L’énergie éolienne en mer présente de nombreux avantages : outre l’objectif premier de produire de l’énergie renouvelable, les parcs éoliens en mer offrent également des possibilités de combinaison avec des activités de conservation de la nature et d’aquaculture. Les impacts environnementaux des parcs éoliens en mer du Nord font l’objet d’études approfondies, une grande attention étant déjà accordée à l’introduction de nouveaux habitats, au bruit sous-marin et à l’exclusion des pêcheries. Cependant, l’impact chimique des parcs éoliens offshore n’est pas encore très bien connu. Le nouveau projet Anemoi permettra de mieux comprendre cet impact, (1) en identifiant les émissions chimiques pertinentes de polluants connus et inconnus provenant des parcs éoliens offshore, (2) en évaluant l’impact sur l’écosystème et les activités aquacoles, (3) en examinant les réglementations actuelles et (4) en proposant des solutions et des options durables pour réduire les émissions chimiques des parcs éoliens offshore.
Les produits chimiques pénètrent dans le milieu marin par de nombreuses sources terrestres, liées à l’industrie, à la circulation ou aux ménages, et par des activités en mer telles que la navigation, la mariculture, le dragage et l’énergie offshore.
Au cours des quatre prochaines années (2023-2027), 11 instituts européens étudieront l’occurrence et les impacts des émissions chimiques provenant des parcs éoliens offshore en mer du Nord. Les fondations des éoliennes contiennent des systèmes de protection contre la corrosion, qui rejettent dans la mer des métaux tels que l’aluminium ou le zinc. Les peintures appliquées sur les turbines rejettent des composés organiques dans l’eau, tandis que la peinture peut se fissurer et s’écailler sous l’effet du mouvement des vagues, et que des particules de plastique peuvent être arrachées des pales des turbines.
Les objectifs
Dans le cadre d’Anemoi, la concentration et la distribution de composés chimiques connus et inconnus dans l’eau et les sédiments seront identifiées au moyen d’une surveillance sur le terrain et d’expériences en laboratoire (par exemple, en imitant la distribution des particules dans un système de canal à vagues).
L’impact des lixiviats chimiques provenant des éoliennes offshore sur la vie marine et les différents produits de l’aquaculture sera également évalué par le biais d’études écotoxicologiques et d’évaluations des risques, et les effets à différents niveaux trophiques seront modélisés pour les composés chimiques simples et mixtes.
En outre, différentes réglementations sont actuellement en place aux niveaux national et européen pour limiter l’impact des émissions chimiques des parcs éoliens offshore. Les réglementations dans la région de la mer du Nord seront examinées afin de proposer un cadre réglementaire harmonisé. Enfin, Anemoi étudiera des solutions durables et non nocives (par exemple, des systèmes alternatifs de protection contre la corrosion) et des optimisations pour réduire davantage les émissions chimiques des éoliennes en mer.
Un départ en trombe
Le travail de terrain a déjà commencé. Lors d’une campagne en mer fin avril 2023, des échantillons d’eau et de sédiments ont été prélevés sur plus de 40 sites. Les sites échantillonnés se trouvaient dans et à proximité de parcs éoliens dans les eaux marines belges, ainsi que dans des zones de référence situées à une plus grande distance des parcs éoliens.
Les photos d’accompagnement illustrent le travail d’échantillonnage à bord du RV Belgica par les scientifiques de l’IRSNB et d’ILVO. Des échantillons d’eau ont été pris avec un échantillonneur « MERCOS » (de BSH) pour l’analyse des métaux et avec le dispositif « GIMPF » (Geesthach Inert Microplastic Fractionator, de Helmholtz Centrum Hereon) pour l’analyse des microplastiques.
Des échantillons de sédiments ont été réalisés avec un box corer pour plusieurs analyses : métaux, composants organiques et microplastiques. Les méthodes sont complètement harmonisées avec le travail effectué lors de la croisière dans les eaux marines allemandes en mai 2023.
L’IRSNB analysera la quantité de particules microplastiques, y compris les particules de peinture, dans la couche supérieure des sédiments afin d’identifier les émissions des éoliennes et d’étudier la distribution de ces particules à l’intérieur et à proximité des parcs éoliens en mer.
La coopération est la clé
Pour atteindre les objectifs du projet, Anemoi travaillera en étroite collaboration et interaction avec l’industrie des parcs éoliens offshore et les décideurs politiques. Le travail sur le terrain a déjà commencé, et un premier événement pour les parties prenantes est prévu les 30 et 31 mai 2023 à Hambourg (Allemagne), afin d’échanger des connaissances sur les effets et les risques des émissions chimiques des parcs éoliens offshore et de discuter des solutions potentielles pour accroître encore la durabilité de l’énergie éolienne en mer.
Le projet Anemoi est financé par le programme Interreg Mer du Nord, avec cofinancement de Provincie West-Vlaanderen (Belgique et VLAIO (Belgique), et est coordonnée par Flanders Research Institute for Agriculture, Fisheries and Food (ILVO, Belgium). Plus d’informations : site web & LinkedIn.
Les partenaires : l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB, Belgique); Federal Maritime and Hydrographic Agency (BSH, Allemagne); Sintef Ocean AS (Norvège); l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer, France); Provincial Development Agency West-Flanders (POM-WVl, Belgique); Foundation of Dutch Scientific Research Institutes – The Royal Netherlands Institute for Sea Research (NWO I – NIOZ, Pays-Bas); Helmholtz Centrum Hereon (Hereon, Allemagne); University of Technology Braunschweig (TU BS, Allemagne); University of Antwerp (UAntwerp, Belgique); Technical University of Denmark (DTU, Danemark).