Pollution plastique en mer du Nord belge : pas de quantités alarmantes de microplastiques dans les poissons et les crustacés, fibres synthétiques omniprésentes et point chaud près de Zeebrugge

Plus des trois quarts des déchets en mer du Nord belge sont constitués de macroplastiques (plus grosses particules de déchets plastiques), ce qui constitue une source majeure de pollution, notamment dans la zone côtière. Cependant, les fibres synthétiques provenant principalement du chalutage se retrouvent partout, aussi loin de la côte. De même, les petites particules de plastique ou microplastiques de >50 µm (un vingtième de mm) apparaissent beaucoup plus souvent le long de la zone côtière et dans les ports que plus loin en mer. C’est ce qu’a montré une première étude de surveillance systématique dans la mer du Nord belge. Grâce au projet de recherche MarinePlastics, les scientifiques de L’ILVO et l’IRSNB disposent désormais des premières données pour mettre en place un plan de surveillance des macro- et microplastiques pour la partie belge de la mer du Nord, une obligation européenne.

Dans les zones de pêche où les pêcheurs belges sont actifs, les chercheurs ont également recherché des microplastiques dans les poissons et les crustacés commerciaux. Dans ces produits, les microplastiques ne sont présents qu’en petit nombre ou sont absents. Seuls 5 des 42 filets de poisson examinés contenaient quelques particules microplastiques : 2 à 6 particules par 100 g de filet de poisson. Sur la base de cette étude, les chercheurs considèrent que les poissons et les crustacés de la pêche belge constituent pour l’instant une source de nourriture sûre en termes de la contamination par les microplastiques.

Outre les organismes marins (poissons, crustacés, etc.) les pêcheurs belges trouvens également toutes sortes de plastiques dans leur prises. © ILVO

Dans le cadre du projet de recherche MarinePlastics, l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) ont cartographié la quantité et les types de plastiques présents dans les zones de pêche belges. Il s’agit à la fois de gros morceaux de déchets (macroplastiques de plus de 5 mm) et de minuscules particules de plastique (microplastiques de moins de 5 mm). Cette recherche n’était pas facultative, mais une obligation de l’Europe, qui exige depuis 2012 que chaque État membre collecte des chiffres sur les macroplastiques dans les fonds marins. À partir de 2020, des données devront également être collectées sur les microplastiques dans les sédiments et dans l’eau. Le projet MarinePlastics a également examiné dans quelle mesure les microplastiques sont présents dans les espèces commerciales de poissons et de crustacés provenant de nos zones de pêche (mer du Nord, Manche, mer Celtique, mer d’Irlande). Les chercheurs ont fait une distinction entre les particules de plastique présentes dans l’estomac du poisson (que les gens ne consomment pas) et le filet de poisson (que nous mangeons).

Poisson belge sans danger

Les résultats de cette recherche sont rassurants : il a été constaté que les microplastiques de >50 µm (cela correspond à un vingtième de mm ; la contamination par les nanoplastiques, c’est-à-dire des particules encore plus petites, n’a pas été étudiée dans ce projet) ne s’accumulent pas dans les poissons et crustacés commerciaux échantillonnés dans les zones de pêche où les pêcheurs belges sont actifs. Dans presque tous les échantillons de poissons et de crustacés (parties comestibles et non comestibles), le nombre de microplastiques était si faible que la concentration n’a pu être déterminée avec précision. Dans seulement 5 des 42 filets de poisson, on a trouvé 2 à 6 particules microplastiques par 100 g de filet de poisson, ce qui n’est pas alarmant. Le public peut donc être informé que les poissons et crustacés issus de la pêche belge sont actuellement des produits sûrs en termes de pollution microplastique.

Fibres plastiques dans l’eau du port de Zeebrugge, filtrées à travers un tamis de 100 μm (photographiées au microscope). © IRSNB/C. De Schrijver

Davantage de microplastiques près des ports et de la côte

Cependant, les concentrations de microplastiques dans les fonds marins et dans l’eau de mer sont parfois assez élevées, bien que variables. Dans cette étude, la concentration de microplastiques dans les sédiments côtiers (près de Zeebrugge) était environ neuf fois plus élevée que plus loin de la côte. Dans l’eau de mer, la différence était encore plus spectaculaire : les eaux du port de Zeebrugge et à proximité de la côte contenaient respectivement 48 et 10 fois plus de microplastiques que les eaux provenant de zones plus au large. Actuellement, il n’existe pas de programme de surveillance qui suit l’évolution de ce type de pollution en Belgique. Afin de répondre aux obligations européennes, un programme national de surveillance des microplastiques doit donc être mis en place. À cette fin, les chercheurs recommandent également d’approfondir (ou de commander) l’étude du transport des microplastiques dans l’environnement marin, des points chauds éventuels et du lien avec la propagation des macrodéchets.

Karien De Cauwer, chercheuse à l’IRSNB: « Cette étude nous donne une bonne idée du degré de pollution par les microplastiques à proximité de la côte et plus loin en mer. Sur la base d’une bonne méthodologie de détection, l’évolution peut être suivie selon les normes européennes. Cela permettra d’évaluer si les mesures et actions prises fonctionnent efficacement. Grâce à une meilleure connaissance des endroits où les microplastiques pourraient s’accumuler, les mesures pourraient être encore plus ciblées. »

Fibres de plastique provenant de la pêche

Les gros morceaux de déchets – les macroplastiques – représentent 77 à 88 % de tous les déchets présents dans la mer. Il y a un article en particulier qui semble être partout : les fibres de plastique. Les monofilaments très légers – tapis de fils lâches qui est censé protéger le ventre d’un chalut contre les dommages – sont le principal élément en plastique qui est répandu uniformément dans notre partie de la mer du Nord, également plus loin de la côte. Les plastiques plus lourds (tels que les caisses, les bouteilles et les conteneurs) se trouvent principalement près de la côte. Un détail important : dans la partie néerlandaise de la mer du Nord, la pollution par les fibres de plastique provenant de la pêche est plus importante que dans la partie belge. Les chercheurs demandent aux politiques et au secteur de placer la recherche et la mise en œuvre d’une bonne alternative biodégradable aux filaments de plastique en tête de leur liste de priorités. Évidemment, cela ne concerne pas seulement le secteur de la pêche belge, mais des initiatives devraient être prises à l’échelle de toute la mer du Nord, voire de l’Europe.

Les tapis de fils lâches qui protègent le ventre d’un chalut contre les dommages sont une source importante de fibres synthétiques dans la partie belge de la mer du Nord. © ILVO

Les voies de dispersion des déchets ?

S’il peut exister un lien entre la pollution plastique et la pêche, il n’y a pas de relation causale claire avec l’intensité de la pêche. En d’autres termes, il n’est pas vrai que la plupart des déchets se trouvent là où la pêche est la plus intensive. Un lien direct n’a pas non plus été trouvé avec l’extraction de sable ou les parcs éoliens offshore. Sur un site de dragage, près du port de Zeebrugge, un point chaud de déchets a été identifié. Cependant, il n’est pas clair si cela est dû au déversement lui-même, ou aux courants ou autres forces motrices. Il est donc nécessaire de réaliser une étude détaillée des points chauds des déchets marins, en examinant l’impact des différentes sources et en modélisant les processus de transport des déchets.

Bavo De Witte, chercheur à l’ILVO : « Dans notre mer du Nord turbulente, il n’est pas surprenant que les courants puissent avoir une forte influence sur la pollution plastique. Grâce à la modélisation, il devrait être possible d’en savoir encore plus sur l’origine des différents types de déchets. »

Les rapports complets peuvent être téléchargés à partir des adresses suivantes :

Microplastics in seafood from Belgian fisheries areas – ILVO Vlaanderen

Distribution and sources of macrolitter on the seafloor of Belgian fisheries areas – ILVO Vlaanderen

Marine Plastics project synthesis and recommendations – ILVO Vlaanderen & IRSNB

Le projet de recherche MarinePlastics a été financé par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEMP) et l’Instrument financier pour la pêche flamande (FIVA).

La Belgique, candidate au Conseil de L’Organisation maritime internationale (OMI)

La Belgique se présente pour une réélection au Conseil de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) dans la catégorie C. Cette organisation des Nations Unies s’engage en faveur d’une navigation internationale sûre et durable. Notre pays est membre de l’OMI depuis 1951 et est fier d’avoir contribué au développement de l’industrie maritime avec d’autres pays.

Afin de soutenir notre candidature au Conseil de l’OMI de 2021, la DG Navigation a le plaisir de partager une vidéo présentant la Belgique maritime et soulignant les points clés de notre devise : « Be sustainable, be safe, be together, be Belgium ».

La vidéo promotionnelle porte, entre autres, sur la recherche scientifique, la surveillance du milieu marin et le contrôle du respect des règles internationales en matière de pollution atmosphérique par les navires. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a contribué à la réalisation de la vidéo et a fourni des images. Le soutien de l’Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM), et en particulier de l’équipe de surveillance aérienne de l’UGMM, ainsi que des plongeurs scientifiques et de diverses autres équipes IRSNB a été indispensable.

REGARDER LA VIDÉO

Dans sa candidature, la Belgique met l’accent, entre autres, sur les points suivants :

  • promouvoir une gouvernance inclusive
  • gérer un espace maritime de plus en plus complexe et une grande variété d’acteurs
  • innover pour un secteur maritime durable
  • mettre en œuvre la réglementation de l’OMI et protéger les marins
  • renforcer le cluster maritime

Vincent Van Quickenborne, Vice-premier ministre et Ministre de la mer du Nord : « La navigation revêt une grande importance pour notre économie. Dans le même temps, nous sommes fermement engagés dans la protection des mers et des océans. Ainsi, notre pays joue un rôle de pionnier plan au niveau international en matière de réduction des émissions. Notre mer du Nord fait elle-même partie d’une zone ECA (acronyme de Emission Control Area) dans laquelle nous utilisons notre avion renifleur pour surveiller strictement les émissions d’azote, de soufre et, cette année, de noir de carbone. Notre ambition est de réduire les émissions de CO de 55 % d’ici à 2030 et de parvenir à des émissions nulles d’ici à 2050. C’est pourquoi il est important pour nous de retrouver notre place à la tête de l’OMI. De cette manière, nous pourrons réellement marquer de notre empreinte le développement d’une politique maritime durable. »

Peter Claeyssens, Directeur général à la Direction générale de la Navigation :  » L’Organisation maritime internationale (OMI) fixe les règles pour une navigation sûre et la protection de nos mers et océans. En tant que nation maritime importante, la Belgique est fortement engagée en faveur d’une navigation sûre et respectueuse de l’environnement. C’est pourquoi la Belgique souhaite être à la tête de cette organisation afin de pouvoir marquer de notre empreinte la poursuite continue d’une mobilité maritime durable dans le monde entier ».   

Les élections auront lieu à Londres lors de la 32e session ordinaire de l’Assemblée, qui se tiendra du 6 au 15 décembre 2021.

De plus amples informations sur le Conseil de l’OMI et la candidature belge sont disponibles ici.

Source : SPF Mobilité et Transports

https://mobilit.belgium.be/fr/nouvelles/nieuwsberichten/2021/la_belgique_candidate_au_conseil_de_lorganisation_maritime

L’emblématique Belgica retrouve une seconde vie en tant que navire de recherche ukrainien

Le 13 septembre 2021, l’accord a été signé pour le transfert du légendaire navire de recherche Belgica des autorités belges aux autorités ukrainiennes. Quelques jours plus tard, le navire entamera son voyage vers sa nouvelle base d’attache à Odessa. Pendant ce transit, plusieurs échantillons scientifiques seront prélevés. En mer Noire, le navire continuera à faire ce qu’il fait le mieux : mener des recherches scientifiques et surveiller l’état de santé de la mer. Sur cette base, il est possible de définir des mesures qui devraient conduire au rétablissement écologique de la mer Noire.

Le RV Belgica termine sa dernière campagne en tant que navire de recherche océanographique belge, le 25 mars 2021. ©Marine belge/J. Urbain

Aujourd’hui, 13 septembre 2021, M. Thomas Dermine, Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique Scientifique, M. Roman Abramovskyy, le ministre de la Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles, et M. Viktor Komorin, directeur du Centre Scientifique Ukrainien pour l’Écologie de la mer, ont signé l’accord pour le transfert du navire de recherche Belgica du Royaume de Belgique à l’Ukraine. Cela fait suite à un accord de coopération signé en juillet 2021 entre la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et le Ministère ukrainien de la Protection de l’Environnement et des Ressources Naturelles.

Le Secrétaire d’État Thomas Dermine : « Après plus d’un million de kilomètres parcourus et plus de 1.000 campagnes scientifiques visant à accroître la connaissance des mers, la Belgique fait aujourd’hui ses adieux au navire de recherche Belgica. En tant que laboratoire flottant, le navire a été le fleuron des sciences marines belges pendant 37 ans. C’est avec la douleur au cœur que nous lui disons au revoir, mais je suis très heureux que le navire ait une seconde vie grâce à notre coopération avec le Centre Scientifique ukrainien pour l’Écologie de la mer ».

Le secrétaire d’État Dermine (politique scientifique), le ministre Abramovskyy (ministère ukrainien de la protection de l’environnement et des ressources naturelles) et M. Komorin (directeur du centre scientifique ukrainien pour l’écologie de la mer) signent l’accord pour le transfert du navire de recherche Belgica à l’Ukraine. 13 septembre 2021. ©IRSNB/K. Moreau

Un héritage inestimable

On ne soulignera jamais assez l’importance d’un navire de recherche national efficace. En tant que navire de recherche multidisciplinaire, le RV Belgica a été en mesure de soutenir la recherche scientifique dans les domaines de la pêche, de la biologie, de la géologie, du climat et de la chimie, et a permis à la Belgique de boxer au-dessus de sa catégorie en termes de recherche et de surveillance du milieu marin, d’aménagement de l’espace marin et d’économie bleue. Et ce, tant au niveau national que dans un contexte international. Le navire a également permis à des milliers d’étudiants d’acquérir leur première expérience en mer. Nombre d’entre eux y ont pris goût à tel point qu’ils sont restés actifs dans les différents secteurs STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), accédant souvent à des postes de direction.

Vincent Van Quickenborne, Vice-Premier Ministre et Ministre de la Mer du Nord : « Le Belgica est une icône dans le monde de la recherche et a été d’une valeur inestimable pour la politique de la Mer du Nord. Elle était notamment chargée de surveiller les effets de l’extraction de sable, des parcs éoliens et du dépôt de munitions “Paardenmarkt”. Son champ d’action était également beaucoup plus large que notre mer du Nord. Par exemple, elle a découvert des monticules coralliens d’eau froide au-delà de l’Irlande et des volcans de boue au large des côtes marocaines. Le nouveau Belgica sera un digne successeur qui poursuivra l’œuvre de la « vieille dame blanche« .

Le navire de recherche Belgica durant ses derniers jours dans son port d’attache traditionnel de Zeebrugge. 13 septembre 2021. ©IRSNB/K. Moreau

Une nouvelle vie dans la mer Noire

Après 37 ans de service actif, le RV Belgica a effectué sa dernière campagne en tant que navire de recherche océanographique belge le 25 mars 2021. Si la Belgique accueillera un nouveau Belgica ultramoderne à la fin de l’automne 2021, l’adieu à la « vieille dame blanche » est lourd.

Le 16 septembre, le RV Belgica quittera son amarrage traditionnel dans la base navale de Zeebrugge et deviendra officiellement propriété de l’Ukraine. L’Ukraine ne disposait pas récemment d’un navire opérationnel adapté à la recherche océanographique, mais elle a de grandes ambitions dans ce domaine. Désormais, le Belgica renforcera la surveillance du milieu marin dans la région de la mer Noire, et sera donc d’une grande importance pour la mise en œuvre de la Directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » de l’UE, qui fait partie de l’accord d’association UE-Ukraine. En outre, à plus long terme, la surveillance contribuera à l’établissement d’un programme de mesures fondé sur des preuves et donc à la restauration de l’état de la mer Noire. Dans la foulée, des études conjointes belgo-ukrainiennes sont également prévues en mer Noire et dans l’Atlantique Nord-Est.

Du côté ukrainien, le ministre Abramovskyy, a déclaré : « Nous sommes très reconnaissants au parti belge pour ce cadeau si important à l’Ukraine. Avec l’aide du navire de recherche Belgica, nous prévoyons de reprendre la surveillance dans la mer Noire dès cette année ».

Le ministre Abramovskyy est fier, à juste titre, que le Belgica soit une propriété ukrainienne à partir du 16 septembre 2021. 13 septembre 2021. ©IRSNB/K. Moreau

La « première » croisière

Dans les prochains jours, le navire commencera son voyage de Zeebrugge à Odessa, son nouveau port d’attache ukrainien. Pendant le voyage de 8 600 km, les scientifiques ukrainiens seront actifs dès le début. Ils collecteront des échantillons d’eau de mer et de sédiments de fond pour analyser un large éventail de polluants, documenteront les débris marins flottants et les microplastiques, prélèveront des échantillons d’ADN environnemental pour évaluer la biodiversité et analyseront l’ADN microbien pour révéler la présence de gènes de résistance aux antibiotiques. Cet ambitieux programme scientifique, intitulé « Croisière des trois mers européennes » (Atlantique du Nord-Est, Méditerranée et mer Noire), ainsi que le transfert du navire, sont organisés et financés par le projet UE/PNUD « European Union for Improving Environmental Monitoring of the Black Sea » (EU4EMBLAS), et bénéficient du soutien scientifique du Centre commun de recherche de l’UE.

Ministre de la Défense, Ludivine Dedonder : « Durant 37 années La Défense a mis en oeuvre et navigué avec le Belgica au service de la Science. Le transfert de propriété du Belgica vers l’Ukraine est une belle opportunité pour le navire de recherche scientifique de la Belgique qui démarre ainsi une nouvelle carrière. Je suis contente de savoir que le Belgica – sous un autre nom cependant – navigue vers de nouvelles missions scientifiques. L’arrivée de son successeur dans les mois à venir est aussi le signal de la prolongation de l’excellente coopération la Politique Scientifique Fédérale et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. »

Le Belgica devrait arriver en Ukraine à la mi-octobre 2021. Là, le navire sera renommé, puis commencera ses opérations dans la région de la mer Noire.

L’autopsie du phoque gris Oscar confirme une mort naturelle due à son âge avancé

Dans la matinée du 12 août 2021, un phoque gris, connu des visiteurs de la plage sous le nom d’ « Oscar », a été retrouvé mort sur la plage de Wenduine. L’examen post-mortem, effectué par le personnel de l’Université de Liège, en collaboration avec l’Université de Gand et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, a confirmé ce que l’on soupçonnait déjà : Oscar succombait aux effets de son âge avancé. Cela pouvait être déduit du système digestif vide, des dents très usées et de l’émaciation sévère, qui ont finalement conduit à une défaillance générale des organes.

RIP Phoque gris Oscar, plage de Wenduine, 12 août 2021 (© Pompiers Le Coq)

Pour ceux qui ont suivi les médias nationaux les 12 et 13 août, il n’y avait pas d’échappatoire: l’emblématique phoque Oscar ne sera plus vu sur nos plages à partir de maintenant. Oscar, un phoque gris adulte mâle, a été retrouvé mort sur la plage de Wenduine (commune du Coq) dans la matinée du 12 août 2021. Depuis 2019, on le trouvait régulièrement sur les plages belges et du nord de la France, où il est devenu un spectacle familier pour de nombreux plagistes et amoureux de la nature. Récemment, il a même bénéficié d’une attention publique nationale et est devenu la mascotte de la côte belge. Pourtant, dès le début de son aventure belge, il était clair qu’Oscar était un vieil animal. Il avait l’air plutôt mince et restait souvent allongé passivement pendant de longues périodes sur la plage, ce qui donnait l’impression à beaucoup qu’il avait des problèmes de santé. Cependant, son apparence et son comportement convenaient bien à un vieil animal, et toute intervention de l’homme était hors de question. On s’attendait donc depuis un certain temps à ce que sa fin ne soit pas loin.

Oscar en des temps meilleurs sur la côte belge. Il avait souvent l’air sans vie et maigre tout au long de son séjour, ce qui indique un âge avancé. Nieuport, 9 septembre 2020 (© Luc David)

Post-mortem

La carcasse d’Oscar a été recueillie immédiatement après la découverte par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), qui coordonne depuis le début des années 1990 les recherches sur l’état de santé et les causes de décès des mammifères marins sauvages en Belgique. Un examen post-mortem a été immédiatement organisé par la Faculté de Médecine Vétérinaire (Département de Morphologie et Pathologie) de l’Université de Liège, en collaboration avec la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Gand et l’IRSNB.

L’examen a confirmé ce que l’on soupçonnait déjà : Oscar est mort naturellement des effets de la vieillesse, qui l’empêchait de subvenir à ses besoins. L’autopsie a révélé les aspects suivants :

  • le système digestif était complètement vide, l’animal n’ayant pas pu se nourrir depuis un certain temps
  • de nombreuses dents manquaient et les dents restantes étaient très usées
  • émaciation sévère (peau sur os) : aucun tissu graisseux n’a été trouvé et la plupart du tissu musculaire a également disparu (atrophié)
  • le poids n’était que de 100,1 kg, alors que pour un phoque gris mâle de 2 m de long, on s’attendrait à un poids « sain » de 170 à 200 kg (à noter qu’Oscar, avec ses 2 m, était un phoque gris adulte plutôt petit, certains mâles atteignant jusqu’à 2,5 m de long)
  • L’affaiblissement causé par l’émaciation a fini par entraîner une défaillance générale des organes et du cœur
  • certaines tumeurs n’ont pas encore été diagnostiquées, mais ne devraient pas être directement responsables du décès
Les dents manquantes et très usées n’ont pas facilité la tâche d’Oscar pour se nourrir. Wenduine, 12 août 2021 (© IRSNB/J. Haelters)

Oscar a atteint un âge estimé à 20 ans ou plus (l’âge exact est difficile à déterminer), ce qui est respectable pour un phoque gris mâle. On sait que les femelles peuvent vivre jusqu’à 35 ans, mais les mâles vivent généralement moins longtemps, peut-être parce qu’ils mettent leur corps à rude épreuve pendant la saison des amours, lorsqu’ils tentent de gagner les faveurs des femelles (y compris en combattant d’autres mâles).

Le squelette d’Oscar sera préparé pour être utilisé à des fins éducatives, mais sa destination finale n’a pas encore été décidée.

Signalement des mammifères marins : quand, où, comment ?

Pour signaler des observations de mammifères marins en mer, veuillez contacter l’IRSNB à dauphin@sciencesnaturelles.be. Les animaux morts ou échoués ou les animaux pris dans des filets de pêche professionnelle ou récréative (morts ou vivants) peuvent être signalés de manière ad hoc (par téléphone), directement a l’IRSNB ou indirectement par l’intermédiaire d’un service des autorités locales ou d’un numéro d’urgence général. Les phoques vivants en bonne santé sur la plage peuvent être signalés à la NorthSealTeam qui peut faire appel à de nombreux volontaires pour surveiller la situation localement afin d’éviter toute perturbation. Pour les phoques en détresse, contactez SeaLife. Un marsouin ou un dauphin sur la plage est toujours en danger : il n’est généralement pas possible de relâcher l’animal dans la mer sur place. Dans ce cas, il est préférable de contacter un numéro d’urgence général.

Oscar en des temps meilleurs sur la côte belge. La Panne, 11 novembre 2020 (© Hilde Saesen)

La côte belge il y a 76 ans et aujourd’hui

Le 4 août 1945, un avion militaire américain a survolé toute la côte de notre pays, de Knokke à La Panne. Depuis le ciel, un photographe a pris plus de 80 photos qui donnent un aperçu unique de l’aspect de la côte de la Flandre occidentale juste après la Seconde Guerre mondiale. Ces photos étaient soigneusement conservées dans les archives nationales américaines et ont récemment été découvertes par hasard par des archéologues de l’université de Gand qui cherchaient des photos sur lesquelles ils pouvaient voir des vestiges de la guerre.

Ces photos ne sont pas seulement intéressantes en raison de leur valeur historique, mais permettent également une comparaison avec l’état actuel de nos côtes. Si seulement il existait une série similaire d’images récentes …

L’IRSNB à la rescousse !

Le mardi 14 avril 2020, à marée basse, l’équipe de surveillance aérienne de l’IRSNB a suivi la même trajectoire le long de tout le littoral belge à l’aide de son avion OO-MMM, prenant des images uniques de plages vides lors du premier lockdown Covid.

La presse a adoré et le 4 août 2021, 76 ans après le vol américain de 1945, l’Association flamande de radiodiffusion et de télévision (Vlaamse Radio- en Televisieomroeporganisatie – VRT) a mis bout à bout les deux séries d’images et les a comparées, révélant à la fois des similitudes étonnantes et des différences remarquables.

Comparaison des images de la côte d’Ostende en 1945 (© US Army) et 2020 (© IRSNB)

Consultez les comparaisons d’images (et d’autres informations) sur le site de la VRT (en néerlandais, avec une version abrégée sans comparaison en anglais).

Peut-être qu’un jour, dans 76 ans, les gens redécouvriront nos images dans des archives… 😉

Les parcs éoliens offshore augmentent le taux de stockage du carbone dans les fonds marins – des connaissances utiles pour l’aménagement de l’espace marin et les modèles de changement climatique.

Les organismes marins qui colonisent les éoliennes offshore (comme les moules) affectent les fonds marins. Nous le savions déjà, mais grâce aux résultats d’une récente recherche belgo-néerlandaise, nous savons maintenant exactement quelle est l’importance de cet effet. Les résultats ont été présentés dans deux articles récemment publiés. Ils décrivent en détail comment la matière organique se concentre dans et autour des parcs éoliens et se dépose en plus faible quantité à une plus grande distance. Cela entraîne un stockage accru du carbone dans les fonds marins des parcs éoliens, ce qui est important dans le contexte de la compensation climatique et de la gestion de la faune benthique vulnérable. Les résultats peuvent contribuer à la prise de décision sur des thèmes sensibles telles que la planification spatiale des parcs éoliens offshore dans les zones marines protégées et le futur démantèlement des éoliennes offshore.

Vue aérienne des parcs éoliens offshore belges. (©IRSNB)

Dans le cadre de la transition des sources d’énergie non renouvelables (fossiles) vers les sources d’énergie renouvelables, le nombre de parcs éoliens offshore augmente dans le monde entier. C’est également le cas en Belgique, qui est actuellement le cinquième producteur mondial d’énergie éolienne offshore. Une nouvelle zone éolienne offshore, la zone Princesse Elisabeth, est marquée sur le Plan d’Aménagement de l’Espace Marin belge pour la période 2020-2026. Elle fera plus que doubler la surface réservée à la production nationale d’énergie éolienne offshore (de 238 à 530 km² environ) et presque doubler la capacité (de 2,26 à > 4,26 gigawatts). La nouvelle zone coïncide en partie avec la zone de protection marine « Vlaamse Banken », un site Natura 2000 désigné en vertu de la directive européenne sur les habitats.

Les zones de parcs éoliens dans la partie belge de la mer du Nord (bleu = première zone, opérationnelle ; noir = zone princesse Elisabeth, à venir) et PAEM « Vlaamse Banken » (grand polygone vert au SO). (depuis le Plan d’Aménagement des Espaces Marins).

Treize ans de suivi des effets écologiques des parcs éoliens dans la première zone éolienne offshore belge ont montré que de grandes quantités d’invertébrés (moules, anémones, petits crustacés, etc.) colonisent les turbines, qui à leur tour attirent certaines espèces de poissons comme le cabillaud et la plie. Cependant, la connaissance des espèces colonisatrices et de leurs effets sur l’écosystème marin est restée largement limitée au niveau des turbines et des parcs éoliens individuels.

Les moules sont prédominantes dans la communauté des espèces envahissantes sur les éoliennes offshore. (©IRSNB)

Mise à l’échelle géographique

Le projet FaCE-It (Biodiversité fonctionnelle dans un milieu sédimentaire en évolution: Répercussions sur la biogéochimie et les chaînes alimentaires dans un contexte de gestion), qui s’est déroulé sur la période 2015-2020, a considérablement élargi ces connaissances.

« Dans le cadre de FaCE-It, nous avons étudié l’effet des parcs éoliens offshore sur le fonctionnement de l’écosystème marin. Pour la première fois, nous avons également étudié les effets de plusieurs parcs éoliens offshore dans plusieurs pays sur une grande échelle géographique. Nous avons utilisé une combinaison d’observations détaillées, d’expériences et de simulations de modèles, en nous concentrant sur les effets sur le fond marin » explique le coordinateur du projet, Jan Vanaverbeke, de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

Les partenaires du projet rendent compte de leurs résultats dans deux articles publiés dans Frontiers in Marine Science.

Changements dans l’enrichissement organique du fond marin (Ivanov et al., 2021)

Les espèces qui colonisent les éoliennes filtrent la nourriture de la colonne d’eau, puis fournissent un apport de matière organique au fond marin autour des éoliennes, à la fois sous la forme de leurs excréments et d’organismes morts qui coulent. Mais où aboutit exactement cette matière organique ? Cela a pu être vérifié grâce à des modèles qui décrivent les courants de l’eau (hydrodynamique, y compris les marées et les vagues) et le transport des sédiments. Ces modèles intègrent une représentation de la dynamique du carbone organique et des particules minérales dans la colonne d’eau et les sédiments. Cette intégration de mécanismes a clairement démontré que la présence de parcs éoliens offshore entraînait des changements importants dans le dépôt de matière organique sur le fond marin, autant à l’intérieur des parcs éoliens qu’à l’extérieur. Etant donné que cette matière organique sert de nourriture aux organismes vivant dans les fonds marins, (une partie de) la chaîne alimentaire peut être affectée.

Evgeny Ivanov de l’Université de Liège donne des détails : « Dans les parcs éoliens offshore et dans les zones qui les entourent, on observe une augmentation significative de la matière organique déposée sur les fonds marins (jusqu’à 15%, et même localement jusqu’à 50%), en particulier dans les zones situées le long des plus forts courants de marée (selon un axe NE/SO par rapport aux turbines). Dans les autres directions (NO et SE), une diminution du dépôt de matière organique est prédite (jusqu’à 10% de moins). Les parcs éoliens offshore multiples donneront donc lieu à une mosaïque de zones présentant une augmentation et une diminution du dépôt de carbone sur le fond marin. Dans les parcs éoliens et dans une zone de 5km autour des turbines, le bilan final est positif (davantage de matière organique), tandis que le dépôt est nettement réduit dans la zone environnante jusqu’à 30 km plus loin.

Dépôt annuel de carbone modélisé sur le fond marin dans et autour des parcs éoliens offshore (en %) comparé à ses valeurs naturelles (notez que les parcs éoliens dans la zone Princesse Elisabeth – la zone ouest sur la carte – n’est pas encore en place et qu’une implantation hypothétique des parcs éoliens a été utilisée). (©Université de Liège)

Stockage du carbone dans les parcs éoliens offshore (De Borger et al., 2021)

L’augmentation du dépôt organique entraîne un stockage accru de carbone dans le fond marin d’un parc éolien offshore. Emil de Borger, à l’époque à l’Université de Gand et aujourd’hui à l’Institut Royal Néerlandais de Recherche sur la Mer (NIOZ), a calculé exactement la quantité de carbone en jeu : « Entre 28 715 et 48 406 tonnes de carbone sont stockées dans les 10 cm supérieurs du fond marin dans un parc éolien offshore pendant sa durée de vie, définie ici comme étant de 20 ans. Ce carbone est parfois appelé « carbone bleu », c’est-à-dire du carbone piégé dans des formes organiques (comme des animaux ou des plantes), qui est ensuite enfoui. Sachant que ces chiffres correspondent à 0,014-0,025% des émissions annuelles de gaz à effet de serre en Belgique, on peut considérer qu’il s’agit d’une compensation carbone modeste mais néanmoins significative. »

Cette compensation carbone vient s’ajouter à la quantité beaucoup plus importante de carbone (CO2) qui n’est pas émise en utilisant une source d’énergie renouvelable au lieu d’une source d’énergie fossile. À titre de comparaison : En Belgique, les émissions de CO2 diminueraient de 1,04 à 2,86 millions de tonnes en utilisant de l’électricité d’origine éolienne plutôt qu’une turbine à gaz (sur la base de données de 2018). À cela, les quantités estimées de carbone qui sont stockées dans les sédiments apportent une contribution supplémentaire de 1 à 4,6 %.

Changements modélisés (%) du carbone organique total stocké dans les 10 cm supérieurs des sédiments dans et autour des parcs éoliens offshore, pour les scénarios « actuel » (A) et « futur » (B). (©Université de Gand)

Implications pour la planification spatiale des parcs éoliens en mer

Ces résultats ont des implications importantes pour la conception des nouveaux parcs éoliens offshore dans et à proximité de l’Aire Marine Protégée (AMP) du Vlaamse Banken. Dans cette AMP, on trouve des bancs de gravier précieux et menacés, qui abritent des espèces rares et sont protégés par la législation européenne. Une augmentation du dépôt de matière organique dans cette zone de lit de gravier n’est pas nécessairement bénéfique pour la faune filtreuse présente. Le choix de l’emplacement des nouveaux parcs éoliens offshore déterminera l’ampleur de l’impact sur les bancs de gravier, bien plus que le nombre de turbines, et une implantation prudente des turbines est nécessaire pour permettre aux parcs éoliens offshore et aux bancs de gravier de coexister d’une manière respectueuse de l’environnement dans la AMP du Vlaamse Banken.

En utilisant le modèle développé dans FaCE-It, il a été calculé que la localisation du nouveau parc éolien offshore à au moins 3 km en aval des lits de gravier n’entraînerait qu’une augmentation modérée du dépôt de matière organique. Si le choix se porte sur une localisation des parcs éoliens offshore en amont, la recommandation est de respecter une distance de 7 km. Dans la direction orthogonale au courant de marée, une distance de 2 à 4 km est conseillée.

Il est également démontré que la nature ne connaît pas de frontières géopolitiques. Les effets dépassent les frontières nationales : les futurs parcs éoliens offshore dans la partie française voisine de la mer du Nord affecteront la partie belge, tandis que la zone éolienne offshore belge opérationnelle affecte déjà la partie néerlandaise de la mer du Nord.

Un stockage de carbone de nature temporaire ?

Le stockage accru de carbone dans les sédiments à l’intérieur et autour des parcs éoliens offshore – et donc l’effet de régulation du climat – peut être de durée limitée. Si le fond marin est perturbé, le carbone accumulé peut être à nouveau libéré dans la colonne d’eau. Cela peut se produire à la suite d’activités de perturbation du fond marin telles que le chalutage de fond (autorisé en dehors d’un rayon de 50 m autour des éoliennes individuelles au Royaume-Uni et en France, mais totalement interdit en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne pendant les phases d’exploitation des parcs éoliens, où il peut être à nouveau autorisé après leur démantèlement), ou lorsque les zones de concession sont remises dans leur état d’origine après la durée de vie prévue des éoliennes (20-25 ans).

Par conséquent, les résultats de FaCE-It sur le stockage du carbone dans les sédiments ne sont pas seulement utiles pour soutenir la planification spatiale des parcs éoliens en mer, mais peuvent également éclairer la prise de décision sur les scénarios et la méthodologie de démantèlement futurs. Un scénario possible est le démantèlement partiel, dans lequel une partie de la structure sous-marine reste en place, est réaffectée ou déplacée.

 

FaCE-It (Biodiversité fonctionnelle dans un milieu sédimentaire en évolution: Répercussions sur la biogéochimie et les chaînes alimentaires dans un contexte de gestion) est un projet financé par Belspo, coordonné par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), et une coopération entre l’IRSNB, le Groupe de Recherche en Biologie Marine de l’Université de Gand, le groupe de recherche MAST_FOCUS du Département d’Astrophysique, de Géophysique et d’Océanographie de l’Université de Liège, l’Institut Flamand de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Alimentation (ILVO) et l’Institut Royal Néerlandais de Recherche sur la Mer (NIOZ).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Note d’orientation politique de l’European Marine Board sur la pérennisation des observations océaniques in situ

La nouvelle note d’orientation politique générale de l’EMB, lancée le 16 juin 2021 (pdf), porte sur les observations océaniques in situ et met en évidence leurs avantages, les problèmes de financement et de gouvernance, ainsi que les investissements nécessaires à leur transformation et à leur durabilité.

Ces jours-ci, une attention considérable est accordée, aux plus hauts niveaux politiques, aux actions et solutions visant à inverser le cycle de dégradation de la santé et de la capacité de production de l’océan. Mais « on ne peut pas gérer ce que l’on ne peut pas mesurer » et des informations océaniques actualisées, fondées sur des observations océaniques in situ systématiques et durables, feront partie intégrante de la conception et de l’évaluation de ces actions et solutions.

En outre, si l’océan doit être intégré dans l' »Internet des objets », il faudra une présence continue des « objets » dans l’océan. L’impact de la pandémie de COVID-19 sur les observations océaniques dans le monde entier a prouvé que le moment est venu d’accompagner l’action d’une volonté égale d’investir de manière cohérente et durable dans un système d’observation océanique qui fournira les informations nécessaires pour nous guider sur la voie de l’océan que nous voulons.

En faveur du « vert et du bleu ».

La nouvelle note d’orientation politique de l’EMB se concentre sur les observations océaniques in situ et met en évidence leurs avantages, les problèmes de financement et de gouvernance, ainsi que les investissements nécessaires à leur transformation et à leur durabilité. Les observations océaniques in situ sont toutes les observations des océans, des mers, ou des côtes, et sont complétées par la télédétection (par exemple celle des satellites).

Cette note d’orientation propose de reconnaître les observations océaniques in situ comme une infrastructure favorable générant des données d’intérêt public, qui fournirait des données et des informations adaptées au développement durable, au « Green Deal » et à l’économie bleue durable. Elle recommande également la mise en place d’un processus permettant d’examiner les coûts et les performances du système et de cartographier ses avantages économiques et environnementaux. Il devrait s’appuyer sur les efforts de coordination européens et mondiaux, créer des partenariats avec le secteur privé et la société civile, et être intégré aux observations et modèles satellitaires.

Ce document est le résultat d’un groupe de travail ad hoc mis en place par l’European Marine Board pour traiter ce sujet, à la lumière de la Décennie des Nations Unies pour les Sciences Océaniques au service du Développement Durable, ainsi que du début de l’ère de l’océan numérique. Cette nouvelle note d’orientation vise à informer les décideurs, les bailleurs de fonds et les acteurs de la gouvernance, nationaux et européens, le G7 et le G20, ainsi que les agences des Nations Unies telles que la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de l’UNESCO.

La synthèse peut être téléchargée ici (EN) (résolution web). Une version à plus haute résolution du document peut être téléchargée ici (EN). Plusieurs co-auteurs du document ont également réalisé de courtes vidéos abordant les messages du document. Vous pouvez les visionner sur la chaîne Youtube de l’EMB.

À propos de l’European Marine Board

L’European Marine Board (EMB) est un groupe de réflexion européen de premier plan en matière de politique des sciences marines. L’EMB est un réseau dont les membres comprennent plus de 10 000 spécialistes des sciences marines issus des principaux instituts marins/océanographiques nationaux, des agences de financement de la recherche et des réseaux nationaux d’universités des pays d’Europe. Le Conseil offre une plateforme à ses organisations membres pour développer des priorités communes, faire progresser la recherche marine et combler le fossé entre la science et la politique afin de relever les futurs défis et opportunités en matière de sciences marines. L’État Fédéral Belge est représenté au sein de l’EMB par le Bureau de la Politique Scientifique Fédérale Belge (BELSPO) et au sein du groupe de communication de l’EMB par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB).

Recommandations de l’IPBES/GIES sur la biodiversité et le changement climatique

En décembre 2020, 50 des plus grands experts mondiaux de la biodiversité et du climat, sélectionnés par un comité directeur scientifique de 12 personnes réuni par l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale de Politique Scientifique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques) et le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), ont participé à un atelier virtuel de quatre jours pour examiner les synergies et les compromis entre la protection de la biodiversité et l’atténuation / l’adaptation au changement climatique. Il s’agit de la toute première collaboration entre ces deux organismes de politique scientifique inter-gouvernementaux. Le rapport de l’atelier coparrainé par l’IPBES et le GIEC (EN) sur la biodiversité et le changement climatique, disponible ci-dessous, a été publié le 10 juin 2021 lors d’une conférence de presse virtuelle.

Les participants ont également produit un résultat scientifique associé, composé de sept sections scientifiques, d’une liste d’environ 1 500 références bibliographiques, d’un glossaire et d’annexes.

Lire le rapport complet

Le rapport constate que la perte de biodiversité et le changement climatique sont induits par les activités économiques humaines et se renforcent mutuellement. Cependant, les politiques précédentes ont largement abordé la perte de biodiversité et le changement climatique indépendamment l’un de l’autre. La prise en compte des synergies entre l’atténuation de la perte de biodiversité et le changement climatique, tout en considérant leurs impacts sociaux, offre la possibilité de maximiser les bénéfices et d’atteindre les objectifs de développement mondiaux.

Les auteurs préviennent également que des actions étroitement ciblées sur la lutte contre le changement climatique peuvent nuire directement et indirectement à la nature et vice-versa, mais il existe de nombreuses mesures qui peuvent apporter des contributions positives significatives dans les deux domaines. Parmi les actions disponibles les plus importantes identifiées dans le rapport, on peut citer :

  • Mettre un terme à la perte et à la dégradation des écosystèmes riches en carbone et en espèces sur terre et dans les océans, en particulier les forêts, les zones humides, les tourbières, les prairies et les savanes ; les écosystèmes côtiers tels que les mangroves, les marais salants, les forêts de laminaires et les prairies sous-marines ; ainsi que les habitats d’eau profonde et polaires à carbone bleu. Le rapport souligne que la réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts peut contribuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, dans une large fourchette allant de 0,4 à 5,8 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone par an.
  • Restaurer les écosystèmes riches en carbone et en espèces. Les auteurs soulignent que la restauration est l’une des mesures d’atténuation du changement climatique fondées sur la nature les moins coûteuses et les plus rapides à mettre en œuvre. Elle offre un habitat indispensable aux plantes et aux animaux, renforçant ainsi la résilience de la biodiversité face au changement climatique, avec de nombreux autres avantages tels que la régulation des inondations, la protection des côtes, l’amélioration de la qualité de l’eau, la réduction de l’érosion des sols et la garantie de la pollinisation. La restauration des écosystèmes peut également créer des emplois et des revenus, surtout si l’on tient compte des besoins et des droits d’accès des populations autochtones et des communautés locales.
  • Accroître les pratiques agricoles et forestières durables pour améliorer la capacité d’adaptation au changement climatique, renforcer la biodiversité, augmenter le stockage du carbone et réduire les émissions. Il s’agit notamment de mesures telles que la diversification des espèces végétales et forestières plantées, l’agroforesterie et l’agroécologie. Le rapport estime que l’amélioration de la gestion des terres cultivées et des systèmes de pâturage, notamment la conservation des sols et la réduction de l’utilisation des engrais, offre un potentiel annuel d’atténuation du changement climatique de 3 à 6 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone.
  • Renforcer et mieux cibler les actions de conservation, en les coordonnant et en les soutenant par une forte adaptation au climat et par l’innovation. Les zones protégées représentent actuellement environ 15 % des terres et 7,5 % des océans. Des résultats positifs sont attendus d’une augmentation substantielle des zones intactes et efficacement protégées. Les estimations mondiales des besoins exacts en zones efficacement protégées et conservées pour garantir un climat habitable, une biodiversité autonome et une bonne qualité de vie ne sont pas encore bien établies, mais se situent entre 30 et 50 % de l’ensemble des surfaces océaniques et terrestres. Parmi les options permettant d’améliorer les effets positifs des zones protégées, citons l’augmentation des ressources, l’amélioration de la gestion et de l’application des règles, ainsi que l’amélioration de la répartition et de l’inter-connectivité entre ces zones. Les mesures de conservation au-delà des zones protégées sont également mises en avant, notamment les couloirs de migration et la planification de l’évolution des climats, ainsi qu’une meilleure intégration des populations dans la nature afin de garantir un accès et une utilisation équitables des contributions de la nature aux populations.
  • L’élimination des subventions qui soutiennent les activités locales et nationales nuisibles à la biodiversité, telles que la déforestation, la surfertilisation et la surpêche, peut également contribuer à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à celui-ci, tout comme la modification des modes de consommation individuels, la réduction des pertes et des déchets et l’évolution des régimes alimentaires, en particulier dans les pays riches, vers des options plus végétales.

La Plateforme Belge sur la Biodiversité (basée à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) fait office de Point Focal Belge de l’IPBES. Les activités du point focal consistent à impliquer les experts et les parties prenantes belges dans le programme de travail de l’IPBES.

Coordonner l’observation de la biodiversité en mer : Une collaboration couvrant l’océan austral et le reste du globe

Le réseau d’Observation de la Biodiversité Marine (Marine Biodiversity Observation Network, MBON), le Comité Scientifique de Recherche Antarctique (Scientific Comitee on Antarctic Research, SCAR), et le Portail de Biodiversité en Antarctique du SCAR partagent une vision commune de la mise en place et de la coordination d’un système mondial d’observation de la biodiversité des océans. L’objectif commun est d’évaluer systématiquement l’état et les tendances de la biodiversité des océans, y compris les ressources biologiques et les écosystèmes, et la manière dont ils évolueront à l’avenir.

Ce système d’observation fournira les données, les informations et les connaissances dont on a besoin pour conserver efficacement et utiliser durablement la vie marine, non seulement dans les quatre océans traditionnels mais aussi dans le cinquième océan récemment reconnu par National Geographic. L’océan Austral, entourant le continent antarctique et toutes les eaux océaniques au-delà des Zones Economiques Exclusives (ZEE) représentent un véritable « bien commun » pour l’humanité. L’observation de ces eaux, de la surface aux abysses, et en particulier de la vie dans ces zones, permettra de progresser vers la sauvegarde de l’environnement et la protection de l’intégrité de l’écosystème des mers entourant l’Antarctique, comme le prévoient la Convention sur la Conservation de la Faune et de la Flore Marines de l’Antarctique (CCAMLR), les objectifs mondiaux 2030 des objectifs de développement durable des Nations Unies (y compris l’objectif 14) et la Décennie des Nations Unies pour les océans, ainsi que les nouveaux objectifs et indicateurs 2050 de la Convention sur la Diversité Biologique (Convention on Biological Diversity, CBD).

L’accord entre le MBON, le SCAR et le Portail de la Biodiversité en Antarctique de SCAR reconnaît une coopération en cours pour renforcer la capacité d’observation des océans et pour utiliser les meilleures ressources et expertise disponibles. Les entités conviennent de collaborer en respectant les principes de réciprocité, d’avantages mutuels et de partage des résultats, ainsi que de renforcer l’échange d’idées et l’intégration avec les initiatives mondiales de données marines telles que le Système Global d’Observation des Océans (Global Ocean Observation System, GOOS), le Système d’Information sur la Biodiversité des Océans (Ocean Biogeographic Information System, OBIS), le Système des Meilleures Pratiques relatives aux Océans (OBPS), et d’autres.

Les acteurs :

Le Réseau d’Observation de la Biodiversité Marine (Marine Biodiversity Observation Network, MBON) est le principal pilier du Réseau d’Observation de la Biodiversité du Groupe d’observation de la Terre (Group on Earth Observations Biodiversity Observation Network, GEO BON) pour le domaine marin. Le MBON est une communauté de pratique qui facilite la coordination des programmes de surveillance individuels et des réseaux existants axés sur les aspects locaux, régionaux et thématiques de la biologie et de la biodiversité marines, afin d’améliorer les normes et les meilleures pratiques en matière de collecte, de gestion et de publication de données sur la biodiversité marine et sur l’état et les tendances des écosystèmes et de leurs services.

Le Comité Scientifique de Recherche Antarctique (Scientific Comittee on Antarctic Research, SCAR) est une organisation thématique du Conseil International des Sciences (International Science Council, ISC) créée en 1958. Le SCAR est chargé d’initier, de développer et de coordonner la recherche scientifique internationale de haute qualité dans la région de l’Antarctique (y compris l’océan Austral), et sur le rôle de la région de l’Antarctique dans le système terrestre. Le SCAR fournit des conseils scientifiques objectifs et indépendants au Système du Traité sur l’Antarctique et à d’autres organisations telles que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur des questions de science et de conservation touchant à la gestion de l’Antarctique et de l’océan Austral et sur le rôle de la région antarctique dans le système terrestre.

Le Portail de la Biodiversité en Antarctique (biodiversity.aq) est un effort international du SCAR, hébergé par l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB). Il trouve ses racines dans le recensement de la vie marine en Antarctique et a été lancé en 2005. Il vise à accroître nos connaissances et notre compréhension de la biodiversité de l’Antarctique et de l’océan Austral. Le portail SCAR sur la Biodiversité de l’Antarctique est le nœud thématique régional du Système d’Information sur la Biodiversité des Océans (Ocean Biodiversity Information System, OBIS) et du Système Global d’Information sur la Biodiversité (Global Biodiversity Information Facility, GBIF) et travaille en étroite collaboration avec le Système d’Observation de l’Océan Austral (Southern Ocean Observing System, SOOS). Il apporte son soutien à la publication des données sur la biodiversité de l’océan Austral et à l’amélioration des normes et des meilleures pratiques en matière de collecte, de gestion et de publication des données sur la biodiversité marine.

Des plongeurs scientifiques reçoivent la visite de deux grands dauphins

Le 26 février, deux grands dauphins se sont restés durant toute la plongée avec les scientifiques près de la plate-forme de mesure du Westhinder, dans le sud-ouest de la partie belge de la mer du Nord. Un tel comportement social est connu chez les dauphins solitaires, y compris un grand dauphin qui se trouve dans la zone depuis longtemps, mais il est plutôt exceptionnel pour un couple. Les plongeurs ont profité de l’occasion pour prendre de belles images. Les grands dauphins semblent être devenus plus communs dans les eaux marines belges ces dernières années. Toutefois, plus de loisirs en mer, la facilité croissante avec laquelle les images peuvent être prises et le partage fréquent d’informations sur les médias sociaux jouent également un rôle dans cette perception.

Un grand dauphin cherche la compagnie des plongeurs, 26 février 2021, partie belge de la mer du Nord (© IRSNB/A. Norro)

Vendredi 26 février 2021, les plongeurs scientifiques Alain Norro de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), Sven Van Haelst de l’Institut flamand de la mer (VLIZ) et Marc Van Espen (bénévole de l’IRSNB) ont reçu la visite sous-marine de deux grands dauphins (Tursiops truncatus). La rencontre a eu lieu autour de la plate-forme de mesure du Westhinder, dans la partie sud-ouest de la mer du Nord belge. Sven a également vu les dauphins trois jours plus tôt dans cette zone, mais ils ont alors gardé leurs distances. Cette fois, cependant, ils ont approché les plongeurs de très près, et Alain et Sven ont saisi l’occasion pour prendre des images uniques. E. Vermeire a également pu ajouter du matériel vidéo provenant de l’Ephyra.

Regardez ici une belle compilation des images (©IRSNB/VLIZ/Ephyra).

Suite à cet événement, nous énumérons quelques faits et incertitudes concernant les grands dauphins dans les eaux belges.

Grands dauphins en mer du Nord et en Belgique

Le grand dauphin peut être considéré comme faisant partie de la faune de la région de la mer du Nord, avec des populations établies le long des côtes de la Normandie et de la Bretagne (Manche ; environ 400 spécimens), et le long de la côte de la mer du Nord de l’Angleterre et surtout de l’Écosse (max. 150). Il y avait autrefois une population permanente le long de la côte belge et néerlandaise, mais il faut remonter un demi-siècle en arrière. L’accord international ASCOBANS (Accord sur la conservation des petits cétacés de la mer Baltique, de l’Atlantique du Nord-Est, de la mer d’Irlande et de la mer du Nord), dans lequel l’IRSNB représente la Belgique, estime la population totale de l’Atlantique européen (y compris la mer du Nord) de grands dauphins côtiers à 2000 individus. Pour les grands dauphins vivant dans les eaux océaniques de l’Atlantique, aucune estimation fiable n’est disponible.

Dans les eaux belges l’espèce a semblé être rare pendant longtemps. Depuis le début du siècle, souvent seules quelques observations par an ont été enregistrées, et certaines années aucune. Les groupes étaient encore plus exceptionnels, et les résidents à long terme étaient également rares (par exemple en août – novembre 2010 près d’Ostende, en septembre 2014 près de Knokke). À partir de 2015, cependant, nous constatons un changement et les grands dauphins sont signalés plus régulièrement en Belgique. Une douzaine d’observations par an n’est plus exceptionnelle, et on rencontre aussi bien des groupes que des spécimens solitaires. Cette dernière catégorie comprend un grand dauphin qui a été vu régulièrement pendant de plus longues périodes (plusieurs mois d’affilée) le long de la frontière maritime franco-belge depuis 2015, dans la même zone où la rencontre du 26 février a eu lieu. Plus de détails sur l’occurrence du grand dauphin dans les eaux belges peuvent être consultés dans les rapports annuels sur les mammifères marins de l’IRSNB (publiés depuis 2014).

Grand dauphin saute hors de l’eau, 26 février 2021, partie belge de la mer du Nord (© Ephyra/E. Vermeire)

Origine et explications du nombre croissant d’observations

Les animaux observés chez nous proviennent très probablement de la population normo-bretonne ou de la population de la côte est de l’Écosse. Quelques cas de grands dauphins dans les eaux néerlandaises pourraient être liés aux deux populations par des caractéristiques spécifiques (par exemple, des cicatrices ou des nageoires endommagées).

La tendance de la population du grand dauphin dans la zone de la mer du Nord et de l’océan Atlantique n’est pas connue avec précision. Il est donc difficile d’estimer dans quelle mesure l’augmentation récente du nombre de rapports d’observation belges y est liée. Cependant, il est bien établi que des observations différentes se rapportent parfois au même résident de longue durée, et n’indiquent donc pas une augmentation du nombre. En outre, les biologistes marins collectent désormais des données en utilisant un plus large éventail de techniques de recherche : les dauphins et autres mammifères marins ne sont plus seulement recensés lors d’expéditions avec des navires scientifiques, mais également par des comptages aériens et des suivis acoustiques sous-marins. On constate également que des observations des non-scientifiques affluent également plus librement dans les bases de données scientifiques (marinemammals.be, observations.be). Entre autres, le partage fréquent sur les médias sociaux fait que les rencontres avec les dauphins parviennent plus souvent aux scientifiques. La présence croissante d’utilisateurs récréatifs en mer et la facilité croissante avec laquelle on peut prendre des photos et des images filmées peuvent également jouer un rôle.

Réflexions concernant le comportement social

 Les grands dauphins, qu’ils soient solitaires ou en groupe, sont des animaux curieux et joueurs. Ils aiment chercher les navires et nagent régulièrement le long de ceux-ci, souvent dans la vague d’étrave. Nous ne savons pas encore très bien s’ils en retirent un quelconque avantage biologique. Un véritable comportement social envers les humains n’est observé que chez les animaux solitaires. On distingue quatre stades en fonction de leur comportement : au stade 1, un animal s’installe dans une certaine zone mais ne s’approche pas des gens ; au stade 2, il suit les bateaux, examine les cordes et s’intéresse aux personnes dans l’eau (mais garde ses distances) ; au stade 3, il accepte et recherche le contact, et au stade 4, il peut montrer un comportement agressif, dominant ou même sexuel (bien que les gens interprètent généralement cela comme un comportement amical).

Les grands dauphins solitaires qui ont été présents dans les eaux belges ces dernières années peuvent être classés dans les stades 1 et 2, ce qui signifie qu’ils recherchent et suivent tout au plus des personnes. Ce dernier point est également vrai pour le grand dauphin de la zone de Westhinder, qui a suivi les plongeurs pendant leur descente vers le fond ou est resté avec eux pendant les arrêts de déco. Le fait que les plongeurs aient pu compter sur l’intérêt de deux grands dauphins le 26 février peut être qualifié d’exceptionnel. Sur la base de certaines caractéristiques, on soupçonne que l’un des animaux était l’animal connu de longue date qui a apparemment trouvé de la compagnie.

L’apparition de grands dauphins solitaires dans la partie sud de la mer du Nord pourrait être due à la décimation des populations historiques. Les animaux qui sont chassés d’un groupe, ou qui quittent le groupe, ont du mal à trouver d’autres groupes à rejoindre à proximité parce que ces groupes n’existent tout simplement plus. Il existe plusieurs théories sur la cause de cette socialisation envers les humains. Il est possible qu’il s’agisse d’animaux ayant subi un traumatisme, ou qui ne se sont jamais adaptés socialement au sein du groupe de leur propre espèce. En ce sens, les dauphins que nous qualifions de sociaux (envers les humains) peuvent aussi être considérés comme asociaux (envers les congénères).

Un grand dauphin cherche la compagnie des plongeurs, 26 février 2021, partie belge de la mer du Nord (© VLIZ/S. Van Haelst)

Contexte de la mission de plongée scientifique du 26 février

L’équipe de plongeurs scientifiques était sur place pour une mission de maintenance de la station de surveillance continue du bruit sous-marin installée sur la plateforme du Westhinder dans le cadre du projet de recherche JOMOPANS (Joint Monitoring Programme for Ambient Noise in the North Sea, INTERREG). Cette plateforme sert principalement de balise lumineuse, et joue aussi un rôle important en tant que nœud du réseau de surveillance de l’Agence flamande de Services Maritimes et Côtiers. Le jour de l’événement, l’IRSNB avait loué le bateau charter Ephyra, long de 19 m, ce qui a permis à l’équipe de trois plongeurs d’observer les règles applicables du COVID-19 en matière de distance sociale.

Cette mission de plongée scientifique conjointe, ainsi que d’autres, sont organisées dans le cadre d’une coopération entre divers instituts, universités et services gouvernementaux existant au sein du secteur de la plongée scientifique (Groupe de travail Belge sur la plongée scientifique), crée et coordonné par la politique scientifique fédérale (BELSPO).

Distanciation sociale vis-à-vis des dauphins

Il n’est pas impossible que des grands dauphins soient rencontrés dans les eaux belges cet été. Nous attirons l’attention sur le fait que, dans de tels cas, il est préférable de garder une certaine distance avec les animaux et de les laisser s’approcher du navire plutôt que de les rechercher activement. Dans la mer du Nord, des cas récents de collisions entre des bateaux rapides et des grands dauphins ont été documentés, avec des conséquences souvent fatales pour les animaux concernés.