue un rôle important dans la régulation du climat et de nombreux autres systèmes à l’échelle mondiale. La Task Force Océan Austral profitera de la Décennie ONU de l’Océan afin d’offrir une plate-forme permettant de souligner l’importance de l’océan Austral et de mettre en évidence sa pertinence dans le système terrestre. En raison de son fonctionnement bien établi, la Communauté Océan Austral est particulièrement bien placée pour participer à la Décennie ONU de l’Océan.

Sur la base des recommandations du Plan de Mise en œuvre de la Décennie ONU de l’Océan, la Communauté Océan Austral s’est engagée dans un processus axé sur les parties prenantes afin d’élaborer le Plan d’Action pour l’Océan Austral. Dans le cadre de cet effort mondial, la Task Force Océan Austral a identifié les besoins de la Communauté Océan Austral pour relever les défis liés aux caractéristiques environnementales et à la structure de gouvernance uniques de l’Océan Austral. Grâce à ce processus dirigé par la communauté large, les synergies au sein de la Communauté Océan Austral et au-delà ont été identifiées afin d’élaborer un plan d’action qui fournit un cadre aux parties prenantes de l’Océan Austral pour formuler et développer des actions et des résultats tangibles qui soutiennent la vision de la Décennie ONU de l’Océan.

Le Plan d’Action pour Océan Austral

Grâce à un financement obtenu via la Politique scientifique fédéfale (BELSPO), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a assumé un rôle de premier plan dans la coordination de la Task Force Océan Austral et dans l’orientation du processus de l’Océan Austral.

La semaine « Southern Ocean Decade and Polar Data Forum Week 2021 », co-organisée en septembre 2021 par l’IRNSB et le European Polar Board, a été l’une des nombreuses initiatives concrètes. Cet événement d’une semaine a rassemblé plus de 400 participants d’horizons divers, ce qui a permis de croiser les idées entre chercheurs, gestionnaires de données, décideurs politiques, entreprises, représentants de l’industrie, etc. Les discussions et le travail de collaboration ont abouti à la publication du Plan d’Action pour l’Océan Austral, qui a été lancé publiquement lors d’un webinaire le 12 avril 2022.

Le plan d’action décrit les conditions à remplir pour obtenir l’Océan Austral que nous souhaitons, en ce qui concerne

  • Financement : L’obtention d’un financement suffisant et à long terme, ainsi que la coordination de ce financement, sont particulièrement cruciales pour l’Océan Austral, car de nombreuses zones sont inaccessibles pendant la saison hivernale. Il est donc nécessaire de coordonner les appels afin d’améliorer les capacités technologiques permettant d’opérer dans des zones inaccessibles et de les observer tout au long de l’année, de transporter, de conserver et d’analyser rapidement les échantillons, et de soutenir la mise en place d’un réseau collaboratif durable d’observatoires à long terme.
  • Dépasser les frontières : Pour une stratégie de recherche intégrée et à long terme, il est essentiel de transcender les efforts nationaux au niveau international, de relier les disciplines de recherche et de définir conjointement les priorités de la recherche polaire mondiale.
  • Identifier et mettre en relation les parties prenantes : Améliorer le dialogue à l’interface science-politique, veiller à ce que les besoins sociétaux soient reflétés et pris en compte par la recherche, et relier l’industrie à la recherche, aux infrastructures et à la logistique, illustrera le potentiel des connaissances disponibles et l’assimilation par les parties prenantes (y compris la prise de décision) et conduira à de meilleures pratiques de gestion et à une protection renforcée de la fragile région de l’Océan Austral.
  • Données, observations et modélisation : La prise de décision éclairée pour obtenir l’océan que nous souhaitons repose sur des avis scientifiques appropriés, qui eux-mêmes reposent sur des données scientifiques. Afin d’exploiter au mieux ces données, nous devons améliorer la couverture spatiale et temporelle, veiller à ce que les données soient pleinement exploitées, maintenir les séries de données et les mettre continuellement à la disposition des nouvelles générations de chercheurs, et utiliser au maximum la modélisation et les techniques nouvelles et inédites (telles que l’intelligence artificielle et les techniques d’apprentissage automatique).
  • Renforcement des capacités, inclusion et diversité : La capacité actuelle de la Communauté Océan Austral n’est pas suffisante pour répondre à tous les problèmes qui se posent actuellement, dont beaucoup ont des implications sociétales importantes. Il est donc nécessaire de garantir la diversité des voix à la table (à tous les stades de la planification, de la recherche, du financement et du partage des données), d’investir dans le renforcement des capacités et d’améliorer la technologie pour un meilleur accès aux données et aux informations.

« Grâce à la publication du Plan d’Action pour l’Océan Austral, la Task Force Océan Austral vise à mobiliser la Communauté Océan Austral et à inspirer toutes les parties prenantes à rechercher l’engagement et à tirer parti des opportunités pour fournir des solutions innovantes qui maintiennent et favorisent les conditions uniques de l’Océan Austral », déclare Annemie Rose Janssen de l’IRNSB, auteur principal du Plan d’Action. « Ce cadre fournit une feuille de route initiale pour renforcer les liens entre la science, l’industrie et la politique, ainsi que pour encourager les activités de collaboration internationale afin de combler les lacunes existantes dans nos connaissances et notre couverture de données. »

À ce titre, et dans le cadre de la Décennie ONU de l’Océan, le Plan d’Action pour l’Océan Austral vise à contribuer à la réalisation de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de ses objectifs de développement durable dans un contexte polaire. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons obtenir un Océan Austral propre, sain & résilient, productif, prévisible, sûr, transparent & accessible, et inspirant & engageant.

Plus d’informations

Pour en savoir plus sur cette initiative décennale, veuillez consulter le site web du projet et le Plan d’Action pour l’Océan Austral, vous abonner à notre bulletin d’information et nous suivre sur Twitter et Vimeo.

Nous remercions la Politique scientifique fédérale (BELSPO) pour le soutien financier sous le contrat BELSPO n°FR/36/ AN1/AntaBIS et BL/36/FWI34_PUNDOS-PPODS dans le cadre de EU-Lifewatch.

Le Traité sur l’Antarctique a été signé en 1959 par les 12 pays dont les scientifiques avaient été actifs autour de l’Antarctique en 1957-58, dont la Belgique (il y a 54 membres aujourd’hui). Il est entré en vigueur en 1961 et décrit, entre autres, les intentions d’utiliser l’Antarctique uniquement à des fins pacifiques, de garantir la liberté d’investigation scientifique en Antarctique et de rendre librement accessibles les observations et les résultats scientifiques en provenance de l’Antarctique.