Suivez la migration de Cygnes de Bewick équipés d’un émetteur GPS !

Le Cygne de Bewick est un espèce arctique qui niche exclusivement dans les toundras de Russie, des rives de la mer de Kara à celles du détroit de Béring.

Le « Bewick » se distingue facilement du Cygne tuberculé Cygnus olor, que l’on rencontre communément en Europe et singulièrement en Belgique, par son bec jaune et noir et par sa taille beaucoup plus petite.

Le Cygne de Bewick est la plus petite espèce de cygne d’Eurasie (photo Didier Vangeluwe).

Le Cygne tuberculé a typiquement le bec orange (photo Didier Vangeluwe).

La différence entre un Cygne de Bewick et un Cygne chanteur Cygnus cygnus – la troisième espèce de cygne d’Eurasie – est beaucoup moins simple ! Le Cygne chanteur a aussi du jaune sur le bec mais plus largement. Il est de plus grande taille que le Bewick et est peut-être le plus facilement distingué par son long, très long cou avec une tête passive et un bec puissant. En comparaison, le Bewick est délicate et mince. La voix pourra aussi aider à l’identification. Le Cygne tuberculé est muet … mais émet un bruit très particulier avec ses ailes lorsqu’il vole. Les Cygnes de Bewick et chanteur sont loquaces, émettant souvent un «Whoop- Whoop Whoop » qui est plus profond et plus fort, avec un deuxième syllabe supérieure, chez le Chanteur par rapport au Bewick.

La tête triangulaire et le bec massif sont typiques du Cygne chanteur (photo Didier Vangeluwe).

Les conditions météorologiques qui prévalent pendant l’hiver dans la toundra ne permettent pas à un oiseau herbivore comme le Cygne de Bewick de rester toute l’année à proximité de son site de reproduction. C’est une espèce migratrice à longue distance. Mais tous les Cygnes de Bewick n’hivernent pas dans la même région. Trois zones distinctes ont été identifiées. L’une est centrée sur la mer du Nord, une autre se trouve dans le sud-est de la Chine et au Japon tandis que la troisième est située sur la rive sud de la mer Caspienne.

Trois zones d’hivernage ? Vraiment? Non! Depuis 1997, une nouvelle zone a été découverte en Grèce, dans le delta de l’Evros. Au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, le delta de l’Evros est l’une des zones humides côtières naturelles parmi les plus – sinon la plus – riche de la Méditerranée. En février 2018, près de 9500 Cygnes de Bewick y ont été dénombrés. Un spectacle incroyable ! Et un événement inhabituel étant donné que l’on est plutôt enclin ces dernières années à annoncer des déclins voire des extinctions …

Mais de quelles zones de reproduction proviennent ces cygnes ? Quelle route utilisent-ils pour relier l’Arctique à la Méditerranée ? Quels sont les facteurs qui rendent possible que des Cygnes de Bewick ont colonisé une nouvelle aire d’hivernage située minimum à 2000 km du site le plus proche connu «historiquement» ? Est-il nécessaire de prendre des mesures (de gestion ou légales) afin d’assurer leur avenir en Grèce ou dans d’autres zones de présence de l’espèce ?

Cela est particulièrement important étant donné qu’entre-temps le nombre de Cygnes de Bewick en hivernage dans la région de la mer du Nord a diminué de 30 % entre 1995 et 2010. Une baisse particulièrement importante et inquiétante !

Les ornithologues de l’Institut Severstov d’Ecologie et d’Evolution (Centre de Baguage de Russie), du Goose, Swan & Duck Study Group of Northen Eurasia et l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (BeBirds – Centre Belge de Baguage), en partenariat avec l’Autorité de Gestion du Parc Naturel du Delta de l’Evros et l’Institut de Recherche forestière de Thessalonique ont uni leurs effort afin de lancer le programme « L’Odyssée du Cygne de Bewick – une nouvelle route vers la Grèce ». Ils ont ensuite été rejoint par le Research Center of Eco-Environnement Sciences de l’Académie des Sciences de Chine.

Le Research Center of Eco-Environnement Sciences de l’Académie des Sciences de Chine étudie très activement les migrations des oiseaux d’eau entre la Russie et le Sud-Est de l’Asie

.Afin de découvrir et d’étudier la connectivité (=les relations), entre les différentes zones de nidification et les sites d’hivernage, nous avons équipé entre 2015 et 2020, 80 Cygnes de Bewick d’un émetteur GPS. Cinquante-sept ont été marqué durant l’été dans la toundra de Russie, essentiellement à Yamal, et 23 en Belgique, durant l’hiver.

Vous pouvez découvrir ici les trajets de migration des 23 cygnes de Bewick marqués en Belgique au cours des 3 derniers hivers.

Les données sont mises à jour chaque semaine. Attention cependant, il n’y aura pas d’actualisation de la mi-mai à la mi-septembre car les cygnes nichent – ou estivent – dans la toundra de Russie et sont donc hors de portée d’un réseau GSM. Les données de localisation GPS sont cependant enregistrées dans l’émetteur afin d’être transmises dès que le cygne est de retour dans une zone couverte pas un réseau GSM.

Cliquez sur la phrase « Suivez la migration des oiseaux équipés d’une balise GPS… » qui se trouve au-dessus de ce texte. Vous obtenez alors une carte interactive. La ligne supérieure indique la date de la dernière mise à jour. En cliquant sur l’icône «information» vous trouverez un descriptif du programme et la liste des partenaires. En cliquant sur l’icône «couches » et ensuite sur le petit triangle à la hauteur de la ligne « The Odyssey of the Bewick’s Swan », vous pourrez visualiser les caractéristiques de chaque cygne suivi à partir du code unique de son collier émetteur. En cliquant sur l’icône « filtrer », vous aurez la possibilité de demander la visualisation du trajet d’un cygne particulier. Pour ce faire, il suffit d’encoder le code du collier émetteur dans la case « neckband » et ensuite de cliquer sur « fermer » en haut à droite de la page. L’icône « time manager » permet de sélectionner une période comme on sélectionne un cygne particulier.

Bien entendu ce travail de prospection, d’observation, de marquage, de gestion, d’analyse et de présentation des données, d’organisation du site web, est un véritable travail d’équipe ! Grand merci à tous, de Bellem à Salekhard, de Tielt à Moscou, de Pékin à Oud-Turnhout et Merksplas, de Damme à Surgut, d’Alexandroúpolis à Furnes, d’Ottignies à Thessalonique !

Bonnes observations !

Phénologie de migration post-nuptiale basée sur les oiseaux bagués en Belgique durant la période 2011-2020

Les migrations sont des phases cruciales du cycle annuel des oiseaux sauvages.

Dans certains cas, leur déroulement est inné, dans d’autres cas, il est acquis. Mais il s’agit toujours de réussir à rejoindre une zone à une autre, parfois, souvent, éloignées de milliers de kilomètres.

Le trajet demande des capacités remarquables d’orientation, de réaction par rapport aux conditions météorologiques, de choix et de disponibilité de zones de halte. La capacité de se nourrir efficacement durant les haltes afin de reconstituer les réserves d’énergie utilisées au cours de la première étape afin de pouvoir parcourir la suivante, et ainsi de suite, est également capitale.

La phénologie – le « timing » – de migration est un paramètre essentiel dans la réussite des migrations. L’oiseau doit partir à temps afin de rejoindre au bon moment son site de destination, en tenant compte des étapes à parcourir et des ressources de nourriture disponibles du début à la fin du trajet. Dans le cas des passereaux insectivores, ces ressources sont essentiellement fonction du cycle annuel, lui-même dépendant de la météo locale.

Certaines espèces/populations adaptent de manière constante leur timing de migration. D’autres semblent « calées » sur un agenda génétiquement prédéterminé.

Mais que se passe-t-il lorsque les conditions météorologiques sont particulières, lorsque la situation climatique évolue rapidement ? Dans quelle mesure les différentes espèces d’oiseaux réagissent-elles adéquatement ? Et si certaines ne le font pas, dans quelle mesure cela a-t-il une influence sur l’évolution de leur populations en terme d’abondance et de distribution ?

En étudiant la phénologie de migration de différentes espèces d’oiseaux bagués en Belgique en migration, nous souhaitons participer à cette évaluation.

Cette première présentation de résultats compile, par périodes de trois jours, les données de baguage récoltées dans toute la Belgique au cours des 10 dernières années. Les résultats sont exprimés en pourcentage du total d’oiseaux bagués de l’espèce concernée, durant la période de référence. La taille de l’échantillon (« n ») est présentée en regard de chaque graphique. Ces données sont particulièrement robustes considérant la taille des échantillons en regard de la haute densité de leur récolte – la superficie terrestre de la Belgique n’étant « que » de 30.528 km².

La variation interannuelle des pics d’abondance sera présentée dans un second temps.

Merci à tous les collaborateurs-bagueurs de l’IRSNB qui ont contribués à récolter ces données et merci à Paul Vandenbulcke qui a écrit papageno, le logiciel d’encodage de ces données.

 

Retour vers le Nord!

Les deux premiers Cygnes de Bewick équipés, au même endroit et à quelques jours d’intervalle, d’une balise GPS l’été passé dans la toundra de Yamal ont quitté ces derniers jours leur site d’hivernage distants l’un de l’autre de … 8000 km !

Le premier à prendre la route du nord est la femelle adulte 832X. Elle a quitté les environs du lac Poyang (sud-est de la Chine) le 03/03/2016. Elle était arrivée dans la région le 25/11/2015 et a successivement visité les lacs Sai Hu, Longhu et Longgan. Elle est donc restée au total 99 jours aux abords du Fleuve Yangsté avant de reprendre la route du Grand Nord.

Cygnes de Bewick hivernat dans la région du Lac Poyang, 29/11/2014 (photo Didier Vangeluwe)
Cygnes de Bewick hivernant dans la région du Lac Poyang, 29/11/2014 (photo Didier Vangeluwe).

Entre le 03/03/2016 et le 07/03/2016, elle a parcouru 1400 km en direction du nord-nord-est avec une pointe de vitesse de 215 km parcourus en 3 heures. Depuis, elle est en halte sur le Fleuve Jaune, dans le district de Donghan, à 250 km de la Mongolie. C’est exactement là où 865X, un autre Cygne de Bewick en provenance de Yamal et ayant hiverné dans la région du Yangsté, avait fait halte en migration post-nuptiale.

Le second Bewick ayant entamé la migration pre-nuptiale est 854X. C’est le mâle de deuxième hiver qui nous avait (après des années d’interrogations !) indiqué la route du Delta de l’Evros. 854X y était arrivé le 12/12/2015.

Zone d'hivernage du Cygne de Bewick 854X dans le Delta de l'Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie.
Zone d’hivernage du 12/012/2015 au 07/03/2016 du Cygne de Bewick 854X dans le Delta de l’Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie.

Après 86 jours de va-et-vient entre la Grèce et la Turquie, le fleuve faisant la frontière entre les deux pays, il s’est envolé en fin de journée du 07/03/2016, en direction du nord-est. En une étape de 12 heures de vol continu, et avec un pic de 265 km parcourus en 3 heures, 854X a survolé la Mer noire en quasi ligne droite pour se poser au petit matin du 08/03/2016 dans la Réserve de Chernomorsky, tout à l’est de la baie de Tendra, en Ukraine.

Douze heure plus tard, il repartait, plein est cette fois, pour un vol de trois heures maximum. A la nuit tombée, 854X s’est posé en mer, à quelques km au large du golfe de Khorli, un site qui concentre durant l’été plusieurs milliers de Cygnes tuberculés en mue flightless.

Les golfes de Khorli accueillent en été plusieurs milleirs de Cygnes tuberculés en mue flightless (photo Didier Vangeluwe).
Le golfe de Khorli accueillent en été plusieurs milliers de Cygnes tuberculés en mue flightless, 01/08/2009 (photo Didier Vangeluwe).

Durant la nuit, les positions reçues semblent indiquer que 854X a dérivé sur 11 km en direction de l’est. A l’aube du 09/03/2016, il a repris la route pour une courte étape de 90 km qui l’a mené dans les magnifiques lagunes hypersalines de Sivash, au nord de la Crimée. Il y est resté 4 jours et a été localisé à plusieurs reprises dans des zones de culture à proximité immédiate des plans d’eau. Très probablement s’y nourrissait-il.

Les lagunes hyper salines de Sivash sont un site de halte primordial des limicoles en migration prénuptiale, (photo Didier Vangeluwe).
854X a fait halte du 09/03/2016 au 13/03/2013 dans les lagunes hyper salines de Sivash. Ces lagunes sont un site de halte primordial pour les limicoles en migration prénuptiale. 26/07/2008 (photo Didier Vangeluwe).

854X a ensuite repris la direction de l’est pour un vol d’une quarantaine de km. Nouvel arrêt à la nuit tombée, mais cette fois en Mer d’Azov. Et nouvelle dérive durant la nuit, jusqu’à 24 km de la côte cette fois. Ce matin, 14/03/2016, 854X a repris sa route peu après 05h00 du matin (heure locale) toujours en direction de l’est. Six heures plus tard, il était localisé à 290 km à l’est, probablement en vol. 854X était alors à proximité immédiate du liman de Beisug où il s’était arrêté 51 jours durant l’automne, avant d’arriver dans le Delta de l’Evros. Va-t-il encore y faire halte où va-t-il poursuivre sa route vers l’Est, vers la Russie et le Kazakhstan?

A suivre !

Cygne à collier jaune et Oies naines

10 février, 06:50, comme chaque matin l’observation au dortoir commence dès le lever du jour. Des milliers de cygnes, principalement des Bewick, sont rassemblés pour passer la nuit en toute sécurité dans les marais de Dimitriades. La bande s’allonge sur 1 km ; c’est un spectacle très impressionnant !

The roosting flock extends on 1 km, 03/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).
Le dortoir de cygnes des marais de Dimitriades s’étend sur 1 km, 03/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).

La plupart des cygnes nagent dans l’eau peu profonde, une minorité est debout dans la vase qui affleure. Les contacts sont intenses, les cygnes sont des oiseaux très sociaux en dehors de la période de nidification. Ils vocalisent en permanence. Leurs appels sont très mélodieux et atteignent leur paroxysme au moment de l’envol. Ceux-ci se succèdent, par petits groupes.

08:03, deux familles de Cygnes de Bewick prennent leur envol depuis le coin sud-ouest du dortoir. Se faisant, ils dégagent la vue vers un autre petit groupe. Il est là ! Le cygne à collier jaune découvert il y 5 jours, mais dont le code n’avait pas pu être déchiffré. Il fait aujourd’hui beaucoup moins venteux et la distance n’est que de 400 m. Cela va aller ! Au bout de quelques minutes d’observation au télescope zoom 70x, les 4 caractères du code apparaissent clairement. Plus de doutes, c’est bien un Cygne de Bewick bagué aux Pays-Bas. L’encodage du code sur la plateforme geese.org qui compile les données des programmes de marquage de cygnes et oies en Europe permet de connaitre immédiatement son origine. Le cygne a collier jaune a été marqué le 26/12/2014 en Noord Brabant, non loin de la ville de s’Hertogenbosch. Il a rapidement quitté la zone pour poursuivre son hivernage en Belgique, à 50 km au sud-ouest, dans le nord de la province d’Anvers où il est resté jusqu’au 01/03/2015. Il sera observé ensuite le 31/03/2015 en Lituanie, en migration vers la Sibérie. Et l’hiver suivant, c’est donc en Grèce que nous le retrouvons.

The Bewick's Swan with yellow nexkband marked on 26/12/2014 in the Netherlands, 10/028/2016 (photo Didier Vangeluwe).
Le code du collier a pu être déchiffré aujourd’hui: ce Cygne de Bewick a été marqué le 26/12/2014 aux Pays-Bas, 10/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).

C’est le 3ème Cygne de Bewick bagué aux Pays-Bas que nous observons dans le Delta de l’Evros. Le précédent l’avait été le 19/02/2010. Est-ce un nouveau témoignage du fait que les Bewick hivernant traditionnellement dans ce pays le désertent ? Mais si c’est bien le cas (3 observations ne permettent pas de tirer des conclusions), pourquoi un tel phénomène ? Que se passe-t-il donc aux Pays-Bas qui ne plait plus aux Cygnes de Bewick ? Manifestement, nul ne le sait avec certitude.

Objectif suivant de la journée : observer le comportement des Oies naines, une autre espèce en déclin qui hiverne également dans le Delta de l’Evros.

 

A Lesser white-fronted Goose wintering among the Greater white-fronted Geese, 11/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).
Une Oie naine adulte hivernant parmi les Oies rieuses dan le Delta de l’Evros, 11/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).

Les ornithologues de l’Institut de Recherche Forestière de Thessalonique, partenaire du programme sur les Bewick, étudient leur régime alimentaire en analysant les fragments de cellule des végétaux, extraits des crottes récoltées dans le marais de Dimitriades. Tout un programme !

Les sites de gagnage de 854X

Objectif de ce 09/02/2016 : identifier la typologie des sites de gagnage de 854X, le Cygne de Bewick « sentinelle » équipé d’un émetteur GPS en Sibérie.

Les données transmises depuis l’arrivée de ce cygne dans le Delta de l’Evros nous indiquent qu’il se nourri exclusivement dans la partie turque du Delta. La raison en est simple : cette zone est recouverte à 99% de rizières. Les habitats naturels, qui font par ailleurs la richesse biologique exceptionnelle de la partie grecque du Delta, ont été complètement détruits côté turc. C’est frappant à l’observation d’une carte satellite: à l’est du fleuve, tout est d’un vert soutenu : ce sont les rizière. Tandis qu’à l’ouest, on observe un patchwork de couleurs de toutes les formes, de toutes les tailles. Il y a évidemment des zones qui sont cultivées, mais pas de manière intense tandis que dans la zone côtière, les marais salants et lagunes s’étendent à perte de vue.

Satellite vieuw of the Evros Delta. The border between the Greece and Turkey follow the stream.
Vue satellite du Delta de l’Evros. La frontière entre la Grèce et la Turquie suit le cours du fleuve. La monoculture du riz est prédominente dans la partie turque du Delta.

En route donc pour la Turquie. Une partie des rizières est complètement à sec, les éteules de riz subsistant après la moisson s’alignent dans d’interminables sillons. Une autre partie est partiellement inondée, le fond des sillons est rempli d’eau, probablement consécutivement aux pluies de la semaine passée. Une troisième partie est complètement sous eau, formant des lacs de plusieurs km². C’est sur ces rizières inondées que se concentre la majorité des cygnes. Une partie de la zone ne peut cependant être prospectée car elle est sous contrôle militaire.

La plupart des cygnes sont rassemblés en 4 énormes bandes de 1500 à 4000 individus. Des petits groupes comptant de quelques dizaines à quelques petites centaines de cygnes sont dispersés çà et là. Les grandes bandes sont composées des cygnes des 3 espèces : Cygne tuberculé, Cygne de Bewick et Cygne sauvage.

Tous se gavent des racines des plants de riz qui ont été semés le printemps passé. Et tous les sites où 854X a été localisé, et qui ont pu être visités, sont effectivement des rizières complètement inondées.

Rice stubbles in Turkey: the essential feeding grounds of Bewick's Swan wintering in the Evros Delta, 09/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).
Eteules de riz en Turquie. Il s’agit de la nourriture essentielle des Cygnes de Bewick qui hivernent dans le Delta de l’Evros, 09/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).

A part des cygnes, il n’y a quasi pas d’autres oiseaux dans cette partie du Delta. C’est probablement la conséquence de la disparition des habitats naturels et de la monoculture du riz. Mais certainement aussi la faute à une pression de chasse qui parait très importante : chaque rizière compte une à deux huttes de chasse et les cartouches jonchent le sol par centaines.

A 14h45, au milieu d’un groupe de 2700 cygnes se nourrissant dans une rizière complètement inondée près du village d’Enes, il est là. 854X est occupé à se lisser consciencieusement le plumage.

854X in sight in Turkey, 09/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).
854X observé sur les sites de gagnage en Turquie, 09/02/2016 (photo Didier Vangeluwe).

Hasard complet car hier, il était localisé à 26 km au nord, près du village d’Ipsala. Il y a exactement 179 jours nous étions ensemble à l’embouchure de la rivière Yuribey, sur les rives de l’Océan arctique.