Le nouveau navire de recherche respectera la tradition belge et s’appellera « RV Belgica II »

Le 6 novembre 2018, le cabinet de la Politique scientifique fédérale a lancé un concours afin de déterminer le nom du nouveau navire océanographique belge. Après une première phase, au cours de laquelle les écoles pouvaient proposer des noms, et une seconde phase où tout le monde pouvait choisir une des six propositions sélectionnées, la Ministre chargée de la Politique scientifique fédérale a annoncé le nom retenu le 25 avril 2019. Le public a choisi avec conviction de respecter l’histoire des sciences marines et les navires de recherche belges en envoyant le nouveau navire sur la mer sous le nom de Belgica II!

Impression artistique de Belgica II (© Freire Shipyard/Rolls-Royce Marine AS)

Ministre Sophie WILMÈS : « Là où le nom de Belgica II a peut-être moins d’originalité que les autres propositions en lice dans ce concours, il est sans égal dans sa symbolique. Le nouveau navire continuera de porter haut les couleurs de la Belgique, rappelant par la même occasion que notre pays est capable de grands projets, comme ce fut le cas lorsque le tout premier navire naviguait sous les ordres d’Adrien de Gerlache au XIXe siècle. Si les objectifs scientifiques ont quelque peu changé par rapport à ceux de l’époque, nul doute que le Belgica II aura d’importantes contributions à apporter au monde scientifique. De grands enjeux contemporains comme la lutte contre le réchauffement climatique ou la protection de l’environnement nécessitent l’apport de la science. Je suis ravie que la Belgique puisse prendre part à ce travail de recherche grâce à ce nouveau navire. »

Annonce du nom « Belgica II » par le Ministre Wilmès (Politique scientifique) et les élèves de classe 1LA de l’Athénée Maurice Destenay de Liège (© IRSNB)

Contexte

Après 35 ans de service, plus de 1.000 expéditions scientifiques et plus de 900.000 km parcourus (> 22,5 fois le tour de la terre), le navire de recherches océanographiques belge RV Belgica (construit en 1984; « RV » étant l’abréviation de « Research Vessel ») doit être remplacé. Voilà pourquoi le gouvernement fédéral a décidé, le 28 octobre 2016, de faire construire un nouveau navire de recherche moderne. Le contrat a été remporté par le constructeur naval espagnol Freire Shipyard et l’architecte naval Rolls-Royce Marine AS, et a débuté le 8 juin 2018. Le coût est d’environ 54 millions d’euros, TVA comprise. Depuis lors, les plans détaillés du navire ont été établis et des modèles réduits ont été testés. La pose de la quille a eu lieu le 27 mars 2019. C’est l’équivalent de la pose de la première pierre d’un bâtiment. Un heureux évènement ! Le nouveau navire sera opérationnel d’ici fin 2020 et sera en mesure d’apporter son soutien à la communauté de recherche marine au cours des 30 prochaines années.

Pose de la quille du Belgica II au chantier Freire Shipyard de Vigo, Espagne, le 27 mars 2019 (© IRSNB)

Quel nom pour le nouveau navire ?

Un nouveau navire doit bien entendu être baptisé. Le cabinet de la Politique scientifique a pour cela lancé un concours le 6 novembre 2018. Dans une première phase – qui a duré jusqu’au 31 janvier 2019 – les classes de la première à la quatrième année de l’enseignement secondaire de plusieurs écoles belges ont soumis des propositions qui devaient être composées d’un nom approprié et d’un film original expliquant avec enthousiasme le choix du nom. Les chiffres montrent que trop peu d’élèves choisissent en Belgique une formation scientifique. En les impliquant, nous espérions susciter plus d’intérêt et contribuer ainsi à une plus grande sensibilisation scientifique.

Après une première sélection par les partenaires du projet, la deuxième phase du concours a été lancée et a fait appel au grand public. Du 27 février au 27 mars 2019, tout le monde pouvait participer au choix du nom sous lequel le nouveau navire naviguera sur nos mers et océans. Un gagnant a émergé : la proposition de Belgica II a pu compter sur 33,2% des voix ! Suivent Stella Maris (20,1%), Impact (18,6%), Oddysea (18,1%), Belsora (5,2%) et Lab Mare (4,8%).

Le 25 avril 2019, le nom de Belgica II a été présenté à bord du RV Belgica actuel par la ministre chargée de la Politique scientifique, en présence des étudiants de la classe gagnante 1LA de l’Athénée Maurice Destenay de Liège. Les élèves de cette classe peuvent à juste titre se nommer ambassadeurs du nouveau navire de recherche et ont été autorisés à tester leurs pieds marins lors d’une excursion d’une journée avec le navire de recherche actuel RV Belgica. Dans la vidéo, ils communiquent sous la forme d’un journal télévisé leur choix du nom Belgica II, où ils tirent clairement la carte belge et mentionnent, entre autres, l’expédition antarctique d’Adrien de Gerlache, qui s’est déroulée de 1897 à 1899 et qui était le premier à hiverner au pôle Sud.

Un jury a également déterminé quelle vidéo était la plus convaincante, en privilégiant l’originalité. La classe qui a réalisé cette production – classe 4B de l’Institut de la Providence de Champion de Namur – recevra également une excursion d’une journée avec le RV Belgica en cadeau, à la fin du mois de mai. Leur vidéo a été inspirée par les héros de BD Tintin et le professeur Tournesol.

Nos scientifiques ont failli se noyer dans l’attention des étudiants, de la presse et de la Ministre (© IRSNB)

L’avenir du nouveau Belgica

En comparaison de son prédécesseur, le nouveau RV Belgica sera plus grand (environ 70 m de long par rapport à 50 m) et offrira plus de place aux scientifiques (un doublement de l’espace de laboratoire accueillant jusqu’à 28 scientifiques). Il est équipé des équipements scientifiques les plus modernes permettant, notamment, de prélever des échantillons jusqu’à une profondeur de 5.000 m. Le nouveau navire sera également plus silencieux (important pour la recherche sur les poissons, entre autres) avec un léger renforcement contre les glaces pour pouvoir effectuer des recherches sur le cercle arctique pendant l’été. Bien que la mer du Nord reste la principale zone d’intervention du nouveau navire, la zone de recherche s’étend plus loin que celle de l’actuel RV Belgica : vers le nord au-dessus du cercle arctique, plus loin vers le sud, y compris la Méditerranée et la mer Noire, et vers l’ouest l’Océan Atlantique. Le navire aura une autonomie de 30 jours et effectuera environ 300 jours de recherche en mer chaque année.

Le nouveau Belgica garantira le respect des obligations nationales et internationales et assurera la continuité du soutien aux sciences marines. La dimension internationale de la science reçoit également l’attention nécessaire, non seulement pour les scientifiques belges, mais également pour leurs collègues européens. Tout comme l’actuel RV Belgica participe au réseau européen EUROFLEETS (dans lequel les scientifiques européens peuvent obtenir du temps sur des navires de recherche étrangers), le nouveau RV Belgica restera actif au sein de ce réseau. La Belgique participe également à une étude sur le statut de la flotte de navires de recherche européens sous l’égide du European Marine Board et détermine le rôle clé que ces navires jouent aujourd’hui et joueront à l’avenir dans la recherche pour une meilleure compréhension des océans, les fonctions que celles-ci peuvent remplir pour nous et les conditions préalables dans lesquelles les activités humaines peuvent être autorisées. Le document « European Marine Board Position Paper » sur ce thème sera publié à l’automne 2019. Grâce au nouveau RV Belgica et au cadre européen, la Belgique reste à la pointe des sciences et des technologies marines et contribue à faire de l’Europe un chef de file mondial des sciences et de l’exploration marines.

Lors de l’annonce du nom RV Belgica II, il a été très occupé au RV Belgica (© IRSNB)

 

Le projet « New RV » a été établi grâce à la collaboration entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), le ministère de la Défense et la Politique scientifique fédérale (BELSPO). Le nouveau Belgica sera la propriété de l’État belge, représenté par la Politique scientifique fédérale (BELSPO). La gestion opérationnelle sera assurée par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) en collaboration avec le ministère de la Défense.

De plus amples informations sur le projet « New RV » et les spécifications techniques du nouveau navire sont disponibles sur www.belspo.be/NewRV, où le processus de construction peut également être suivi.

Surveillance aérienne de la mer du Nord en 2018

En 2018, nous avons effectué 225 heures de vol dans le cadre du programme national de surveillance aérienne de la mer du Nord. Cet article reprend les principaux résultats de ces survols, et se concentre sur les deux tâches principales : la surveillance de la pollution maritime et le suivi du milieu marin. Seize déversements opérationnels provenant de navires ont ainsi été observés, et des quantités suspectes de soufre ont été identifiés dans le gaz d’échappement de 73 navires. En matière de contrôle des émissions de soufre, la Belgique joue ainsi un rôle de premier plan, suscitant un intérêt considérable s’étendant bien au-delà de l’Europe. L’avion a également mené à bien une mission internationale de surveillance des installations pétrolières et de gaz dans la partie centrale de la mer du Nord. Il a en outre procédé à quelques recensements clés de mammifères marins, qui ont mis en évidence des densités records de marsouins au printemps 2018.

L’avion OO-MMM de la Garde côtière en action. (c) IRSNB/UGMM

Aperçu des vols de surveillance

En 2018, 225 heures de vols ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord dans le cadre du programme national de surveillance aérienne. Ce programme est mis en œuvre par le Service UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, en coopération avec la Défense. La majorité des heures de vol ont concerné des vols nationaux (178 heures).

  • 162 heures dans le cadre des missions de la Garde côtière belge :
    • 121 heures consacrées au contrôle de la pollution : environ la moitié à la surveillance des déversements d’hydrocarbures et autres substances nocives (Annexes I, II et V de la MARPOL) et l’autre moitié à la surveillance des émissions de soufre par les navires (Annexe VI de la MARPOL/protection des ZCES) ;
    • 37 heures destinées au contrôle des pêches, à la demande du service flamand « Dienst Zeevisserij » ;
    • quatre heures de vol « on call » – en réponse à des demandes d’intervention spécifiques – et d’appui à des exercices de lutte contre la pollution
  • 16 heures consacrées au suivi des mammifères marins

Un nombre d’heures nettement moins élevé (47 heures) a été consacrée aux vols internationaux, dont 25 heures au contrôle des émissions de soufre par les navires dans les eaux néerlandaises, pour le compte des autorités néerlandaises, et 22 heures à la mission Tour d’horizon, pour le contrôle des plateformes de forage en mer du Nord, une mission internationale menée dans le cadre de l’Accord de Bonn.

Déversements des navires

En 2018, aucun cas de pollution liée à des accidents en mer (pollution accidentelle) n’a heureusement été constaté en Belgique. Seize cas de pollution opérationnelle par des navires ont en revanche été observés.

  • Cinq cas de pollution par hydrocarbures, les déversements ayant été à chaque fois peu importants. Dans quatre cas, aucun navire n’a été observé à proximité de ces nappes. Dans un cas seulement, le lien a pu être fait entre le rejet d’hydrocarbures et un navire, dans les eaux belges. Ce constat d’une infraction à l’Annexe I de la MARPOL a donné lieu à une enquête portuaire à Hambourg et un procès-verbal a été transmis au parquet compétent.
Le nombre de déversements d’hydrocarbures opérationnels montre une nette tendance à la baisse. (c) IRSNB/UGMM
  • Dix cas concernaient le déversement de substances liquides nocives autres que des hydrocarbures (Annexe II de MARPOL). Aucun navire suspect n’a été repéré à proximité.
Les rejets d’autres substances nocives (autres que le pétrole) ne sont pas encore chose du passé. (c) IRSNB/UGMM
  • Un cas d’infraction présumée à l’Annexe V de la MARPOL (perte de résidus solides) par un navire dans les eaux belges. Ce dossier a été suivi d’une enquête portuaire à Rotterdam, et un procès-verbal a ensuite été transmis au parquet.

Surveillance des émissions de soufre   

En 2018, 88 heures de vols ont été effectuées utilisant le renifleur électronique au-dessus des eaux belges et néerlandaises dans le cadre du contrôle du respect des limites fixées pour la teneur en soufre des carburants utilisés par les navires dans la zone de contrôle des émissions de soufre (SECA) de la mer du Nord. Ces vols ont donné lieu à la mesure en mer des émissions de 1 139 navires. Ces analyses ont mis en évidence 73 cas de teneurs en soufre anormalement élevées. Les services d’inspection maritime compétents en ont été immédiatement avertis aux fins d’une investigation plus poussée à quai.

Les concentrations de soufre des émissions des navires peut être mesurée en mer grâce à la technologie du renifleur. (c) IRSNB/UGMM

La Belgique est actuellement l’un des rares pays à effectuer une telle surveillance aérienne des émissions de soufre des navires. L’expérience et les résultats obtenus, y compris au niveau des enquêtes ultérieures à quai par les autorités portuaires et la poursuite des contrevenants, ont déjà suscité un grand intérêt en Europe et ailleurs.

Mission internationale Tour d’Horizon

Au cours de la mission annuelle de lutte contre la pollution marine provenant de plateformes de forage dans la partie centrale de la mer du Nord (dans les eaux néerlandaises, allemandes, danoises, norvégiennes et britanniques), effectuée dans le cadre de l’accord de Bonn, l’avion de surveillance a identifié 26 cas de pollution au total, dont 23 pollutions par hydrocarbures en lien avec la présence d’une plateforme pétrolière à proximité. Dans les trois autres cas (une nappe d’hydrocarbures et deux nappes d’une autre substance nocive), le lien n’a pas pu être fait avec la présence d’une plateforme ou d’un navire à proximité de la nappe. Ces effractions ont été systématiquement signalées à l’Etat côtier compétent pour investigation complémentaire, ainsi que l’exigent les procédures internationales.

Cette nappe d’hydrocarbures pourrait clairement être reliée à une plateforme de forage. (c) IRSNB/UGMM

Suivi des mammifères marins au large de nos côtes

En avril, juillet et octobre 2018, des campagnes de suivi des mammifères marins ont été réalisées dans toute la zone maritime belge. Lors de ces campagnes, un total de 501 mammifères marins (principalement des marsouins) ont été observés le long de la trajectoire de vol standard. En avril, des densités de marsouins communs remarquablement élevées ont été observées (densité moyenne estimée à plus de 5 marsouins par km²). En outre, lors du vol de surveillance effectué en juillet, un groupe de grands dauphins a été aperçu au large de la côte belge, un phénomène exceptionnel largement relayé par les médias.

Grands dauphins (Tursiops truncatus) dans les eaux belges, observés depuis l’avion de surveillance le 16 juillet 2018. (c) IRSNB/UGMM

SAVE THE DATE – Atmosphère, océan et climat au 21ème siècle

L’Académie Royale des Sciences de Belgique a l’honneur de vous inviter les 2 et 9 octobre 2019 à la série de conférences du soir ‘Atmosphère, océan et climat au 21ème siècle’.

Ces conférences auront lieu au Palais provincial de Namur et se tiendront en français.

Il est souhaité que les participants s’inscrivent sur le site Internet en cliquant sur le bouton « inscription » sur la page de la leçon. Si cela n’est pas possible, l’inscription peut se faire à l’accueil du cours au moyen de formulaires papier.

© images (gauche à droite, de haut en bas) : pics-about-space.com/IPCC AR5 (2014)/ wallpaperscraft.com/NOAA/reference.com/thiswallpaper.com

Ce cycle de conférences présente les concepts élémentaires de la dynamique atmosphérique, de l’océanographie physique et de la vie dans les écosystèmes océaniques. Il introduit le fonctionnement de la machine climatique et les effets de ses perturbations actuelles. L’objectif est d’ancrer les concepts principaux qui permettent de comprendre comment les perturbations du système climatique peuvent affecter le vivant, y compris les sociétés humaines.

 

Conférence 1 – Système « Terre » : Atmosphère, océan et cycles du vivant

Mercredi 2.10.2019 – 17h-19h

La circulation de l’atmosphère préside à la formation des vents dominants au voisinage de la Terre et au transport de la chaleur et des aérosols autour du globe. Les vents dominants contribuent en partie à la formation des grands courants océaniques mais sont aussi le siège de phénomènes physiques locaux essentiels pour la vie marine. Ces notions permettent d’introduire le cycle de la vie dans l’océan et la structure des écosystèmes marins typiques, ainsi que le cycle de l’eau et celui du carbone qui sont intégrés au système climatique.

 

Conférence 2 – Perturbations climatiques du système « Terre »

Mercredi 9.10.2019 – 17h-19h

Les émissions anthropogéniques des gaz à effet de serre sont à l’origine d’un réchauffement de l’atmosphère, tandis que les émissions de CO2 contribuent aussi à acidifier l’océan de surface. Cela a des répercussions sur le cycle de l’eau, sur les écosystèmes, sur le climat et sur les sociétés humaines à travers le monde. La compréhension du système « Terre » et du changement climatique forment une avancée scientifique remarquable qui nous fait voir le monde tel qu’il est. Ce savoir pourrait bouleverser les perceptions que l’homme entretient vis-à-vis de l’écosystème dans lequel il désire prospérer.

 

Contacts :

Xavier Desmit (IRSNB), xdesmit@naturalsciences.be

Alexis Merlaud (IASB), alexis.merlaud@aeronomie.be

Consultation publique ‘Prolongation des concessions existantes pour l’extraction de sable et de gravier’

Les sociétés Alzagri sa, Belmagri sa et DC Industrial sa ont demandé une prolongation et/ou une extension spatiale de leur concession pour l’extraction de sable et de gravier sur le plateau continental belge. L’exploitation du sable est soumise à une procédure d’évaluation des incidences sur l’environnement.

(c) IRSNB/K. Moreau

Les demandes de concession et les rapports d’évaluation des incidences sur l’environnement sont présentés ci-dessous (en néerlandais).

Demandes: demande Alzagri sa, demande Belmagri sa, demande DC Industrial sa

Avis

Rapports d’évaluation des incidences sur l’environnement: rapport 1, rapport 2, rapport 3, rapport 4

La période de consultation s’étend du 9 février au 10 mars 2019.

Toutes les parties intéressées peuvent communiquer leur point de vue, leurs observations et leurs objections à Mme Brigitte Lauwaert par courrier ou e-mail jusqu’au 25 mars 2019.

UGMM
À l’attention de Mme Brigitte Lauwaert
Rue Vautier 29
1000 Bruxelles

brigitte.lauwaert@naturalsciences.be

Quel est l’état de santé de notre mer du Nord?

La Directive-cadre européenne Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) a pour principal objectif d’atteindre le ‘Bon État Écologique’ du milieu marin dans tous les Etats members de l’Union européenne d’ici 2020. Après la publication d’une première évaluation des eaux marines belges en 2012, 2018 sera la prochaine année de reference. La conclusion générale de la présente évaluation est que le ‘bon état écologique’ souhaité n’a pas encore été attaint dans la partie belge de la mer du Nord. Pour plusieurs éléments, cependant, une évolution positive est observée.

Après le lancement européen de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin en 2008, le cadre a été intégré dans la législation belge en 2010, suivi de la publication d’une première évaluation des eaux marines belges (dans quel état de santé est la mer du Nord ?) et d’une description du « bon état écologique » (quel état voulons-nous atteindre ?) en 2012. Les objectifs environnementaux qui ont été définis dans le processus permettent d’évaluer les progrès vers un bon état écologique. La directive DCSMM prévoit une révision tous les six ans. Sur la base des données recueillies dans le cadre des programmes de suivi, principalement au cours de la période 2011-2016, il a donc été possible d’établir un nouveau bilan en 2018. Dans le nouveau rapport, plus de 50 indicateurs sont évalués (regroupés en 11 thèmes ou « éléments descriptifs »), ce qui, ensemble, nous permet de mieux comprendre l’état de santé actuel de notre mer du Nord. Les résultats ont été compilés dans un rapport clair et résumés sur un nouveau site web.

La mousse de Phaeocystis globosa se trouve principalement sur les plages pendant les périodes de grande richesse nutritive. © C. Lancelot

La partie belge de la mer du Nord

Bien que les eaux marines belges, d’une superficie de 3454 km², n’aient que la taille d’une province belge moyenne, elles constituent l’une des étendues de mer les plus utilisées de notre planète. C’est un défi permanent de maintenir l’impact des diverses activités humaines (navigation, pêche, extraction de sable et de gravier, énergies renouvelables, dragage, sports nautiques, tourisme, etc.) sur le milieu marin dans des limites acceptables, et d’assurer ainsi un équilibre durable entre l’influence humaine et la préservation des valeurs naturelles. Compte tenu de l’importance des courants transfrontaliers sur l’état de la partie belge de la mer du Nord, une approche internationale est également souhaitable à de nombreux égards.

Le nombre de rejets illégaux d’hydrocarbures a fortement diminué depuis le lancement d’un programme de surveillance de l’air en 1991. La survenance d’accidents impliquant des rejets d’hydrocarbures ne peut, bien entendu, être totalement exclue. © IRSNB/UGMM

Les principaux résultats 

  • En ce qui concerne la pêche commerciale, l’un des neuf stocks de poissons rapportés a été évalué comme peché entièrement durable (plie). Pour sept espèces on peut noter des développements positifs (morue, merlan, sole, turbot, barbu, limande, flet). Seule la sole limande a parfois vu sa biomasse diminuer au cours de la période considérée. L’introduction d’objectifs de gestion ambitieux et une application plus correcte de la Politique commune de la pêche en constituent les principaux facteurs explicatifs. 
  • L’eutrophisation (concentrations excessives d’éléments nutritifs dans l’eau, ce qui peut causer la proliferation d’algues et un manque d’oxygène) reste un problème dans prèsque un tiers de la partie belge de la mer du Nord, surtout dans la zone côtière. En raison des courants, cela n’entraîne pas nécessairement des phénomènes indésirables comme le manque d’oxygène.
  • Les concentrations des polluants dans l’eau, le biote et les sédiments restent plus élevées que les normes de qualité environnementale applicables. La majorité des substances qui ne satisfont pas à ces normes sont des substances persistantes bioaccumulables et toxiques. Pour certaines autres substances, il est recommandé d’élaborer des valeurs cibles au niveau régional. Une évolution positive est toutefois observée (donc une tendance à la baisse) pour différentes substances, mais un suivi reste nécessaire, surtout pour le cuivre qui en raison de l’interdiction des TBT (tributylétain) est à nouveau très utilisé dans les peintures antisalissures pour bateaux. Une diminution ou une bonne évaluation ont été observées pour la majorité des effets des contaminants.
On observe une amélioration de l’état reproducteur des escargots marins. Sur la photo une pourpre (Nucella lapillus) entre les moules (Mytilus edulis) et les balanes, Zeebruges. © Franky Bauwens
  • La prévalence des maladies des poissons ne peut pas encore être évaluée et le nombre des oiseaux mazoutés est en forte diminution en raison de la diminution du nombre de rejets illégaux d’hydrocarbures notée depuis le lancement du programme de surveillance aérienne en 1991. 
  • Les concentrations des contaminants dans les produits de poisson et de la pêche destinés à la consommation humaine satisfont aux normes sanitaires européennes.
  • Sur la période d’évaluation, huit nouvelles espèces non indigènes ont été observées, contre 42 identifiées au cours de la période avant 2011.
  • En ce qui concerne les déchets sauvages, la situation reste problématique. Cet élément demande qu’on y accorde l’attention nécessaire.
En ce qui concerne les déchets sauvages, la situation sur les plages reste problématique. © IRSNB/UGMM
  • Les effets de l’approvisionnement énergétique (parmi lesquels le bruit sous-marin) sur les populations du biote marin sont encore imprécis, mais le comportement de fuite des mammifères marins, en réponse à cette activité, est, quant à lui, plus qu’évident. Le développement de la surveillance du bruit ambiant se poursuit à l’échelle régionale.
  • L’état de l’habitat benthique n’est pas optimal, surtout en raison de la perturbation par la pêche de fond, et parfois, mais de manière très limitée, ou uniquement localement, en raison d’autres activités humaines. La composition en espèces des habitats benthiques s’écarte des communautés de référence en raison de l’absence d’espèces à vie longue.
Seuls des juvéniles de l’huître comestible (Ostrea edulis) ont été observés pendant la période de référence. © IRSNB/UGMM
  • On a toutefois observé une tendance positive pour la raie bouclée, qui sert d’indicateur pour les espèces à vie longue, ce qui traduit le potentiel de rétablissement de ce type d’espèces.
  • En ce qui concerne les oiseaux marins, le bon état écologique n’est pas atteint.

Conclusions

  • Dans la Partie belge de la mer du Nord (PBMN), malgré une évolution positive observée au niveau de différents éléments, le Bon état écologique n’est pas encore atteint. 
  • Pour certains objectifs, du fait que la surveillance de ces aspects n’a démarré que récemment, il faut encore rassembler des données avant de pouvoir concluder (maladies des poissons, faune benthique, déchets sur le fond marin…). Des connaissances plus approfondies et un fondement scientifique sont encore nécessaires pour compléter et améliorer l’évaluation de certains éléments (déchets, bruit sous-marin, effets cumulatifs…). 
  • La coopération internationale rest importante car les courants transfrontaliers déterminent largement l’état des eaux belges.

 

Le suivi et les rapports de la DCSMM sont coordonnés par le Service du milieu marin du Service public fédéral de la santé publique, de la sécurité de la chaîne alimentaire et de l’environnement (DG EM) et le Service scientifique Unité de gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord (UGMM) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Outre l’ IRSNB, les partenaires suivants ont également apporté une contribution importante : Institut pour l’agriculture, la pêche et la recherche alimentaire (ILVO), Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO) et Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA).

Le rorqual du Coq serait mort de causes naturelles

Le rorqual commun échoué le 25 octobre sur la plage du Coq est apparemment mort de causes naturelles. C’est ce qui ressort de l’autopsie réalisée par l’UGent, l’ULiège et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Les vétérinaires et biologistes qui ont autopsié la baleine n’ont trouvé aucune preuve d’une mort liée à des facteurs humains. Le rorqual commun (Balaenoptera physalus), un mâle de 18 m de long et de près de 30 tonnes, était très amaigri et avait l’estomac presque vide. Des analyses complémentaires portant sur la présence de certains virus connus ont donné un résultat négatif.

L’échouage du rorqual

Le rorqual mort a été observé le 24 octobre dans la partie belge de la mer du Nord. Comme il dérivait sur une route de navigation très fréquentée, les services maritimes ont envoyé des navires pour le surveiller, et les navires croisant dans la zone ont été alertés de la présence de l’animal mort par le centre de trafic de Zeebrugge.

Le cadavre du rorqual commun était déjà documenté par l’IRSNB depuis les airs. (c) IRSNB

Grâce à leurs modèles de simulation qui tiennent comptent des courants marins, du vent et des vagues, les scientifiques de la Direction Opérationelle Milieux Naturels de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique ont prévu que le cadavre s’échouerait sur la côte belge dans la nuit du 24 au 25 octobre entre Ostende et Le Coq. Étant donné qu’il constituait un risque pour la navigation et que certaines parties de la côte sont difficiles d’accès pour les équipements lourds, le MRCC Ostend (Centre de coordination et de sauvetage en mer) a décidé de le faire échouer de manière contrôlée en accord avec les autorités locales. Le rorqual a donc été remorqué jusqu’à la plage Vosseslag (Le Coq) par un navire de sauvetage. Le 25 octobre, vers 2 heures du matin, la baleine avait atteint sa destination finale.

Une simulation de l’IRSNB a permis d’indiquer la zone où le rorqual échouerait. (c) IRSNB

Relativement frais

S’agissait-il du rorqual commun filmé aux Pays-Bas cinq jours plus tôt ou de la « baleine » observée le 23 octobre près du banc de sable Buitenratel ? Cela n’a pas pu être confirmé…

En tout cas, les restes impressionnants de ce mâle adulte étaient encore relativement frais ; l’heure du décès a été estimée à 48 heures avant le début de l’autopsie. Celle-ci n’aurait pu attendre plus longtemps, les grandes baleines se décomposant très rapidement.

Le rorqual commun sur la plage du Coq. (c) IRSNB

Réalisée par des biologistes de l’IRSNB et des vétérinaires et étudiants des universités de Gand et de Liège, l’autopsie n’a pas permis d’imputer la mort du rorqual à un facteur humain. Très émacié, l’animal n’avait qu’une très fine couche de graisse et un estomac presque vide. Des analyses complémentaires sur la présence ou non des virus (morbillivirus, herpès, influenza et brucella) ont donné des résultats négatifs. La cause de la mort est apparemment naturelle.

Une occasion unique pour les scientifiques de collecter toutes sortes d’échantillons ! (c) IRSNB

Le poids de l’animal était estimé à 30 tonnes ; 24 tonnes ont été enlevées par la protection civile afin d’être détruites par la firme Rendac. À la demande de la municipalité du Coq, la gigantesque mâchoire inférieure sera exposée publiquement après traitement par l’Université de Gand. De nombreux échantillons de tissus ont été collectés, en plus de parasites externes. L’une des nageoires pectorales est désormais conservée au musée de l’Université de Gand.

L’autopsie et l’enlèvement d’une baleine morte garantissent des images dégoûtantes. (c) IRSNB

Très rare

Les rorquals communs sont très rarement observés en mer du Nord. Le précédent échouage remonte au 1er novembre 1997. Depuis, par deux fois, un rorqual commun mort a été poussé par un navire jusqu’au port d’Anvers en 2009 et au port de Gand en 2015.

Le remorquage, l’autopsie et l’enlèvement des restes de la plage se sont parfaitement déroulés grâce à l’excellente coopération entre les différents services : l’Agence des services maritimes et des côtes (Scheepvaartbegeleiding, Maritime Rescue and Coordination Centre, DAB Vloot), le Ship Support, la Police de la navigation, les services du Gouverneur de la Province de Flandre-Occidentale, la Protection civile, le SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, le Cabinet du Secrétaire d’État à la Mer du Nord, les autorités locales du Coq, les universités de Gand et de Liège, et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Nouvelles connaissances sur les impacts environnementaux des parcs éoliens en mer dans la partie belge de la mer du Nord

La production d’énergie à partir de sources renouvelables couvrira 13% de la consommation totale d’énergie belge d’ici 2020, si l’objectif défini par la Commission européenne en 2001 est atteint. Les parcs éoliens dans la partie belge de la mer du Nord devraient apporter une contribution importante à la réalisation de cet objectif, et produiront environ 43 % de l’énergie renouvelable, en supposant une puissance installée de 2000 mégawatts d’ici 2020. Dans le nouveau rapport « Environmental Impacts of Offshore Wind Farms in the Belgian Part of the North Sea: Assessing and Managing Effect Spheres of Influence.”, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et ses partenaires évaluent les impacts des éoliennes en mer sur l’écosystème marin et révèlent les processus à l’origine de ces impacts.

Aujourd’hui, quatre parcs éoliens en mer sont déjà opérationnels dans la partie belge de la mer du Nord et un cinquième (Norther) est en cours de construction. D’ici la fin de 2018, une puissance installée de 1152 mégawatts, composée de 274 éoliennes, sera opérationnelle dans nos eaux nationales. Quatre autres projets devraient débuter en 2019 et 2020. Avec 238 km² réservés aux parcs éoliens en mer en Belgique, 344 km² dans la région de Borssele aux Pays-Bas et 122 km² dans la zone française de Dunkerque, les impacts écologiques cumulés devraient constituer une préoccupation majeure dans le sud de la mer du Nord dans les prochaines années.

Localisation des parcs éoliens actuels et prévus dans le sud de la mer du Nord. Ligne noire: frontière de la partie belge de la mer du Nord; bleu : parcs éoliens déjà opérationnels, orange: parcs éoliens en construction; rose: début de construction en 2019; violet: début de construction en 2020; A et B: zone proposée pour les parcs éoliens de Dunkerque; pointillés : nouvelle zone pour les énergies renouvelables comme proposé dans le Marine Spatial Plan 2020-2026. © IRSNB

Outre une concession de domaine, un promoteur doit donc également obtenir un permis environnemental avant d’installer un parc éolien. Un tel permis comporte des conditions visant à minimiser l’impact du projet sur l’écosystème marin, mais impose également un programme de surveillance pour évaluer les effets du projet sur le milieu marin. En Belgique, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique coordonne ce programme de suivi, s’appuyant ainsi sur l’expertise de l’Université de Gand, de l’Institut de Recherche en Agriculture, Pêche et Alimentation (ILVO) et de l’Institut de Recherche Naturelle et Forestière (INBO). « Grâce à ce programme de surveillance, nous obtenons non seulement une bonne compréhension de la sphère d’influence des éoliennes individuelles et des parcs éoliens dans leur ensemble, mais nous pouvons également concevoir des mesures d’atténuation pour gérer directement les effets indésirables sur l’écosystème marin », déclare Steven Degraer, auteur principal du rapport.

Quelques résultats remarquables du nouveau rapport

Efficacité d’un seul grand rideau de bulles (“Big Bubble Curtain”, BBC) pour atténuer les bruits sous-marins lors du battage de pieux (chapitre 2): Comme la taille des éoliennes disponibles a augmenté au cours des dernières décennies, des marteaux hydrauliques plus puissants sont nécessaires pour enfoncer les plus grands monopieux de fondation en acier dans le fond marin. En conséquence, des niveaux plus élevés de sons impulsifs sont introduits dans l’environnement marin, ce qui soulève des inquiétudes quant aux impacts négatifs possibles sur la vie marine. Pour se conformer aux exigences de la Directive cadre Stratégie Marin, un seuil de 185 dB à 750 m de la source sonore ne peut pas être dépassé. Les activités actuelles de battage de pieux produisent cependant des niveaux sonores allant jusqu’à 204 dB à une distance de 750 m. Les mesures d’atténuation sonore ne sont donc plus une option mais une obligation lors des activités d’empilage. Dans cette étude, l’efficacité d’un seul grand rideau de bulles a été testée lors de la construction du parc Rentel. Dans cette méthode, l’air est comprimé par l’intermédiaire d’un tuyau perforé qui est installé sur le fond marin autour du lieu de construction, créant un écran de bulles qui absorbe partiellement l’énergie sonore, et réduit le bruit avec un maximum de 11-13 dB.

Big Bubble Curtain (BBC) © IRSNB

La surveillance des sédiments et des invertébrés dans les sédiments mous entourant les éoliennes a montré que les moules et les anémones, organismes connus pour s’encrasser sur les fondations des éoliennes, deviennent plus abondants dans ces sédiments que dans les zones de référence en dehors des parcs éoliens. Toutefois, un suivi détaillé est nécessaire pour valider s’il s’agit d’une observation ponctuelle ou d’un effet réel de parc éolien, de sorte qu’il est trop tôt pour conclure qu’un effet direct de parc éolien (« récif ») ou un effet indirect d’exclusion de la pêche se manifeste (chapitre 3). Des changements dans les sédiments (tels que le rafinnement et l’enrichissement), ainsi que dans la densité, la diversité et la composition des communautés d’invertébrés ont été détectés de différentes orders de tailles autour des trois différents types de fondations de turbines (monopieux, jackets et fondations gravitaires) qui sont utilisés dans la partie belge de la mer du Nord. Il est suggéré que ces résultats contrastés pourraient être dus à une combinaison de capacités de dispersion propres au site et de différences structurelles entre les types de fondations et leurs communautés d’invertébrés associées (chapitre 5).

Outre le suivi dans les parcs éoliens déjà opérationnels, les conditions de référence des communautés d’invertébrés et de poissons dans les nouvelles zones de concession sont également décrites dans le rapport, permettant une évaluation future des effets des parcs éoliens nouvellement construits sur ces communautés (chapitre 4).

Un examen plus approfondi de la faune ichtyologique des parcs éoliens en mer (chapitre 6) a révélé qu’une combinaison de techniques d’échantillonnage variées est nécessaire pour obtenir une vue complète sur cette communauté. Sur un total de 25 espèces, 15 sont également connues pour vivre autour d’épaves dans la même zone. Quatre espèces cependant, la Grenouille de mer (Raniceps raninus), la Grande Baveuse (Parablennius gattorugine) et le Petit Chabot (Taurulus bulbalis) étaient auparavant rarement ou, dans le cas de la Vielle Commune (Labrus bergylta), seulement une fois signalés dans les eaux belges. Ces espèces peuvent être caractérisées comme des espèces dures fréquentant des substrats et devraient bénéficier de plus en plus de l’expansion continue des parcs éoliens offshore dans le sud de la mer du Nord.

La modélisation des données GPS du Goéland brun (Larus fuscus) (chapitre 7) capturées et marquées dans les colonies d’Ostende et de Zeebrugge a confirmé qu’on passait beaucoup plus de temps à se percher sur des éoliennes extérieures qu’intérieures dans un parc éolien. On a également constaté une augmentation significative et progressive du nombre de registrations d’oiseaux volants allant du centre du parc éolien jusqu’à 2000 m du bord du parc éolien, au-delà de laquelle la réponse a semblé se stabiliser. Une analyse temporelle a montré que les oiseaux hésitaient de plus en plus à entrer dans le parc éolien lorsque les vents étaient forts et que les pales du rotor se déplaçaient rapidement. Ces résultats peuvent être très utiles pour affiner la modélisation du risque de collision.

Parc éolien en mer © IRSNB

Les conséquences de la perturbation sur une population simulée de Marsouins Communs (Phocoena phocoena) (chapitre 8) ont été testées à l’aide de 17 scénarios avec et sans diverses mesures d’atténuation. Les résultats de cette étude monrent que la combinaison d’une restriction saisonnière de battage des pieux (lorsque les marsouins sont les plus abondants) et d’un dispositif de dissuasion acoustique n’était pas suffisante pour ramener l’impact sur la population de Marsouins à des valeurs acceptables. Ces simulations suggèrent également que la construction d’un parc éolien chaque année a plus affecté la population de Marsouins Communs que la construction de deux parcs éoliens en même temps.

Pour la première fois en mer du Nord, l’activité des chauves-souris a été étudiée à la hauteur de la nacelle (à 94 m au-dessus du niveau de la mer) des éoliennes (chapitre 9). Des détecteurs acoustiques de chauves-souris ont été installés sur quatre turbines dans les eaux belges. Plusieurs espèces de chauves-souris migrent sur de longues distances entre les perchoirs d’été et d’hiver, et traversent même la mer du Nord pendant leur migration. Les résultats indiquent que les détections à hauteur de nacelle (au centre de la zone balayée par le rotor) représentaient environ 10 % des détections effectuées à basse altitude (environ 17 m au-dessus du niveau de la mer), ce qui donne une indication de l’activité des chauves-souris à différentes altitudes quand elles traversent des parcs éoliens offshore. Les observations ne permettent cependant pas encore de tirer des conclusions solides sur le risque de collision pour les chauves-souris, surtout pas dans la partie inférieure de la zone balayée par le rotor.

Ce communiqué de presse ne décrit que le cadre général de surveillance des effets environnementaux dans les parcs éoliens offshore belges et ne se concentre que sur certains résultats. Le rapport complet, et les anciens rapports de suivi, peuvent être obtenus ici.

Correction des images à haute résolution spatiale de la contribution des aérosols atmosphériques

Les images satellite sont utilisées de plus en plus régulièrement et pour diverses applications, comme par exemple, la cartographie de la turbidité de l’eau (un facteur important pour les organismes marins) et l’évolution spatiale des transports de sédiments.  Il est cependant nécessaire d’appliquer une correction atmosphérique avant d’utiliser les images pour étudier la surface terrestre. En effet, la présence d’aérosols dans l’atmosphère, des fines particules réfléchissant et absorbant la lumière, affecte de façon très variable la lumière captée par le satellite. Dans une nouvel publication de Quinten Vanhellemont, chercheur à la Direction Opérationnelle Milieux Naturels (DO Nature) de notre institut, un nouvel algorithme de correction atmosphérique est présenté pour des images de la couleur de l’eau à très haute résolution spatiale.

Le Dark Spectrum Fitting (DSF)-algorithme a été développé dans le cadre du projet PONDER, financé par le programma Stereo III de BELSPO (Politique Scientifique Fédérale). Ce projet a pour objectif d’exploiter des données provenant de capteurs à très haute résolution spatiale, tel que Pléiades, afin d’extraire de l’information très détaillée sur la turbidité et le transport de sédiments. Ceci a donc nécessité le développement d’une correction atmosphérique afin de corriger les images avant leur exploitation.

Image Pléiades du port de Zeebrugge et de ses environs.

Correction de l’effet des aérosols sur les images satellite

Le DSF-algorithme sélectionne sur l’image les pixels les plus sombres. Ces pixels permettent ensuite d’estimer les aérosols présent dans l’atmosphère et d’appliquer une correction atmosphérique. Avec les images Pléiades, grâce à sa très haute résolution spatiale, il est également possible de distinguer les ombres des objets au niveau du sol. Ces ombres permettent de produire des cartes de la distribution des aérosols à très haute résolution spatiale.

Turbidité de l’eau dans le port et aux alentours de Zeebrugge estimé à partir d’une image Pléiades et en utilisant le Dark Spectrum Fitting algorithme pour la correction atmosphérique. Notez qu’il n’est pas possible de distinguer les zones de très haute turbidité sur l’image initiale.

Applications supplémentaires

Le DSF-algorithme a également été utilisé pour la correction atmosphérique d’autres images, en particulier, Landsat et Sentinel-2. Depuis avril 2018, le DSF est aussi proposé dans ACOLITE comme algorithme standard pour la correction atmosphérique d’autres satellites. ACOLITE  est un logiciel pour l’analyse et l’interprétation d’images satellite et a également été développé par Quinten à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Une publication dans laquelle le DSF est utilisé pour la correction atmosphérique de Landsat et Sentinel2 est également en cours de publication.

Les mammifères marins en Belgique en 2017

Comme chaque année, nos scientifiques ont résumé les informations disponibles sur les mammifères marins en Belgique dans le rapport Échouages et observations de mammifères marins et de poissons remarquables en Belgique en 2017. En plus des données sur les échouages et les observations, cette édition comporte des articles d’opinion sur les réfugiés climatiques de l’Arctique et sur le phoque gris dans nos eaux.

Phoque gris dans le port de Nieuport le 17 janvier 2017 (foto: T. Hubin/IRSNB).

Les Marsouins

En 2017, le nombre d’échouages de Marsouins était comparable à la moyenne des 10 dernières années. « La prédation par le phoque gris et les captures accidentelles ont été les principales causes de mortalité que nous avons identifiées », explique Jan Haelters, auteur principal du nouveau rapport. « Elles expliquent près de 60 % des 93 échouages de marsouins le long de la côte belge en 2017. »

Les autres cétacés

Des Dauphins à bec blanc ont été observés à deux reprises en 2017, tandis que des Grands dauphins ont été signalés plus régulièrement. Un cadavre de chacune de ces espèces s’est également échoué. Un Petit rorqual mort a été aperçu dans les eaux belges et s’est échoué par la suite aux Pays-Bas.

Les phoques

Avec 10 Phoques communs, 8 Phoques gris et 19 phoques non identifiés, le nombre de phoques morts ou mourants montre une tendance à la hausse. SEALIFE Blankenberge a accueilli temporairement et soigné 22 Phoques communs et 6 Phoques gris. En outre, un nombre remarquablement élevé de phoques blessés par des hameçons a été observé dans le port de Nieuport.

Un visiteur très inattendu

La Baleine boréale qui croisait au large d’Ostende et de Middelkerke le 31 mars et le 1er avril était la première à être signalée dans toute la mer du Nord. À peine un an après le Narval, cette baleine du grand nord suscite de nombreuses spéculations à propos des effets du changement climatique sur la vie marine dans l’Arctique et le monde entier.

Le présent rapport décrit l’implémentation du Décret Royal sur la protection des espèces marines, et n’aurait pas pu être compilé sans le soutien des nombreux bénévoles, d’autres institutions et de divers départements de l’administration locale. Il est téléchargeable (en FR ou en NL) via la page www.marinemammals.be/reports.

La Garde côtière belge donne l’exemple en matière de lutte internationale contre la pollution de l’air au-dessus de la mer

Depuis 2016, un renifleur électronique est utilisé à bord de l’avion de la Garde côtière belge pour repérer les infractions environnementales et maritimes. Ce capteur sert à évaluer la teneur en soufre des hydrocarbures sur base des mesures des émissions des navires relevées au-dessus de la mer. Cette méthode permet non seulement de surveiller plus efficacement différents aspects de la qualité de l’air au-dessus de la mer, mais aussi d’identifier les contrevenants potentiels. Dans ce domaine, la Belgique est de plus en plus le point de mire de l’attention internationale. Outre les pays de la mer du Nord, la Chine s’intéresse actuellement de très près à cette technologie.

(c) IRSNB/SURV

Problématique de la pollution atmosphérique et rôle pionnier de la Belgique

Nos médias s’intéressent beaucoup à la pollution atmosphérique et à ses conséquences pour l’Homme et l’environnement. Si l’automobile est particulièrement montrée du doigt, l’on oublie souvent que la navigation est aussi une importante source de pollution atmosphérique (et d’autres formes de pollutions). Les émissions de dioxyde de soufre des navires qui brûlent des hydrocarbures lourds à haute teneur en soufre sont elles aussi responsables de divers problèmes de santé publique et environnementaux (particules fines, pluies acides, changement climatique). La réduction des émissions de soufre des navires en mer fait donc l’objet de traités internationaux (seuil pour la teneur en soufre des hydrocarbures fixé dans la convention MARPOL, la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires) et est aussi une priorité majeure à l’échelon européen (directive « soufre » de l’UE). Nous avions déjà évoqué le renifleur électronique qui est utilisé depuis 2016 à bord de l’avion de la Garde côtière belge pour mesurer les émissions de soufre des navires au-dessus de la mer du Nord (la mesure des teneurs en SO2 et en CO2 permettant de calculer la teneur en soufre des hydrocarbures). L’avion de la Garde côtière belge, propriété de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, contribue ainsi à l’application efficace de la réglementation maritime, en coopération avec le SPF Mobilité. Le rôle pionnier unique de la Belgique n’est pas passé inaperçu. Ainsi, la Belgique coopère déjà activement avec les Pays-Bas, tandis que d’autres pays de la mer du Nord envisagent de suivre l’exemple belge.

(c) IRSNB/SURV

Intérêt intercontinental

L’intérêt pour cette technologie est loin de se limiter à notre continent ! Les performances et l’expertise de la Belgique ont également été remarquées par des pays situés en dehors du bassin de la mer du Nord et de l’UE. En septembre 2017, par exemple, Ward Van Roy, notre opérateur en charge de la surveillance aérienne, a ainsi été invité à participer à une réunion internationale à Cornwall (Ontario), au Canada, pour y présenter le travail de pionnier de notre pays. Le public se composait principalement de représentants des autorités responsables de la lutte contre la pollution maritime.

En juin 2017, une délégation du ministère chinois des transports a également rencontré l’équipe belge de surveillance aérienne afin d’évaluer la possibilité d’appliquer en Chine les procédures mises au point dans notre pays. La Chine, comme l’Europe, est en effet particulièrement touchée par le problème de la pollution atmosphérique, et le gouvernement central chinois met actuellement tout en œuvre pour rattraper son retard dans la lutte contre les émissions des navires. Elle est prête à affecter beaucoup de moyens pour entamer un mouvement de rattrapage et en 2016, elle a ainsi délimité trois zones nationales d’émissions contrôlées (Domestic Emission Control Areas, DECA) autour des ports les plus fréquentés du pays. Les services d’inspection maritime ont ensuite été chargés de s’attaquer à la pollution du transport maritime – et donc aux émissions de soufre – dans ces zones. Le Natural Resources Defense Council (NRDC), une ONG dont la mission est de protéger la Terre (ses habitants, sa flore et sa faune, ainsi que les systèmes naturels dont dépend toute vie), aide les autorités chinoises à acquérir les connaissances nécessaires pour assurer elles-mêmes cette surveillance dans le futur.

Les trois “Emission Control Areas” chinoises sont situées autour des zones portuaires chinoises les plus achalandées.

Apprendre de l’expérience belge

Début mai 2018, le NRDC et le China Waterborne Transport Research Institute (département du ministère des transports) ont invité Monsieur Van Roy à participer à un atelier organisé à Shenzhen, en Chine, pour évoquer la question de la réglementation relative aux émissions des navires dans les zones DECA et de son application. Le 6 juin 2018, le NRDC a ensuite organisé un atelier et un événement médiatique à Pékin pour marquer le deuxième anniversaire de la mise en œuvre du DECA en Chine. Là encore, Ward Van Roy (avec le Danois Jon Knudsen) a été choisi pour y participer, par téléconférence, afin de partager ses connaissances sur le soufre, d’expliquer les expériences belges et mettre en avant l’importance de la mise en œuvre du DECA chinois. « Nous étions convaincus que les messages d’experts internationaux pouvaient aider la Chine à prendre des mesures plus ambitieuses et à mettre en place un solide programme de surveillance », explique Freda Fung du NRDC. « De plus, nous espérions que les expériences de l’étranger seraient une source d’inspiration, et aboutiraient non seulement au développement et à la mise en œuvre d’un cadre juridique contraignant, mais aussi au lancement d’initiatives volontaires visant à réduire encore davantage les émissions de soufre des navires. »

Big in China

L’événement médiatique a été un grand succès ! Les journalistes chinois ont trouvé très utile d’entendre des experts étrangers expliquer comment cette législation est respectée dans leur pays et si les nouvelles technologies visant à réduire la teneur en soufre des émissions des navires sont efficaces. « Les médias chinois se sont également montrés très enthousiastes quant au fait que la surveillance aérienne peut effectivement être un maillon important dans la détection des infractions en matière d’émissions en mer et ont manifesté un vif intérêt pour le travail de pionnier de la Belgique », explique M. Van Roy. « Quelques grands journaux chinois (dont le People’s Daily) et de nombreux médias spécialisés (navigation, énergie et transport), ont couvert l’événement et ont évoqué divers aspects relevés par le chercheur belge. Ward et l’approche belge sont désormais célèbres en Chine, » ajoute Freda.

« Ward Van Roy et Jon Knudsen ont décrit de manière détaillée comment la technologie des renifleurs doit être utilisée pour contrôler efficacement les émissions dans l’atmosphère de substances polluantes provenant des navires en mer. »

« Ward Van Roy a également fourni des explications très claires sur l’effet des absorbeurs-neutralisateurs (scrubbers*) et expliqué que ceux-ci peuvent encore majorer la pollution lorsque les eaux usées qui en résultent ne sont pas collectées et traitées, mais directement rejetées en mer.

China Shipping Weekly, 06-07-18

« Tant en ce qui concerne notre mission que notre souci de la qualité de notre environnement, dont la qualité de l’air est un élément important, l’intérêt international pour le travail de pionnier belge nous donne beaucoup de satisfaction et de motivation supplémentaire pour continuer sur la voie choisie, » conclut Monsieur Van Roy.

(c) IRSNB/K. Moreau

Perspectives d’avenir

Dans l’intervalle, les chercheurs de la surveillance aérienne belge étudient la possibilité d’étendre leur expertise à la mesure des composés azotés rejetés par les navires en mer, qui seront régis par des normes plus strictes dans notre pays à partir de 2021. Ils continueront également à informer les autres pays de la mer du Nord et la Commission européenne de l’utilité de ces vols « renifleurs » au-dessus de la mer, dans l’espoir qu’ils soient étendus dans les années à venir, à la Chine mais aussi autour de la mer du Nord (et d’autres zones maritimes européennes) dans le cadre de l’approche commune de la pollution atmosphérique par les navires.

* Des absorbeurs-neutralisateurs (‘scrubbers’) sont des installations qui permettent d’éliminer les particules polluantes d’un flux gazeux dans l’eau. Lorsque l’eau n’est pas collectée ensuite, on parle de « système ouvert ». Dans le cas contraire, il s’agit d’un « système fermé ».