Nous sommes en 2035. Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes précipitations, les inondations et les vagues de chaleur sont devenus la nouvelle norme dans toute l’Europe, et il est désormais essentiel de disposer d’informations océanes en temps utile pour répondre à la crise. C’est ce scénario qui a été présenté lors de l’atelier de prospective intitulé « Garantir des prévisions climatiques précises en Europe d’ici 2035 ». L’European Marine Board, soutenu par l’action EuroSea Innovation, a organisé cet atelier de prospective les 15 et 16 mars 2023 au Muséum des Sciences naturelles (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) à Bruxelles (Belgique).
Après que le président du groupe de travail sur les questions maritimes (Working Party on Maritime Issues), Mattias Rust, représentant de la présidence suédoise du Conseil de l’UE, a planté le décor des débats, les discussions de l’atelier de prospective ont commencé par le scénario de ce à quoi le monde pourrait ressembler en 2035. Un monde dans lequel les événements « extrêmes » en Europe, tels que les fortes précipitations, les inondations et les vagues de chaleur, sont devenus fréquents et constituent la nouvelle norme. En réponse aux coûts énormes pour l’économie bleue de l’UE et au nombre de décès cette année-là, la Commission européenne, en collaboration avec les gouvernements nationaux, a mis en place un mécanisme pour discuter et identifier les moyens d’assurer la fourniture durable d’informations accessibles, opportunes et exploitables à partir du système européen d’observation et de prévision des océans afin de répondre à la crise. L’atelier a été animé par quatre intervenants qui ont décrit les obstacles juridiques à l’observation de l’océan (Erik van Doorn, GEOMAR), les défis financiers (Vicente Fernández, EuroGOOS et Ed Hill, NOC) et la valeur sociétale de l’observation de l’océan (Emma Heslop, GOOS).
Ces thèmes ont été utilisés pour décrire trois scénarios pour l’avenir en 2035 : le pire des cas, le meilleur des cas et l’avenir probable en 2035. Les participants ont examiné ce qu’un scénario optimal pourrait apporter et ce qui pourrait être perdu dans un scénario pessimiste. Les participants ont également réfléchi à ce qui doit se passer pour parvenir au meilleur scénario et aux mesures à prendre pour y parvenir. L’atelier s’est terminé par une discussion sur la manière dont la stratégie-cadre de l’EOOS et la feuille de route pour la mise en œuvre pour 2023-2027 (EOOS Framework Strategy and Roadmap for Implementation for 2023-2027) pourraient nous permettre d’atteindre le meilleur avenir possible.
Les résultats de cet atelier sont des recommandations clés pour les mécanismes de financement durable et de coordination de l’observation de l’océan, de la prévision et de la fourniture d’informations en Europe. Ces recommandations serviront à définir le cadre du système européen d’observation de l’océan (Framework of the European Ocean Observing System EOOS) dans le cadre du projet EuroSea.
Cet atelier sur invitation seulement était animé par Sheila Heymans, directrice exécutive de l’European Marine Board. Parmi les participants figuraient des représentants nationaux du Resources Forum et de l’Operations Committee de l’EOOS, des représentants de la Commission européenne, de l’initiative du G7 sur l’avenir des mers et des océans (G7 Future of the Seas and Oceans Initiative1) et de l’initiative EU4Ocean Obs (EU4Ocean Obs initiative), ainsi que des partenaires d’EuroSea tels que l’UNESCO – IOC GOOS, EuroGOOS et le coordinateur d’EuroSea, GEOMAR.
Texte et images : European Marine Board / EuroSea.
Dans leur dernier rapport annuel, les scientifiques chargés de surveiller l’impact environnemental des parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord mettent l’accent sur la poursuite du développement du programme et sur son expansion dans la perspective de l’augmentation de la capacité éolienne dans nos eaux. Parmi les résultats notables, citons l’absence d’impact significatif des parcs éoliens sur l’abondance des invertébrés et des poissons vivant sur les fonds sablonneux (pas d’impact négatif), la plus grande diversité des communautés d’organismes vivant au-dessus du fond dans les parcs éoliens (impact positif) et les modèles de dispersion qui permettent désormais de déterminer combien d’oiseaux marins se déplacent en raison des parcs éoliens (l’ampleur de l’impact varie selon les espèces, la plus grande sensibilité étant observée à l’extérieur des parcs éoliens existants et à venir). En outre, les connaissances sur la promotion de l’effet de récif artificiel et la réduction du risque de collision d’oiseaux et du dérangement des marsouins continuent de se développer.
Depuis la fin de l’année 2020, le nombre d’éoliennes offshore et leur capacité combinée dans la partie belge de la mer du Nord sont restés inchangés. À cette date, 12 années de construction dans la première zone d’énergie marine renouvelable de Belgique se sont achevées, donnant lieu à huit parcs éoliens avec un total de 399 turbines dans une zone de 238 km² le long de la frontière avec les eaux néerlandaises. Ensemble, ils représentent une capacité installée de 2,26 gigawatts (GW) et une production annuelle moyenne de 8 TWh, soit environ un tiers de la production brute d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables en Belgique.
Assurer la durabilité écologique des activités humaines en mer est une tâche importante pour le développement de l’économie bleue. C’est pourquoi le programme de surveillance WinMon.BE génère des informations écologiques de base dans la zone d’énergie renouvelable offshore belge depuis le début de sa construction en 2005, en se concentrant sur les impacts à différentes échelles spatiales et temporelles. L’objectif est double : quantifier les impacts attendus et inattendus et comprendre les relations de cause à effet. Les connaissances acquises jusqu’à présent ont permis d’ajuster les pratiques de construction et d’exploitation des parcs éoliens offshore lorsque cela s’avérait nécessaire, contribuant ainsi à la durabilité environnementale de la production d’énergie éolienne dans la partie belge de la mer du Nord. Tous les rapports scientifiques de la surveillance WinMon.BE sont accessibles au public.
Préparer l’expansion
Pour atteindre l’objectif européen de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050, notre pays prévoit d’ajouter une capacité installée de 3,15 à 3,5 GW en construisant des parcs éoliens offshore supplémentaires dans une deuxième zone d’énergie renouvelable – la zone Princess Elisabeth (285 km²) – désignée dans le plan national d’aménagement des espaces marins 2020-2026. Il va sans dire que les connaissances acquises par WinMon.BE seront également appliquées à la conception et à l’exploitation respectueuses de l’environnement des futurs parcs éoliens offshore dans la zone Princess Elisabeth.
Cependant, la Belgique n’est pas le seul pays à développer la production d’énergie éolienne dans le sud de la mer du Nord. Outre les 523 km² désignés pour les parcs éoliens offshore opérationnels et prévus dans la partie belge de la mer du Nord, 344 km² sont prévus dans la zone néerlandaise voisine de Borssele, et 122 km² dans la zone française de Dunkerque. L’expansion internationale a également des répercussions sur le programme de surveillance.
Steven Degraer (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique/MARECO), coordinateur du consortium WinMon.BE, déclare : « Les impacts écologiques cumulatifs potentiels du nombre croissant de parcs éoliens offshore dans le sud de la mer du Nord étant une préoccupation majeure, leur détection et leur compréhension deviennent un défi supplémentaire important pour WinMon.BE. Nous devons également internationaliser la coopération dans la région élargie de la mer du Nord, où les frontières nationales ont fait obstacle à une approche régionale. »
Afin d’être prêt à surveiller les impacts environnementaux du secteur croissant de l’énergie éolienne offshore dans la partie belge de la mer du Nord, le rapport WinMon.BE 2022 aborde de nouvelles connaissances sur la distribution des invertébrés et des poissons, l’identification des zones où les oiseaux marins sont les plus sensibles aux parcs éoliens offshore, la « promotion du bon » (communautés colonisatrices du substrat dur artificiel) et « l’atténuation du mauvais » (collisions d’oiseaux marins et pollution sonore pour les marsouins). Le rapport est basé sur des données collectées jusqu’en 2021.
Modèles de répartition spatiale et zones sensibles
Sur les fonds marins – épibenthos et poissons démersaux (ILVO)
Pour détecter et comprendre les effets des parcs éoliens offshore existants, et pour évaluer les effets possibles de la future zone d’énergie renouvelable, il faut d’abord documenter et comprendre la situation avant la construction. Pour l’épibenthos (invertébrés vivant sur les fonds marins, tels que certains mollusques, crustacés et calmars) et les poissons benthiques, une analyse des communautés a donc été réalisée pour l’ensemble de la mer du Nord belge. Ainsi, la distribution et l’abondance de ces organismes ont été vérifiées et des communautés d’espèces cooccurrentes ont été définies.
Il en ressort que les communautés d’épibenthos et de poissons diffèrent nettement entre la zone côtière et la zone offshore. Dans la zone côtière, deux communautés différentes habitent respectivement les sédiments vaseux et sableux, tandis que les communautés offshore sont également structurées par la topographie des bancs de sable. La zone d’énergie renouvelable existante chevauche largement les communautés d’épibenthos et de poissons au large, mais la surveillance entre les turbines n’a pas montré d’effets significatifs des parcs éoliens.
Au-dessus des fonds marins – hyperbenthos (Université de Gand)
WinMon.BE s’est également intéressé pour la première fois à l’hyperbenthos. Cette communauté se compose d’organismes vivant dans la colonne d’eau directement au-dessus du fond marin, y compris une grande variété de petits crustacés et de vers, de stades de vie d’hydrozoaires ressemblant à des méduses, et de larves de crustacés et de poissons de plus grande taille. La présence d’éoliennes (effet de récif artificiel) et l’arrêt de la pêche (effet d’exclusion de la pêche) devraient entraîner un enrichissement des communautés hyperbenthiques à l’intérieur des parcs éoliens. Pour vérifier cette hypothèse, des échantillons prélevés à l’intérieur et à l’extérieur de deux parcs éoliens offshore belges ont été comparés, chacun présentant des conditions d’habitat locales spécifiques, un type de fondation, une durée de construction et des distances différentes par rapport à la côte.
Bien que les communautés d’hyperbenthos à différentes distances de la côte se soient révélées différentes en termes de composition des espèces (plus d’espèces côtières près de la côte) et de densité (densités plus élevées près de la côte), les densités étaient systématiquement plus élevées dans les parcs éoliens que dans les sites de contrôle correspondants situés en dehors des parcs éoliens. Des différences dans la richesse des espèces (plus élevée à l’intérieur du parc éolien) et dans la structure des communautés ont également été observées plus au large. Ces résultats confirment l’hypothèse de l’enrichissement. Plus près de la côte, aucune différence dans la richesse des espèces et la structure des communautés n’a été observée.
A la surface de la mer – les oiseaux marins (INBO)
Une connaissance détaillée de la distribution des oiseaux marins est importante pour concevoir un programme de surveillance qui permette de mieux comprendre la sensibilité des différentes espèces aux parcs éoliens offshore. Sur la base des comptages effectués par bateau en mer du Nord belge entre 2000 et 2018, des modèles de distribution ont été créés pour quatre espèces d’oiseaux marins connues pour être sensibles à la présence de parcs éoliens : le plongeon catmarin (Gavia stellata), le fou de Bassan (Morus bassanus), le guillemot de Troïl (Uria aalge) et le pingouin torda (Alca torda). Ces données ont été combinées dans une carte et un indice intégré montrant où la sensibilité des oiseaux marins au développement des parcs éoliens offshore est la plus élevée.
Les modèles de distribution permettent également de quantifier le nombre d’oiseaux marins dont la distribution devrait se déplacer en raison de la présence des parcs éoliens existants et futurs. Avec environ 1 600 individus, le guillemot de Troïl est l’espèce la plus touchée en nombre absolu. En ce qui concerne les oiseaux marins, une zone a été identifiée comme particulièrement sensible au développement des parcs éoliens offshore. Cette zone se situe entre 5 et 12 milles nautiques de la partie occidentale de la côte belge, et bien en dehors de tous les parcs éoliens belges existants et futurs.
Promouvoir le bien et atténuer le mauvais
« Le bon » – l’encrassement des fondations (IRSNB)
Afin de mieux comprendre les effets d’une colonisation à grande échelle des éoliennes, les communautés sur les fondations ont été comparées à celles de structures artificielles plus anciennes, notamment des épaves. Les épaves abritaient une plus grande richesse d’espèces que les éoliens (165 contre 114 espèces). Les deux types de substrat contiennent également d’autres espèces : les épaves comptaient 95 espèces uniques contre 44 pour les éoliens. Ces différences peuvent être attribuées à l’âge plus avancé et à la plus grande complexité structurelle des épaves. Le fait d’apporter une plus grande complexité structurelle aux fondations des turbines et autour de celles-ci pourrait augmenter la richesse en espèces de la communauté colonisatrice, qui est souvent considérée comme un atout des parcs éoliens en mer.
« Le mauvais » – les collisions d’oiseaux marins (IRSNB & INBO)
Les éoliennes offshore ayant une durée de vie relativement courte, des scénarios de remplacement sont déjà à l’étude pour les parcs éoliens les plus anciens. Ce faisant, les développements technologiques conduisent à des éoliennes plus grandes avec un plus grand espace ouvert entre elles. Entre-temps, le risque de collisions d’oiseaux marins – un problème important et de longue date des parcs éoliens offshore – a été évalué pour un scénario hypothétique de remplacement du premier parc éolien offshore dans les eaux belges. Pour toutes les espèces d’oiseaux considérées, le risque de collision estimé a diminué (40 % de moins en moyenne pour les turbines de 15 MW) en raison de la plus grande distance entre la pointe inférieure du rotor et le niveau de la mer et du plus petit nombre de turbines par km². L’augmentation de la hauteur du moyeu des turbines de 10 m a encore réduit le nombre prévu de collisions avec les oiseaux marins de 37% en moyenne.
Des turbines plus grandes peuvent donc permettre de réduire la mortalité des oiseaux marins. Pour les oiseaux terrestres et les chauves-souris qui migrent également par la mer, l’effet des grandes turbines est moins clair. Il est probable que des stratégies prévoyant l’arrêt des turbines en cas de forte intensité migratoire seront encore nécessaires pour réduire l’impact sur ces groupes.
« Le mauvais » – perturbation des marsouins (IRSNB, Université de Gand & VLIZ)
Un deuxième problème important et de longue date des parcs éoliens offshore est la perturbation des mammifères marins pendant les opérations de battage, où des niveaux élevés de bruit impulsif sont produits. Sur la base d’ensembles de données de surveillance acoustique passive de 2018 à 2020, y compris les périodes de construction de trois parcs éoliens offshore, il a été démontré que les marsouins communs (Phocoena phocoena) réagissent au battage des pieux sur une période allant de quelques heures à quelques jours. Les détections de marsouins ont diminué jusqu’à 20 km du site de battage de pieux. l’ampleur et la durée de la réduction diminuaient sensiblement plus les marsouins étaient éloignés de la source de perturbation.
L’utilisation de techniques d’atténuation du bruit a clairement permis aux marsouins de moins s’échapper de la zone de construction, mais la fréquence à laquelle les marsouins sont détectés à proximité immédiate d’un site de construction semble diminuer même avant le battage des pieux. Cela suggère que les efforts visant à réduire l’effet du bruit sous-marin provenant de la construction de futurs parcs éoliens offshore sur la vie marine devraient se concentrer non seulement sur la limitation des niveaux de bruit générés, mais aussi sur la durée totale de la construction.
Recherche, surveillance et atténuation futures
Steven Degraer : « Il est nécessaire de poursuivre les efforts de collecte de connaissances, non seulement pour continuer à surveiller l’impact des parcs éoliens déjà construits, mais aussi pour affiner la conception et l’exploitation respectueuses de l’environnement des futurs parcs éoliens en mer. Des progrès significatifs ont été réalisés et se sont avérés applicables pour une bonne gestion de l’énergie renouvelable en mer. Cependant, de nombreuses inconnues doivent encore être levées. »
Parmi les exemples de la manière dont ces efforts en cours se traduiront dans la pratique, on peut citer une plus grande attention portée aux communautés d’invertébrés et de poissons des fonds marins (particulièrement pertinente dans la deuxième zone d’éoliennes en mer, moins étudiée), des efforts d’échantillonnage accrus pour caractériser pleinement les communautés d’hyperbenthos et renforcer la capacité statistique à détecter les impacts des parcs éoliens en mer sur ces communautés, et un affinement de la modélisation des oiseaux marins, prenant en compte d’autres espèces d’oiseaux marins et les pressions anthropogéniques, afin d’informer le processus d’aménagement des espaces marins. Le cas échéant, les mesures d’atténuation doivent être conçues et appliquées au fur et à mesure que le programme de surveillance apporte de nouvelles informations.
Le programme de surveillance WinMon.BE est une coopération entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et le groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand. Il est coordonné par l’équipe Écologie et gestion marines (MARECO) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
WinMon.BE est commandé par le gouvernement fédéral dans le cadre des conditions de permis d’environnement pour les parcs éoliens offshore. Pour le suivi, on a fait appel au navire de recherche Belgica (le temps de navigation sur le RV Belgica a été mis à disposition par BELSPO et l’IRSNB -DO Nature), au navire de recherche Simon Stevin (exploité par l’Institut de la mer flamande – VLIZ), à plusieurs navires privés, à l’équipe scientifique belge de plongée et à l’avion d’observation de l’IRSNB.
Dans le cadre de la présidence belge du European Coast Guard Functions Forum (ECGFF), Frontex et la Police de la Navigation, avec le soutien du secrétariat de la Garde Côtière, ont organisé un atelier du 28 février au 2 mars. Avec une centaine de participants de plusieurs pays européens, des présentations intéressantes, un débat entre experts et de nombreuses possibilités de réseautage et d’échange d’expertise, ce premier événement a été un succès.
La coopération, clé du succès
Pendant trois jours, les travaux ont porté sur le thème « Renforcer les synergies intersectorielles et transfrontalières ». L’objectif principal était de partager l’expertise en matière de sécurité maritime, d’opérations multifonctionnelles et de création de synergies opérationnelles, mais aussi d’envisager d’éventuelles nouvelles collaborations pour le futur. Les 15 intervenants des différents Etats membres européens ont cité de nombreux exemples de collaborations prouvant leur utilité au-delà des frontières et des services. Une fois de plus, la coopération s’est avérée être la clé du succès.
Trois thèmes majeurs
Le workshop a abordé trois thèmes majeurs qui sont d’actualité dans les domaines de la sécurité et de la sûreté maritimes.
Le premier thème était la surveillance maritime. Des exemples de synergies dans la surveillance maritime ont été détaillées et différentes opérations réussies en coopération avec Frontex ont été examinées et une grande attention a été portée sur la formalisation du partenariat entre MAOC-N (Maritime Analysis and Operations Centre – Narcotics), la Belgique et plusieurs Etats membres européens. L’adhésion de la Belgique au MAOC-N est une étape importante pour optimiser l’échange d’informations sur le trafic de drogue et la contrebande. Le rôle du carrefour d’information maritime belge (MIK) dans la surveillance des menaces pour la sécurité a également été discuté en détail.
Ensuite, l’accent a été mis sur les opérations conjointes multifonctionnelles. Il est important d’organiser des opérations transfrontalières et interservices, d’établir des partenariats et de se renforcer mutuellement. Un échange de vues à ce sujet a eu lieu entre l’EFCA, l’EMSA et FRONTEX au cours d’un panel de discussion. L’atelier s’est également intéressé aux partenariats de collaboration dans le processus de lutte contre l’immigration irrégulière.
Le troisième volet de l’atelier était tourné vers l’avenir. Toute une série d’opportunités et de défis ont été passés en revue. Par exemple, les développements technologiques peuvent aider à améliorer l’imagerie sous-marine et des cadres juridiques adaptés sont en cours d’élaboration pour assurer une surveillance efficace des infrastructures critiques telles que les parcs éoliens, les câbles de données sous-marins et les pipelines.
La Garde Côtière est une organisation unique en Belgique sui rassemble en coordonne l’expertise de 17 partenaires du secteur maritime, pour garantir la sécurité et la sûreté en mer. Le service scientifique « Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM) », qui fait partie de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), est un des partenaires.
En 2022-2023, la Garde Côtière belge préside l’European Coast Guard Functions Forum (ECGFF). En collaboration avec les agences européennes FRONTEX, EMSA et EFCA, elle organise un certain nombre d’ateliers au cours de l’année. En coopération avec la DG Mare de la Commission européenne, elle organise également un groupe de travail sur la cybersécurité et le sommet qui aura lieu à la fin du mois de septembre 2023.
Du 20 février au 4 mars, les toutes dernières négociations BBNJ visant à adopter un traité international pour la protection de la biodiversité en haute mer ont eu lieu à New York. L’accord a été obtenu après 17 ans de discussions et négociations intenses au sein des Nations Unies. La Belgique a joué un rôle actif dans l’élaboration et la finalisation de ce traité historique. Il sera désormais possible, entre autres, de créer des zones protégées en haute mer, en dehors des eaux territoriales.
Le nouveau traité revêt une importance capitale pour la Belgique. En tant que fondateur des Blue Leaders en 2019, notre pays est un grand défenseur de la protection de l’océan et de la conservation de ses ressources. L’adoption de l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici 2030 lors de la COP Biodiversité à Montréal en décembre dernier constituait une première étape importante. La conclusion de ce nouveau traité pour la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ – Biodiversity Beyond National Jurisdiction) pose le dernier jalon qui permettra de procéder réellement à cette protection.
L’importance de l’océan
L’océan est essentiel au maintien de la vie sur Terre. Il est la source de nourriture et d’énergie de millions de personnes, il régule le climat et apporte de l’oxygène. Malheureusement, l’océan est menacé par la pollution, la surpêche, le changement climatique et d’autres activités humaines.
La protection de notre océan est donc essentielle pour l’avenir de la planète. L’une des principales raisons est le rôle unique que joue l’océan dans la lutte contre le changement climatique. Par exemple, il absorbe environ un tiers du CO2 émis dans l’atmosphère par les activités humaines. Cela contribue à réduire le réchauffement de la planète et à stabiliser le climat.
Vincent Van Quickenborne, ministre de la Mer du Nord : « C’est un traité historique. Une étape cruciale pour tous ceux qui se soucient de l’océan. Le traité BBNJ est pour l’océan ce que l’accord de Paris de 2015 est pour le climat. Après plus de 17 ans de négociations, nous pouvons enfin créer des zones protégées en haute mer. »
L’importance des réserves naturelles en haute mer
L’objectif du nouveau traité BBNJ est de pouvoir créer des zones protégées (reserves naturelles) en haute mer. 70 % de la surface de la Terre est constituée d’eau, dont les trois quarts se situent en haute mer et n’ont pas encore pu être protégés par la communauté internationale de quelque manière que ce soit.
Grâce à ce traité, la dernière étape a été franchie pour transformer 30 % de la haute mer en zones marines protégées d’ici 2030. Les réserves naturelles de haute mer sont des zones où les activités humaines sont strictement réglementées : la navigation durable, le tourisme nautique durable, l’utilisation durable des ressources biotiques (stocks de poissons et autres organismes marins) et abiotiques (sable, gravier, métaux, etc.), la recherche scientifique dans le respect de la nature.
Les scientifiques s’accordent à dire qu’il faut protéger au moins 30 % des zones protégées en haute mer pour que les océans soient résilients face au changement climatique. Ce taux de 30 % permettrait en effet d’atteindre le point de basculement nécessaire afin que les 70 % restants demeurent également vivables.
Sophie Mirgaux, envoyée spéciale belge pour les océans (SPF Santé publique), qui suit les négociations depuis le début en tant que membre de l’équipe de négociation de l’UE : « Ce traité change véritablement la donne en matière de protection des océans. Ce sera un défi de fournir cette protection de manière efficace dans une zone aussi éloignée de la côte. Il faudra beaucoup de moyens pour y parvenir et ce sera un travail de longue haleine. Mais c’est nécessaire, et nous devons donc nous lancer en tant que communauté internationale. »
Outre les zones protégées, le traité règle également l’accès aux ressources génétiques marines ainsi que le partage équitable des bénéfices qui en découlent, l’évaluation de l’impact environnemental des activités en haute mer, le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines. À l’instar du traité sur le climat, ce nouveau traité historique prévoit également l’organisation d’une conférences des parties (COP).
Rôle de la Belgique
Notre pays a contribué de manière active au succès des négociations sur les BBNJ, notamment en participant activement au processus et en entretenant des contacts bilatéraux avec les autres pays. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a également collaboré de manière intensive : Hendrik Segers, en tant que membre de la délégation belge et de l’équipe de l’UE, a participé à l’élaboration des positions belge et européenne et était responsable des aspects concernant les ressources génétiques marines. L’importance de la finalisation du traité BBNJ a également été soulignée lors d’un événement high level que le ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne a co-organisé à la veille de la Conférence Our Ocean 2023 à Panama. Des responsables politiques du monde entier y ont appelé à finaliser le traité BBNJ.
L’appel de haut niveau a été renforcé par l’annonce d’un financement de plus de 100 millions de dollars pour soutenir la ratification et la mise en oeuvre du traité. Cette promesse de financement a été rendue possible grâce à des institutions philanthropiques privées et publiques telles que Bloomberg Philanthropies, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), Oceans5 et d’autres. La Commission européenne s’est également engagée à verser 40 millions d’euros dans le cadre du traité BBNJ. En outre, la Commission consacre 816 millions d’euros à la recherche océanique.
En tant que Blue Leader, la Belgique va peser de tout son poids pour réaliser rapidement la première zone protégée. Cependant, certaines étapes doivent encore être franchies pour que cela soit possible.
Hendrik Segers, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, explique : « Pour procéder à la délimitation des aires marines protégées dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale, la convention doit d’abord être ratifiée par les États membres de l’UE et par la Commission, et intégrée dans la législation nationale et européenne. Il sera également important pour la recherche scientifique en haute mer de connaître les conséquences de la convention ».
La Belgique candidate au secrétariat à Bruxelles
Comme c’est le cas pour d’autres conventions internationales, un secrétariat sera également créé pour la BBNJ. Il s’agira d’un secrétariat distinct, c’est-à-dire qui ne sera pas placé sous l’égide des Nations unies à New York. Ce point est important pour donner du poids au nouveau traité. En effet, il y aura un important lobby contre l’installation de zones protégées en haute mer. Un secrétariat autonome, avec son propre personnel et un budget distinct, fera office de contrepoids. La Belgique, l’un des fondateurs des Blue Leaders, est candidate à la création de ce secrétariat à Bruxelles. Cette démarche est non seulement conforme à l’engagement pris par notre pays ces dernières années, mais elle renforcerait aussi considérablement la position de la Belgique sur la scène maritime internationale.
Jeudi 15 décembre, la remise solennelle des Blue Innovation Awards 2022 a eu lieu à la Maison du Port à Anvers. Le pilote belge du projet UNITED a remporté le Blue Innovation Swell Award. Dans le cadre de ce projet de démonstration, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique travaille avec des partenaires scientifiques et commerciaux pour optimiser la combinaison de l’éolien en mer, de l’aquaculture et de la restauration des huîtres plates et de la culture des algues.
Blue Innovation Awards
Les Blue Innovation Awards sont une initiative du Blauwe Cluster visant à mettre en avant les projets, produits et services innovants dans l’économie bleue. Quatre catégories sont récompensées : la Blue Innovation Wave pour les PME, la Corporate Blue Innovation Wave pour les grandes entreprises, la Blue Innovation Swell pour les initiatives collaboratives et la Blue Innovation Captain pour les initiatives gouvernementales. Un prix du public est également décerné.
Il s’agissait déjà de la troisième édition des Blue Innovation Awards en 2022. Toutes les candidatures, impliquant plus de 50 organisations au total, ont été jugées sur la base de cinq critères : le caractère innovant, le lien avec les activités économiques dans, sur et par la mer, le potentiel commercial, les ambitions et l’attrait internationaux, et le lien avec les objectifs de développement durable des Nations unies. Dans chaque catégorie, deux nominés ont finalement été retenus.
UNITED
Le projet européen Horizon2020 UNITED (Multi-Use offshore platforms demoNstrators for boostIng cost-effecTive and Eco-friendly proDuction in sustainable marine activities) fournit des preuves de la viabilité économique et environnementale de l’utilisation multiple de l’espace offshore grâce au développement de cinq projets de démonstration dans différentes zones marines européennes.
Le projet de démonstration belge s’articule autour de la combinaison de l’énergie éolienne en mer, de la culture d’algues (Saccharina latissima) et d’huîtres plates européennes (Ostrea edulis), et de la restauration des récifs d’huîtres plates. Il s’agit d’une collaboration entre plusieurs groupes de recherche de l’Université de Gand, Jan De Nul, Brevisco, Colruyt, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et Parkwind. Le groupe de recherche MARECO de l’IRSNB se concentre principalement sur la restauration des récifs d’huîtres plates et est également responsable du développement d’un cadre pour l’évaluation de la valeur ajoutée de l’utilisation marine multiple, qui sera appliqué dans les cinq projets pilotes.
« L’élection du pilote belge de UNITED comme lauréat du Blue Innovation Swell Award 2022 montre que l’économie bleue est bien vivante chez nous, et que le développement de la nature devient également une condition de plus en plus ancrée au sein des activités économiques. » déclare fièrement Annaïk Van Gerven, chercheur au MARECO.
Vous trouverez plus d’informations sur les autres Blue Innovation Awards 2022 sur le site web du Blauwe Cluster.
La combinaison spatiale d’une ferme marine – où poussent des moules, des huîtres et des algues – et d’une pêche passive avec des techniques d’appâtage innovantes a été largement testée au large de nos côtes au cours des trois dernières années. Le fait que la combinaison fonctionne est une bonne nouvelle car, contrairement au chalutage traditionnel (actif) à perche, les deux activités sont autorisées dans les zones de parcs éoliens. La lumière, le son et l’odorat s’avèrent des techniques efficaces pour attraper davantage de seiches, de crevettes et de poissons au fond d’une ferme marine plurispécifique. En outre, des outils ont été développés pour permettre aux exploitants de fermes marines de mieux planifier les sorties en mer. Les résultats du projet SYMAPA (VLAIO) ont été présentés à la presse et aux parties prenantes par les partenaires du projet, Colruyt Group, Brevisco, AtSeaNova, Vlaamse Visveiling, l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), le 24 novembre 2022 à Ostende.
Le ministre de la mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, était présent : « Nous allons développer la partie belge de la mer du Nord comme centrale électrique de notre pays et comme moteur d’innovation et d’autosuffisance. C’est pourquoi, en plus des parcs éoliens et des panneaux solaires flottants, nous voulons également cultiver des algues dans la mer du Nord pour fabriquer du biocarburant. À cette fin, nous avons alloué 250 000 euros de fonds de recherche. Dans les parcs éoliens, nous pouvons produire de la nourriture en plus de l’énergie. Quand on sait qu’en Europe, nous importons 70 % de nos fruits de mer, cela prouve qu’il y a encore beaucoup de potentiel dans notre pays pour la mariculture et la pêche passive. Les protéines ainsi extraites des algues ou des coquillages ne doivent plus être produites par l’élevage ou la pêche. Les résultats du projet SYMAPA montrent que des mesures importantes ont été prises pour qu’il soit non seulement techniquement et biologiquement mais aussi économiquement possible de combiner non pas une, mais deux, voire trois activités dans la même zone de la mer du Nord. »
10 fois plus de seiches dans les pots avec du fil fluorescent
Dans le cadre de la pêche au pot passive, les poissons et autres animaux marins sont attirés et capturés dans des pots au fond de la mer. Cette forme de pêche sélective a peu de prises accessoires, peu ou pas d’impact sur le fond et une faible consommation de carburant. Les pots sont vidés régulièrement et les prises vivent lorsqu’elles sont collectées à bord, ce qui améliore la qualité.
La capacité de pêche peut également être optimisée en utilisant la lumière, le son et potentiellement aussi l’odeur. C’est ce qui ressort des essais menés par l’ILVO dans la zone de Westdiep, au large de Nieuport :
Les résultats pour les seiches (Sepia, un type de calmar) sont impressionnants : en remplaçant le filet d’un pot à seiches standard par un fil fluorescent, les scientifiques ont attrapé 10 fois plus de seiches.
D’autres techniques ont permis d’augmenter les prises de manière significative : l’utilisation de lampes LED dans les pots pour les crevettes, les sons de consommation dans les pots pour les poissons ronds et l’odeur de banane dans les pots pour les poissons plats.
Mattias Van Opstal et Jasper Van Vlasselaer (ILVO) : « L’étude a produit une boîte à outils de techniques innovantes que les pêcheurs peuvent utiliser pour augmenter les prises dans les pots. Selon l’endroit et les espèces qui y sont présentes, l’une ou l’autre technique d’appâtage sera plus intéressante pour eux. »
Les prises passives obtiennent de bons résultats en matière de qualité et de goût
Le partenaire du projet Vlaamse Visveiling, est déjà satisfait de la qualité de la pêche passive. Sylvie Becaus (Vlaamse Visveiling) : « Non seulement nous avons rentré plus de seiches – une espèce commercialement intéressante – mais la qualité des produits était également excellente : frais du jour et non meurtris. »
Les tests effectués dans le laboratoire de dégustation du Food Pilot de l’ILVO et du Flanders’ FOOD à Melle confirment cette différence de qualité : les seiches capturées passivement ont reçu de meilleures notes de la part du panel de dégustation formé par des professionnels que les seiches débarquées comme prises accessoires dans les chaluts à perche.
L’aquaculture intelligente
La mer du Nord est un écosystème bien surveillé. L’IRSNB mais aussi l’ILVO et plusieurs partenaires européens collectent des données pour surveiller la santé des stocks de poissons et de l’écosystème marin au sens large. L’IRSNB a également conçu des outils utiles pour la planification des voyages en mer. Une plateforme de prévisions maritimes à cinq jours sur les marées, la vitesse du vent, la hauteur des vagues, etc. était déjà en place (le Marine Forecasting Centre) et grâce à SYMAPA et au projet EU-H2020 FORCOAST, il existe désormais un outil de modélisation permettant de prévoir la meilleure période pour l’installation de collecteurs à éclats. Grâce à ces dispositifs, les producteurs recueillent les graines égarées de moules et d’huîtres pour les élever ensuite. Un placement trop précoce peut entraîner la croissance nuisible des organismes, un placement trop tardif peut entraîner un échec de la récolte des graines.
Léo Barbut et Geneviève Lacroix (IRSNB) : « Grâce à ces outils de modélisation, nous nous rapprochons encore un peu plus de l’aquaculture intelligente. Les exploitants de fermes marines peuvent utiliser les données pour planifier le moment où ils sortiront en mer pour l’entretien de leurs installations, pour la collecte des graines et éventuellement pour la récolte. »
Optimisation de la culture des moules et des installations
Un projet antérieur, Edulis, avait déjà réussi à cultiver des moules entre des parcs éoliens situés à 30-50 km de la côte belge. Brevisco, coordinateur de SYMAPA, a également démontré, dans le cadre du projet Nearshore Mossel financé par le secteur privé, que l’élevage de moules à grande échelle dans la mer du Nord belge est techniquement et économiquement réalisable. La « moule bleue » belge est plus grande et plus charnue (40-45% de valeur de viande) que la moule zélandaise (30-35% de valeur de viande). Il pousse aussi plus vite et a bon goût. Dans SYMAPA, la technique de culture a été optimisée pour obtenir le beau résultat de 16 kg de moules par mètre. Grâce à des ajustements apparemment mineurs des installations, il n’y a désormais plus de dégâts lors des tempêtes. Les installations ont été rendues stables et résistantes à la mer du Nord.
Huîtres de qualité de notre mer du Nord
Le projet Value@Sea finalisé a démontré que l’huître plate européenne, une espèce menacée, peut être cultivée en mer du Nord. Dans le cadre de SYMAPA, les techniques de culture ont été affinées dans la zone de Westdiep, avec plus ou moins de succès. L’élevage d’huîtres plates de qualité près de la côte est possible, mais la croissance rapide d’organismes indésirables sur les paniers (fouling) est un obstacle technique qui doit être surmonté pour que l’élevage soit commercialement viable. Il entrave le flux d’eau de mer fraîche, privant périodiquement les huîtres de suffisamment de nutriments pour se développer.
Le groupe Colruyt reste engagé dans la recherche pour cultiver éventuellement des huîtres plates à Westdiep. Aujourd’hui, le groupe Colruyt y construit la première ferme marine commerciale de notre pays, où les 50 premières filières de moules de phase 1 seront installées et où la première récolte limitée est attendue pour l’été 2023.
Wannes Voorend (Colruyt Group) : « La culture de plusieurs espèces dans une ferme marine nous permettrait d’offrir une palette plus large de produits marins. En outre, la combinaison des activités présente également certains avantages opérationnels. Les applications de Zeeboerderij Westdiep (ferme marine) sont déjà prometteuses, mais nous procédons par étapes vers l’agriculture commerciale. »
À la recherche de plantes d’algues qui résistent aux courants de la mer du Nord
Pour les algues, les conditions naturelles de la mer du Nord constituent un défi technique permanent. Dans le cadre de SYMAPA, les structures horizontales et verticales ont été testées par le partenaire AtSeaNova. Les systèmes horizontaux fonctionnent bien sur les vagues calmes, mais en mer du Nord, la force de traction est trop importante. C’est pourquoi ils ont opté pour des installations verticales avec des suspentes lâches. Ce sont ces structures qui sont actuellement testées dans le cadre du projet EU-H2020 UNITED.
Des données utilisables pour le plan d’aménagement des espaces marins
La partie belge de la mer du Nord ne fait que 3 500 km² mais est intéressante pour diverses activités. Pensez à la mariculture, à la pêche et à la production d’énergie, mais aussi à la navigation, à l’extraction de sable, aux loisirs, à la protection de la nature et des côtes. La planification de ces différentes activités dans le plan d’aménagement des espaces marins est un casse-tête difficile mais important. Dans le plan actuel (2020-2026), l’aquaculture marine n’est autorisée que dans la zone de Westdiep et dans les parcs éoliens. La pêche passive est également autorisée dans les deux cas, contrairement au chalutage classique à perche qui n’est pas autorisé autour des éoliennes.
Bert Groenendaal (Brevisco), coordinateur du SYMAPA : « Le fait que des synergies entre la mariculture et la pêche passive soient possibles est un atout majeur de ce projet. Il existe désormais une boîte à outils avec des techniques de capture innovantes, la mytiliculture a été optimisée et il existe des modèles de prévision qui rendent également la combinaison d’activités en mer plus faisable sur le plan logistique et économique. »
Article largement basé sur le communiqué de presse de l’ILVO, 24 novembre 2022
NOUS AVONS BESOIN DE VOUS! Venez partager votre opinion sur les premiers tests de culture d’algues et d’huitres, et de restauration de récifs d’huitres plates dans le parc éolien Belwind. Cet exercice de brainstorming sera accompagné de la dégustation d’huitres et de délicieux produits à base d’algues.
Le multi-usage d’espaces marins. Qu’est-ce que c’est ? Comment cela peut-il être appliqué à la partie belge de la Mer du Nord ? Quels sont les bénéfices sociaux et économiques ? Quels sont les potentiels obstacles ? Le projet UNITED a investigué ces questions grâce à un pilote dans le parc éolien en mer de Belwind, où l’aquaculture d’huitres et d’algues, ainsi que la restauration de récifs d’huitres sont étudiés. A travers un workshop interactif, les premiers résultats seront présentés et discutés avec le grand public, avec de la place pour des questions-réponses, des tables de discussion, ainsi que l’échange d’éventuels attentes et craintes. Le déroulement du workshop est le suivant : la matinée sera consacrée aux aspects économiques, tandis que l’après-midi sera consacré aux aspects sociaux. Les participants peuvent choisir d’assister à l’une des deux parties, ou à l’ensemble de la journée. Entre les deux sessions, un lunch sera organisé.
09h00 – 09h30 Bienvenue et activité brise glace
09h30 – 09h45 Qu’est-ce que le projet UNITED ?
09h45 – 09h50 Objectifs du workshop
09h50 – 10h10 Multi-usage dans le pilote belge et analyse commerciale du pilote belge – leçons apprises / Qu’est-ce que le multi-usage et comment peut-on l’appliquer dans la partie belge de la Mer du Nord ? / Présentation du dossier commercial et des résultats principaux : le pilote, les produits et services, les revenus-clés et coûts, les messages-clés, etc.
10h10- 10h25 Caractérisation socio-économique du pilote – Présentation des principales activités socio-économiques qui entourent le pilote
10h25-10h40 Pause
10h40-12h00 Brainstorm sur les potentiels impacts économiques (positifs et négatifs) des activités de multi-usage / La discussion avec les partis prenants se déroulera autours:
– Des éléments additionnels pour l’analyse commerciale
– Des autres activités socio-économiques / impacts qui n’auraient pas été pris en compte et leurs impacts (plus d’emplois, développement d’activités, plus de revenus, etc.)
– Des informations manquantes (particulièrement concernant les activités d’aquaculture et les algues)
– De l’environnement: impacts sur les services écosystémiques/ l’environnement marin
12h00–13h30 LUNCH ! Venez déguster des huitres, des produits à base d’algues et de délicieux sandwichs
APRES-MIDI– Partie sociale
13h30-13h35 Bienvenu, Silke Beirens, Schepen Mens & Milieu, Stad Oostende
13h35-13h45 Objectifs de la partie sociale de UNITED
Présentation de UNITED et du pilote belge (dans le cas où nous avons de nouveaux arrivants) / Quels sont les objectifs de la partie sociale du workshop ?/ Quels sont les impacts sociaux ?
13h45-14h45 Présentation des scénarios – culture d’algues, culture d’huitres, restauration de récifs d’huitres – à l’intérieur d’un parc éolien: identification de potentiels impacts sociaux. Plusieurs options seront présentées:
– Chaque activité dans son espace individuel (pas de multi-usage)
– Parc éolien combine à une autre activité (culture d’algues, culture d’huitres ou restauration de récifs d’huitres)
– Parc éolien combiné à plusieurs autres activités : culture d’huitres et d’algues, et restauration de récifs d’huitres
14h45-15h45 Classement des impacts précédemment identifiés / évaluation de l’acceptabilité / potentielles solutions de mitigation
15h45-16h00 Conclusions
16h00-16h30 Drink
L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a mené une étude à grande échelle traitant des émissions d’oxyde d’azote (NOx) émises par les navires dans la partie belge de la mer du Nord. Nos eaux font partie d’une zone de faible émission de NOx (NECA) qui a été établie pour en réduire les effets néfastes sur les États côtiers densément peuplés autour de la mer du Nord. L’étude montre que la majorité des navires respectent les normes d’émission. Cependant, les mesures indiquent également que dans les eaux belges, les navires récents engendrent des émissions moyennes de NOx plus élevées que les navires plus anciens. Cela mérite d’être souligné étant donné que les réglementations internationales visent à réduire les émissions de NOx dans la NECA de manière progressive, les navires récents devant justement répondre à des normes plus strictes que les navires plus anciens.
Grâce à l’installation d’un capteur renifleur dans l’avion de surveillance aérienne belge, appartenant à l’IRSNB et fréquemment déployé dans le cadre des missions de la Garde côtière, notre pays est reconnu comme pionnier dans la lutte internationale contre la pollution atmosphérique des navires en mer. Le capteur permet de mesurer sur le terrain divers polluants atmosphériques dans les émissions provenant des navires. Les mesures de dioxyde de soufre sont au programme depuis 2016. Depuis l’intégration d’un capteur de NOx en 2020, l’avion mesure également la concentration d’oxydes d’azote.
La nécessaire réduction des émissions de NOx
Le fait que la réduction effective des émissions de NOx, y compris celles causées par le transport maritime, soit un objectif important découle des effets négatifs des NOx sur la santé publique et notre environnement. Les oxydes d’azote pénètrent profondément dans les poumons et sont un agent favorisant les maladies respiratoires et cardiovasculaires. En outre, ils jouent un rôle important dans la formation de l’ozone, qui est non seulement un gaz à effet de serre très puissant mais peut à son tour provoquer des problèmes respiratoires. En outre, les NOx contribuent à la formation des particules fines. Enfin, les NOx contribuent à l’eutrophisation et à l’acidification des milieux marins et terrestres.
Suivant l’exemple de la mer Baltique, la mer du Nord et la Manche ont été reconnues comme des zones de contrôle des émissions afin que les régions côtières densément peuplées des États de la mer du Nord et les zones maritimes fragiles soient mieux protégées contre les effets néfastes des NOx. Comme la densité de la navigation y est très élevée et que les voies de navigation très fréquentées sont proches de la terre, la réduction des émissions de NOx dues à la navigation est particulièrement importante dans cette zone. La règle 13 de l’annexe VI de la convention MARPOL de l’Organisation maritime internationale (OMI) impose des limites plus strictes aux émissions d’azote des navires dans la zone de contrôle des émissions de NOx (NECA) de la mer du Nord à partir du 1er janvier 2021. Elle fixe des limites d’émission en fonction de la date de construction des navires. À l’instar des voitures, pour lesquelles les normes Euro sont définies en fonction de l’année de construction, les limites internationales d’émission de NOx dans le secteur maritime sont divisées en différents niveaux ou « Tiers ». Le niveau 0 s’applique aux navires construits avant 2000, le niveau I aux navires construits de 2000 à 2010, le niveau II aux navires de 2011 à 2020 et le niveau III aux navires à partir de 2021 dans les NECA. Pour les navires des catégories d’âge plus récentes, cela implique des normes de plus en plus strictes par rapport aux navires plus anciens. De cette façon, il était attendu que les navires de Tier II et de Tier III émettent respectivement 20% et 80% moins d’azote que les navires Tier I dans les zones NECA.
Résultats de l’enquête belge de suivi
Avec le déploiement de l’avion renifleur, la Belgique est le seul pays au monde à pouvoir déjà dresser un bilan des émissions d’oxyde d’azote provenant des navires de cette manière. Deux années de mesures individualisées des émissions NOx des navires dans la partie belge de la mer du Nord montrent que les normes d’émission sont largement respectées. Cependant, contre toute attente, il a également été constaté que les navires de mer plus récents émettent davantage d’azote dans la zone d’opération de l’avion de surveillance aérienne belge que les navires plus anciens.
En 2020 et en 2021, les émissions d’azote de pas moins de 1407 navires ont été surveillées pendant 127 heures de vol. 59 de ces navires ont montré des valeurs nécessitant une analyse plus approfondie. Il a ainsi été constaté que pour les navires plus récents (Tier II), qui doivent donc répondre à des normes plus strictes, la valeur moyenne d’azote était en réalité plus élevée que celle des navires plus anciens (Tier I et Tier 0). En outre, un plus grand nombre de navires Tier II ont été observés avec des valeurs d’émissions de Nox qui avaient dépassé le seuil prédéterminé.
Analyse et enquête approfondie
En coopération avec la Direction Générale de la Navigation, le secteur du transport maritime et l’Académie Maritime d’Anvers, l’IRSNB va donc mener des recherches supplémentaires sur les origines possibles d’une telle situation. Une explication déjà citée dans l’étude réside dans la façon dont les règlements ont été élaborés pour les navires Tier II, où les émissions de NOx à des régimes moteur inférieurs ont moins de poids dans les normes fixées (avec même aucune limite pour les régimes inférieurs à 25%). Le raisonnement sous-jacent est qu’un navire fonctionne principalement à des régimes moteur plus élevés, et les émissions à ces puissances devraient donc peser plus lourd. Cependant, dans la partie belge de la mer du Nord, en raison du trafic intense et en vue de l’optimalisation des voyages par rapport à l’heure estimée d’arrivée en port, les navires naviguent souvent à un régime moteur plus faible, alors que les émissions de NOx sont justement plus élevées à cette puissance plus faible … Si une navigation plus efficace sur le plan énergétique permet de réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2, elle peut aussi, surtout pour les navires Tier II, entraîner une augmentation des émissions de NOx. Par ailleurs, d’autres polluants peuvent également augmenter avec la baisse de la puissance du moteur, comme le carbone noir et les particules fines. La réglementation internationale qui prévoit une simple réduction des émissions d’azote ne semble donc pas adaptée aux conditions de navigation spécifiques du sud de la mer du Nord.
Une solution possible pour éliminer cet effet inattendu des réglementations internationales pourrait résider dans l’ajout d’un seuil à ne pas dépasser pour les émissions de NOx, indépendamment de la puissance du moteur et de la date de construction des navires. Une telle limite « NTE » (Not To Exceed) a été fixée dans la réglementation pour les navires de niveau III. Il y a donc bon espoir que cette dernière génération de navires permette de réduire les émissions de NOx dans nos zones maritimes. Le problème reste que même pour les navires de niveau III, aucune limite n’a été fixée en dessous d’un régime moteur de 25%.
Date de pose de la quille
Enfin, l’une des faiblesses des réglementations internationales est qu’il reste possible de construire de nouveaux navires suivant des normes antérieures pendant trop longtemps. Dans le règlement, l’année de pose de la quille, c’est-à-dire l’année au cours de laquelle la quille d’un navire est posée et enregistrée, détermine le Tier auquel le navire appartient. Ainsi, sur l’ensemble des navires construits effectivement en 2021, à peine 13 % seront des navires de niveau III. Il a été constaté que le délai entre la date de construction et la date de pose de la quille a fortement augmenté avec la mise en œuvre de la NECA en mer du Nord en 2021. De cette façon, les navires récents peuvent encore entrer dans la catégorie II et ne doivent donc pas se conformer à la limite plus stricte de la catégorie III qui garantit une réduction effective des émissions de NOx (par exemple en appliquant des systèmes de réduction des NOx). Par conséquent, la Belgique (mais également les Pays-Bas) n’acceptera plus comme navires de niveau II les navires construits à partir de 2026 mais dont l’année de pose de la quille est antérieure à 2021.
Des études comme celle-ci montrent que, même dans le cadre de normes d’émission plus strictes, le transport maritime doit poursuivre ses efforts pour passer de l’utilisation de combustibles fossiles à l’utilisation de sources d’énergie plus durables ayant un impact moindre sur la santé publique, le climat et l’environnement.