Le Cygne de Bewick Cygnus bewickii est une espèce nicheuse endémique de la toundra de Russie. Cela signifie qu’il se reproduit seulement dans cette partie du monde.
Il se distingue facilement du Cygne tuberculé Cygnus olor par son bec jaune et noir et par sa taille beaucoup plus petite.
Le Cygne tuberculé a typiquement le bec orange (photo Didier Vangeluwe).
La différence entre un Cygne de Bewick et un Cygne chanteur Cygnus cygnus – la troisième espèce de cygne d’Eurasie – est beaucoup moins simple ! Le Cygne chanteur a aussi du jaune sur le bec mais plus largement. Il est de plus grande taille que le Bewick et est peut-être le plus facilement distingué par son long, très long cou avec une tête passive et un bec puissant. En comparaison, le Bewick est délicate et mince. La voix pourra aussi aider à l’identification. Le Cygne tuberculé est muet … mais émet un bruit très particulier avec ses ailes lorsqu’il vole. Les Cygnes de Bewick et chanteur sont loquaces, émettant souvent un «Whoop- Whoop Whoop » qui est plus profond et plus fort, avec un deuxième syllabe supérieure, chez le Chanteur par rapport au Bewick.
La tête triangulaire et le bec massif sont typiques du Cygne chanteur (Didier Vangeluwe).
Les conditions météorologiques qui prévalent pendant l’hiver dans la toundra ne permettent pas à un oiseau herbivore comme le Cygne de Bewick de rester toute l’année à proximité de son site de reproduction. C’est une espèce migratrice à longue distance. Mais tous les Cygnes de Bewick n’hivernent pas dans la même région. Trois zones distinctes ont été identifiées. L’une est centrée sur la mer du Nord, une autre se trouve dans le sud-est de la Chine et au Japon tandis que la troisième est située sur la rive sud de la mer Caspienne.
Trois zones d’hivernage ? Vraiment? Non! Depuis 1997, une nouvelle zone a été découverte en Grèce, dans le delta de l’Evros. Au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, le delta de l’Evros est l’une des zones humides côtières naturelles parmi les plus – sinon la plus – riche de la Méditerranée. En février 2015, près de 1500 Cygnes de Bewick y ont été dénombrés. Un spectacle incroyable ! Et un événement inhabituel étant donné que l’on est plutôt enclin ces dernières années à annoncer des déclins voire des extinctions …
Mais de quelles zones de reproduction proviennent ces cygnes ? Quelle route utilisent-ils pour relier l’Arctique à la Méditerranée ? Quels sont les facteurs qui rendent possible que des Cygnes de Bewick ont colonisé une nouvelle aire d’hivernage située minimum à 2000 km du site le plus proche connu «historiquement» ? Est-il nécessaire de prendre des mesures (de gestion ou légales) afin d’assurer leur avenir en Grèce ?
Cela est particulièrement important étant donné qu’entre-temps le nombre de Cygnes de Bewick en hivernage dans la région de la mer du Nord a diminué de 30 % ces 15 dernières années. Une baisse particulièrement importante et inquiétante !
Les ornithologues de l’Institut Severstov d’Ecologie et d’Evolution (Centre de Baguage de Russie), le Goose, Swan & Duck Study Group of Northen Eurasia et l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (BeBirds – Centre Belge de Baguage), en partenariat avec l’Autorité de Gestion du Parc Naturel du Delta de l’Evros et l’Institut de Recherche forestière de Thessalonique ont uni leurs effort afin de lancer le programme « L’Odyssée du Cygne de Bewick – une nouvelle route vers la Grèce ».
Nous vous proposons de partager nos observations et nos découvertes.