Début juillet 2020, un crevettier néerlandais qui pêchait dans les eaux territoriales belges a remonté dans ses filets rien de moins qu’une défense d’éléphant. Le fossile de 60 kg et de 2,37 m de long n’appartient pas à un mammouth, comme c’est souvent le cas dans nos régions, mais semble provenir d’un Palaeoloxodon antiquus, l’éléphant à défenses droites. Il s’agit d’un type d’éléphant de forêts qui a habité la région entre les périodes glaciaires. C’est la première fois qu’un spécimen aussi complet est découvert ici. La pointe et une partie de la base de la dent sont manquantes. Du vivant de l’éléphant cette défense devait faire plus de 2 m 80 de long. Palaeoloxodon antiquus était un géant plus grand que les éléphants qui peuplent la Terre aujourd’hui !La défense appartient à un individu adulte mâle d’environ 3,5 mètres de haut.L’âge du fossile est estimé entre 130.000 et 115.000 ans.
Grâce aux efforts conjoints du Vice-Premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord, M. Vincent Van Quickenborne, et du Secrétaire d’État pour le Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, M. Thomas Dermine, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a pu intégrer la défense dans ses collections. A partir du mardi 8 février 2022, le grand public peut venir admirer la défense au Muséum des Sciences naturelles à Bruxelles.
Qui était l’éléphant à défenses droites ?
Palaeoloxodon antiquus, l’éléphant à défenses droites, est un éléphant de forêts qui a disparu de nos régions avant le mammouth. L’espèce était largement répandue en Europe et a prospéré principalement pendant les périodes plus chaudes entre deux périodes glaciaires (les interglaciaires). Cette découverte est remarquable car nous n’avions que peu de traces de la présence de cet éléphant en Belgique. Palaeoloxodon antiquus était longtemps considéré comme l’ancêtre de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus) mais est maintenant considéré comme un proche parent de l’éléphant de forêt d’Afrique actuel (Loxodonta cyclotis). Palaeoloxodon antiquus est probablement aussi originaire du continent africain, mais on ne sait toujours pas à quel point cette espèce était répandue dans la préhistoire.
Grâce à la géologie du lieu, la localisation précise et aux découvertes d’autres restes de mammifères, on estime que la défense date de la dernière période interglaciaire de l’Eémien, une période du Pléistocène supérieur (il y a environ 130 000 à 115 000 ans).
Un lieu propice aux fossiles
La défense a été remontée dans « Het Scheur », un canal de navigation dans la partie belge de la mer du Nord, au large de la côte de Zeebrugge. Des activités de dragage y sont régulièrement entreprises pour permettre aux gros navires de faire escale au niveau de l’Escaut ou de l’Eurogeul. Cela provoque l’érosion des berges. De nombreux fossiles de mammifères ont déjà fait surface ici de cette manière. On y trouve notamment les restes de la colonie de morses la plus méridionale du Pléistocène, des ossements d’anciennes baleines qui nageaient ici il y a des dizaines de millions d’années, ainsi que des restes de mammouths.
La région où la découverte a été faite a changé radicalement d’aspect à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Il a alterné entre mer et terre, a été recouvert d’une calotte glaciaire pendant les périodes glaciaires et, était un paysage de marée avec des forêts pendant les périodes interglaciaires. Cela explique pourquoi on y trouve de nombreux fossiles d’organismes très différents. Cependant. Toutefois, jamais dans cette zone une défense d’éléphant à défenses droites n’avait été retrouvée.
Le fait que cette défense soit restée intacte est dû à la méthode de pêche. Lors de la pêche aux crevettes, aucune chaîne n’est utilisée et le fond du filet roule librement sur et au-dessus du fond grâce à des « roues » en caoutchouc. Les crevettes s’y engouffrent tandis que le filet reste exempt de pierres et d’autres prises secondaires indésirables. Les fossiles ne sont que très rarement capturés avec ce type de filet.
Via un détour par le Muséum des Sciences naturelles
Les pêcheurs hollandais ont vendu la défense à North Sea Fossils, un commerce privé de fossiles à Urk, aux Pays-bas. Après, elle a été initialement étudiée par des chercheurs associés au Muséum d’histoire naturelle de Rotterdam.
Grâce aux efforts conjoints du Ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, et du Secrétaire d’État chargé de la Politique scientifique, Thomas Dermine, des discussions ont été entreprises afin de récupérer le fossile belge. Finalement, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a pu intégrer la défense dans ses collections, où elle reste disponible pour la recherche et est également rendu accessible au public. A partir du mardi 8 février 2022, le grand public peut venir admirer la défense au Muséum des Sciences naturelles. La signature de la déclaration de donation a eu lieu le 7 février 2022 au Muséum des Sciences naturelles, Bruxelles, à l’occasion de l’inauguration de la défense fossile.
Le ministre Van Quickenborne, le secrétaire d’État Dermine et le directeur général Supply admirent la défense de l’éléphant à défenses droites au Muséum des Sciences naturelles. (Image : IRSNB/T. Hubin)
Un nouvel protocole de coopération
La découverte de la défense fossile a également suscité la rédaction d’un protocole de coopération dans le cadre de la Loi relative à la mise en œuvre de la Convention de l’UNESCO du 2 novembre 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique et la protection d’épaves de valeur. Dans cet accord, le Gouverneur de la Flandre occidentale, la Direction Générale Navigation (SPF Mobilité et Transports), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, l’Agence flamande du patrimoine et l’Institut flamand de la mer formaliseront désormais la coopération en matière de protection du patrimoine culturel subaquatique, y compris le patrimoine paléontologique, et de protection des épaves de valeur. L’accord garantit que les futures découvertes en mer seront également enregistrées, étudiées et, le cas échéant, rendues accessibles au public.
Le ministre Van Quickenborne : « Notre mer du Nord ne nous révèle ses trésors que de manière éparse. Pourtant, les objets que nous y trouvons constituent une part importante de notre patrimoine. Depuis l’année dernière, nous avons une nouvelle loi qui protège automatiquement le patrimoine de plus de 100 ans. Plus de 55 épaves historiques ont déjà été reconnues. Grâce à cette loi, nous pouvons également inclure les fossiles dans notre patrimoine. La signature de l’accord de coopération aujourd’hui est la dernière pièce de cette nouvelle loi. De cette façon, la défense de l’éléphant à défenses droites ne disparaîtra pas dans une archive privée, mais nous pourrons faire profiter tout le monde de la richesse de notre patrimoine de la mer du Nord. Dans le même temps, les scientifiques de l’IRSNB pourront l’étudier et ainsi affiner leurs connaissances sur la préhistoire de nos régions. »
Le Secrétaire d’Etat Dermine : « La défense fossilisée d’un éléphant à défenses droites, trouvée au large de Zeebrugge, s’est retrouvée à sa place après une courte errance. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique est le centre de recherche le plus important de Belgique en matière de paléontologie et jouit d’une renommée mondiale. Le fossile, vieux de plus de 115 000 ans, est étudié par l’IRNSB et mis en corrélation avec d’autres découvertes de son immense collection de pas moins de 3 millions de fossiles. Elle constitue ainsi une pièce du puzzle dans l’image de la vie d’autrefois dans nos régions, que le Muséum des Sciences naturelles fait revivre. À partir du 8 février, la défense pourra être admirée par les 350 000 visiteurs qui se rendent chaque année au musée. »
Directeur général a.i. IRSNB Patricia Supply : « Les sciences de la terre, y compris la paléontologie mais aussi la géologie et l’archéologie, ont toujours été un domaine de recherche important a l’IRSNB, ce qui nous a permis de nous forger un niveau réputé de connaissances et d’expertise paléontologiques. L’acquisition et l’exposition de cette défense d’éléphant à défenses droites sont étroitement liées aux objectifs de l’IRSRB : outre la recherche et les services scientifiques, la gestion et le développement du patrimoine et des collections scientifiques, ainsi que la diffusion des connaissances sur les sciences naturelles sont également des tâches essentielles de l’institut. Aujourd’hui, la défense occupe une place très importante dans notre muséum, à côté du mammouth de Lier et de l’éléphant d’Afrique qui vivait autrefois au zoo de Bruxelles. »
Dans un nouveau rapport annuel, les scientifiques qui surveillent l’impact environnemental des parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord résument leurs dernières conclusions. Une fois de plus, des révélations surprenantes y figurent. Les résultats montrent que la vie dans et autour des parcs éoliens n’a pas encore atteint la stabilité, 13 ans après leur construction. Par exemple, la biodiversité des communautés qui colonisent les éoliennes offshore augmente à nouveau après un déclin les années précédentes. Ou encore, les mouvements des oiseaux de mer sont plus variables dans l’espace et dans le temps que constaté précédemment. Le risque de collision avec les oiseaux chanteurs est désormais mieux compris, et des mesures d’atténuation sont proposées pour les périodes de migration intense des oiseaux. Les récifs artificiels entre les turbines continuent de se developper étant donné que certaines espèces de poissons sont attirées par la quantité croissante de nourriture qu’ils fournissent. Les données d’écholocation indiquent que les mesures d’atténuation du bruit sous-marin réduisent de manière efficace l’impact du battage des pieux sur les marsouins communs.
Le 31 décembre 2019, la Belgique a soumis à la Commission européenne un plan national pour l’énergie et le climat qui envisage un objectif chiffré de 17,5 % pour la contribution de la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables d’ici 2030. Les parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord devraient apporter une contribution importante pour atteindre cet objectif. En fait, ils le font déjà, puisqu’actuellement 10 % de la demande totale d’électricité en Belgique, soit 50 % de la demande d’électricité de tous les ménages belges, est déjà produite par des parcs éoliens offshore. Cette production est réalisée par un total de 399 turbines dans huit parcs éoliens, regroupés dans une zone de 238 km² le long de la frontière avec les Pays-Bas. Après 12 ans de construction, cette zone est pleinement opérationnelle depuis fin 2020 et représente une capacité installée de 2,26 gigawatts (GW) et une production moyenne de 8 TWh. Cela place la Belgique au 5e rang mondial pour la production de cette forme d’énergie. Une deuxième zone pour les énergies renouvelables de 285 km² est prévue par le nouveau plan d’aménagement des espaces marins belge (2020-2026), visant une capacité installée de 3,1 à 3,5 GW dans cette zone.
Science, politique et industrie travaillent ensemble vers le même objectif
Avant d’installer un parc éolien, un promoteur doit obtenir une concession de domaine et un permis environnemental. Le permis environnemental comprend des conditions destinées à minimiser et à atténuer l’impact du projet sur l’écosystème marin. Comme l’exige la loi, le permis impose également un programme de surveillance pour suivre les effets sur l’environnement marin.
Pour les parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord, le programme de surveillance WinMon.BE surveille l’ampleur des impacts prévus et inattendus sur l’écosystème marin et vise à révéler les processus à l’origine de ces impacts.
Une meilleure connaissance de l’impact environnemental
Les scientifiques de WinMon.BE ont commencé à surveiller l’impact des parcs éoliens offshore en Belgique dès le début de la construction des premières éoliennes en 2008. Cela leur a permis de développer des connaissances et une expertise approfondies en ce qui concerne les méthodes de surveillance et l’impact environnemental réel. « La Belgique dispose désormais de la plus longue série chronologique de données sur l’impact environnemental des parcs éoliens offshore au monde, et de nombreux pays s’inspirent de l’exemple belge pour lancer des programmes similaires », déclare Steven Degraer (IRSNB/MARECO), coordinateur du consortium WinMon.BE. « La série chronologique a déjà révélé des aperçus uniques, mais nous sommes encore régulièrement confrontés à des résultats surprenants qui conduisent à de nouvelles connaissances. Cela montre l’importance de maintenir l’effort de suivi à long terme et permet de comprendre pourquoi nous devons rester flexibles dans nos interprétations et dans l’ajustement des activités humaines en mer. »
Dans leur dernier rapport, les partenaires de WinMon.BE présentent une vue d’ensemble des plus récents résultats scientifiques du programme belge de surveillance environnementale des parcs éoliens offshore, sur la base des données collectées jusqu’en 2020 inclus. Ils font un zoom sur les schémas d’attraction, d’évitement et d’utilisation de l’habitat à différentes échelles spatiales (échelles du parc éolien, de la turbine et du microhabitat) et à travers différentes composantes de l’écosystème (mammifères marins, oiseaux, poissons et invertébrés vivant au fond de la mer et sur les turbines), et démontrent les avantages de l’accroissement des connaissances pour concevoir des mesures appropriées afin d’atténuer les impacts indésirables ou de promouvoir les effets souhaités.
Aperçu des résultats
Effets sur les fonds marins et la vie associée
Le début de la surveillance dans le parc éolien le plus proche de la côte a montré que cette zone abrite des communautés biologiques très diverses vivant sur le fond marin. La réponse de ces précieuses communautés à la présence long terme des éoliennes et à l’exclusion de la pêche fera l’objet d’un suivi attentif au cours des prochaines années.
Dans les parcs éoliens établis depuis plus longtemps, la colonisation par les organismes marins et les effets sur le fond marin ont été surveillés en permanence. Au départ, la colonisation par les invertébrés et les poissons qui préfèrent les substrats durs était principalement visible à proximité immédiate des éoliennes individuelles. Dix ans après la construction, on observe maintenant que ces effets locaux s’étendent aux sédiments mous situés entre les éoliennes. Des récifs artificiels se forment et un plus grand nombre d’espèces épibenthiques et de poissons associées aux substrats durs vivent désormais sur les sédiments mous. Les espèces concernées sont la moule commune (Mytilus edulis), les anémones, l’astérie (Asterias rubens), le petit oursin vert (Psammechinus miliaris), le crabe poilu rouge (Pilumnus hirtellus) et le bar commun (Dicentrarchus labrax). Pour les espèces épibenthiques (les organismes vivant à la surface des fonds marins), cela se traduit également par des densités et des biomasses globales nettement plus élevées à l’intérieur des fermes.
L’attraction des poissons vers les parcs éoliens offshore se fait principalement à l’échelle des turbines individuelles. La plie d’Europe (Pleuronectes platessa), une espèce commerciale de poisson plat, est attirée par les zones sablonneuses entre la protection contre l’affouillement autour des éoliennes offshore, car celles-ci offrent des possibilités optimales de nourriture et d’abri. Il a déjà été démontré que les poissons benthopélagiques comme le tacaud (Trisopterus luscus) et la morue de l’Atlantique (Gadus morhua), qui s’attardent traditionnellement autour des turbines et de leurs fondations, sont attirés par les récifs artificiels en développement, car ils offrent d’excellentes possibilités d’alimentation pour ces espèces.
Développements dans la colonne d’eau
Dans la communauté d’organismes qui se développe sur les fondations des turbines (les biosalissures), les interactions entre espèces commencent à jouer un rôle important. Les coquilles des moules communes fournissent un habitat secondaire de substrat dur attrayant pour les organismes colonisateurs, et contribuent ainsi à une augmentation de la diversité des espèces. Une comparaison de la composition des espèces des communautés colonisatrices précoces (moules non répandues) et matures (moules répandues) a montré que 21 des 47 espèces identifiées poussaient uniquement sur des coquilles de moules. Toutes ces espèces étaient des espèces sessiles, principalement des mollusques, des arthropodes, des annélides et des bryozoaires. Cet effet contrebalance l’appauvrissement de la richesse en espèces qui avait été constaté auparavant en raison de la présence abondante de l’anémone plumeuse (Metridium senile).
Les activités de battage de pieux lors de la construction de parcs éoliens offshore provoquent une pollution sonore considérable. Les marsouins communs (Phocoena phocoena), cétacés bien établis dans la partie belge de la mer du Nord, sont connus pour éviter les zones où les niveaux sonores sont excessifs. Par conséquent, l’application et les effets des mesures d’atténuation potentielles ont reçu beaucoup d’attention. En comparant les données de surveillance acoustique de 2016 (où aucune mesure d’atténuation n’a encore été appliquée) et de 2019 (application de rideaux à double bulle), il a été déterminé que les mesures d’atténuation du bruit sous-marin réduisent de manière efficace l’étendue spatiale et temporelle de la zone de construction évitée par le marsouin commun.
Et au-dessus de la surface de l’eau ?
Le déplacement des oiseaux marins causé par les parcs éoliens offshore s’est avéré être un processus complexe. L’attraction et l’évitement des parcs éoliens par les oiseaux marins ont des causes multiples, notamment la perturbation visuelle induite par les turbines et la présence de repos en mer et de possibilités de recherche de nourriture. Ils peuvent également s’expliquer en partie par l’absence de pêche dans les parcs éoliens belges. Le suivi en cours commence maintenant à fournir un meilleur aperçu de la variation spatiale et temporelle des réponses des oiseaux de mer. La variation spatiale peut résulter des différences de qualité de l’habitat local, de la taille et de la configuration du parc éolien, ainsi que de son emplacement par rapport aux colonies d’oiseaux et aux zones d’alimentation privilégiées. La variation temporelle peut dépendre du cycle de vie de l’espèce. Dans ce contexte, il apparaît aujourd’hui que les goélands bruns (Larus fuscus) adultes, étiquetés par GPS et provenant de colonies de reproduction proches, ne sont pas attirés par le parc éolien Norther, tandis que les congénères attirés par le parc Belwind, situé plus au large, comprenaient des individus migrateurs et immatures. À plus long terme, certains oiseaux de mer peuvent également s’habituer à la présence d’éoliennes offshore. Cela pourrait être le cas pour le fou de Bassan (Morus bassanus), le guillemot de Troïl (Uria aalge) et le pingouin torda (Alca torda), qui semblaient éviter les parcs éoliens dans le passé mais qui étaient tous présents en bon nombre lors de la dernière étude de suivi.
Lorsqu’ils volent à hauteur de rotor, les oiseaux chanteursmigrateurs risquent d’entrer en collision avec les éoliennes offshore. L’intensité de la migration des oiseaux chanteurs est particulièrement élevée la nuit, comme l’ont confirmé les relevés de radar continus des oiseaux dans un parc éolien offshore belge. Le risque de collision augmente lorsque les conditions météorologiques se détériorent. Une mesure efficace pour réduire les collisions avec les oiseaux consiste à mettre temporairement les éoliennes au repos lorsque ces événements se produisent à hauteur du rotor de l’éolienne. Il a été modélisé qu’un nombre total de 682 collisions d’oiseaux chanteurs aurait été évité à l’automne 2019 si les turbines de tous les parcs éoliens offshore belges avaient été mises au ralenti lorsque le flux d’oiseaux à la hauteur du rotor a dépassé 500 oiseaux par km et par heure. Bien que nous ne sachions pas quelles espèces sont concernées, il est peu probable que ces collisions d’oiseaux chanteurs aient un effet significatif au niveau de la population. On ne sait pas encore si ce sera également le cas pour les effets cumulés de tous les parcs éoliens prévus en mer du Nord.
Le programme de surveillance WinMon.BE est une coopération entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et le groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand. Il est coordonné par l’équipe Écologie et gestion marines (MARECO) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
WinMon.BE est commandé par le gouvernement fédéral dans le cadre des conditions de permis d’environnement pour les parcs éoliens offshore. Pour le suivi, on a fait appel au navire de recherche Belgica (le temps de navigation sur le RV Belgica a été mis à disposition par BELSPO et l’IRSNB -DO Nature), au navire de recherche Simon Stevin (exploité par l’Institut marin de Flandre – VLIZ) et à l’avion d’observation de l’IRSNB.
Vous avez sans doute tous entendu la grande nouvelle : le nouveau RV Belgica est bien arrivé en Belgique le 13 décembre 2021, tous les tests, formations, contrôles et paperasses ont été effectués et, surtout, les activités scientifiques ont commencé ! !!
Il est temps de nourrir l’enthousiasme des futurs utilisateurs et visiteurs, ainsi que de tous les sympathisants, avec une toute nouvelle vidéo teaser !!
L’honneur de démarrer les activités scientifiques revient à l’IRSNB : le jeudi 27 janvier, le RV Belgica a pris le large pour des programmes scientifiques sous la supervision de nos collègues Michael Fettweis (Suivi biogéochimique des particules en suspension dans des conditions limites hydrodynamiques) et Xavier Desmit (Interactions biogéochimiques entre particules et boucles de rétroaction sur le plateau continental belge).
Pour plus d’informations sur le RV Belgica, son programme et ses activités, veuillez consulter le site web mis à jour :
Un an après l’achèvement de la première zone d’énergie éolienne en mer du Nord belge, les parcs éoliens offshore restent pour beaucoup un sujet sensible. Nous sommes tous conscients de l’importance de la production d’énergies renouvelables dans le contexte de la crise climatique, et les médias nous informent régulièrement de la contribution des parcs éoliens en mer à la production énergétique belge, de leur impact sur l’environnement et de la surveillance scientifique de ces incidences environnementales. Peu de gens savent cependant qu’une multitude d’acteurs sont impliqués dans le suivi des demandes de permis, dans la définition et le contrôle des règles de sécurité, dans la communication avec les personnels navigants et dans bien d’autres activités. Qu’est-ce qu’implique la création et l’exploitation d’un parc éolien, outre les aspects techniques associés à la construction et à l’entretien du site ? Qui sont ici les différents intervenants ? Quel est l’impact de la présence de parcs éoliens offshore sur la navigation ? Nous examinons dans cet article ces différentes questions, le Werkgroep Windmolenparken & CIA (Groupe de travail « Parcs éoliens » & Activités commerciales et industrielles) étant ici au cœur du dispositif.
Fin 2020, la Belgique confortait sa place parmi les leaders mondiaux de l’éolien offshore : la première zone d’énergie éolienne offshore belge venait d’être achevée, se positionnant d’emblée comme la plus grande zone opérationnelle au monde. Les derniers navires de soutien regagnèrent les ports et les bouées de signalisation furent enlevées. Le Plan d’aménagement des espaces marins 2014-2020 avait réservé, dans une première phase, une zone de 238 km2 le long de la frontière maritime avec les Pays-Bas pour la construction des parcs éoliens. Le chantier a démarré en 2008 et après 12 ans de travaux, cette zone d’énergie compte à présent huit parcs éoliens, avec un total de 399 turbines opérationnelles à ce jour, ce qui correspond à une capacité installée de 2,26 GW, soit une production moyenne de 8 Twh/an. Cela représente environ 10 % de la production d’électricité en Belgique, soit près de la moitié des besoins en électricité des ménages. Les parcs éoliens offshore belges apportent ainsi une contribution importante à l’objectif fixé par la Commission européenne aux États membres (directive 2009/28/CE). Pour la Belgique, 13 % de la consommation totale d’énergie – dont une partie « électricité » – devait en effet être couverte par des énergies renouvelables en 2020.
Le fait que la première zone d’énergie éolienne offshore soit à présent achevée ne signifie cependant pas que tous les usagers de la mer peuvent reprendre tranquillement leurs activités, ou que les nombreux intervenants peuvent à présent se reposer sur leurs lauriers jusqu’à la fin de la durée de vie de chaque turbine, c’est-à-dire environ 25 ans. Jusqu’à présent, la communication sur nos parcs éoliens offshore a surtout été axée sur la quantité d’énergie renouvelable ainsi produite et sur l’impact de ces installations sur l’écosystème marin (la Belgique est à la pointe en ce qui concerne le suivi et l’atténuation des incidences sur l’environnement). Il y a toutefois bien d’autres choses à dire à ce sujet. L’exploitation des parcs éoliens offshore a en effet elle aussi de nombreuses répercussions et plusieurs autres secteurs doivent en permanence tenir compte de leur présence. Dans ce contexte, toute une série d’acteurs assurent et se partagent les tâches d’octroi de permis, d’évaluation, de suivi, de contrôle et de communication, tant pendant les phases de demande que de construction et d’exploitation.
Groupe de travail « Parcs éoliens »
L’augmentation du nombre de demandes de permis et d’autorisations pour la construction de parcs éoliens offshore a mis en avant la nécessité de créer un point de contact central. Comme les compétences pour les parcs éoliens et leurs câbles sous-marins sont partagées entre de nombreux partenaires de la Garde côtière, c’est l’organe stratégique de la Garde côtière, chargé de coordonner la coopération entre différents services fédéraux, flamands et le gouverneur et de présenter des propositions et des avis aux ministres compétents qui en a été averti. Le 5 mars 2008, l’organe stratégique mettait ainsi en place le Groupe de travail « Parcs éoliens ». Ce groupe est présidé par l’Unité de Gestion du Modèle mathématique de la mer du Nord (UGMM), qui relève de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Le soutien administratif et à la communication est, quant à lui, confié au secrétariat de la Garde côtière. Ce groupe de travail fait rapport sur ses principales activités et décisions à l’organe de concertation et à l’organe stratégique de la Garde côtière.
Le Groupe de travail « Parcs éoliens » est un « guichet unique » de services aux porteurs de projets éoliens offshore. Il apporte à ce titre une réelle valeur ajoutée dans le paysage complexe des services publics et des administrations fédérales et flamandes compétentes. Via ce groupe, toutes les parties concernées peuvent aussi obtenir facilement une vue d’ensemble du statut des différentes demandes concernant des parcs éoliens. Cette coordination présente d’autres avantages. Elle facilite l’atteinte rapide d’un consensus sur l’octroi des permis et les avis, garantit la transparence des accords conclus entre les différents partenaires de la Garde côtière et les exploitants de parcs éoliens, harmonise les tâches de contrôle et de surveillance des services publics, et favorise les collaborations et la concordance entre la communication interne et externe. Le groupe de travail apporte également sa contribution à la commission consultative du Plan d’aménagement des espaces marins.
À la suite d’une décision de l’organe stratégique de la Garde côtière du 21 février 2020, d’autres activités commerciales et industrielles ont été ajoutées aux tâches du Groupe de travail « Parcs éoliens ». Pour cette raison, il a été décidé de le rebaptiser Werkgroep Windmolenparken & CIA (Groupe de travail « Parcs éoliens » & Activités commerciales et industrielles). Cet article ne traite que des nombreuses activités des partenaires du groupe de travail dans le domaine des parcs éoliens, que nous avons regroupées sous les intitulés « Permis et conditions », « Impact sur la navigation », « Assistance à la navigation », « Respect de la réglementation et sécurité », et « Communication avec les personnels navigants ». Nous conserverons donc ici la dénomination Werkgroep Windmolenparken/Groupe de travail « Parcs éoliens ».
Permis et conditions
La construction d’un parc éolien est soumise à une procédure administrative préalable qui impose entre autres aux exploitants potentiels d’introduire une demande de permis d’environnement et de concession domaniale. Les futurs exploitants doivent aussi recevoir une autorisation pour la pose de câbles en mer. Diverses enquêtes préparatoires sont ici nécessaires.
La partie belge de la mer du Nord est un écosystème fragile soumis à l’influence d’un large éventail d’activités humaines, telles que l’extraction de sable et de gravier, le déversement de déblais de dragage, la pêche, l’aquaculture, la navigation, le tourisme… et donc aussi la construction et l’exploitation de parcs éoliens. La procédure d’octroi de permis et d’autorisation pour la construction et l’exploitation d’un parc éolien est régie par la loi visant la protection du milieu marin et deux arrêtés royaux, l’un établissant la procédure d’octroi des permis et autorisations requis pour cette activité et l’autre fixant les règles relatives à l’évaluation des incidences sur l’environnement.
Conformément à ces deux AR, le demandeur doit soumettre à l’UGMM un rapport sur les incidences environnementales (RIE), qui sera mis à la disposition du public pour consultation. Si des incidences environnementales transfrontalières sont à craindre, une procédure de concertation est également organisée avec les pays concernés. C’est sur cette base que l’UGMM délivre son avis au ministre compétent pour la mer du Nord quant à l’acceptabilité du projet. La décision d’accorder ou non le permis d’environnement appartient au ministre. Ce permis impose un programme de surveillance scientifique visant à évaluer les incidences du projet sur l’écosystème marin et est assorti de conditions visant à minimiser et/ou atténuer tout impact jugé inacceptable.
Le demandeur doit également introduire une demande de concession domaniale pour la zone du projet proposée et une demande d’autorisation de pose de câbles électriques pour injecter l’énergie générée dans une Modular Offshore Grid of Offshore High Voltage Station (une sous-station à haute tension en mer qui collecte l’énergie produite par plusieurs turbines ou parcs éoliens) ou dans le réseau terrestre d’électricité. La demande de concession domaniale et d’autorisation de pose de câbles doit être introduite auprès de la Direction générale de l’Énergie du service public fédéral Économie, PME, Classes moyennes et Énergie. Ce service délivre son avis au ministre de l’énergie, qui décide sur cette base d’octroyer ou non la concession domaniale et l’autorisation de pose de câbles. Le Vlaamse Dienst met Afzonderlijk Beheer (DAB) Loodswezen (pilotage) de l’Agence des services maritimes et côtiers (Agentschap Maritieme Dienstverlening en Kust, MDK) formule des avis en ce qui concerne la localisation et l’aménagement des parcs éoliens et des parcours de câble. La Division « Accompagnement maritime » (Afdeling Scheepvaartbegeleiding) de la MDK impose des conditions particulières supplémentaires qui doivent être respectées pendant la phase préparatoire de la construction des parcs éoliens (et plus largement pour toutes les activités humaines en mer), comme une enquête bathymétrique (cartographie de la profondeur et du relief), des relevés magnétométriques (entre autres pour détecter les munitions non-explosées et les épaves inconnues) et des relevés géotechniques (structure du sous-sol).
Impact sur la navigation
Pour prévenir les échouages et autres accidents impliquant des turbines éoliennes, il est important d’établir autour de celles-ci un périmètre de sécurité. Le Groupe de travail « Parcs éoliens » a participé aux négociations du projet d’Arrêté royal sur les distances de sécurité aux côtés de la direction générale Navigation du service public fédéral Mobilité et Transports et de la MDK qui ont joué ici le rôle de locomotives. L’AR stipule qu’aucun navire ne peut approcher les turbines éoliennes à moins de 500 mètres. La pêche est donc interdite à l’intérieur de cette zone. La seule exception concerne les navires ayant reçu une autorisation préalable de la Garde côtière, notamment les bateaux de service et bateaux-ateliers des exploitants de parcs éoliens, les navires chargés de missions de contrôle ou de surveillance et les navires de sauvetage. Tout navire non-autorisé ne respectant pas ce périmètre de sécurité est passible de sanctions. Ces faits sont qualifiés d’intrusions dans un parc éolien. Ces intrusions font l’objet d’une surveillance par la Garde côtière, le Groupe de travail « Parcs éoliens » ayant participé quant à lui à l’élaboration du formulaire de notification d’intrusion.
Le Groupe de travail « Parcs éoliens » a également été associé à la préparation d’un premier dossier pour l’Organisation maritime internationale (OMI). Ce dossier a entre autres débouché sur l’adaptation de la zone d’énergie éolienne initialement délimitée, avec pour résultat un meilleur équilibre entre les routes de navigation existantes et la superficie pouvant être réservée aux parcs éoliens. La DG Navigation défend notamment les intérêts de la Belgique auprès de l’OMI. Cette direction générale, chargée de garantir la sécurité de la navigation en mer et la liberté de navigation, a en effet compétence pour l’élaboration de la législation nationale ainsi que pour la mise en œuvre de la réglementation internationale. La zone tampon de précaution (precautionary area) autour des parcs éoliens a également été définie par l’OMI (Sous-comité de la navigation, des communications et de la recherche et du sauvetage). Un dossier est pour l’instant en cours de préparation afin d’en faire une « zone à éviter » (Arear To Be Avoided), soumise à une réglementation encore plus stricte.
Assistance à la navigation
La création de parcs éoliens, et dans une moindre mesure, leur entretien régulier et les travaux de réparation (par ex. le remplacement des pales ou des boîtes d’engrenage), génèrent un trafic maritime important entre les ports et la zone d’énergie éolienne. Pendant la phase de construction en particulier, des navires de très grandes dimensions sont en effet impliqués dans le transport et l’assemblage des éléments des turbines et de leurs Offshore High Voltage Stations (OHVS). Le Centre de coordination et de sauvetage maritimes (Maritiem Reddings-en Coördinatie Centrum, MRCC), le service Vessel Traffic Services (VTS) de la Division « Accompagnement maritime » et Loodswezen jouent un rôle important dans la régulation et l’accompagnement de ce trafic. Ces acteurs sont habilités à délivrer des autorisations de transport maritime exceptionnel ainsi qu’à sécuriser et à fluidifier ce trafic. Les pilotes font office d’experts locaux et de conseillers auprès des capitaines de navire. Ils sont physiquement présents sur les navires de construction lors du lamanage, accompagnent les convois maritimes exceptionnels et guident les navires pendant les travaux.
Les navires de très grandes dimensions peuvent engorger momentanément les ports. Dans de tels cas, la Police de la navigation (SPN) prête assistance à la gestion de l’engorgement. Cette assistance doit toujours être demandée par l’autorité portuaire (conformément au permis) et nécessite absolument la coopération du navire lui-même, des pilotes, des responsables du trafic portuaire et dans certains cas aussi du MRCC.
Respect de la réglementation et sécurité
Des contrôles sont aussi régulièrement effectués pour surveiller le respect du périmètre de sécurité. La Police de la navigation joue ici un rôle de premier plan. Elle a pleine compétence pour faire respecter la quasi-totalité de la législation et de la réglementation maritimes. Les contrôles à bord des navires impliqués dans la construction et l’entretien des installations de la zone d’énergie, qu’ils se trouvent à l’intérieur ou à l’extérieur de ce périmètre, relèvent également de ses compétences. Il s’agit par exemple du contrôle aux frontières, ou des contrôles des membres d’équipage et des documents de bord. Pour exercer ces compétences, la Police de la navigation dispose d’une flotte. Un patrouilleur au moins est toujours disponible. Dans certains scénarios, elle peut également faire appel à la flotte aérienne de la Police fédérale.
Pour ce qui est de la surveillance des intrusions et du respect du périmètre de sécurité, la Police de la navigation travaille en étroite collaboration avec la Marine belge (Défense), la Douane (Administration générale des Douanes et Accises, service public fédéral Finances) et la DG Navigation. Ces acteurs travaillent en partenariat au sein du Carrefour de l’information maritime (MIK) de la Garde côtière et s’emploient à améliorer la « maritime situational awareness » pour les menaces potentielles de « security ». Si nécessaire, cette tâche peut associer d’autres partenaires de la Garde côtière.
Depuis l’achèvement de la zone d’énergie éolienne, le rôle de la DG Navigation se concentre de plus en plus sur la surveillance des intrusions dans les parcs éoliens. Le Service fédéral des amendes administratives est habilité à infliger des amendes aux contrevenants, même s’ils ne font pas l’objet de poursuites policières. La DG Navigation est également compétente pour dresser des PV, à l’instar de la Défense et de la Police de la navigation. En l’absence de poursuites policières, le Service des amendes administratives est donc autorisé à intervenir. Quelques navires de pêche et navires de plaisance ont déjà été condamnés à de lourdes amendes, ce qui a eu pour effet de diminuer le nombre d’intrusions.
En vue d’assurer la surveillance de la sécurité en mer, entre autres dans le cadre du contrôle et du respect des routes de navigation et des périmètres de sécurité autour des parcs éoliens, la Marine belge (Défense) met également à disposition des moyens (navires, matériel) et du personnel, et délivre des avis sur la base du point de vue de la Défense. Les préparatifs éventuels pour le déploiement de matériel militaire dans les zones d’énergie éolienne et l’utilisation de ces zones (et infrastructures) relèvent également de la mission de la Défense. Enfin, la Défense assure aussi, avant la phase de construction, le déminage des zones de construction, des parcours de câble et des routes de navigation.
Dans certaines situations, il peut s’avérer nécessaire d’imposer des périmètres ou distances de sécurité supplémentaires, en-dehors de la zone d’énergie éolienne. C’est à cette fin qu’a été créé le groupe de travail « Mesures provisoires » (Werkgroep tijdelijke maatregelen). Dans ce groupe de travail, l’UGMM, le MRCC, le SPF Économie et la DG Navigation formulent des avis sur les distances de sécurité à respecter autour des installations fixes en mer. Ces avis servent de base aux arrêtés ministériels que le ministre compétent pour la mer du Nord peut prendre s’il est d’accord avec ces avis.
Communication avec les personnels navigants
Le personnel navigant doit pouvoir disposer à tout moment d’informations précises sur l’évolution de la situation à l’intérieur de la zone d’énergie et autour de celle-ci. Pour répondre à ce besoin, le service hydrographique (Vlaamse Hydrografie) de l’Agence des services maritimes et côtiers (MDK) actualise les cartes nautiques pendant la construction des parcs éoliens, et communique des Avis aux personnels navigants lorsque des travaux peuvent temporairement avoir un impact sur la navigation. Des données bathymétriques et nautiques sont aussi régulièrement actualisées et mises à la disposition des entreprises qui ont besoin des informations les plus récentes, par exemple pour planifier la pose de câbles et leurs parcours. Des cartes détaillées sont aussi fournies pour permettre l’actualisation des Portable Pilot Units utilisées par les pilotes. Ces derniers peuvent en outre avoir accès à des plans de sondage actualisés qui garantissent la sécurité des services de pilotage. Les données hydrométéorologiques (sur les vents et les vagues par exemple) du Meetnet Vlaamse Banken sont également mises à la disposition des exploitants maritimes, qui les utilisent régulièrement, tant pendant la préparation des travaux que pendant leur mise en œuvre. Ces données complètent utilement les bulletins météorologiques qui sont également mis à disposition des navires par Vlaamse Hydrografie.
Le MRCC est pour sa part chargé de rédiger et de diffuser des messages de sécurité maritime. Il délivre également des conseils pour l’élaboration des plans de balisage et d’éclairage et vérifie ces derniers.
De leur côté, les personnels navigants doivent pouvoir aussi s’adresser aux autorités lorsqu’ils constatent des irrégularités, ou s’ils sont eux-mêmes en difficulté. Le Groupe de travail « Parcs éoliens », et surtout le MRCC, jouent ici un rôle important. Le MRCC est le point de contact pour la déclaration d’incidents, pour les conseils relatifs à l’élaboration des plans d’urgence et leur vérification, ainsi que pour l’organisation et la coordination d’exercices d’évacuation médicale. Lorsqu’un incident survient et que le Plan général d’urgence et d’intervention (PGUI) pour la mer du Nord est activé, des membres du groupe de travail jouent le rôle d’expert au sein du Poste de commandement des Opérations (PC-Ops) et du Comité de coordination provincial (CC-PROV).
L’avenir
Les travaux d’aménagement des parcs éoliens dans la partie belge de la mer du Nord sont pour l’instant terminés. Bien que les membres du Groupe de travail « Parcs éoliens » aient dû faire face à une charge de travail plus importante pendant cette phase de construction aujourd’hui terminée que pendant la phase d’exploitation actuelle, il est clair que la mission du groupe et de ses membres est loin d’être terminée et que leur contribution reste précieuse. Il en restera ainsi à l’avenir, non seulement dans le cadre de la poursuite des activités en lien avec la phase opérationnelle, mais aussi dans la perspective de la création d’une deuxième zone d’énergie renouvelable de 285 km², prévue dans le Plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026, qui a pour objectif de multiplier par trois la capacité de production d’énergie éolienne offshore belge. Le Groupe de travail « Parcs éoliens » restera ainsi un guichet unique de services pour les exploitants des futurs parcs éoliens qui seront construits et exploités dans cette deuxième zone.
Le nouveau navire de recherche océanographique Belgica sera exploité par Genavir, spécialisé dans la gestion de navires scientifiques. L’armateur de la flotte océanographique française deviendra ainsi le premier armateur français à gérer un navire sous pavillon belge.
En tant que filiale de l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER), Genavir a 45 années d’expérience dans la fourniture de services aux instituts scientifiques et étatiques. La compagnie maritime assure la gestion, l’exploitation et la maintenance de navires côtiers et hauturiers de la flotte océanographique française, ainsi que du sous-marin habité Nautile, de ROV (Remotely Operated Vehicles), d’AUV (Autonomous Underwater Vehicles), et de tout autre équipement dédié aux opérations de recherche scientifique conduites en mer.
« C’est une première en Europe et une belle reconnaissance de notre savoir-faire » se félicite Éric Derrien, directeur général de Genavir. « Nous sommes fiers d’avoir été choisi parmi plusieurs armateurs européens. Le gouvernement belge nous accorde sa confiance et nous avons maintenant à cœur de satisfaire la communauté scientifique belge, ainsi que les futurs utilisateurs internationaux du navire ».
D’une longueur de 71,40m pour une largeur de 16,80m, le Belgica a été lancé pour la première fois le 11 février 2020. Le navire est en cours de livraison aux chantiers FREIRE à Vigo (Espagne) et l’équipage de Genavir prépare la prise en gestion qui devrait intervenir début décembre 2021. Le navire rejoindra rapidement son port d’attache, la base navale de Zeebrugge, où elle devrait arriver avant la fin de 2021. Le Belgica naviguera sous le statut de navire auxiliaire de la marine belge et battra le pavillon correspondant.
Une combinaison d’expertises fortes
L’équipage mixte sera composé de trois officiers de la marine belge (détachés auprès de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), dont le premier capitaine Gaëtan Motmans, et d’officiers et marins de Genavir. Le navire reste, bien sûr, la propriété de la Politique scientifique fédérale belge (BELSPO), et l’IRSNB sera responsable de la gestion budgétaire du navire, des instruments scientifiques et de la programmation des campagnes scientifiques.
« L’attribution du contrat d’exploitation du nouveau Belgica à l’opérateur Genavir est la dernière étape avant que le navire puisse prendre la mer pour la Belgique » précise Lieven Naudts, coordinateur de l’équipe « Services de mesures et RV Belgica » de l’IRSNB. « Nous sommes très impatients de poursuivre les activités scientifiques marines belges avec le nouveau Belgica, de lancer de nouvelles lignes de recherche et de rester ainsi à la pointe de la recherche scientifique marine européenne. »
Une grande zone de travail, un faible impact environnemental
Le nouveau BELGICA dispose de tous les équipements nécessaires à la réalisation des campagnes scientifiques des zones polaires à la zone intertropicale, et des eaux peu profondes jusqu’à une profondeur de 5000 mètres. Son terrain d’exploration couvre la mer du Nord, bien au-delà du cercle polaire arctique, l’océan Atlantique en descendant jusqu’à l’Afrique de l’Ouest, la mer Méditerranée et à la mer Noire. Le suivi de l’état de la partie belge de la mer du Nord restera, bien entendu, toujours un point d’action important.
Le navire a été conçu sur un design « Green Ship », les rejets atmosphériques sont d’un niveau extrêmement bas grâce au traitement des gaz d’échappement, répondant ainsi aux normes contemporaines les plus strictes (MARPOL Tier III).
Le Cygne de Bewick est un espèce arctique qui niche exclusivement dans les toundras de Russie, des rives de la mer de Kara à celles du détroit de Béring.
Le « Bewick » se distingue facilement du Cygne tuberculé Cygnus olor, que l’on rencontre communément en Europe et singulièrement en Belgique, par son bec jaune et noir et par sa taille beaucoup plus petite.
Le Cygne de Bewick est la plus petite espèce de cygne d’Eurasie (photo Didier Vangeluwe).
Le Cygne tuberculé a typiquement le bec orange (photo Didier Vangeluwe).
La différence entre un Cygne de Bewick et un Cygne chanteur Cygnus cygnus – la troisième espèce de cygne d’Eurasie – est beaucoup moins simple ! Le Cygne chanteur a aussi du jaune sur le bec mais plus largement. Il est de plus grande taille que le Bewick et est peut-être le plus facilement distingué par son long, très long cou avec une tête passive et un bec puissant. En comparaison, le Bewick est délicate et mince. La voix pourra aussi aider à l’identification. Le Cygne tuberculé est muet … mais émet un bruit très particulier avec ses ailes lorsqu’il vole. Les Cygnes de Bewick et chanteur sont loquaces, émettant souvent un «Whoop- Whoop Whoop » qui est plus profond et plus fort, avec un deuxième syllabe supérieure, chez le Chanteur par rapport au Bewick.
La tête triangulaire et le bec massif sont typiques du Cygne chanteur (photo Didier Vangeluwe).
Les conditions météorologiques qui prévalent pendant l’hiver dans la toundra ne permettent pas à un oiseau herbivore comme le Cygne de Bewick de rester toute l’année à proximité de son site de reproduction. C’est une espèce migratrice à longue distance. Mais tous les Cygnes de Bewick n’hivernent pas dans la même région. Trois zones distinctes ont été identifiées. L’une est centrée sur la mer du Nord, une autre se trouve dans le sud-est de la Chine et au Japon tandis que la troisième est située sur la rive sud de la mer Caspienne.
Trois zones d’hivernage ? Vraiment? Non! Depuis 1997, une nouvelle zone a été découverte en Grèce, dans le delta de l’Evros. Au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, le delta de l’Evros est l’une des zones humides côtières naturelles parmi les plus – sinon la plus – riche de la Méditerranée. En février 2018, près de 9500 Cygnes de Bewick y ont été dénombrés. Un spectacle incroyable ! Et un événement inhabituel étant donné que l’on est plutôt enclin ces dernières années à annoncer des déclins voire des extinctions …
Mais de quelles zones de reproduction proviennent ces cygnes ? Quelle route utilisent-ils pour relier l’Arctique à la Méditerranée ? Quels sont les facteurs qui rendent possible que des Cygnes de Bewick ont colonisé une nouvelle aire d’hivernage située minimum à 2000 km du site le plus proche connu «historiquement» ? Est-il nécessaire de prendre des mesures (de gestion ou légales) afin d’assurer leur avenir en Grèce ou dans d’autres zones de présence de l’espèce ?
Cela est particulièrement important étant donné qu’entre-temps le nombre de Cygnes de Bewick en hivernage dans la région de la mer du Nord a diminué de 30 % entre 1995 et 2010. Une baisse particulièrement importante et inquiétante !
Les ornithologues de l’Institut Severstov d’Ecologie et d’Evolution (Centre de Baguage de Russie), du Goose, Swan & Duck Study Group of Northen Eurasia et l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (BeBirds – Centre Belge de Baguage), en partenariat avec l’Autorité de Gestion du Parc Naturel du Delta de l’Evros et l’Institut de Recherche forestière de Thessalonique ont uni leurs effort afin de lancer le programme « L’Odyssée du Cygne de Bewick – une nouvelle route vers la Grèce ». Ils ont ensuite été rejoint par le Research Center of Eco-Environnement Sciences de l’Académie des Sciences de Chine.
Le Research Center of Eco-Environnement Sciences de l’Académie des Sciences de Chine étudie très activement les migrations des oiseaux d’eau entre la Russie et le Sud-Est de l’Asie
.Afin de découvrir et d’étudier la connectivité (=les relations), entre les différentes zones de nidification et les sites d’hivernage, nous avons équipé entre 2015 et 2020, 80 Cygnes de Bewick d’un émetteur GPS. Cinquante-sept ont été marqué durant l’été dans la toundra de Russie, essentiellement à Yamal, et 23 en Belgique, durant l’hiver.
Vous pouvez découvrir ici les trajets de migration des 23 cygnes de Bewick marqués en Belgique au cours des 3 derniers hivers.
Les données sont mises à jour chaque semaine. Attention cependant, il n’y aura pas d’actualisation de la mi-mai à la mi-septembre car les cygnes nichent – ou estivent – dans la toundra de Russie et sont donc hors de portée d’un réseau GSM. Les données de localisation GPS sont cependant enregistrées dans l’émetteur afin d’être transmises dès que le cygne est de retour dans une zone couverte pas un réseau GSM.
Cliquez sur la phrase « Suivez la migration des oiseaux équipés d’une balise GPS… » qui se trouve au-dessus de ce texte. Vous obtenez alors une carte interactive. La ligne supérieure indique la date de la dernière mise à jour. En cliquant sur l’icône «information» vous trouverez un descriptif du programme et la liste des partenaires. En cliquant sur l’icône «couches » et ensuite sur le petit triangle à la hauteur de la ligne « The Odyssey of the Bewick’s Swan », vous pourrez visualiser les caractéristiques de chaque cygne suivi à partir du code unique de son collier émetteur. En cliquant sur l’icône « filtrer », vous aurez la possibilité de demander la visualisation du trajet d’un cygne particulier. Pour ce faire, il suffit d’encoder le code du collier émetteur dans la case « neckband » et ensuite de cliquer sur « fermer » en haut à droite de la page. L’icône « time manager » permet de sélectionner une période comme on sélectionne un cygne particulier.
Bien entendu ce travail de prospection, d’observation, de marquage, de gestion, d’analyse et de présentation des données, d’organisation du site web, est un véritable travail d’équipe ! Grand merci à tous, de Bellem à Salekhard, de Tielt à Moscou, de Pékin à Oud-Turnhout et Merksplas, de Damme à Surgut, d’Alexandroúpolis à Furnes, d’Ottignies à Thessalonique !
Les navires de recherche Belgica et James Clark Ross, qui ont été remis à l’Ukraine par la Belgique et la Grande-Bretagne respectivement, ont reçu de nouveaux noms le vendredi 29 octobre 2021. Cela s’est produit lors d’une cérémonie dans leur nouveau port d’attache ukrainien, Odessa. Désormais, les navires navigueront sous les noms de « Borys Aleksandrov » et « Noosphere ».
La cérémonie de changement de nom a eu lieu dans le port maritime d’Odessa, en présence du président Volodymyr Zelenskyy. La cérémonie s’inscrivait dans le cadre d’une visite de travail du président dans la ville. Pour la Belgique, les honneurs sont revenus (entre autres) à M. Patrick Roose, directeur de la Direction Opérationnelle Milieux Naturelles de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB).
Depuis son voyage inaugural en 1984 jusqu’à sa dernière campagne scientifique en mars 2021, l’IRSNB était responsable de la gestion budgétaire, de l’instrumentation scientifique et de la planification des campagnes scientifiques du RV A962 Belgica. La Politique scientifique fédérale était l’heureux propriétaire du navire, et la Marine belge a fourni l’équipage, le soutien opérationnel et un poste d’amarrage dans son port d’attache de Zeebrugge.
Après la remise du navire aux autorités ukrainiennes le 13 septembre 2021, une courte période de formation du nouvel équipage et un transit réussi vers Odessa (au cours duquel un programme scientifique complexe a également été réalisé), le navire – avec son ancien collègue britannique – est aujourd’hui le point de départ d’une nouvelle flotte scientifique ukrainienne. Le pays n’a pas eu une telle flotte précédemment. Le transfert vers l’Ukraine a été rendu possible grâce à un projet conjoint de l’UE et du PNUD, « European Union for Improving Environmental Monitoring of the Black Sea (EU4EMBLAS) ».
Borys Aleksandrov
C’est le président Zelenskyy lui-même qui a annoncé les nouveaux noms des navires de recherche. Le Belgica a été rebaptisé en l’honneur du célèbre biologiste marin ukrainien Borys Aleksandrov, docteur et professeur de sciences biologiques et également ancien directeur de l’Institut de biologie marine de l’Académie nationale des sciences. Il y a deux ans, le 4 décembre 2019, il a été tragiquement tué dans un terrible incendie au 25, rue Troitskaya à Odessa.
Après la cérémonie de changement de nom, une table ronde sur la coopération maritime belgo-ukrainienne, l’économie bleue et le développement de la surveillance maritime a eu lieu, à l’initiative du ministère ukrainien de la protection de l’environnement et des ressources naturelles.
Noosphere
Le brise-glace britannique James Clark Ross est rebaptisé « Noosphere ». Ce navire rendra à nouveau possible la recherche marine près de la station antarctique ukrainienne Akademik Vernadsky pour les scientifiques ukrainiens. Au cours de la cérémonie, le président Zelenskyy s’est adressé directement aux scientifiques qui travaillent actuellement dans cette station polaire.
La noosphère est censée être un nouveau stade, plus élevé, de l’évolution de la biosphère, lié au développement de la société, qui exerce une profonde influence sur les processus naturels. Quoi qu’il en soit, le développement de la doctrine de la noosphère est particulièrement associé au nom de Vladimir Vernadsky, le premier président de l’Académie des sciences ukrainienne.
Le mercredi 20 octobre 2021, le European Marine Board (EMB) a lancé son Future Science Brief № 7 Addressing underwater noise in Europe: Current state of knowledge and future priorities (Aborder le bruit sous-marin en Europe: État actuel des connaissances et priorités futures). La publication se concentre sur les sources de sons anthropiques et les effets du bruit sur les organismes marins et identifie les lacunes de la recherche et recommande des actions prioritaires pour le développement de stratégies d’atténuation proportionnées et une réglementation efficace du bruit sous-marin.
Cette publication peut être téléchargée à partir du site web de l’EMB. Il s’agit d’un produit officiel du European Marine Board, un forum stratégique paneuropéen composé de 35 organisations membres, dont des instituts de recherche marine performants, des agences de financement et des consortiums universitaires. Cette publication a été élaborée par le groupe de travail de l’EMB sur le bruit sous-marin.
À propos du Future Science Brief
L’océan présente une cacophonie de sons provenant de sources tant naturelles qu’anthropiques. Les organismes marins dépendent fortement du son pour communiquer et comprendre le monde qui les entoure, et sont donc potentiellement impactés par le son anthropique. Cependant, dans le cadre du développement de notre économie bleue et de l’avancement de nos connaissances sur les environnements et les écosystèmes marins, le bruit anthropique est (parfois) inévitable. La compréhension des effets potentiels du bruit anthropique fait donc partie intégrante de la résolution de ce conflit, car elle est nécessaire pour élaborer des stratégies d’atténuation proportionnées et une réglementation efficace.
En plus de fournir une vue d’ensemble de nos connaissances actuelles sur le bruit sous-marin, cette publication met en évidence les domaines prioritaires pour des recherches plus poussées afin de combler les lacunes qui subsistent dans les connaissances sur les effets du bruit anthropique. En outre, elle indique les actions pertinentes à entreprendre afin de garantir une législation fondée sur l’écosystème et le principe de précaution.
L’État Fédéral Belge est représenté au sein de l’EMB par le Bureau de la Politique Scientifique Fédérale Belge (BELSPO) et au sein du groupe de communication de l’EMB par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB).
Dix projets européens innovants visant à mettre en place des systèmes d’observation des océans, fournissant des données pour une gestion factuelle des océans et de l’économie bleue, ont uni leurs forces au sein du pôle fort « Nourishing Blue Economy and Sharing Ocean Knowledge ». Dirigé par le projet EuroSea, dont l’IRSNB est membre, le groupe a publié une note d’orientation commune contenant des recommandations pour l’observation et la gestion durables des océans. Cette collaboration est soutenue par le programme européen Horizon Results Booster et permet au groupe d’avoir un impact sociétal plus important. Aujourd’hui, 15 octobre 2021, la note d’orientation est présenté à l’UE.
L’océan couvre 70% de la surface de la Terre et fournit de nombreux services écosystémiques indispensables à l’humanité ou qui améliorent notre qualité de vie. Pensez au rôle de l’océan dans la régulation du climat et la fourniture de l’air que nous respirons et de l’eau douce que nous buvons, mais aussi des poissons, des crustacés et coquillages, des ressources inorganiques exploitables (comme le sable et les minéraux), des énergies renouvelables, de la navigation, du tourisme, etc.
On estime que la taille de l’économie bleue pourrait doubler d’ici à 2030, mais les impacts globaux de l’intensification des activités humaines sur les écosystèmes marins et leurs services (tels que le réchauffement des océans, l’acidification, la déoxygenation, l’élévation du niveau de la mer, la modification de la distribution et de l’abondance des poissons, etc.) sont encore mal connus. En outre, les données marines sont fragmentées, pas toujours comparables, présentent des lacunes et sont difficiles d’accès. Cela limite notre capacité à gérer durablement les océans et leurs ressources.
Unir les forces en Europe
Par conséquent, il est nécessaire de développer un cadre pour une compréhension plus approfondie des écosystèmes marins, qui relie des observations océaniques fiables, opportunes et ciblées à la conception et à la mise en œuvre d’une gestion factuelle.
Afin de contribuer à la création future d’un tel cadre, dix projets européens innovants qui mettent en place des systèmes d’information sur les océans centrés sur l’utilisateur, interdisciplinaires, réactifs et durables et qui renforcent la durabilité de l’économie bleue ont uni leurs forces au sein d’un groupe solide afin de mieux relever les principaux défis marins mondiaux. Sous la direction du projet EuroSea, le groupe a traduit ses préoccupations communes en recommandations et les a incluses dans la note d’orientation conjoint « Nourishing Blue Economy and Sharing Ocean Knowledge. Ocean Information for Sustainable Development » (Favoriser l’économie bleue et partager les connaissances sur l’océan. Informations sur les océans pour une gestion durable).
Toste Tanhua, coordinateur d’EuroSea, GEOMAR : « C’était formidable de collaborer avec les autres projets innovants et de formuler des recommandations communes basées sur des perspectives et des expertises différentes. Ensemble, nous voulons concrétiser la valeur de nos activités scientifiques et innovantes afin qu’elles puissent avoir un impact majeur sur la société ».
La note d’orientation complet peut être téléchargé ici, les recommandations sont résumées ci-dessous.
Recommandations
Création d’un cadre politique européen pour le financement des observations océaniques scientifiques à long terme
Des observations continues et une meilleure compréhension biologique sont nécessaires pour cartographier toute la gamme de la variabilité océanique et pour évaluer les changements océanographiques, leurs implications écologiques et leurs conséquences possibles pour l’humanité. Les mécanismes d’observation et de fourniture de données doivent être considérés comme des infrastructures de recherche, qui nécessitent un financement durable et adéquat. Idéalement, le résultat serait une directive-cadre sur l’observation des océans, qui garantirait un soutien durable et une meilleure coordination des efforts d’observation et d’information sur les océans en Europe.
Soutenir la professionnalisation de la prochaine génération de « personnel bleu ».
L’économie bleue en pleine croissance nécessitera davantage de travailleurs hautement qualifiés et compétents, la transformation numérique bleue exigeant également de nouvelles aptitudes et compétences. Des programmes de formation ciblés pour les chercheurs devraient être soutenus. La prochaine génération de « personnel bleu » devrait également être enrichie par des efforts visant à accroître la participation des pays moins bien équipés, à attirer davantage de femmes, à encourager les jeunes, à diffuser les bonnes pratiques scientifiques, à faciliter les échanges de personnel et à attirer de nouveaux utilisateurs. Cela permettra d’améliorer l’employabilité dans les secteurs universitaires et industriels de la marine.
Transformer les données en connaissances en investissant dans les observations informatiques
La combinaison de différentes technologies, qui collectent différents types de données, permettra de combler les lacunes dans la connaissance et la compréhension de la dynamique du secteur bleu en termes d’écologie, de biodiversité, de sensibilité au changement climatique et de potentiel d’exploitation durable des ressources océaniques. Il est donc crucial de développer les technologies émergentes qui permettent d’étudier et d’analyser l’océan plus en profondeur, comme l’intégration de capteurs modulaires marins à faible coût dans les systèmes d’observation de la Terre existants, l’avancement de l’Internet des objets, l’application de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, et la promotion du Calcul Haute Performance Européen en mettant l’accent sur le stockage des données dans le cloud.
Établir des normes mondiales et des pratiques en matière de coopération
La communauté océanographique travaille déjà à la normalisation des données et des pratiques de coopération (interopérabilité), mais un cadre plus formel est nécessaire. Cela permettra d’accroître le niveau de qualité des données et de garantir une utilisation plus efficace et durable des données et informations océaniques. Il est nécessaire d’adopter une approche systémique de l’interopérabilité et une politique commune (interdisciplinaire) en matière de métadonnées. L’endroit où vous soumettez vos données ne devrait pas avoir d’importance pour qu’elles soient disponibles au niveau mondial et que leur impact soit accru.
Renforcer la science citoyenne
La participation des citoyens au processus décisionnel doit être considérée comme un moyen de rendre le processus politique plus transparent et plus accessible. En soutenant activement les initiatives de science citoyenne, les décideurs politiques encouragent l’éducation scientifique et font appel à la volonté naturelle des citoyens de contribuer à la société. En fin de compte, la science de l’observation des océans devient plus démocratique et un nouveau type de concept autogéré, durable et rentable pour l’observation des océans émerge. Des mécanismes permettant de fournir un retour d’information aux citoyens doivent également être mis en place. Les citoyens doivent également disposer de systèmes conviviaux pour collecter et télécharger des données.
La note d’orientation « Nourishing Blue Economy and Sharing Ocean Knowledge. Ocean Information for Sustainable Development » est présentée aujourd’hui aux représentants de l’UE lors de la réunion de retour d’information sur la politique d’EuroSea (le 15 octobre 2021).
Informations supplémentaires
L’IRSNB et l’observation des océans
La Direction Opérationnelle Milieux naturelles (DO Nature) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a une longue tradition d’observation des océans, et remplit ce rôle à quatre niveaux : 1) la coordination et l’exécution d’un programme de surveillance de la mer du Nord, 2) l’étude des composantes biotiques et abiotiques des mers et des océans, et de leurs interactions, 3) la gestion et l’amélioration des bases de données et des instruments scientifiques (y compris le navire de recherche RV Belgica, l’avion de surveillance aérienne OO-MMM et les applications satellitaires), et 4) le conseil aux décideurs politiques nationaux et internationaux, et la représentation de l’État fédéral de Belgique dans les organes politiques internationaux.
En particulier, l’expertise du groupe de recherche ECODAM (ECOsystem Data Analysis and Modelling ; partie de l’IRSNB/OD Nature) est étroitement liée à la mission du projet EuroSea, et justifie la participation de l’IRSNB à ce projet. ECODAM rassemble quelque 25 scientifiques hautement qualifiés et multidisciplinaires et mène des recherches scientifiques sur les écosystèmes aquatiques afin d’améliorer notre compréhension des mers et des océans et de mieux les gérer sur la base des connaissances scientifiques. L’expertise pertinente comprend l’océanographie physique et la modélisation hydrodynamique (pour les marées, les tempêtes, les vagues, la pollution, les nutriments, le phytoplancton, la distribution des organismes biologiques, etc.), l’optique aquatique et la télédétection par satellite, le soutien aux applications et aux développements de modèles mathématiques aux niveaux national et international, et le soutien aux administrations fédérales, régionales et européennes et aux activités du secteur privé.
Financement
Les 10 projets participants ont reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 (H2020) de l’Union européenne dans le cadre des conventions de subvention suivantes : EuroSea 862626; AtlantECO 862923; Blue-Cloud 862409; EU-Atlas 678760; Eurofleets+ 824077; iAtlantic 818123; JericoS3 871153; Mission Atlantic 862428; Nautilos 101000825; ODYSSEA 727277.
Outre EuroSea, l’IRSNB est également partenaire des projets Eurofleets+ et JericoS3.
La note d’orientation « Nourishing Blue Economy and Sharing Ocean Knowledge. Ocean Information for Sustainable Development » a été produit avec le soutien de la division Trust-IT Services du Horizon Results Booster, financé par la Commission européenne, Direction générale de la recherche et de l’innovation, Unité J5, Horizon 2020 Information and Data Joint Service.
Dans un nouveau rapport, l’IRSNB résume les résultats de la surveillance et de la recherche sur les mammifères marins en Belgique en 2020. Relativement peu de marsouins ont échoué, tandis que les phoques ont continué à prendre pied. Un petit rorqual, deux baleines à bec de Sowerby et une tortue luth peuvent être considérés comme des espèces inhabituelles.
Comme à son habitude, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a publié un rapport annuel sur les échouages et les observations de mammifères marins et d’autres espèces marines protégées en Belgique. Il résume les résultats de la recherche et de la surveillance en 2020.
Espèces communes
En 2020, 65 marsouins communs ont été rejetés sur le rivage, un nombre relativement faible par rapport aux années les plus récentes. Depuis 2005, seules quatre années ont vu un nombre inférieur, et certaines années, il y a même eu plus de 100 échoués. Certains marsouins vivants sont morts peu après s’être échoués. La principale cause de décès des animaux étudiés est la prédation par le phoque gris, un phénomène qui a été décrit pour la première fois en 2012.
43 phoques se sont échoués, morts ou mourants. C’est à peu près le même nombre qu’au cours des deux dernières années, mais nettement plus que les années précédentes. La capture accidentelle était la principale cause de décès des phoques échoués. Sealife a pris en charge 16 phoques en détresse.
Outre les aires de repos bien connues de l’embouchure de l’Yser et du port de plaisance de Nieuport, l’année 2020 a vu l’émergence d’un nouveau site d’échouage de phoques à Ostende. Au début, les politiciens locaux ne voulaient pas transformer le Klein Strand d’Ostende en « zoo », mais les animaux sont rapidement devenus une attraction touristique sous l’œil attentif des volontaires de l’équipe « North Seal Team ».
Espèces remarquables
Les échouages les plus notables ont été ceux d’un petit rorqual et de deux baleines à bec de Sowerby. Le très jeune petit rorqual était déjà très faible avant de subir des fractures aux mandibules, de mourir et de s’échouer. Il s’agit seulement du huitième cas documenté de petit rorqual en Belgique au cours des 20 dernières années. Les cas précédents concernaient trois carcasses et quatre observations de spécimens vivants. Les baleines à bec ne vivent pas dans la mer du Nord et on ne les y voit que très rarement. Les échouages de 2020 ne sont que les sixième et septième cas connus en Belgique. Il est possible que des exercices militaires dans l’océan Atlantique soient à l’origine des échouages de cette espèce en Belgique et dans les pays voisins.
La capture la plus spectaculaire en 2020 a été celle d’une tortue luth : l’équipage d’un navire de pêche côtière a pu remettre l’animal à la mer indemne.
Le rapport 2020 sur les mammifères marins est le fruit de la coopération de l’IRSNB avec SEALIFE Blankenberge, les universités et une multitude d’institutions scientifiques, de services gouvernementaux, d’organisations non gouvernementales et de bénévoles.