L’avion de surveillance belge OO-MMM a participé avec succès à l’opération Super CEPCO (Coordinated Extended Pollution Control Operation) organisée par la Norvège, la Suède et le Danemark cette semaine. Lors de ces opérations, des avions de détection de la pollution de différents pays autour de la mer du Nord unissent leurs forces et survolent pendant plusieurs jours une zone de risque maritime majeure. Cette fois, les avions opèrent depuis Oslo et se concentrent sur le Skagerrak.
Le Super CEPCO est une opération régionale pluriannuelle organisée dans le cadre de l’Accord de Bonn, le mécanisme des pays de la mer du Nord pour effectuer la surveillance comme outil de détection et de lutte contre la pollution marine. L’objectif principal est d’effectuer un contrôle continu des rejets d’hydrocarbures ou d’autres substances nocives par les navires, qui peuvent être détectés à la surface de la mer. Il évalue également l’utilisation des satellites pour contrôler et surveiller la pollution marine et maximiser les chances de prendre les contrevenants sur le fait.
Le programme belge de surveillance aérienne de la mer du Nord a été lancé en 1990 par l’Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord (UGMM), qui fait désormais partie de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Les scientifiques ont équipé un ancien avion militaire Britten-Norman Islander pour des missions scientifiques, la Défense belge fournissant les pilotes. Une coopération efficace entre la politique scientifique et la défense !
Les instruments de surveillance de l’environnement sont constamment mis à jour afin que la Belgique reste à l’avant-garde de la lutte contre la pollution marine. En participant à des missions internationales, notre pays assume non seulement sa responsabilité dans le cadre de la garde côtière nationale, mais aussi par rapport à la mer du Nord au sens large. Quelque chose dont on peut être fier !
Plus des trois quarts des déchets en mer du Nord belge sont constitués de macroplastiques (plus grosses particules de déchets plastiques), ce qui constitue une source majeure de pollution, notamment dans la zone côtière. Cependant, les fibres synthétiques provenant principalement du chalutage se retrouvent partout, aussi loin de la côte. De même, les petites particules de plastique ou microplastiques de >50 µm (un vingtième de mm) apparaissent beaucoup plus souvent le long de la zone côtière et dans les ports que plus loin en mer. C’est ce qu’a montré une première étude de surveillance systématique dans la mer du Nord belge. Grâce au projet de recherche MarinePlastics, les scientifiques de L’ILVO et l’IRSNB disposent désormais des premières données pour mettre en place un plan de surveillance des macro- et microplastiques pour la partie belge de la mer du Nord, une obligation européenne.
Dans les zones de pêche où les pêcheurs belges sont actifs, les chercheurs ont également recherché des microplastiques dans les poissons et les crustacés commerciaux. Dans ces produits, les microplastiques ne sont présents qu’en petit nombre ou sont absents. Seuls 5 des 42 filets de poisson examinés contenaient quelques particules microplastiques : 2 à 6 particules par 100 g de filet de poisson. Sur la base de cette étude, les chercheurs considèrent que les poissons et les crustacés de la pêche belge constituent pour l’instant une source de nourriture sûre en termes de la contamination par les microplastiques.
Dans le cadre du projet de recherche MarinePlastics, l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) ont cartographié la quantité et les types de plastiques présents dans les zones de pêche belges. Il s’agit à la fois de gros morceaux de déchets (macroplastiques de plus de 5 mm) et de minuscules particules de plastique (microplastiques de moins de 5 mm). Cette recherche n’était pas facultative, mais une obligation de l’Europe, qui exige depuis 2012 que chaque État membre collecte des chiffres sur les macroplastiques dans les fonds marins. À partir de 2020, des données devront également être collectées sur les microplastiques dans les sédiments et dans l’eau. Le projet MarinePlastics a également examiné dans quelle mesure les microplastiques sont présents dans les espèces commerciales de poissons et de crustacés provenant de nos zones de pêche (mer du Nord, Manche, mer Celtique, mer d’Irlande). Les chercheurs ont fait une distinction entre les particules de plastique présentes dans l’estomac du poisson (que les gens ne consomment pas) et le filet de poisson (que nous mangeons).
Poisson belge sans danger
Les résultats de cette recherche sont rassurants : il a été constaté que les microplastiques de >50 µm (cela correspond à un vingtième de mm ; la contamination par les nanoplastiques, c’est-à-dire des particules encore plus petites, n’a pas été étudiée dans ce projet) ne s’accumulent pas dans les poissons et crustacés commerciaux échantillonnés dans les zones de pêche où les pêcheurs belges sont actifs. Dans presque tous les échantillons de poissons et de crustacés (parties comestibles et non comestibles), le nombre de microplastiques était si faible que la concentration n’a pu être déterminée avec précision. Dans seulement 5 des 42 filets de poisson, on a trouvé 2 à 6 particules microplastiques par 100 g de filet de poisson, ce qui n’est pas alarmant. Le public peut donc être informé que les poissons et crustacés issus de la pêche belge sont actuellement des produits sûrs en termes de pollution microplastique.
Davantage de microplastiques près des ports et de la côte
Cependant, les concentrations de microplastiques dans les fonds marins et dans l’eau de mer sont parfois assez élevées, bien que variables. Dans cette étude, la concentration de microplastiques dans les sédiments côtiers (près de Zeebrugge) était environ neuf fois plus élevée que plus loin de la côte. Dans l’eau de mer, la différence était encore plus spectaculaire : les eaux du port de Zeebrugge et à proximité de la côte contenaient respectivement 48 et 10 fois plus de microplastiques que les eaux provenant de zones plus au large. Actuellement, il n’existe pas de programme de surveillance qui suit l’évolution de ce type de pollution en Belgique. Afin de répondre aux obligations européennes, un programme national de surveillance des microplastiques doit donc être mis en place. À cette fin, les chercheurs recommandent également d’approfondir (ou de commander) l’étude du transport des microplastiques dans l’environnement marin, des points chauds éventuels et du lien avec la propagation des macrodéchets.
Karien De Cauwer, chercheuse à l’IRSNB: « Cette étude nous donne une bonne idée du degré de pollution par les microplastiques à proximité de la côte et plus loin en mer. Sur la base d’une bonne méthodologie de détection, l’évolution peut être suivie selon les normes européennes. Cela permettra d’évaluer si les mesures et actions prises fonctionnent efficacement. Grâce à une meilleure connaissance des endroits où les microplastiques pourraient s’accumuler, les mesures pourraient être encore plus ciblées. »
Fibres de plastique provenant de la pêche
Les gros morceaux de déchets – les macroplastiques – représentent 77 à 88 % de tous les déchets présents dans la mer. Il y a un article en particulier qui semble être partout : les fibres de plastique. Les monofilaments très légers – tapis de fils lâches qui est censé protéger le ventre d’un chalut contre les dommages – sont le principal élément en plastique qui est répandu uniformément dans notre partie de la mer du Nord, également plus loin de la côte. Les plastiques plus lourds (tels que les caisses, les bouteilles et les conteneurs) se trouvent principalement près de la côte. Un détail important : dans la partie néerlandaise de la mer du Nord, la pollution par les fibres de plastique provenant de la pêche est plus importante que dans la partie belge. Les chercheurs demandent aux politiques et au secteur de placer la recherche et la mise en œuvre d’une bonne alternative biodégradable aux filaments de plastique en tête de leur liste de priorités. Évidemment, cela ne concerne pas seulement le secteur de la pêche belge, mais des initiatives devraient être prises à l’échelle de toute la mer du Nord, voire de l’Europe.
Les voies de dispersion des déchets ?
S’il peut exister un lien entre la pollution plastique et la pêche, il n’y a pas de relation causale claire avec l’intensité de la pêche. En d’autres termes, il n’est pas vrai que la plupart des déchets se trouvent là où la pêche est la plus intensive. Un lien direct n’a pas non plus été trouvé avec l’extraction de sable ou les parcs éoliens offshore. Sur un site de dragage, près du port de Zeebrugge, un point chaud de déchets a été identifié. Cependant, il n’est pas clair si cela est dû au déversement lui-même, ou aux courants ou autres forces motrices. Il est donc nécessaire de réaliser une étude détaillée des points chauds des déchets marins, en examinant l’impact des différentes sources et en modélisant les processus de transport des déchets.
Bavo De Witte, chercheur à l’ILVO : « Dans notre mer du Nord turbulente, il n’est pas surprenant que les courants puissent avoir une forte influence sur la pollution plastique. Grâce à la modélisation, il devrait être possible d’en savoir encore plus sur l’origine des différents types de déchets. »
Les rapports complets peuvent être téléchargés à partir des adresses suivantes :
Le projet de recherche MarinePlastics a été financé par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEMP) et l’Instrument financier pour la pêche flamande (FIVA).
La Belgique se présente pour une réélection au Conseil de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) dans la catégorie C. Cette organisation des Nations Unies s’engage en faveur d’une navigation internationale sûre et durable. Notre pays est membre de l’OMI depuis 1951 et est fier d’avoir contribué au développement de l’industrie maritime avec d’autres pays.
Afin de soutenir notre candidature au Conseil de l’OMI de 2021, la DG Navigation a le plaisir de partager une vidéo présentant la Belgique maritime et soulignant les points clés de notre devise : « Be sustainable, be safe, be together, be Belgium ».
La vidéo promotionnelle porte, entre autres, sur la recherche scientifique, la surveillance du milieu marin et le contrôle du respect des règles internationales en matière de pollution atmosphérique par les navires. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a contribué à la réalisation de la vidéo et a fourni des images. Le soutien de l’Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM), et en particulier de l’équipe de surveillance aérienne de l’UGMM, ainsi que des plongeurs scientifiques et de diverses autres équipes IRSNB a été indispensable.
Dans sa candidature, la Belgique met l’accent, entre autres, sur les points suivants :
promouvoir une gouvernance inclusive
gérer un espace maritime de plus en plus complexe et une grande variété d’acteurs
innover pour un secteur maritime durable
mettre en œuvre la réglementation de l’OMI et protéger les marins
renforcer le cluster maritime
Vincent Van Quickenborne, Vice-premier ministre et Ministre de la mer du Nord :« La navigation revêt une grande importance pour notre économie. Dans le même temps, nous sommes fermement engagés dans la protection des mers et des océans. Ainsi, notre pays joue un rôle de pionnier plan au niveau international en matière de réduction des émissions. Notre mer du Nord fait elle-même partie d’une zone ECA (acronyme de Emission Control Area) dans laquelle nous utilisons notre avion renifleur pour surveiller strictement les émissions d’azote, de soufre et, cette année, de noir de carbone. Notre ambition est de réduire les émissions de CO₂ de 55 % d’ici à 2030 et de parvenir à des émissions nulles d’ici à 2050. C’est pourquoi il est important pour nous de retrouver notre place à la tête de l’OMI. De cette manière, nous pourrons réellement marquer de notre empreinte le développement d’une politique maritime durable. »
Peter Claeyssens, Directeur général à la Direction générale de la Navigation : » L’Organisation maritime internationale (OMI) fixe les règles pour une navigation sûre et la protection de nos mers et océans. En tant que nation maritime importante, la Belgique est fortement engagée en faveur d’une navigation sûre et respectueuse de l’environnement. C’est pourquoi la Belgique souhaite être à la tête de cette organisation afin de pouvoir marquer de notre empreinte la poursuite continue d’une mobilité maritime durable dans le monde entier ».
Les élections auront lieu à Londres lors de la 32e session ordinaire de l’Assemblée, qui se tiendra du 6 au 15 décembre 2021.
De plus amples informations sur le Conseil de l’OMI et la candidature belge sont disponibles ici.
Le 13 septembre 2021, l’accord a été signé pour le transfert du légendaire navire de recherche Belgica des autorités belges aux autorités ukrainiennes. Quelques jours plus tard, le navire entamera son voyage vers sa nouvelle base d’attache à Odessa. Pendant ce transit, plusieurs échantillons scientifiques seront prélevés. En mer Noire, le navire continuera à faire ce qu’il fait le mieux : mener des recherches scientifiques et surveiller l’état de santé de la mer. Sur cette base, il est possible de définir des mesures qui devraient conduire au rétablissement écologique de la mer Noire.
Aujourd’hui, 13 septembre 2021, M. Thomas Dermine, Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique Scientifique, M. Roman Abramovskyy, le ministre de la Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles, et M. Viktor Komorin, directeur du Centre Scientifique Ukrainien pour l’Écologie de la mer, ont signé l’accord pour le transfert du navire de recherche Belgica du Royaume de Belgique à l’Ukraine. Cela fait suite à un accord de coopération signé en juillet 2021 entre la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et le Ministère ukrainien de la Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles.
Le Secrétaire d’État Thomas Dermine : « Après plus d’un million de kilomètres parcourus et plus de 1.000 campagnes scientifiques visant à accroître la connaissance des mers, la Belgique fait aujourd’hui ses adieux au navire de recherche Belgica. En tant que laboratoire flottant, le navire a été le fleuron des sciences marines belges pendant 37 ans. C’est avec la douleur au cœur que nous lui disons au revoir, mais je suis très heureux que le navire ait une seconde vie grâce à notre coopération avec le Centre Scientifique ukrainien pour l’Écologie de la mer ».
Un héritage inestimable
On ne soulignera jamais assez l’importance d’un navire de recherche national efficace. En tant que navire de recherche multidisciplinaire, le RV Belgica a été en mesure de soutenir la recherche scientifique dans les domaines de la pêche, de la biologie, de la géologie, du climat et de la chimie, et a permis à la Belgique de boxer au-dessus de sa catégorie en termes de recherche et de surveillance du milieu marin, d’aménagement de l’espace marin et d’économie bleue. Et ce, tant au niveau national que dans un contexte international. Le navire a également permis à des milliers d’étudiants d’acquérir leur première expérience en mer. Nombre d’entre eux y ont pris goût à tel point qu’ils sont restés actifs dans les différents secteurs STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), accédant souvent à des postes de direction.
Vincent Van Quickenborne, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Mer du Nord : « Le Belgica est une icône dans le monde de la recherche et a été d’une valeur inestimable pour la politique de la Mer du Nord. Elle était notamment chargée de surveiller les effets de l’extraction de sable, des parcs éoliens et du dépôt de munitions “Paardenmarkt”. Son champ d’action était également beaucoup plus large que notre mer du Nord. Par exemple, elle a découvert des monticules coralliens d’eau froide au-delà de l’Irlande et des volcans de boue au large des côtes marocaines. Le nouveau Belgica sera un digne successeur qui poursuivra l’œuvre de la « vieille dame blanche« .
Une nouvelle vie dans la mer Noire
Après 37 ans de service actif, le RV Belgica a effectué sa dernière campagne en tant que navire de recherche océanographique belge le 25 mars 2021. Si la Belgique accueillera un nouveau Belgica ultramoderne à la fin de l’automne 2021, l’adieu à la « vieille dame blanche » est lourd.
Le 16 septembre, le RV Belgica quittera son amarrage traditionnel dans la base navale de Zeebrugge et deviendra officiellement propriété de l’Ukraine. L’Ukraine ne disposait pas récemment d’un navire opérationnel adapté à la recherche océanographique, mais elle a de grandes ambitions dans ce domaine. Désormais, le Belgica renforcera la surveillance du milieu marin dans la région de la mer Noire, et sera donc d’une grande importance pour la mise en œuvre de la Directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » de l’UE, qui fait partie de l’accord d’association UE-Ukraine. En outre, à plus long terme, la surveillance contribuera à l’établissement d’un programme de mesures fondé sur des preuves et donc à la restauration de l’état de la mer Noire. Dans la foulée, des études conjointes belgo-ukrainiennes sont également prévues en mer Noire et dans l’Atlantique Nord-Est.
Du côté ukrainien, le ministre Abramovskyy, a déclaré : « Nous sommes très reconnaissants au parti belge pour ce cadeau si important à l’Ukraine. Avec l’aide du navire de recherche Belgica, nous prévoyons de reprendre la surveillance dans la mer Noire dès cette année ».
La « première » croisière
Dans les prochains jours, le navire commencera son voyage de Zeebrugge à Odessa, son nouveau port d’attache ukrainien. Pendant le voyage de 8 600 km, les scientifiques ukrainiens seront actifs dès le début. Ils collecteront des échantillons d’eau de mer et de sédiments de fond pour analyser un large éventail de polluants, documenteront les débris marins flottants et les microplastiques, prélèveront des échantillons d’ADN environnemental pour évaluer la biodiversité et analyseront l’ADN microbien pour révéler la présence de gènes de résistance aux antibiotiques. Cet ambitieux programme scientifique, intitulé « Croisière des trois mers européennes » (Atlantique du Nord-Est, Méditerranée et mer Noire), ainsi que le transfert du navire, sont organisés et financés par le projet UE/PNUD « European Union for Improving Environmental Monitoring of the Black Sea » (EU4EMBLAS), et bénéficient du soutien scientifique du Centre commun de recherche de l’UE.
Ministre de la Défense, Ludivine Dedonder : « Durant 37 années La Défense a mis en oeuvre et navigué avec le Belgica au service de la Science. Le transfert de propriété du Belgica vers l’Ukraine est une belle opportunité pour le navire de recherche scientifique de la Belgique qui démarre ainsi une nouvelle carrière. Je suis contente de savoir que le Belgica – sous un autre nom cependant – navigue vers de nouvelles missions scientifiques. L’arrivée de son successeur dans les mois à venir est aussi le signal de la prolongation de l’excellente coopération la Politique Scientifique Fédérale et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. »
Le Belgica devrait arriver en Ukraine à la mi-octobre 2021. Là, le navire sera renommé, puis commencera ses opérations dans la région de la mer Noire.