Mercredi 15 janvier au soir, un Mesoplodon de Sowerby (une espèce de baleine à bec) s’est échoué sur la plage d’Ostende. Une autopsie a montré que l’animal était probablement encore vivant lorsqu’il a eu des ennuis dans nos eaux côtières, aucune cause claire de la mort n’a pu être déterminée. Les eaux côtières peu profondes étant un habitat inadapté pour les baleines à bec, les signalements de l’espèce ont toujours été rares en Belgique. À ce jour, seuls cinq cas d’échouage de baleines à bec en Belgique sont connus.
Dans la soirée du 15 janvier 2020, des promeneurs ont trouvé une baleine à bec échoué près du brise-lames est d’Ostende. Malheureusement, l’animal (qui a d’abord été signalé comme un marsouin, puis comme un grand dauphin) était déjà mort, et grâce à une coopération efficace avec la police, les pompiers et les services techniques d’Ostende, la carcasse a pu être rapidement transférée dans les bâtiments de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (KBIN) à Ostende. De là, le jeudi 16 janvier au matin, il est parti pour la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Gand, où une autopsie a été pratiquée vers midi. Entre-temps, il était clair qu’il s’agissait d’une femelle immature du Mesoplodon de Sowerby (Mesoplodon bidens), d’une longueur de 2,88 m et d’un poids de 240 kg.
Baleines à bec en Belgique
Il n’est pas fréquent que des baleines à bec soient observés en mer du Nord ou échoués sur les plages adjacentes, ce qui n’est pas surprenant. Après tout, les baleines à bec préfèrent les grands fonds et restent loin des côtes. Une grande profondeur est le facteur explicatif le plus important, car le régime alimentaire des baleines à bec est composé de toutes sortes d’organismes des profondeurs (principalement des céphalopodes, mais aussi des poissons et des crustacés des grands fonds). Ainsi, autour des îles situées dans les zones de haute mer, où la profondeur des eaux augmente rapidement avec la distance de la côte, on peut observer des baleines à bec relativement près de la côte. Cependant, les eaux peu profondes de la mer du Nord (en particulier de la partie sud) ne peuvent pas être considérées comme leur habitat familier.
En Belgique, on ne connaît que cinq échouages antérieurs de Mesoplodons de Sowerby (et pas d’observation d’animaux vivants en mer). Dans deux cas il s’agissait de couples mère-jeune : en août 1835 à Ostende, en août 1933 à Wenduine (mère + jeune), en août 1954 à De Panne (femelle enceinte), en février 1969 à Heist et en octobre 1972 à Bredene (mère + jeune). Tous ces animaux se sont échoués vivants, mais sont morts peu après (le jeune de 1972 à Bredene a survécu quelques jours dans le delphinarium de Harderwijk, aux Pays-Bas).
Cause de la mort ?
« L’autopsie n’a trouvé aucune preuve d’un traumatisme récent pouvant être cité comme cause de la mort (par exemple, collision, noyade dans un filet), et a confirmé que l’animal était en bonne santé jusqu’à peu de temps avant sa mort. » explique Jan Haelters, biologiste marin et expert en mammifères marins a l’IRSNB. « Il semble donc plausible que la baleine à bec d’Ostende était encore en vie lorsqu’elle a eu des ennuis dans les eaux côtières, et que les égratignures sur l’animal par la suite ont été causées par le grattage du corps d’avant en arrière contre les pierres du brise-lames d’Ostende. Cependant, rien n’a été trouvé dans l’estomac (pas même du plastique ou d’autres objets), ce qui montre que l’animal n’avait pas trouvé de nourriture depuis un certain temps et qu’il n’avait de toute façon aucun avenir prometteur. Tous les baleines à bec de la liste belge ont probablement subi le même sort. »
Certains crânes de baleines à bec belges sont conservés à l’IRSNB, qui possède également une vaste collection de restes fossiles de baleines à bec. Ils y restent disponibles pour la recherche scientifique (par exemple https://www.naturalsciences.be/fr/news/item/2880), et pour des expositions occasionnelles (par exemple https://www.naturalsciences.be/fr/news/item/17771/). Le squelette de la nouvelle baleine à bec d’Ostende sera utilisé à l’Université de Gand comme matériel didactique dans la formation vétérinaire.