Une nouvelle méthode permet le traitement de quatre décennies de données satellites

Durant les quatre dernières décennies, différents satellites ont circulé autour de la Terre en récoltant de nombreuses données. Toutefois, au cours de cette période, la technologie a évolué, ce qui a créé le besoin d’une méthode de traitement unifiée. Un algorithme et un logiciel nouvellement développés rendent maintenant possible le traitement constant de toutes ces données et l’obtention d’une série d’images unifiées pour des paramètres comme la réflectivité et la turbidité de l’eau.

Depuis le lancement du satellite Landsat 5 en 1984, des images satellites des territoires et zones côtières de la Terre ont été prises tous les 16 jours. Landsat 5 a produit une imagerie régulière pendant plus de 25 ans et a été complètement désactivé en 2013. Sa mission est continuée par Landsat 7 (lancé en 1999) et Landsat 8 (2013). Les missions Landsat sont complétées par deux missions Sentinel-2, lancés en 2015 (S2A) et 2017 (S2B), qui capturent la Terre tous les cinq jours. Les données des missions Landsat sont en accès libre depuis 2008, et celles de Sentinel-2 le sont depuis leur lancement. La combinaison des flux de données permet d’étudier de longues séries chronologiques, mais en raison des différences de conception des capteurs et des formats d’image de ces satellites, il était difficile d’aligner ces données dans le temps. Plus précisément, un algorithme de correction atmosphérique et un logiciel de traitement automatique et cohérent de ces images étaient nécessaires.

Un traitement unifié

Dans une récente publication du journal « Remote Sensing of Environment », Quinten Vanhellemont du groupe de télédétection (Remote Sensing, REMSEM) de notre Institut décrit une méthode de traitement unifié des données afin d’en extraire la réflectivité de l’eau ainsi que d’autres paramètres, comme sa turbidité. Ces résultats ont été validés avec de longues séries chronologiques de mesures in situ de la Terre entière (Figure 1). Cela a été la méthode par défaut dans le logiciel ACOLITE depuis avril 2018, qui peut traiter l’imagerie des Sentinel-2A/B et des Landsat 5/7/8. ACOLITE a aussi été développé par Quinten Vanhellemont à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique.

Figure 1 : Chronologie de la turbidité de l’eau à partir de mesures in situ (trait plein) et obtenue par l’imagerie satellite du sud de la Mer du Nord. On trouve une bonne correspondance sur les 20 ans de la chronologie.

Images d’une longue chronologie

Le traitement unifié de données recueillies par différents satellites offre une série de données et d’images standardisées et facilement interprétables (et aussi très belles). Dans la zone côtière Belge, on peut par exemple observer l’impact de l’extension des ports de Zeebrugge et d’Ostende sur la sédimentation des deux côtés des parois des ports. Les séries d’images en figure 2 montrent une accumulation de sable à l’Est et l’Ouest des ports étendus. La turbidité de l’eau est aussi extraite et, dans la zone côtière Belge, est principalement dominée par la resuspension de matière du fond en cycles superposés : un cycle annuel de haute turbidité en hiver, et basse en été, ainsi des cycles de resuspension par les marées hautes et basses et les cycles de marées de morte eau et de vive eau.

Figure 2a : Extension des parois des ports et des quais intérieurs du port de Zeebrugge, et accumulation de sable sur les plages à l’Est et l’Ouest du port (années 1980-2010).
Figure 2b : Port d’Ostende (années 1980-2010)

Vanhellemont, Quinten. « Adaptation of the dark spectrum fitting atmospheric correction for aquatic applications of the Landsat and Sentinel-2 archives. » Remote Sensing of Environment 225 (2019): 175-192. https://doi.org/10.1016/j.rse.2019.03.010

ACOLITE: processeur https://odnature.naturalsciences.be/remsem/software-and-data/acolite

ACOLITE: forum https://odnature.naturalsciences.be/remsem/acolite-forum/

ACOLITE: code source https://github.com/acolite/acolite

EUROFLEETS+ Appel à candidature de temps-navire et d’utilisation d’equipement marin (Programme SEA, Ship-time and marine Equipment Application)

Eurofleets+ est une alliance d’infrastructures européennes de recherche marine visant à répondre aux besoins évolutifs des milieux de la recherche et de l’industrie.

Informations générales

Le projet Eurofleets+ facilite un libre-accès à une flotte de navires de recherche intégrée et perfectionnée, conçue pour satisfaire les besoins changeants et complexes de l’ensemble des utilisateurs. Des chercheurs européens et internationaux du monde scientifique et de l’industrie peuvent postuler pour différents programmes d’accès grâce à un système à entrée unique. Eurofleets+ favorise le soutien de recherches pour des océans durables, propres, et sains, liées à des infrastructures d’observation marine existantes, et soutient l’innovation en travaillant de près avec l’industrie.

Les Navires de Recherche Eurofleets+ accessibles : le projet permet l’accès à une flotte unique de 27 navires de recherche de pointe (13 globaux/océaniques et 14 régionaux) appartenant à des partenaires européens et internationaux. A travers des appels concurrentiels, Eurofleets+ offre une large couverture géographique, avec accès à la Méditerranée et à la mer Noire, à la mer Baltique et à la mer du Nord, à l’Atlantique Nord (y compris le Groenland et les mers norvégiennes), et à l’Océan Pacifique Sud et la mer de Ross.

Les équipements embarqués Eurofleets+ accessibles : les chercheurs ont accès à un équipement de pointe, notamment 7 Véhicules téléguidés (ROV) et 5 Robots sous-marins autonomes (AUV). Un système de téléprésence portable unique en son genre permet l’accès à distance aux chercheurs et à divers utilisateurs finaux, y compris le public ; une première en Europe.

Les programmes Eurofleets+

Trois programmes d’accès seront lancés dans Eurofleets+ :

1) Temps-navire et Applications d’Equipement Marin (Programme SEA) pour l’accès aux navires et aux équipements marins à travers une demande complète de temps-navire, pour laquelle auront lieu au minimum deux appels, l’un pour les navires océaniques, et l’autre pour les navires régionaux. L’appel SEA pour les navires océaniques a ouvert le 26 juin et le reste jusqu’au 27 Septembre 2019. Vous trouverez plus de détails sur cet appel ci-dessous. L’appel SEA pour les navires régionaux ouvrira en automne 2019, et restera aussi ouvert pendant trois mois. Les navires de recherches et équipements marins non offerts ou demandés lors du premier appel (Océans), ou avec des capacités supplémentaires seront offerts au second appel (Régional).

2) Le programme Co-PI qui cible spécifiquement les chercheurs en début de carrière, pour qu’ils exécutent leurs propres recherches avec les scientifiques expérimentés pendant les expéditions Eurofleets+ prévues. L’ouverture des candidatures pour le programme Co-PI est attendue dès Novembre 2019, et devrait rester ouverte en permanence jusqu’en début 2022.

3) L’Accès Transnational à distance (programme RTA, Remote Transnational Access) doit fournir aux chercheurs un accès aux prélèvements et aux données de la flotte Eurofleets+. L’accès à distance permettra de répondre aux besoins de projets, d’échantillons ou de données de moindre envergure, lorsque cela peut se faire en une journée de temps-navire. Les candidatures pour le programme RTA pourront se faire lors d’un appel continu, qui devrait lui aussi être ouvert de Novembre 2019 à début 2022.

Notes : Les candidats non-européens sont aussi éligibles au financement. Les partenaires de l’industrie, les chercheurs en début de carrière et les chercheuses sont encouragés à déposer leur candidature.

Les financements Eurofleets+ recouvrent l’utilisation des navires, l’équipage, le carburant et autres coûts de fonctionnement standards, ainsi que les frais de déplacement de l’équipe à bord, et le transport de l’équipement et des prélèvements.

L’appel à candidatures du programme SEA « OCEANS »

Le programme SEA offre un accès transnational entièrement financé à 14 navires de recherche (dont certains avec la Certification Glace) et à 9 Équipements Marins pour mener des activités de recherche sur les navires dans n’importe quel domaine des sciences marines.

Les critères de financement, les directives de demande et les critères complets de sélection.

Cet appel à candidatures restera ouvert aux propositions jusqu’au Vendredi 29 septembre 2019.

Navires de recherche:

Océan Atlantique Nord

RV Arni Freidrickson (HAFRA, Islande)

RV Celtic Explorer (MI, Irlande)

RV DANA (DTU, Danemark)

RV Magnus Heinason (HAVST, Iles Faroe)

RV Mar Portugal (IPMA, Portugal)

Océan Arctique

RV Sanna (GRONLANDS, Groenland)

RV G.O. SARS (HAVFO, Norvège)

Mer Méditerranée, Océan Atlantique

RV Alliance (NATO-CMRE, Italie)

RV Pelagia (NIOZ, Pays-Bas)

RV Ramon Margalef (IEO, Espagne)

RV Thalassa (IFREMER, France)

Atlantique Nord-Ouest/Ouest

RV Coriolis II (UQAR, Canada)

RV Atlantic Explorer (BIOS, Bermudes)

Océan Pacifique

RV Tangaroa (NIWA, Nouvelle-Zélande)

Equipement marin:

AUV Hugin (UGOT, Suède)

AUV Hugin (FFI, Norvège)

ROV Ægir 6000 (UiB, Norvège)

HROV Ariane (Ifremer, France)

ROV Genesis (VLIZ, Belgique)

ROV Holland1 (MI, Irlande)

ROV LUSO (IPMA, Portugal)

ROV Marum Squid (UB, Allemagne)

ROV Ocean Modules V8 offshore (UGOT, Suède)

VSAT Satellite System (Unité de téléprésence) (GFOE, États-Unis)

Description détaillée des navires de recherche et des équipements marins proposés par EUROFLEETS+.

Contact : eurofleetsplus@awi.de

L’IRSNB et la Réserve Naturelle de Zwin installent des GPS sur des cigognes blanches.

Fin juin, dans la Réserve Naturelle de Zwin, à Knokke-Heist, trois jeunes cigognes ont été équipées d’émetteurs. Grâce à ces émetteurs, les mouvements des cigognes peuvent être suivis à tout moment. A travers cette étude, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et la Réserve Naturelle de Zwin veulent documenter les conséquences des changements de conditions dans les zones d’hivernage sur les comportements migratoires des cigognes.

Jeune cigogne blanche équipée d’un émetteur fin juin 2019 à la Réserve Naturelle deZwin. (© Zwin Natuur Park)

Depuis que Leon Lippens a lancé un programme d’introduction de cigognes Ciconia ciconia dans la réserve de Zwin en 1957, environ cinq cents jeunes y ont éclos (le premier en 1965). Plus de 300 d’entre eux ont été équipés de bagues scientifiques dans le cadre d’une tradition de recherche scientifique et d’une coopération avec l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. La majorité d’entre eux ont été signalés au moins une fois (en moyenne cinq fois par cigogne signalée), principalement sur un axe vers le Sud-Ouest, à travers la moitié occidentale de la France et l’Espagne centrale. L’observation la plus lointaine d’une cigogne de Zwin venait d’Algérie, à 2164km de Zwin. Mais on a aussi signalé que les cigognes belges passaient l’hiver en Afrique de l’Ouest, jusqu’au Sénégal et au Mali. La cigogne blanche est l’une des espèces pour laquelle la Réserve Naturelle de Zwin a été désignée comme zone de protection spéciale sur la Directive Oiseaux de l’UE.

Signalements de cigognes blanches baguées en Belgique, 1965-2019 (© IRSNB/Geoapp BeBIRDS)

Cette année, la population de Zwin comptait 13 couples reproducteurs. Cependant, dans un espace plus large (région de Knokke-Heist, Damme, Bruges, et au-delà de la frontière néerlandaise), 27 couples supplémentaires ont été signalés, et ainsi le total régional de la population ne comptait pas moins de 40 couples reproducteurs. Il y a quelques années, le nourrissage des cigognes dans le Zwin a cessé, ce qui a probablement contribué à leur distribution dans un espace plus large.

Des émetteurs en plus des bagues

En 2019, le Zwin a aussi prêté attention au baguage d’un certain nombre de jeunes cigognes. Le 5 juin, 13 individus ont été équipés de bagues scientifiques. Les codes de ces bagues peuvent être lus à distance avec des jumelles ou un télescope, mais les chances qu’une cigogne baguée soit observée et signalée restent assez minimes. Même si de telles observations nous apprennent beaucoup, ce ne sont que des aperçus. Avec un émetteur, un oiseau peut être suivi continûment, ce qui fournit plus d’informations sur la survie, les mouvements, et l’utilisation de l’habitat des oiseaux équipés d’émetteurs.

Les émetteurs pèsent seulement 25 grammes et utilisent l’énergie solaire (© Zwin Natuur Park)

Le 26 juin, trois jeunes cigognes de Zwin (provenant de deux nids) ont été équipées d’émetteurs pour la première fois. Ils pèsent seulement 25g, ce qui représente moins d’un pourcent du poids des oiseaux. Les émetteurs sont très durables : ils fonctionnent par énergie solaire et transmettent les données collectées par le GPS grâce au réseau GSM. Il n’y a pas à s’inquiéter du manque de réception : tout est enregistré dans la mémoire interne et communiqué quand le réseau est retrouvé. La précision est stupéfiante : la position est déterminée à quelques mètres près.

L’utilisation spatiale de l’une des jeunes cigognes équipée d’un émetteur (période du 20 au 28 juillet, l’oiseau attend sur le site de reproduction) montre une très haute résolution. (© IRSNB/Geoapp BeBIRDS)

Des cigognes dans des décharges

Avant 1990, quasiment toutes les cigognes traversaient le détroit de Gibraltar (le détroit qui sépare l’Espagne du Maroc) en automne pour passer l’hiver en Afrique de l’Ouest. Toutefois, beaucoup de choses ont changé depuis. De plus en plus de cigognes ont compris qu’elles pouvaient réduire ce voyage long et fatigant en restant en Espagne, où elles trouvent toute la nourriture dont elles ont besoin dans des décharges. Pendant l’hiver 2018-2019, jusqu’à 46 000 cigognes en hivernage ont été comptées sur la péninsule Ibérique. Cela ne représente pas moins de 20% de la population d’Europe de l’Ouest. Ces oiseaux ont aussi une plus grande chance de survie, et retournent plus rapidement sur les sites de reproduction au printemps, où ils peuvent occuper les meilleurs territoires.

Les cigognes n’ont aucun problème à avoir un émetteur sur le dos (© K. Moreau/IRSNB)

Mais… des nuages se dressent sur le ciel du paradis des cigognes en Espagne. La Directive-Cadre Européenne sur les Déchets interdit les décharges à ciel-ouvert, et la Commission Européenne a poursuivi l’Espagne à la Cour Européenne de Justice en Juin 2018, à la suite d’appels répétés pour que cette législation soit appliquée en Espagne. Les décharges espagnoles que les cigognes avaient appris à utiliser seront donc fermées d’ici peu. Cela changera fondamentalement l’état et les conditions de leurs quartiers d’hivernage. L’IRSNB et la Réserve Naturelle de Zwin cherchent donc à utiliser les émetteurs pour documenter l’impact de cette situation changeante en Espagne sur les comportements migratoires des cigognes.

Deux jeunes cigognes avec des émetteurs dans le “ Kleine Vlakte ” à l’extérieur de la Réserve Naturelle de Zwin (© K. Moreau/IRSNB)

Les résultats de la recherche peuvent être suivis sur une page spécifique du site web de la Réserve Naturelle de Zwin. Il est prévu d’équiper d’autres cigognes d’un émetteur dans les années à venir.

Comme un aéroport international pour oiseaux, la Réserve Naturelle de Zwin est un centre de connaissances et d’expertise pour les migrations aviaires. En plus de baguer les cigognes et de leur installer des transmetteurs, la Réserve Naturelle de Zwin se concentre aussi sur le baguage d’autres espèces. Du 1er août au 20 octobre 2019, le baguage aura lieu presque tous les jours, et le public pourra profiter d’un aperçu de cette activité. En Belgique, le baguage scientifique d’oiseaux est coordonné par le groupe BeBIRDS de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB).

EuroGOOS, le Système Européen d’Observation Globale de l’Océan

EuroGOOS est l’élément européen du Système d’Observation Globale de l’Océan de la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO (IOC GOOS). Le secrétariat de l’EuroGOOS se trouve à Bruxelles, au service de 44 membres et soutenant cinq systèmes régionaux en Europe. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), et son Centre de Prévisions Marines en particulier, est l’un de ces membres et participe au Système Océanographique Opérationnel du plateau continental du Nord-Ouest (NOOS).

EuroGOOS identifie les priorités, met en avant la coopération et promeut les avantages de l’océanographie opérationnelle pour garantir des observations soutenues dans les mers européennes, qui soutiennent une série de produits et de services adaptés aux utilisateurs finaux marins et maritimes.

Les équipes de travail, réseaux de plateformes d’observation (groupes de travail), et les systèmes régionaux (ROOS) fournissent des forums pour la coopération, révèlent des données marines de qualité et transmettent des stratégies, priorités et standards communs. Les nombreux réseaux EuroGOOS œuvrent pour une observation européenne cohérente, durable et adaptée de l’océan, qui soutienne la perspective de la Système Européen d’Observation de l’Océan (EOOS).

L’assemblée générale de l’EuroGOOS : nouvel pertinance, nouvelle stratégie

Les 8 et 9 mai s’est tenue l’assemblée générale de l’EuroGOOS à Héraklion, accueillie par le Centre Hellénique de Recherche Marine et George Petihakis à la présidence de l’EuroGOOS. Les principaux thèmes abordés ont été la stratégie et l’intégration de l’EuroGOOS. Ont assisté à la réunion les membres de l’EuroGOOS et les chaires des activités de l’EuroGOOS (équipes de travail, groupes de travail pour l’infrastructure et les Systèmes Océanographiques Opérationnels Régionaux – ROOS).

L’assemblé a discuté l’évolution de l’organisation, et a réfléchi à la stratégie de l’EuroGOOS pour 2020-2030. La réflexion a été effectuée au cours d’une session interactive de World Café autour de quatre domaines cruciaux de stratégie : ordre des priorités, défis, partenariats, promotion et avantages nationaux. Les résultats de cette réflexion commune seront transformés en stratégie et en plan d’action, avec un premier jet préparé cet été. La conférence OceanObs’19 à venir alimentera de façon accrue la préparation de la stratégie.

L’assemblée a aussi discuté les façons d’améliorer l’intégration entre les différentes activités EuroGOOS. Les groupes de travail EuroGOOS (réseaux de technologies d’observation océanique) ainsi que les équipes de travail (pour la science, la technologie, l’intégration de données et l’océan côtier) présentent une pratique optimale et des analyses de l’état d’avancement, tandis que les Systèmes Océanographiques Opérationnels Régionaux (ROOS) de l’EuroGOOS assurent la coordination régionale. Fin 2019, l’EuroGOOS accueillera un séminaire sur l’intégration, rassemblant toutes ces activités pour réfléchir et s’accorder sur les phases d’action de la nouvelle stratégie EuroGOOS ainsi que sur le soutien nécessité de la part du bureau de l’EuroGOOS.

Glenn Nolan (Secrétaire général d’EuroGOOS), George Petihakis (Président d’EuroGOOS) et Sébastien Legrand (Centre de prévisions marines, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) se serrent la main sur l’accord d’accueil. © Dina Eparkhina/ EuroGOOS

Nouveaux membres, nouveaux hôtes

Durant la partie formelle de la réunion, l’assemblée a approuvé et chaleureusement accueilli les nouveaux membres dans l’EuroGOOS : SHOM (France), PLOCAN (Espagne), et NIVA (Norvège). Les représentants de ces organisations ont présenté leurs activités et contributions futures à l’EuroGOOS portant sur le développement technologique, l’intégration de l’observation, la surveillance de l’océan et la connaissance des océans. L’assemblée a aussi élu un nouveau membre au conseil de direction exécutive, Holger Brix, du Helmholtz-Zentrum Geesthacht en Allemagne. Deux membres du conseil exécutif ont quitté leurs fonctions du fait de l’achèvement de leurs mandats. L’assemblée a remercié Urmas Lips (Université de Technologie de Tallinn, Estonie), et Bernd Brugge (Agence Maritime et Hydrographique Fédérale, BSH, Allemagne) pour leur contribution au travail du conseil durant les six dernières années. A l’assemblée, le président George Petihakis a également signé l’accord d’accueil du bureau de l’EuroGOOS avec l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) représenté par Patrick Roose et Sébastien Legrand. L’IRSNB accueillera le secrétariat de l’EuroGOOS dans ses bureaux à Bruxelles (qui accueillent aussi le Muséum des Sciences Naturelles de Belgique) à partir de fin 2019.

Texte: Dina Eparkhina (EuroGOOS), Kelle Moreau, Jeanne Zimmerman-Muller (RBINS)

Quand l’originalité vous fait naviguer – Une classe de 4ème sur le Belgica

Le baptême de Belgica II, le nouveau navire de recherche belge qui succédera au Belgica fin 2020, a été annoncé le 25 avril 2019 et a fait couler beaucoup d’encre. Cependant, si l’originalité et la créativité cinématographique avaient été les critères de sélection les plus importants, le nouveau navire aurait été appelé « Gamma Ruspo ». Ce nom a été suggéré par les élèves de la classe 4B de l’Institut de la Providence de Champion (Namur). Une récompense a également été annoncée pour la vidéo la plus originale, rendez-vous est donc pris au port militaire de Zeebruges, le lundi 20 mai, pour prendre la mer pendant une demi-journée. L’ombre du capitaine Haddock va planer sur la mer du Nord…

Le 6 novembre 2018, le cabinet de la Politique scientifique fédérale a lancé un concours afin de déterminer le nom du nouveau navire océanographique belge. Après une première phase, au cours de laquelle les écoles pouvaient proposer un nom (accompagné d’une vidéo de clarification), et une seconde phase où tout le monde pouvait choisir une des six propositions sélectionnées, la Ministre chargée de la Politique scientifique fédérale a annoncé le 25 avril 2019 le nom retenu : « Belgica II ».  La classe gagnante, 1LA de l’Athénée Maurice Destenay de Liège, a pu profiter d’un voyage en mer avec le Belgica le même jour.

Toutefois, un deuxième lauréat a été choisi pour récompenser la vidéo la plus convaincante, en privilégiant l’originalité. Pour ce prix, un jury a déterminé que la classe 4B de l’Institut de la Providence de Champion (Namur) a réalisé la production la plus originale. Leur vidéo a été inspirée par les héros de BD Tintin et le professeur Tournesol et explique pourquoi ils auraient appelé le nouveau navire      « Gamma Ruspo ». Le lundi 20 mai 2019, cette classe a également reçu une excursion d’une journée avec le RV Belgica en cadeau.

Les scientifiques expliquent l’équipement de mesure sur un trépied qui sera immédiatement placé sur le fond marin.

l’Institut de la Providence de Champion, une école verte avec un intérêt pour les sciences de la mer

A l’initiative de sa direction, de ses professeurs et de ses élèves, l’Institut de la Providence de Champion est une école qui multiplie depuis longtemps les initiatives en matière de protection de l’environnement : placement de panneaux photovoltaïques, remplacement de tous les luminaires par des LED ; gestion de ruches avec une ruche didactique en classe ; signature du contrat « Green deal cantines durables » ; semaine de la mobilité douce du 20 au 24 mai 2019 ; investissement dans des gobelets réutilisables et des fontaines à eau ; processus de certification environnementale ; etc.

Ce n’est donc pas étonnant que les élèves de 4ème B de l’Institut de la Providence de Champion aient entendu parler au cours de français de ce concours pour original. Avant de proposer un nom pour le successeur du Belgica,  chacun fut invité à investiguer afin d’en savoir plus sur ce vénérable navire. Les jeunes apprirent donc qu’il collecte des informations importantes qui nourrissent la réflexion sur la pêche durable, les éoliennes offshore, les activités minières dans les grands fonds marins ou encore la production et le stockage d’énergie au large des côtes. La mise en commun des informations permit de lancer des pistes afin de formuler des noms originaux pour le successeur du Belgica.

Il y avait beaucoup d’activité dans les laboratoires du Belgica.

Gamma Ruspo

Suite à un débat haut en couleurs, la 4B misa sur l’originalité. Et si on appelait ce navire « Gamma Ruspo » ?

Gamma rus quoi ? Le « Gammarus pulex » est un type de crevette, « ruspo » signifie « je fouille » en latin et inutile de préciser les relations entre le mot « gamma » et l’univers de la science.

Le nom choisi, il était temps de passer à la deuxième partie du concours : filmer une vidéo d’une minute trente afin de présenter de façon originale le nom proposé. Un petit groupe d’élèves s’improvisa équipe de tournage et, sans l’aide de qui que ce soit, tourna fin janvier un clip associant des personnages bien belges (Tournesol et Tintin) à l’univers ludico-scientifique de « C’est pas sorcier ». Le résultat posté sur le net eut son petit succès et suscita des réactions jusqu’en Autriche (le clip ayant été traduit dans les 3 langues nationales).

Interprétation de Tintin – l’un des protagonistes du film gagnant – par un des élèves.

Le dénouement

Mais en février 2019, le couperet tombe : « Gamma Ruspo » n’est pas retenu parmi les noms sélectionnables par le jury. Les élèves seront assez surpris d’entendre que le nouveau Belgica s’appellerait… « Belgica 2 » ! Ils n’avaient pas pensé que ce concours aboutirait à cette solution, bien qu’il s’agisse d’une marque forte qui honore l’histoire et la tradition de la recherche marine belge.

Les élèves de la Providence furent beaux joueurs, admettant que le nom qu’ils avaient proposé manquait sans doute de lisibilité. Un peu de déception donc, mais quand même la satisfaction d’avoir abouti à une belle expérience de groupe et une vidéo sympa.

Avril 2019, grosse surprise : un message des organisateurs du concours, leur informait que leur vidéo a gagné le concours de la vidéo la plus originale.

Dominique Rappe, professeur de français des 4B, réagit : « C’est super que la classe soit récompensée, car beaucoup ont poussé très loin la réflexion, prouvant par là leur intérêt pour la biologie, le climat et les sciences en général. L’équipe du film a été totalement autonome et c’est vraiment leur talent intuitif qui a été récompensé. Tout le monde attendait avec impatience d’embarquer pour une excursion au Belgica le lundi 20 mai. Nous avons préparé cette visite minutieusement afin que les jeunes puissent recueillir le plus d’informations possible auprès des scientifiques qui faisaient de la recherche ce jour-là. Ils ont également interrogé les soldats qui conduisaient le navire. La classe a même offert une petite animation (une chanson) pour remercier les adultes qui les ont reçus dans leur monde professionnel. »

Les élèves sont stupéfaits de tout ce qu’on peut dire d’une bouteille d’eau de mer.

Les inventaires de macro- et micro-plastiques dans les zones de pêche belges et sur les plages

Les partenaires de recherche du projet du FEAMP-FIVA MarinePlastics ont lancé une étude qui permet de cartographier avec précision la quantité et le type de plastique que l’on trouve sur les zones de pêche belges. Il s’agit à la fois de déchets plus gros (macro-plastiques de plus de 5 mm) et de particules plastiques minuscules (micro-plastiques de moins de 5 mm).

Depuis 2012, l’Europe demande à chaque État membre de collecter des chiffres sur les macro-plastiques dans les fonds marins. A partir de cette année, des données doivent également être collectées sur les micro-plastiques dans les sédiments et dans l’eau. Les déchets sur les plages doivent également faire l’objet d’une surveillance.

Le projet MarinePlastics examine également dans quelle mesure les micro-plastiques se retrouvent dans les poissons commerciaux de nos zones de pêche. Les chercheurs font la distinction entre les particules de plastique dans l’estomac du poisson (que l’on ne consomme pas) et le filet de poisson (que nous mangeons).

Notre environnement marin garantit une grande variété de déchets plastiques et autres (© K. Moreau/IRSNB)

Macro-plastiques dans la mer et sur la côte

Depuis près de 10 ans, l’Institut de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) collecte volontairement des données sur le plastique, qui est transporté à bord des navires de recherche dans le cadre des campagnes de mesure existantes visant à évaluer l’état des stocks de poissons et l’impact des activités humaines en mer. Le plastique contenu dans les filets a été trié, décrit, mesuré et pesé selon les normes d’OSPAR et la Directive-Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM). Ce sont ces données qui subissent désormais une analyse statistique poussée.

Déchets récupérés sur les fonds marins. (© ILVO)

Bavo de Witte : « D’après une première interprétation approximative, il est déjà apparent que la quantité de macro-plastiques trouvés augmente, qu’il y a des points névralgiques comme la zone de dragage et de déchargement Zeebrugge Est, où la boue d’un port est abandonnée, et où le courant crée un effet de sédimentation ». L’analyse devrait montrer clairement les tendances quantitatives et qualitatives. La comparaison avec des chiffres étrangers est aussi possible.

L’ILVO et la Direction Opérationelle Mileux Naturels de L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB/DO Nature) veulent aussi étudier si les déchets peuvent être liés à des activités humaines comme le tourisme, l’industrie, ou la pêche. De plus, l’on étudiera si la quantité de chaque type de déchet augmente ou diminue.

La DO Nature se concentre aussi sur ce qui se trouve sur les plages belges. La quantité de ces déchets lessivés ne diminue pas, remarquent-ils d’après des analyses préalables. Sur les plages, la situation est médiocre aussi selon l’évaluation de la Directive-Cadre Stratégie Milieu Marin.

Des déchets plus gros et plus petits (principalement du plastique) collectés sur nos plages (© K. Moreau/ IRSNB)

Les micro-plastiques dans les sédiments, l’eau, et le poisson

Les micro-plastiques peuvent pénétrer directement dans l’environnement par l’usure des pneus, des vêtements, ou par l’utilisation de gels et gommages. Une étude précédente a montré que jusqu’à 50% de ces micro plastiques venant de la terre ferme finissent dans l’océan.

Les micro-plastiques s’accumulent dans l’eau et sur le fond marin et se brisent encore plus jusqu’à devenir des nano-particules (moins d’ un micromètre). Tôt ou tard, ces micro- et nano-particules sont absorbées par des poissons, coquillages, crevettes et autres animaux, qui terminent dans la chaîne alimentaire humaine. Certaines d’entre ces petites particules seront indubitablement laissées de côté dans les parties que nous ne mangeons pas, comme l’estomac des poissons. Une description détaillée des micro-plastiques dans certains produits de la pêche ou plus globalement marins indiquerait clairement quelle quantité de micro-plastiques nous mangeons vraiment aujourd’hui. Cela est important pour jauger le potentiel risque sanitaire des micro-plastiques.

Microplastique sur filtre (© ILVO)

« Dans le cas d’une analyse scientifique des risques, deux facteurs doivent toujours être examinés » clarifie le chercheur Bavo de Witte. « Le premier : dans quelle mesure est-on exposé à la substance (ici, les micro-plastiques) ? Et le deuxième : y a-t-il un effet toxique qui peut être associé à ce degré d’exposition ? Aucune de ces deux questions n’est actuellement convenablement résolue par la science. Donc, avant de pouvoir exposer des constats à propos du degré de (non-)nocivité, nous devons en premier lieu établir combien de micro-plastiques une personne ingère en réalité ».

A l’occasion de ce projet, la DO Nature et l’ILVO joignent aussi leurs forces pour étudier la présence de micro-plastiques dans l’environnement marin. La législation européenne attend de chaque Etat membre de suivre la quantité de micro-plastiques dans le fond et l’eau de la mer.

MarinePlastics est une initiative de l’Institut Flamand de Recherche pour l’Agriculture, la Pêche et l’Alimentation (ILVO) et l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB/DO Nature)

FEAMP-FIVA : Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche, Instrument Financier pour la Pêche Flamande. Il s’agit d’une agence de financement de la recherche sur des sujets liés à la pêche utilisant des fonds européens et flamands.

Documenter les sons sous-marins en Belgique

Le son est partout. Pas seulement sur la terre mais aussi dans les mers et les océans. Certains sons sont d’origine naturelle, mais les activités humaines ajoutent aussi au paysage sonore marin. Nous ne comprenons pas encore bien les types et la distribution de ces sons sous-marins, sans parler des effets qu’ils peuvent avoir sur la faune marine. Fin mai 2019, une station permanente d’enregistrement acoustique a été installée dans la partie belge de la mer du Nord. Cet accomplissement majeur s’inscrit dans le projet JOMOPANS, « Joint Monitoring Programme for Ambient Noise North Sea » (Programme Commun d’Observation du Son Ambiant Mer du Nord). Ce nouvel équipement aidera les scientifiques à comprendre comment les sons sous-marins sont distribués dans la mer du Nord.

Plongeur scientifique Alain Norro (IRSNB/MARECO) lors de la préparation de l’installation de la station d’enregistrement acoustique permanente dans les eaux belges. © IRSNB

Si vous pensiez que l’environnement sous-marin était un monde calme et serein, vous devriez peut-être le reconsidérer. Les sons sont omniprésents aussi dans l’environnement marin. Le son sous-marin peut provenir de sources naturelles (vagues, temps, animaux) ou anthropogéniques (transport, construction). Cependant, notre compréhension des effets de ces sons sur la faune marine est encore limitée. Dans les dernières années, l’introduction aux sons sous-marins dans un tel environnement a commencé à recevoir de l’attention politique et scientifique, et des systèmes de surveillance sont en train d’être installés.

Son impulsionnel

Toutefois, la plupart de l’effort de surveillance se concentre sur le son impulsionnel. Cette catégorie de bruits consiste en des sons de courte durée (comme des impulsions), largement non-désirés et anthropogéniques. Le battage de pieux pour la construction d’éoliennes off-shore, de sonars, et la destruction de munitions en mer sont les sources de sons impulsionnels les mieux connus. Ils sont potentiellement nocifs pour la faune marine. Une relocalisation temporaire de marsouins communs (Phocoena phocoena) a déjà été observée pendant des activités de battage de pieux, et les scientifiques ont pu avoir un aperçu des effets des sons impulsionnels sur les poissons. Mais pour comprendre l’impact complet sur ces organismes et sur d’autres organismes marins, une étude bien plus poussée est nécessaire. Le savoir grandissant donne lieu à des régulations. Par exemple, la législation belge prescrit déjà que le niveau de sons impulsionnels anthropogéniques ne doit pas dépasser le niveau auquel on observe des effets nocifs. Pour le battage de pieux, le seuil est actuellement défini à 185 dB à 750m de la source du son. Des mesures de réduction du son devraient être mises en place quand cette limite est dépassée.

Son continu

En revanche, notre compréhension des niveaux et des modèles spatio-temporels des sons ambiants continus dans le milieu marin est actuellement beaucoup moins développée. Ces bruits – généralement de basses fréquences – peuvent montrer une tendance à la hausse en raison de l’augmentation des activités humaines telles que la navigation, le dragage, l’extraction de sable, la pêche et la production d’énergie durable en mer. Les effets négatifs potentiels sur la faune marine peuvent être subtils et chroniques et sont donc plus difficiles à évaluer. La quantité limitée de données disponibles ne permet pas encore de rendre compte aux décideurs nationaux et internationaux.

La plateforme de mesure Westhinder. © A. Norro/IRSNB

Surveillance continue du son ambiant

Tout comme les sources de bruit, la transmission du son et la distribution d’espèces vulnérables sont des questions transnationales. Les obligations de rapport international des pays membres de l’UE en ce qui concerne la Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) encourage fortement le développement d’une approche locale qui respecte à la fois la surveillance et la méthodologie. La Belgique s’est engagée efficacement à contribuer à une telle approche internationale et à utiliser les résultats pour une évaluation nationale. Pour accomplir cela, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a rejoint le projet JOMOPANS.

Dans ce projet, l’IRSNB est responsables (entre autres) de l’installation de la station permanente d’enregistrement acoustique dans la partie belge de la mer du Nord. La plateforme de Westhinder a été choisie comme localisation adaptée. Servant essentiellement comme plateforme de lumière électronique, elle joue désormais aussi un rôle important en tant que nœud du réseau de surveillance de l’Agence flamande de Services Maritimes et Côtiers. Fin mai 2019, la station d’enregistrement du son JOMOPANS a été ajoutée à cette plateforme. Les techniciens de l’Agence flamande de Services Maritimes et Côtiers et les plongeurs scientifiques de l’IRSNB ont pris soin respectivement des parties aériennes et sous-marines de l’installation. L’instrument surveillera continûment le son sous-marin ambiant généré à la fois par des causes naturelles et anthropogéniques. Regardez la vidéo illustrative!

Vers une gestion fondée sur la connaissance

« Le système d’enregistrement acoustique récemment installé délivrera des données en haute définition nécessaires pour décrire les types (niveau et fréquence) et la période des sons autour de la station belge d’enregistrement. » dit Alain Norro, plongeur scientifique de l’IRNSB. « Combiné avec les données produites par les autres stations JOMOPANS, cela nous permettra de commencer à comprendre comment le son sous-marin est distribué dans la mer du Nord. » A ce titre, la station Belge sera une partie essentielle du réseau, qui livrera les outils nécessaires aux scientifiques et aux responsables pour intégrer le son ambiant à leur estimation du statut environnemental de la mer du Nord. La prochaine étape sera d’évaluer l’efficacité de différentes options pour réduire le potentiel impact environnemental du bruit sous-marin ambiant sur le bassin de la mer du Nord.

JOPOMANS est un projet Interreg (Région de la mer du Nord) fondé par le Fonds Européen de Développement Régional de l’Union Européenne. Le projet consortium consiste en 11 partenaires de 7 pays (l’IRSNB étant le seul partenaire belge) et est coordonné par Rijkwaterstaat (Pays-Bas).

Exposition d’été « Kijk, een walvis (Regarde, une baleine) » au Coq

Du 1er juillet au 31 août 2019, se tient l’exposition d’été « Kijk, een walvis » (Regarde, une baleine) au centre communautaire « ‘t Schelpestik » au Coq (Vosseslag 131, 8420 Le Coq). L’échouage local de la baleine Antonius en octobre 2018 est à l’origine de cette initiative. Plusieurs parties du squelette de cet impressionnant animal sont depuis revenues au Coq, formant l’épine dorsale de l’exposition. La municipalité du Coq n’a pas ménagé ses efforts pour rassembler une collection unique d’os de mammifères marins et d’objets liés aux baleines. L’exposition peut être visitée gratuitement tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 17 h. Une activité pour les mois d’été !

© IRSNB/K. Moreau

Antonius

Le 24 octobre 2018, la carcasse d’un Rorqual commun Balaenoptera physalus a été repérée dans la partie belge de la mer du Nord. Comme elle flottait dans une voie de navigation tres fréquentée, il a été décidé de l’échouer de façon contrôlée. Le 25 octobre, vers 2 heures du matin, le cadavre a atteinte sa destination finale : la plage de Vosseslag, au Coq. En un jour, tout était nettoyé. Il fallait se dépêcher, car une marée de vives-eaux approchait. « Ce fut une expérience fantastique d’assister à la parfaite coopération entre de nombreux organismes gouvernementaux, à tous les niveaux de gouvernement, et des institutions scientifiques, qui a abouti à une étude scientifique approfondie et à un enlèvement rapide et efficace des restes », déclare avec fierté Jan Haelters, coordinateur du réseau belge des échouages et biologiste marin a l’IRSNB.

Élimination de la carcasse du rorqual Antonius © IRSNB/J. Haelters

L’autopsie, réalisée par des vétérinaires et étudiants des universités de Gand et de Liège, et des biologistes de l’IRSNB, a montré que ce mâle presque adulte, long de 18 m et lourd d’environ 30 000 kg, était probablement décédé de mort naturelle. Wilfied Vandaele, maire du Coq, est rapidement intervenu : « J’ai immédiatement vu le potentiel de cet événement et j’ai demandé au conseil municipal la permission de faire préparer quelques parties du squelette. » L’autorisation a été accordée et la Faculté de Médecine Vétérinaire de l’Université de Gand a préparé les mâchoires ainsi qu’une nageoire pectorale et une vertèbre de la baleine, qui entre-temps avait baptisée Antonius.

Les mâchoires impressionnantes du rorqual Antonius sont de retour au Coq et sont au centre de l’exposition « Kijk, een walvis ». Plusieurs personnes peuvent s’y loger proprement. © IRSNB/K. Moreau
Nageoire pectorale de Antonius © IRSNB/K. Moreau

Mammifères marins au Coq

Le rorqual Antonius est bien sûr l’attraction de l’exposition, mais ce n’est pas le premier mammifère marin en difficulté au large du Coq. « Un certain nombre de spécimens rares échoués au Coq ont également été préparées (au moins, certaines parties) et font maintenant partie de la collection de l’IRSNB. » explique Olivier Pauwels, conservateur de la collection de vertébrés de l’IRSNB. Le bourgmestre Vandaele ajoute « On nous a prêté des squelettes et des restes de mammifères marins, comme le crâne d’un jeune Orque Orcinus orca échoué chez nous en 1843. Ces spécimens illustrent la vie et les problèmes des mammifères marins dans la deuxième partie de l’exposition. »

Crâne du jeune Orque qui s’est échoué à Wenduine en 1843. © IRSNB/K. Moreau

L’IRSNB a également prêté deux crânes de Mésoplodons de Sowerby Mesoplodon bidens (une mère et un jeune, échoués à Harendijke dans la commune de Wenduine en 1933) et un du Globicéphale noir Globicephala melas (échoué au Coq en 1995) ont trouvé leur chemin de Bruxelles à l’exposition d’été. Et parce que la commune de Wenduine a une relation particulière avec le Marsouin commun Phocoena phocoena (l’espèce apparaît dans les armoiries de Wenduine), un crâne de marsouin a également été ajouté à la collection prêtée par l’IRSNB. « Grâce au rorqual Antonius et aux animaux échoués au Coq, et grâce à la coopération avec la commune du Coq, nous avons la possibilité de relier deux piliers majeurs de notre institut – la recherche et les collections – et de les mettre en lumière ensemble ! » se réjouit Kelle Moreau, biologiste marin et porte-parole de l’IRSNB.

Crâne de la femelle adulte Mésoplodon de Sowerby qui s’est échoué en 1933 à Wenduine. © IRSNB/K. Moreau

Informations et activités complémentaires

Enfin, les employés du Coq ont également visité le centre océanographique néerlandais Ecomare à Texel. Quelques squelettes de dauphins y ont été empruntés, ainsi qu’une série d’ustensiles historiques liés à la chasse à la baleine. En marge de l’exposition, un certain nombre d’autres activités sont également organisées, comme des ateliers créatifs pour les enfants et une randonnée à vélo et à pied.

Ce qui rend unique l’exposition « Kijk, een walvis », c’est la combinaison unique de l’histoire (et des parties du squelette) d’Antonius avec diverses autres histoires biologiques et historiques, racontées au moyen d’artefacts rares et de textes (en néerlandais) sur des panneaux d’information, et complétées par diverses activités. Une activité estivale fortement recommandé pour les jeunes et les moins jeunes !