Le prix JJ Mehta 2019 pour des contributions exceptionnelles à l’étude de la dynamique des sédiments cohésifs est décerné à Michael Fettweis, collègue de l’IRNSB.

« Cher Michael, j’ai le grand plaisir de vous informer que vous avez été sélectionné pour recevoir le Prix JJ Mehta 2019 pour votre contribution exceptionnelle à l’étude de la dynamique des sédiments cohésifs lors de la prochaine réunion INTERCOH 2019 à Istanbul, Turquie. » C’est en ces termes que Carl T. Friedrichs, professeur, coordinateur de recherche et directeur associé du CBNERR-VA au Virginia Institute of Marine Science, États-Unis, a annoncé la grande nouvelle à notre collègue Michael Fettweis.

Le prix Mehta est décerné à une personne qui a contribué de façon significative à l’avancement de la théorie ou à l’application du transport des sédiments cohésifs dans le milieu marin ou aquatique. Le prix, qui porte une plaque et un prix en argent, est nommé à la mémoire de Jayant J. Mehta (1916-1996) par son fils Ashish J. Mehta. Jayant J. Mehta (MS, MIT, 1938) a été un pionnier dans la création et la croissance de l’industrie pétrochimique en Inde, contribuant significativement à l’expansion industrielle du pays à partir des années 1970.

Le comité de sélection a été particulièrement impressionné par la capacité de Michael à combiner diverses observations sur le terrain et des analyses novatrices pour caractériser avec succès des processus de sédiments cohésifs naturellement complexes tout en reconnaissant et quantifiant les incertitudes inhérentes. En tant que récipiendaire du prix, Michael a été invité à présenter un long discours-programme au cours de la conférence.

Le prix a été remis lors du banquet de la conférence INTERCOH 2019 dans la soirée du mardi 15 octobre 2019.

Félicitations pour cette reconnaissance bien méritée de votre travail, Michael !

L’IRSNB et les navires de recherche européens de nouvelle génération

Avec la construction du nouveau RV belge de classe Océan qui est en cours, la Belgique se prépare bien pour un avenir prometteur dans le domaine des sciences océaniques.

Dans un nouveau exposé de position, le European Marine Board et le groupe ERVO (European Research Vessel Operators) donnent un aperçu complet de la flotte de navires de recherche européens. Cette publication présente un aperçu de la flotte actuelle, de ses capacités, de son équipement et de sa gestion. Il se tourne également vers l’avenir, en soulignant ce qui sera nécessaire pour que la flotte européenne puisse continuer à fournir le même niveau élevé de soutien à la science, en particulier dans des domaines spécialisés tels que les régions des grands fonds marins et polaires. Elle va également au-delà de la flotte elle-même, pour considérer la formation du personnel de la flotte, la gestion de la flotte et le rôle des navires de recherche dans le contexte plus large des observations océaniques.

Il est fondamental d’approfondir notre compréhension de l’océan pour relever bon nombre des défis mondiaux auxquels la société est confrontée aujourd’hui, tels que le changement climatique et la sécurité alimentaire. Bien que de nouvelles plates-formes autonomes de collecte de données (appareils de mesure continue fixes et mobiles et satellites) soient de plus en plus utilisées pour étudier, surveiller et évaluer l’environnement marin, les navires de recherche (Research Vessels- RV) demeurent une infrastructure clé qui permet aux scientifiques de recueillir des données et de mener les recherches nécessaires pour élargir nos connaissances afin d’assurer la compréhension fondamentale et le soutien stratégique. L’échantillonnage physique des fonds marins, de la colonne d’eau et de la faune marine, ainsi que la cartographie multifaisceaux des fonds marins, sont des exemples d’activités pour lesquelles les RV demeurent essentiels. Le déploiement et la récupération d’outils tels que plates-formes de mesure, les véhicules télécommandés (ROV), les véhicules sous-marins autonomes (AUV) et les planeurs, reposent souvent sur les RV.

Cependant, les navires de recherche et leurs équipements sont de grandes infrastructures sophistiquées et inévitablement coûteuses. Il est donc essentiel que leur importance et leur rôle indispensable soient clairs et que des investissements appropriés soient consentis pour assurer un soutien scientifique continu. Le 6 novembre 2019, le European Marine Board (EMB, un forum stratégique paneuropéen de 33 organisations membres, comprenant des instituts de recherche marine, des agences de financement et des consortiums universitaires) a lancé un nouvel exposé de position qui donne un aperçu de la flotte actuelle de navires de recherche européens et de ses capacités, et recommande des moyens de l’adapter aux besoins scientifiques futurs. L’exposé de position n° 25 s’intitule « Les navires de recherche européens de la prochaine génération: État actuel et évolution prévisible » et est le résultat d’une collaboration avec le groupe européen des exploitants de navires de recherche (ERVO). L’ERVO est une plate-forme européenne où les exploitants de navires de recherche discutent de leurs activités, projets, roblems et plans nationaux pour l’entretien, les modifications et le renouvellement de leurs navires de recherche.

Des navires de recherche pour répondre aux besoins scientifiques futurs

L’exposé de position décrit la flotte actuelle comme étant hautement compétente et en tête sur la scène mondiale. Toutefois, avec une espérance de vie typique d’un navire de recherche de 30 ans, la flotte vieillit et nécessite d’urgence des (ré)investissements pour continuer à être aussi efficace et capable que l’exigent la communauté scientifique et une politique efficace. Entre-temps, la technologie se développe rapidement et de nouvelles recherches apparaissent dans des domaines spécialisés tels que les régions des grands fonds marins et les régions polaires, et les navires de recherche doivent suivre le rythme. Outre les besoins futurs, l’exposé de position va également au-delà de la flotte elle-même et examine la formation du personnel de la flotte, la gestion de la flotte et le rôle des navires de recherche dans le contexte plus large des observations océaniques et du Système européen d’observation de l’océan (EOOS).

Recommandations générales

  • Les informations et les données sur les capacités et les équipements de la flotte européenne de navires de recherche devraient être tenues à jour et revues périodiquement avec le soutien du groupe européen des exploitants de navires de recherche (ERVO)
  • Pour que la flotte européenne de navires de recherche reste performante et apte à l’emploi, il est urgent de renouveler et de développer tant la flotte que ses équipements et instruments scientifiques.
  • La communauté des navires de recherche devrait poursuivre sur la voie d’une plus grande collaboration afin de viser l’égalité d’accès au temps des navires de recherche sur la base de l’excellence scientifique et non (contrainte par) le pays d’origine du scientifique, une utilisation plus efficace des ressources, une formation appropriée pour toutes les parties et une planification stratégique de la recherche.
  • Les organismes de financement devraient engager des discussions avec les communautés des navires de recherche et des sciences de la mer ainsi qu’avec d’autres intervenants pertinents pour déterminer les principaux besoins de financement.
  • La communauté des exploitants de navires de recherche devrait continuer de se tenir au fait des progrès scientifiques et technologiques émergents (p. ex. vers la transmission de données en temps réel, de nouveaux systèmes autonomes, de nouvelles frontières scientifiques) et collaborer avec les parties concernées pour s’assurer que la flotte est prête à les appuyer.

Contribution belge

La Belgique est représentée au sein de l’EMB par le Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), le Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek – Vlaanderen (FWO) et la Politique scientifique belge (BELSPO). BELSPO travaille en étroite collaboration avec la Direction Opérationnelle Environnement Naturel de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) pour soutenir les prises de position de l’EMB et les aspects communication. Dr. Lieven Naudts, coordinateur du groupe « Measurement Service Ostend & RV Belgica » (qui fait partie de IRSNB-DO Nature), a été l’un des responsables du groupe de travail d’experts EMB sur les navires de recherche européens de nouvelle génération (WG Research Vessels) et l’un des auteurs de l’exposé de position qui en est issu. En juin 2019, Dr. Naudts a également été élu président du groupe des exploitants de navires de recherche européens (ERVO) lors de leur réunion annuelle à Hambourg, en Allemagne. « Outre l’échange d’expériences, l’ERVO se concentrera dans les années à venir sur l’exploration d’opportunités de collaboration pour promouvoir des intérêts communs et améliorer le service des RV à la communauté scientifique, aux décideurs politiques, aux agences de financement et même aux entreprises privées. Demander à l’EMB de préparer un nouvel exposé de position sur les RV était une chose logique à faire. », dit Naudts. « Avec la construction du nouveau RV de classe Océan belge actuellement en cours au chantier Freire (Vigo, Espagne), en collaboration avec Rolls-Royce Marine AS (aujourd’hui Kongsberg Maritime CM AS), la Belgique est en bonne voie pour se préparer à un avenir radieux en matière de RV. Le nouveau RV Belgica sera à la pointe de la technologie et assurera la poursuite de la contribution belge à la collecte de données indispensables dans l’environnement marin, non seulement en mer du Nord, mais aussi dans les régions profondes et polaires. » ajoute-t-il.

Klas Lackschewitz (GEOMAR, Allemagne) cède la présidence de l’ERVO au Dr. Lieven Naudts (IRSNB-DO Nature, Belgique) à l’Université de Hambourg (juin 2019).

50 ans de protection de la mer du Nord

Le vendredi 11 octobre, les pays de la mer du Nord ont célébré le 50e anniversaire de leur collaboration à Bonn (Allemagne). Dans le cadre de l’Accord de Bonn, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, le Danemark, l’Irlande, la Suède et la Norvège luttent ensemble avec l’UE contre la pollution de la mer du Nord. Cet accord régional a vu le jour pour lutter contre la pollution de la mer du Nord par les navires et autres activités maritimes. La Belgique a pris l’initiative d’étendre le champ d’application de l’accord à la prévention de la pollution atmosphérique illicite par les navires.

Évolution de l’accord

En 1967, le pétrolier  » Torrey Canyon  » perd 117.000 tonnes de pétrole après un naufrage. Peu après cette première marée noire majeure, en 1969, les pays riverains de la mer du Nord ont uni leurs forces et conclu l’Accord de Bonn. Ils s’entraident ainsi dans la lutte contre la pollution causée par les catastrophes en mer, la pollution chronique par les navires et les installations offshore. De plus, ils travaillent ensemble dans l’exercice de la supervision et du contrôle.

La pollution pétrolière en mer du Nord a fortement diminué au fil des ans, principalement en raison du fait qu’aujourd’hui, les rejets illégaux d’hydrocarbures en mer sont rares. C’est le résultat de trente années d’efforts coordonnés dans le cadre de l’accord pour détecter les rejets illégaux et poursuivre les pollueurs pris sur le fait. Cependant, il est toujours important de pouvoir agir rapidement et collectivement en cas de catastrophe environnementale.

La délégation belge. De gauche à droite : Eric Donnay (Chef de l’Unité pour l’application des lois environnementales en mer, SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement) – Pierre Kerkhofs (Directeur général DG Environnement, SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement) – Ronny Schallier (Chef d’équipe SURV, UGMM, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique).

Résultats de la réunion

La réunion de Bonn a pris un certain nombre de décisions importantes pour l’avenir de l’accord, qui ont été adoptées lors d’une réunion ministérielle. Un nouveau plan d’action stratégique ambitieux de l’accord pour les six prochaines années a été finalisé. L’adhésion de l’Espagne à l’accord – qui entraine l’élargissement de la zone de l’accord au golfe de Gascogne – a été officiellement approuvée. Une autre décision importante est l’extension du champ d’application de l’accord aux émissions de gaz polluants provenant des navires. Cela a été fait sur proposition de la Belgique, qui est chargée de l’organisation de ces nouvelles activités.

Philippe De Backer, ministre de la Mer du Nord : « Il s’agit d’une reconnaissance internationale de l’expertise et du rôle pionnier de la Belgique dans la protection des mers et des océans. Il ne fait aucun doute que cette expertise assurera un contrôle encore plus efficace du respect des normes relatives aux émissions de gaz polluants des navires en mer du Nord ».

Mise en œuvre en Belgique

En Belgique, l’Accord de Bonn est mis en œuvre par l’UGMM (Unité de gestion du Modèle mathématique de la mer du Nord) du IRSNB et le service Milieu marin du SPF Santé publique. Avec la nouvelle action sur le contrôle des émissions des navires, la DG Navigation du SPF Mobilité sera désormais aussi activement impliquée. Ensemble, ils surveillent la pollution marine à l’aide d’avions et de navires de patrouille et effectuent des contrôles à bord des navires dans les ports.

La Belgique est considérée internationalement comme un blue leader dans le domaine de la protection des mers et des océans. Notre pays a été un pionnier en matière de plan d’aménagement des espaces marins, de développement de parcs éoliens offshore et de la lutte contre les déchets plastiques en mer. La Belgique stimule également les mesures internationales qui visent à réduire de moitié les émissions de CO2 des navires d’ici 2050. Les armateurs belges travaillent activement pour parvenir à des navires « zéro-émission ». De plus, un tiers de la partie belge de la mer du Nord est protégé en tant que zone Natura 2000. Le ministre De Backer a récemment confirmé aux Nations-Unies l’ambitieux plan « 30×30 » qui œuvre pour une protection de 30% des océans d’ici 2030. L’initiative d’étendre le champ d’application de l’Accord de Bonn afin de mieux protéger la mer du Nord illustre une fois de plus le rôle pionnier de la Belgique.

Pour plus d’informations : www.bonnagreement.org

Petit rorqual dans les eaux belges le 10 novembre 2019

Grande surprise le dimanche 10 novembre dans l’un des parcs éoliens de la partie belge de la mer du Nord : les techniciens de maintenance observent une baleine et peuvent faire un petit film avant que l’animal ne plonge à nouveau. Les images sont livrées a l’IRSNB : il s’agit d’un petit rorqual. Une rareté dont on ne connaît que cinq autres cas dans les eaux belges au cours des 20 dernières années. Seuls deux de ces cas antérieurs concernaient des animaux vivants.

Le dimanche 10 novembre, des techniciens d’entretien ont été stupéfaits lorsqu’ils ont vu une baleine passer à la nage depuis une éolienne. L’observation a eu lieu dans la zone de concession Norther, à environ 23 km du port de Zeebrugge. Kenny De Groote a réussi à réaliser une courte vidéo, qui a été envoyée aux scientifiques de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique pour documentation.

« Les images montrent sans aucun doute un rorqual, et le court fragment est heureusement d’une qualité suffisante pour identifier l’animal comme un petit rorqual », explique Kelle Moreau, qui a été le premier à recevoir les images et à les transmettre à ses collègues. « A partir de l’impression générale de la taille et de la forme de l’animal, et surtout à cause des grandes zones blanches à la base des nageoires pectorales (palmes), j’ai immédiatement pensé à un petit rorqual » ajoute Jan Haelters, expert en mammifères marins de l’IRSNB. « La forme et l’emplacement de la nageoire dorsale, ainsi que la présence d’une zone plus claire derrière les nageoires pectorales (le « chevron »), contribuent également à la détermination qui a été confirmée par plusieurs experts consultés. »

Caractéristiques du petit rorqual (© Whale Watching Handbook, International Whaling Commission)

Les petits rorquals adultes (Balaenoptera acutorostrata) atteignent une taille maximale de 9 à 11 mètres, les femelles devenant légèrement plus grandes que les mâles. Le petit rorqual est l’une des plus petites espèces de baleines à fanons, et n’est pas considéré comme une espèce rare ou en voie de disparition.

Un petit rorqual ne montre généralement pas plus que son dos (© Mike Baird)

Bien que le petit rorqual fasse partie de la faune de la mer du Nord, son aire de répartition est principalement limitée à sa partie nord et centrale. L’espèce est rarement trouvée au sud du banc Dogger. Cependant, la recherche a montré que les petits rorquals se rencontrent plus souvent dans le sud ces dernières années, probablement en raison de changements dans l’écosystème. Dans les eaux belges, seuls les cas suivants nous sont connus depuis les 20 dernières années :

  • 2004 : découvert mort en mer et débarqué ; mort de prise accidentelle
  • 2013 : échouage ; mort par ingestion d’une grande quantité de plastique
  • 2013 : observation en mer
  • 2017 : carcasse décomposée en mer
  • 2017 : observation en mer

Le squelette du petit rorqual de 2004 (propriété de l’IRSNB) peut actuellement être admiré dans l’exposition permanente « Sea Change » au Centre d’accueil provincial Duinpanne à La Panne.

Squelette du petit rorqual belge de 2004, exposition’Sea Change’, Duinpanne, La Panne (© IRSNB/Kelle Moreau)

« L’Océan dont nous avons besoin » – Les principaux experts Européens de l’océan partagent des conseils pour les gouvernements.

Le Conseil Européen du Milieu Marin (European Marine Board – EMC) a récemment publié « Naviguer l’Avenir V » qui fournira aux gouvernements européens des conseils scientifiques solides et indépendants, ainsi qu’une opinion experte sur les recherches marines et océanographiques à venir. Pour accomplir cela, les principaux experts ont identifié les domaines-clé de la science marine où demeurent encore des lacunes.

 

Le Conseil Européen du Milieu Marin (European Marine Board – EMC) est un groupe de réflexion européen de premier plan en politique scientifique marine. Il s’agit d’un important réseau non-gouvernemental de conseil dont les membres comprennent plus de 10 000 scientifiques marin des principaux instituts marins/océanographiques nationaux, agences de financement de la recherche, et réseaux nationaux d’universités partout en Europe. Le comité fournit une plateforme pour que les organisations membres développent les priorités communes, avancent la recherche marine, et comblent le fossé entre science et pratique afin de relever les prochains défis en science marine et de saisir ses opportunités à venir.

Naviguer l’Avenir V

Les lacunes que Naviguer l’Avenir V (Navigating the Future V-NFV) conseille de privilégier dans le programme de recherche sont cruciales pour comprendre l’océan en quatre dimensions, prévoir les tsunamis, et l’impact de multiples facteurs sur la biogéochimie et la biologie, et pour comprendre l’impact de la future économie bleue sur nos écosystèmes marins. NFV montre que nous avons besoin d’une science transdisciplinaire et de la durabilité pour aborder la gestion d’un océan global en quatre dimensions. NFV met aussi en lumière les avancées technologiques et la modélisation nécessaires pour un potentiel futur océan virtuel qui améliorerait l’engagement du public et la compréhension de l’océan.

NFV propose la science dont nous avons besoin pour la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (United Nations Decade for Ocean Science for Sustainable Development; 2021-2030) à venir, le prochain Programme Cadre Européen, Horizon Europe et sa mission pour des océans, mers, eaux côtières et intérieures saines. Le rapport a été officiellement publié le 11 juin 2019 à Paris lors de la conférence EurOCEANS (Conférence de haut niveau sur les politiques scientifiques co-organisée par le Conseil Européen du Milieu Marin, la Commission européenne et la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO.

Messages clés

Le rapport recommande spécifiquement un programme de recherche marine orienté vers des solutions, conçu avec toutes les parties prenantes, et au cœur duquel se trouve la gouvernance de durabilité. Cela devrait remédier aux lacunes clés suivantes :

  • L’océan quadridimensionnel (changements dans l’océan tridimensionnel en fonction de l’espace et du temps) et les liens opérationnels entre les composants du système marin, à savoir physique, chimie, biologie, écologie, et humains ;
  • L’impact de facteurs multiples (par exemple changement climatique, pollution, surpêche) sur le fonctionnement des écosystèmes marins, leurs interactions, évolution, adaptation au fur et à mesure du temps, et les services écosystémiques qu’ils fournissent ;
  • Les caractéristiques, la probabilité et les impacts des phénomènes extrêmes et des géorisques liés au climat (par exemple, les vagues de chaleur en mer, les séismes météorologiques et sous-marins, les glissements de terrain, les éruptions volcaniques et les tsunamis qui leur sont associés) et la façon dont ils pourraient changer sous l’effet des changements climatiques ;
  • Les technologies océaniques, la modélisation, les données et l’intelligence artificielle nécessaires à l’observation durable des océans pour comprendre, prévoir et gérer les impacts humains sur l’océan.

Les actions clés incluent le développement d’un modèle commercial assurant la stabilité financière des observations océanographique à long terme. Nous devons également développer une nouvelle génération de scientifiques du développement durable, et mettre en place un forum sur le développement durable en Europe réunissant tous les acteurs, y compris l’industrie et la société civile.

Les messages et les actions clés sont également expliqués dans un ensemble d’infographies (voir ci-dessous).

Le rapport est le fruit d’un effort de collaboration qui a débuté en novembre 2017 par une réunion de planification réunissant 19 experts européens de premier plan dans le domaine des sciences de la mer et des disciplines connexes afin de décider de son contenu de haut niveau. Des groupes de travail collaboratifs plus importants avec des représentants de 13 pays européens ont ensuite travaillé à identifier les lacunes et à rédiger les recommandations du rapport.

Le Gouvernement Fédéral de Belgique est représenté dans le Conseil Européen du Milieu Marin par la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO). Un communicateur scientifique de l’IRSNB est délégué pour les aspects communicationnels et est membre du Panneau de Communication du Conseil Européen du Milieu Marin (EMBCP).

Une nouvelle méthode permet le traitement de quatre décennies de données satellites

Durant les quatre dernières décennies, différents satellites ont circulé autour de la Terre en récoltant de nombreuses données. Toutefois, au cours de cette période, la technologie a évolué, ce qui a créé le besoin d’une méthode de traitement unifiée. Un algorithme et un logiciel nouvellement développés rendent maintenant possible le traitement constant de toutes ces données et l’obtention d’une série d’images unifiées pour des paramètres comme la réflectivité et la turbidité de l’eau.

Depuis le lancement du satellite Landsat 5 en 1984, des images satellites des territoires et zones côtières de la Terre ont été prises tous les 16 jours. Landsat 5 a produit une imagerie régulière pendant plus de 25 ans et a été complètement désactivé en 2013. Sa mission est continuée par Landsat 7 (lancé en 1999) et Landsat 8 (2013). Les missions Landsat sont complétées par deux missions Sentinel-2, lancés en 2015 (S2A) et 2017 (S2B), qui capturent la Terre tous les cinq jours. Les données des missions Landsat sont en accès libre depuis 2008, et celles de Sentinel-2 le sont depuis leur lancement. La combinaison des flux de données permet d’étudier de longues séries chronologiques, mais en raison des différences de conception des capteurs et des formats d’image de ces satellites, il était difficile d’aligner ces données dans le temps. Plus précisément, un algorithme de correction atmosphérique et un logiciel de traitement automatique et cohérent de ces images étaient nécessaires.

Un traitement unifié

Dans une récente publication du journal « Remote Sensing of Environment », Quinten Vanhellemont du groupe de télédétection (Remote Sensing, REMSEM) de notre Institut décrit une méthode de traitement unifié des données afin d’en extraire la réflectivité de l’eau ainsi que d’autres paramètres, comme sa turbidité. Ces résultats ont été validés avec de longues séries chronologiques de mesures in situ de la Terre entière (Figure 1). Cela a été la méthode par défaut dans le logiciel ACOLITE depuis avril 2018, qui peut traiter l’imagerie des Sentinel-2A/B et des Landsat 5/7/8. ACOLITE a aussi été développé par Quinten Vanhellemont à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique.

Figure 1 : Chronologie de la turbidité de l’eau à partir de mesures in situ (trait plein) et obtenue par l’imagerie satellite du sud de la Mer du Nord. On trouve une bonne correspondance sur les 20 ans de la chronologie.

Images d’une longue chronologie

Le traitement unifié de données recueillies par différents satellites offre une série de données et d’images standardisées et facilement interprétables (et aussi très belles). Dans la zone côtière Belge, on peut par exemple observer l’impact de l’extension des ports de Zeebrugge et d’Ostende sur la sédimentation des deux côtés des parois des ports. Les séries d’images en figure 2 montrent une accumulation de sable à l’Est et l’Ouest des ports étendus. La turbidité de l’eau est aussi extraite et, dans la zone côtière Belge, est principalement dominée par la resuspension de matière du fond en cycles superposés : un cycle annuel de haute turbidité en hiver, et basse en été, ainsi des cycles de resuspension par les marées hautes et basses et les cycles de marées de morte eau et de vive eau.

Figure 2a : Extension des parois des ports et des quais intérieurs du port de Zeebrugge, et accumulation de sable sur les plages à l’Est et l’Ouest du port (années 1980-2010).
Figure 2b : Port d’Ostende (années 1980-2010)

Vanhellemont, Quinten. « Adaptation of the dark spectrum fitting atmospheric correction for aquatic applications of the Landsat and Sentinel-2 archives. » Remote Sensing of Environment 225 (2019): 175-192. https://doi.org/10.1016/j.rse.2019.03.010

ACOLITE: processeur https://odnature.naturalsciences.be/remsem/software-and-data/acolite

ACOLITE: forum https://odnature.naturalsciences.be/remsem/acolite-forum/

ACOLITE: code source https://github.com/acolite/acolite

EUROFLEETS+ Appel à candidature de temps-navire et d’utilisation d’equipement marin (Programme SEA, Ship-time and marine Equipment Application)

Eurofleets+ est une alliance d’infrastructures européennes de recherche marine visant à répondre aux besoins évolutifs des milieux de la recherche et de l’industrie.

Informations générales

Le projet Eurofleets+ facilite un libre-accès à une flotte de navires de recherche intégrée et perfectionnée, conçue pour satisfaire les besoins changeants et complexes de l’ensemble des utilisateurs. Des chercheurs européens et internationaux du monde scientifique et de l’industrie peuvent postuler pour différents programmes d’accès grâce à un système à entrée unique. Eurofleets+ favorise le soutien de recherches pour des océans durables, propres, et sains, liées à des infrastructures d’observation marine existantes, et soutient l’innovation en travaillant de près avec l’industrie.

Les Navires de Recherche Eurofleets+ accessibles : le projet permet l’accès à une flotte unique de 27 navires de recherche de pointe (13 globaux/océaniques et 14 régionaux) appartenant à des partenaires européens et internationaux. A travers des appels concurrentiels, Eurofleets+ offre une large couverture géographique, avec accès à la Méditerranée et à la mer Noire, à la mer Baltique et à la mer du Nord, à l’Atlantique Nord (y compris le Groenland et les mers norvégiennes), et à l’Océan Pacifique Sud et la mer de Ross.

Les équipements embarqués Eurofleets+ accessibles : les chercheurs ont accès à un équipement de pointe, notamment 7 Véhicules téléguidés (ROV) et 5 Robots sous-marins autonomes (AUV). Un système de téléprésence portable unique en son genre permet l’accès à distance aux chercheurs et à divers utilisateurs finaux, y compris le public ; une première en Europe.

Les programmes Eurofleets+

Trois programmes d’accès seront lancés dans Eurofleets+ :

1) Temps-navire et Applications d’Equipement Marin (Programme SEA) pour l’accès aux navires et aux équipements marins à travers une demande complète de temps-navire, pour laquelle auront lieu au minimum deux appels, l’un pour les navires océaniques, et l’autre pour les navires régionaux. L’appel SEA pour les navires océaniques a ouvert le 26 juin et le reste jusqu’au 27 Septembre 2019. Vous trouverez plus de détails sur cet appel ci-dessous. L’appel SEA pour les navires régionaux ouvrira en automne 2019, et restera aussi ouvert pendant trois mois. Les navires de recherches et équipements marins non offerts ou demandés lors du premier appel (Océans), ou avec des capacités supplémentaires seront offerts au second appel (Régional).

2) Le programme Co-PI qui cible spécifiquement les chercheurs en début de carrière, pour qu’ils exécutent leurs propres recherches avec les scientifiques expérimentés pendant les expéditions Eurofleets+ prévues. L’ouverture des candidatures pour le programme Co-PI est attendue dès Novembre 2019, et devrait rester ouverte en permanence jusqu’en début 2022.

3) L’Accès Transnational à distance (programme RTA, Remote Transnational Access) doit fournir aux chercheurs un accès aux prélèvements et aux données de la flotte Eurofleets+. L’accès à distance permettra de répondre aux besoins de projets, d’échantillons ou de données de moindre envergure, lorsque cela peut se faire en une journée de temps-navire. Les candidatures pour le programme RTA pourront se faire lors d’un appel continu, qui devrait lui aussi être ouvert de Novembre 2019 à début 2022.

Notes : Les candidats non-européens sont aussi éligibles au financement. Les partenaires de l’industrie, les chercheurs en début de carrière et les chercheuses sont encouragés à déposer leur candidature.

Les financements Eurofleets+ recouvrent l’utilisation des navires, l’équipage, le carburant et autres coûts de fonctionnement standards, ainsi que les frais de déplacement de l’équipe à bord, et le transport de l’équipement et des prélèvements.

L’appel à candidatures du programme SEA « OCEANS »

Le programme SEA offre un accès transnational entièrement financé à 14 navires de recherche (dont certains avec la Certification Glace) et à 9 Équipements Marins pour mener des activités de recherche sur les navires dans n’importe quel domaine des sciences marines.

Les critères de financement, les directives de demande et les critères complets de sélection.

Cet appel à candidatures restera ouvert aux propositions jusqu’au Vendredi 29 septembre 2019.

Navires de recherche:

Océan Atlantique Nord

RV Arni Freidrickson (HAFRA, Islande)

RV Celtic Explorer (MI, Irlande)

RV DANA (DTU, Danemark)

RV Magnus Heinason (HAVST, Iles Faroe)

RV Mar Portugal (IPMA, Portugal)

Océan Arctique

RV Sanna (GRONLANDS, Groenland)

RV G.O. SARS (HAVFO, Norvège)

Mer Méditerranée, Océan Atlantique

RV Alliance (NATO-CMRE, Italie)

RV Pelagia (NIOZ, Pays-Bas)

RV Ramon Margalef (IEO, Espagne)

RV Thalassa (IFREMER, France)

Atlantique Nord-Ouest/Ouest

RV Coriolis II (UQAR, Canada)

RV Atlantic Explorer (BIOS, Bermudes)

Océan Pacifique

RV Tangaroa (NIWA, Nouvelle-Zélande)

Equipement marin:

AUV Hugin (UGOT, Suède)

AUV Hugin (FFI, Norvège)

ROV Ægir 6000 (UiB, Norvège)

HROV Ariane (Ifremer, France)

ROV Genesis (VLIZ, Belgique)

ROV Holland1 (MI, Irlande)

ROV LUSO (IPMA, Portugal)

ROV Marum Squid (UB, Allemagne)

ROV Ocean Modules V8 offshore (UGOT, Suède)

VSAT Satellite System (Unité de téléprésence) (GFOE, États-Unis)

Description détaillée des navires de recherche et des équipements marins proposés par EUROFLEETS+.

Contact : eurofleetsplus@awi.de

EuroGOOS, le Système Européen d’Observation Globale de l’Océan

EuroGOOS est l’élément européen du Système d’Observation Globale de l’Océan de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO (IOC GOOS). Le secrétariat de l’EuroGOOS se trouve à Bruxelles, au service de 44 membres et soutenant cinq systèmes régionaux en Europe. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), et son Centre de Prévisions Marines en particulier, est l’un de ces membres et participe au Système Océanographique Opérationnel du plateau continental du Nord-Ouest (NOOS).

EuroGOOS identifie les priorités, met en avant la coopération et promeut les avantages de l’océanographie opérationnelle pour garantir des observations soutenues dans les mers européennes, qui soutiennent une série de produits et de services adaptés aux utilisateurs finaux marins et maritimes.

Les équipes de travail, réseaux de plateformes d’observation (groupes de travail), et les systèmes régionaux (ROOS) fournissent des forums pour la coopération, révèlent des données marines de qualité et transmettent des stratégies, priorités et standards communs. Les nombreux réseaux EuroGOOS œuvrent pour une observation européenne cohérente, durable et adaptée de l’océan, qui soutienne la perspective de la Système Européen d’Observation de l’Océan (EOOS).

L’assemblée générale de l’EuroGOOS : nouvel pertinance, nouvelle stratégie

Les 8 et 9 mai s’est tenue l’assemblée générale de l’EuroGOOS à Héraklion, accueillie par le Centre Hellénique de Recherche Marine et George Petihakis à la présidence de l’EuroGOOS. Les principaux thèmes abordés ont été la stratégie et l’intégration de l’EuroGOOS. Ont assisté à la réunion les membres de l’EuroGOOS et les chaires des activités de l’EuroGOOS (équipes de travail, groupes de travail pour l’infrastructure et les Systèmes Océanographiques Opérationnels Régionaux – ROOS).

L’assemblé a discuté l’évolution de l’organisation, et a réfléchi à la stratégie de l’EuroGOOS pour 2020-2030. La réflexion a été effectuée au cours d’une session interactive de World Café autour de quatre domaines cruciaux de stratégie : ordre des priorités, défis, partenariats, promotion et avantages nationaux. Les résultats de cette réflexion commune seront transformés en stratégie et en plan d’action, avec un premier jet préparé cet été. La conférence OceanObs’19 à venir alimentera de façon accrue la préparation de la stratégie.

L’assemblée a aussi discuté les façons d’améliorer l’intégration entre les différentes activités EuroGOOS. Les groupes de travail EuroGOOS (réseaux de technologies d’observation océanique) ainsi que les équipes de travail (pour la science, la technologie, l’intégration de données et l’océan côtier) présentent une pratique optimale et des analyses de l’état d’avancement, tandis que les Systèmes Océanographiques Opérationnels Régionaux (ROOS) de l’EuroGOOS assurent la coordination régionale. Fin 2019, l’EuroGOOS accueillera un séminaire sur l’intégration, rassemblant toutes ces activités pour réfléchir et s’accorder sur les phases d’action de la nouvelle stratégie EuroGOOS ainsi que sur le soutien nécessité de la part du bureau de l’EuroGOOS.

Glenn Nolan (Secrétaire général d’EuroGOOS), George Petihakis (Président d’EuroGOOS) et Sébastien Legrand (Centre de prévisions marines, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) se serrent la main sur l’accord d’accueil. © Dina Eparkhina/ EuroGOOS

Nouveaux membres, nouveaux hôtes

Durant la partie formelle de la réunion, l’assemblée a approuvé et chaleureusement accueilli les nouveaux membres dans l’EuroGOOS : SHOM (France), PLOCAN (Espagne), et NIVA (Norvège). Les représentants de ces organisations ont présenté leurs activités et contributions futures à l’EuroGOOS portant sur le développement technologique, l’intégration de l’observation, la surveillance de l’océan et la connaissance des océans. L’assemblée a aussi élu un nouveau membre au conseil de direction exécutive, Holger Brix, du Helmholtz-Zentrum Geesthacht en Allemagne. Deux membres du conseil exécutif ont quitté leurs fonctions du fait de l’achèvement de leurs mandats. L’assemblée a remercié Urmas Lips (Université de Technologie de Tallinn, Estonie), et Bernd Brugge (Agence Maritime et Hydrographique Fédérale, BSH, Allemagne) pour leur contribution au travail du conseil durant les six dernières années. A l’assemblée, le président George Petihakis a également signé l’accord d’accueil du bureau de l’EuroGOOS avec l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) représenté par Patrick Roose et Sébastien Legrand. L’IRSNB accueillera le secrétariat de l’EuroGOOS dans ses bureaux à Bruxelles (qui accueillent aussi le Muséum des Sciences Naturelles de Belgique) à partir de fin 2019.

Texte: Dina Eparkhina (EuroGOOS), Kelle Moreau, Jeanne Zimmerman-Muller (RBINS)

Quand l’originalité vous fait naviguer – Une classe de 4ème sur le Belgica

Le baptême de Belgica II, le nouveau navire de recherche belge qui succédera au Belgica fin 2020, a été annoncé le 25 avril 2019 et a fait couler beaucoup d’encre. Cependant, si l’originalité et la créativité cinématographique avaient été les critères de sélection les plus importants, le nouveau navire aurait été appelé « Gamma Ruspo ». Ce nom a été suggéré par les élèves de la classe 4B de l’Institut de la Providence de Champion (Namur). Une récompense a également été annoncée pour la vidéo la plus originale, rendez-vous est donc pris au port militaire de Zeebruges, le lundi 20 mai, pour prendre la mer pendant une demi-journée. L’ombre du capitaine Haddock va planer sur la mer du Nord…

Le 6 novembre 2018, le cabinet de la Politique scientifique fédérale a lancé un concours afin de déterminer le nom du nouveau navire océanographique belge. Après une première phase, au cours de laquelle les écoles pouvaient proposer un nom (accompagné d’une vidéo de clarification), et une seconde phase où tout le monde pouvait choisir une des six propositions sélectionnées, la Ministre chargée de la Politique scientifique fédérale a annoncé le 25 avril 2019 le nom retenu : « Belgica II ».  La classe gagnante, 1LA de l’Athénée Maurice Destenay de Liège, a pu profiter d’un voyage en mer avec le Belgica le même jour.

Toutefois, un deuxième lauréat a été choisi pour récompenser la vidéo la plus convaincante, en privilégiant l’originalité. Pour ce prix, un jury a déterminé que la classe 4B de l’Institut de la Providence de Champion (Namur) a réalisé la production la plus originale. Leur vidéo a été inspirée par les héros de BD Tintin et le professeur Tournesol et explique pourquoi ils auraient appelé le nouveau navire      « Gamma Ruspo ». Le lundi 20 mai 2019, cette classe a également reçu une excursion d’une journée avec le RV Belgica en cadeau.

Les scientifiques expliquent l’équipement de mesure sur un trépied qui sera immédiatement placé sur le fond marin.

l’Institut de la Providence de Champion, une école verte avec un intérêt pour les sciences de la mer

A l’initiative de sa direction, de ses professeurs et de ses élèves, l’Institut de la Providence de Champion est une école qui multiplie depuis longtemps les initiatives en matière de protection de l’environnement : placement de panneaux photovoltaïques, remplacement de tous les luminaires par des LED ; gestion de ruches avec une ruche didactique en classe ; signature du contrat « Green deal cantines durables » ; semaine de la mobilité douce du 20 au 24 mai 2019 ; investissement dans des gobelets réutilisables et des fontaines à eau ; processus de certification environnementale ; etc.

Ce n’est donc pas étonnant que les élèves de 4ème B de l’Institut de la Providence de Champion aient entendu parler au cours de français de ce concours pour original. Avant de proposer un nom pour le successeur du Belgica,  chacun fut invité à investiguer afin d’en savoir plus sur ce vénérable navire. Les jeunes apprirent donc qu’il collecte des informations importantes qui nourrissent la réflexion sur la pêche durable, les éoliennes offshore, les activités minières dans les grands fonds marins ou encore la production et le stockage d’énergie au large des côtes. La mise en commun des informations permit de lancer des pistes afin de formuler des noms originaux pour le successeur du Belgica.

Il y avait beaucoup d’activité dans les laboratoires du Belgica.

Gamma Ruspo

Suite à un débat haut en couleurs, la 4B misa sur l’originalité. Et si on appelait ce navire « Gamma Ruspo » ?

Gamma rus quoi ? Le « Gammarus pulex » est un type de crevette, « ruspo » signifie « je fouille » en latin et inutile de préciser les relations entre le mot « gamma » et l’univers de la science.

Le nom choisi, il était temps de passer à la deuxième partie du concours : filmer une vidéo d’une minute trente afin de présenter de façon originale le nom proposé. Un petit groupe d’élèves s’improvisa équipe de tournage et, sans l’aide de qui que ce soit, tourna fin janvier un clip associant des personnages bien belges (Tournesol et Tintin) à l’univers ludico-scientifique de « C’est pas sorcier ». Le résultat posté sur le net eut son petit succès et suscita des réactions jusqu’en Autriche (le clip ayant été traduit dans les 3 langues nationales).

Interprétation de Tintin – l’un des protagonistes du film gagnant – par un des élèves.

Le dénouement

Mais en février 2019, le couperet tombe : « Gamma Ruspo » n’est pas retenu parmi les noms sélectionnables par le jury. Les élèves seront assez surpris d’entendre que le nouveau Belgica s’appellerait… « Belgica 2 » ! Ils n’avaient pas pensé que ce concours aboutirait à cette solution, bien qu’il s’agisse d’une marque forte qui honore l’histoire et la tradition de la recherche marine belge.

Les élèves de la Providence furent beaux joueurs, admettant que le nom qu’ils avaient proposé manquait sans doute de lisibilité. Un peu de déception donc, mais quand même la satisfaction d’avoir abouti à une belle expérience de groupe et une vidéo sympa.

Avril 2019, grosse surprise : un message des organisateurs du concours, leur informait que leur vidéo a gagné le concours de la vidéo la plus originale.

Dominique Rappe, professeur de français des 4B, réagit : « C’est super que la classe soit récompensée, car beaucoup ont poussé très loin la réflexion, prouvant par là leur intérêt pour la biologie, le climat et les sciences en général. L’équipe du film a été totalement autonome et c’est vraiment leur talent intuitif qui a été récompensé. Tout le monde attendait avec impatience d’embarquer pour une excursion au Belgica le lundi 20 mai. Nous avons préparé cette visite minutieusement afin que les jeunes puissent recueillir le plus d’informations possible auprès des scientifiques qui faisaient de la recherche ce jour-là. Ils ont également interrogé les soldats qui conduisaient le navire. La classe a même offert une petite animation (une chanson) pour remercier les adultes qui les ont reçus dans leur monde professionnel. »

Les élèves sont stupéfaits de tout ce qu’on peut dire d’une bouteille d’eau de mer.