Un jeune petit rorqual mâle échoué à Ostende le 13 mai est très probablement mort de faim. L’estomac vide, le faible poids et la fine couche de graisse vont dans ce sens. L’animal « frais » a probablement été séparé de sa mère pour une raison inconnue. Même si les observations de petits rorquals morts et vivants sont devenues plus fréquentes ces dernières années dans le sud de la mer du Nord, leur échouage sur une plage belge reste un événement exceptionnel.
Le matin du 13 mai 2024, un randonneur a trouvé un jeune petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) mort sur la plage d’Ostende, près du Casino Kursaal. Le secouriste en chef Jonathan Devos a vu l’animal – alors d’identité inconnue – flotter dans les eaux côtières peu de temps auparavant. La zone autour de l’animal échoué a été bouclée afin que les services d’urgence et les scientifiques de l’Institut des Sciences naturelles puissent organiser l’évacuation de l’animal.
« Il était immédiatement évident qu’il s’agissait d’un animal très jeune, très maigre et récemment décédé », explique Jan Haelters, expert en mammifères marins à l’Institut des Sciences naturelles. « Les petits rorquals ne mesurent que 2,5 à 2,8 m à la naissance, on soupçonne donc que ce spécimen de 3,16 m n’a que quelques mois. À cet âge-là, ils sont encore très dépendants de leur mère. »
De l’état frais de l’animal, on peut déduire qu’il est probablement mort peu avant ou pendant l’échouage. Le cadavre a été transféré à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Gand, où une équipe de l’Université de Gand et de l’Université de Liège a procédé le même après-midi à une autopsie.
Les résultats de l’autopsie
Le petit rorqual d’Ostende s’est avéré être un jeune mâle.
« Son poids n’était que de 214 kg, ce qui est très peu pour un animal de cette taille. Même à la naissance, ils pèsent plus lourd, jusqu’à 450 kg. Il n’est donc pas surprenant qu’aucun reste de nourriture n’ait été retrouvé dans l’estomac », explique Wannes De Clercq, qui a assisté à l’autopsie pour l’Institut des Sciences naturelles.
« Les résultats suggèrent que ce petit rorqual s’est séparé de sa mère, ce qui est évidemment problématique pour un jeune animal qui ne peut pas encore subvenir à ses besoins alimentaires », a ajouté Wannes. La fine couche de graisse (seulement 7 mm d’épaisseur) conforte également l’hypothèse d’une mort par faim. Un petit morceau de plastique dans l’estomac n’est pas lié à la cause du décès.
Petits rorquals belges
Le petit rorqual est un résident permanent de la mer du Nord, mais son aire de répartition est principalement limitée à la partie nord et centrale de celle-ci. L’espèce apparaît moins souvent dans le sud de la mer du Nord, bien que la fréquence des observations de petits rorquals vivants et échoués semble y avoir augmenté ces dernières années.
Jan Haelters fournit des détails : « Nous connaissons onze cas avérés de petits rorquals dans les eaux belges au cours des 25 dernières années. Il y a eu cinq fois des carcasses et six fois des spécimens vivants. »
Les carcasses datent de 2004 (trouvé mort en mer et ramené à terre ; mort suite à une capture accidentelle), 2013 (échoué ; mort suite à l’ingestion d’une grande quantité de plastique), 2017 (carcasse en décomposition en mer), 2020 (mal nourrie et mâchoire inférieure cassée) et 2023 (carcasse en décomposition en mer, echouée ensuite aux Pays-Bas).
Les petits rorquals vivants ont été repérés en 2013, 2017, 2019, 2020 et deux fois en 2024. Ces derniers animaux ont été observés le 20 mars 2024 depuis le RV Belgica par des scientifiques de l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (près du Fairybank) et le 23 avril 2024 lors d’un relevé aérien de mammifères marins par l’Institut des Sciences naturelles (près de la frontière avec les eaux anglaises).