Le nouveau rapport « Mammifères marins et tortues marines en Belgique en 2023 » résume les résultats de la surveillance et de la recherche sur ces animaux en Belgique en 2023. Les marsouins se sont échoués moins qu’au cours des 20 dernières années, mais un nombre élevé a encore été dénombré en mer. Les phoques continuent d’augmenter. Le mammifère marin le plus remarquable de 2023 était une orque, et l’échouage d’une tortue caouanne vivante était une première en Belgique.
En 2023, 26 marsouins se sont échoués en Belgique. La plupart de ces animaux étaient dans un état de décomposition avancé. Il s’agit du plus faible nombre de marsouins morts au cours des 20 dernières années, poursuivant la tendance à la baisse précédemment documentée. Les chiffres les plus élevés datent d’il y a dix ans, lorsque plus de 100 marsouins se sont échoués certaines années (avec un maximum de près de 150 en 2013). La raison de cette baisse reste sujette à des spéculations.
Des relevés aériens de mammifères marins dans les eaux belges ont été réalisés en avril, juin et septembre 2023. Les observations ont permis de calculer qu’il y avait respectivement 14.700, 1.400 et 2.500 marsouins présents dans la zone de recherche à ces périodes. Le nombre d’avril a été l’un des plus élevés jamais enregistrés. Une analyse approfondie des données collectées lors des relevés aériens au cours de la période 2009-2022 a montré que les marsouins sont effectivement présents en fortes densités dans la partie belge de la mer du Nord, notamment au printemps. Ils préfèrent les parties les plus septentrionales et occidentales de nos eaux et semblent éviter les voies de navigation.
48 phoques morts se sont échoués en 2023. Une enquête plus approfondie a fourni des informations sur la cause du décès de 14 de ces phoques. Dix d’entre eux sont probablement morts dans les filets de pêche. Le nombre total de phoques morts échoués sur les côtes est comparable à celui des cinq années précédentes (à l’exception d’un pic en 2021). À plus long terme, on observe une tendance à la hausse. Sealife a soigné sept phoques gris et 17 phoques communs en 2023. Près de la moitié des animaux n’ont pas survécu.
Le cétacé le plus marquant de 2023 a sans aucun doute été l’orque mâle, qui s’est d’abord déplacé lentement le long de la côte de Coxyde le 29 octobre pour finir par s’échouer à La Panne. L’animal était très maigre et affaibli et est mort presque immédiatement après s’être échoué. Pour l’instant, il n’a pas été possible de déterminer de quelle population il était issu.
C’est depuis le milieu du 19ème siècle que des échouages d’orques ont été recensés dans notre pays. Nous avons essayé de démêler les informations sur ces échouages historiques. Nous rendons également hommage à Louis François Paret, l’homme à qui l’on doit le fait que l’on puisse encore admirer les restes de ces animaux, âgés aujourd’hui de plus de 175 ans.
Un rorqual commun mort a été ramené à la proue d’un navire dans le port d’Anvers le 29 août 2023. L’autopsie a montré que l’animal était mort des suites de la collision.
Quelques dauphins, rares pour notre pays, se sont échoués en 2023 : un dauphin commun le 22 décembre, et deux dauphins communs ou bleu et blanc très décomposés les 21 juillet et 8 octobre.
Quelques tortues marines se sont également échouées en 2023. Une tortue luth morte le 7 octobre est décédée de causes traumatiques. Une tortue caouanne vivante échouée le 25 novembre constitue le premier échouage confirmé de cette espèce en Belgique.
Le nouveau rapport « Mammifères marins et tortues marines en Belgique en 2023 » est publié par l’Institut des Sciences Naturelles. Le rapport complet et les rapports annuels précédents (disponibles depuis 2014) peuvent être téléchargés ici.
Le programme de surveillance de l’Institut des Sciences naturelles des émissions de SOx et de NOx des navires en mer, qui fait partie de la surveillance aérienne, est finaliste du Greening Award Initiative de l’Agence européenne pour la sécurité maritime.
L’initiative Greening Award est organisée conjointement avec Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) et l’Agence européenne de contrôle des pêches (European Fisheries Control Agency – EFCA) et met en lumière les actions de durabilité des autorités exerçant des fonctions de garde-côtes dans l’UE.
Depuis 2015, l’Institut des Sciences Naturelles, grâce au financement du programme Connecting Europe Facility, a équipé l’ avions des garde-côtes belges d’un capteur renifleur pour mesurer les émissions des navires en mer.
Ce programme de surveillance réussit grâce à une bonne coopération avec le ministre de la Mer du Nord qui, entre autres, a fourni le capteur de NOx, et avec la Direction Générale Navigation, qui assure le suivi des valeurs suspectes de SOx et NOx à terre.
L’avion surveille désormais le CO2, le SO2, les NOx et le carbone noir, et les résultats des opérations de renifleur ont augmenté l’efficacité des inspections portuaires de plus de 50 %.
En 2023, l’Institut des Sciences naturelles, avec son avion de la Garde côtière, a documenté 17 cas de pollution marine opérationnelle provenant de navires. Des niveaux suspectes de soufre et d’azote ont été mesurées dans les panaches de fumée de 24 et 42 navires. D’autres activités comprenaient la surveillance des installations pétrolières et gazières, le dénombrement des mammifères marins et une surveillance maritime plus large au service de la Garde côtière.
Dans le cadre du programme national de surveillance aérienne, 244 heures de vol ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord en 2023. Ce programme est organisé par le service scientifique de l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord) de l’Institut des Sciences naturelles, en collaboration avec la Défense.
La majorité des heures de vol ont consisté en des vols nationaux (221 heures):
164 heures de contrôle de la pollution, réparties à parts égales entre la surveillance des rejets d’hydrocarbures, d’autres substances nocives et d’ordures (annexes I, II et V de MARPOL) et le contrôle des émissions de soufre et d’azote des navires (application de l’annexe VI de MARPOL) ;
39 heures destinées au contrôle des pêches, à la demande du service flamand « Dienst Zeevisserij » ;
3 heures ‘on call’ pendant lesquelles l’avion a été appelé pour vérifier la pollution de la mer après une collision et la détection d’hydrocarbures à proximité des parcs éoliens ;
2 heures dans le cadre d’exercices de contrôle de la pollution .
13 heures de vol pour le recensement des mammifères marins.
En outre, 23 heures ont été consacrées à des vols internationaux dans le cadre de l’accord de Bonn, notamment une mission « Tour d’Horizon » de contrôle des plates-formes de forage en mer du Nord.
Déversements par les navires
En 2023, aucune pollution n’a été détectée suite à des incidents en mer. Le 10 octobre, l’avion des garde-côtes a été appelé après une collision entre deux navires dans le mouillage de Westhinder, mais seuls des dégâts matériels ont été observés.
En revanche, quatre déversements opérationnels d’hydrocarbures ont été recensés. Bien qu’il s’agisse du nombre le plus important des 5 dernières années, la tendance à la baisse des 30 dernières années reste intacte (voir graphique).
La première pollution par hydrocarbures a été observée dans le sillage d’un bateau de pêche, sur une longueur d’un kilomètre et demi. Un PV a été établi par les agents de l’UGMM. La pollution ne pouvait pas être combattue.
Une deuxième pollution par hydrocarbures, de faible ampleur, a été observée à l’embouchure de l’Escaut occidental, dans les eaux néerlandaises. La nappe de pétrole n’a pas pu être reliée à un pollueur et était déjà fortement érodée.
La troisième nappe de pétrole se trouvait au large du dispositif de séparation de trafic du Noordhinder et avait une taille plus importante. La nappe d’environ 16 km2 couvrait les eaux françaises, anglaises et belges et était déjà fortement érodée par l’action naturelle des vagues et le grand nombre de navires passant à cet endroit. Un éventuel pollueur n’a pas pu être identifié.
Une quatrième nappe de pétrole a été observée après avoir été signalée par le parc éolien Norther. Il s’agissait d’une petite nappe d’hydrocarbures déjà altérée à proximité des parcs éoliens. Là encore, aucun pollueur n’a pu être identifié.
En 2023, aucune violation de l’annexe V de la convention MARPOL concernant le rejet d’ordures et de matériaux solides en vrac n’a été détectée. Cependant, 13 cas de pollution opérationnelle par des substances liquides nocives autres que les hydrocarbures (annexe II de la convention MARPOL) ont été observés, dont six ont pu être liés à un navire.
Trois cas concernaient des rejets de FAME (fatty acid methyl ester). Les autres cas concernaient des rejets d’aniline (matière première de base pour l’industrie chimique), d’huile de tournesol et de dérivés d’huile de palme, respectivement. Dans un cas, un PV a été dressé par les agents de l’UGMM car la norme de rejet de l’annexe II de MARPOL n’était pas respectée, qui stipule que de tels rejets doivent avoir lieu lorsque la profondeur de l’eau est supérieure à 25 mètres. Dans les autres cas, les autorités d’inspection portuaires compétentes ont été informées afin d’assurer un suivi et éventuellement une enquête.
La contamination par des substances liquides nocives autres que le pétrole reste un problème courant qui, comme déjà communiqué les années précédentes, semble même connaître une légère tendance à la hausse (voir le graphique ci-dessous). Cette tendance à la hausse est également observée par d’autres pays de la mer du Nord. Le fait qu’il s’agisse souvent de rejets autorisés n’enlève rien au fait que, à des degrés divers de gravité, ils peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement marin. Il est important que les États côtiers continuent à surveiller ces rejets, car cela permet d’identifier les problèmes en mer et d’inciter à adapter la législation actuelle si nécessaire.
La pollution par les hydrocarbures dans les ports
Le 14 décembre, une nappe de pétrole a été identifiée dans le port d’Anvers. Il s’agissait d’une pollution antécédente de pétrole libérée du sous-sol, par exemple à la suite d’une opération de dragage. Cette nappe a par la suite été nettoyée par un navire de lutte contre la pollution.
Grâce à l’utilisation d’un capteur renifleur, l’avion peut mesurer les polluants dans l’échappement des navires en mer et notre pays est connu comme un pionnier dans la lutte internationale contre la pollution atmosphérique causée par les navires.
La mesure des émissions de soufre fait déjà partie du programme depuis 2016. Afin de contrôler les limites strictes de soufre qui s’appliquent au carburant des navires dans la zone de contrôle des émissions de soufre de la mer du Nord, 59 vols-renifleurs (pour un total de 79,7 heures) ont été effectués par l’avion en 2023 au-dessus de la zone de surveillance belge. Sur les 902 navires dont les émissions de soufre ont été mesurées, 24 présentaient une teneur en soufre élevée et suspecte. Ces navires ont été dûment signalés aux services d’inspection maritime compétents et ont ensuite été inspectés à terre.
Grâce à l’intégration réussie d’un capteur de NOx en 2020, l’avion de l’UGMM peut également mesurer les concentration de composés azotés (NOx) dans les panaches de fumée des navires afin de surveiller et faire respecter les limites plus strictes qui s’appliquent depuis le 1er janvier 2021 dans la zone de contrôle des émissions de la mer du Nord. La Belgique est ainsi devenue le premier pays prêt à assurer le suivi de ces restrictions plus strictes. Sur les 902 navires pour lesquelles les émissions d’azote ont été contrôlées en 2023, 42 valeurs suspectes ont été signalées.
Depuis 2021, un nouveau capteur a été ajouté à la configuration du renifleur, à savoir le capteur de carbone noir qui mesure la concentration de suie dans les émissions des navires. La concentration en suie de 377 navires a été mesurée en 2023. Lorsque des concentrations de suie exceptionnellement élevées sont constatées, les autorités portuaires maritimes compétentes sont invitées à prélever un échantillon du carburant utilisé. Ces échantillons de carburant seront analysés en 2024 dans les laboratoires de l’Institut des sciences naturelles.
Lors de la mission internationale annuelle « Tour d’Horizon » de surveillance de la pollution marine provenant des plateformes de forage dans la partie centrale de la mer du Nord (dans les eaux offshore néerlandaises, danoises, britanniques et norvégiennes), effectuée dans le cadre de l’accord de Bonn en juillet 2023, l’avion de surveillance a détecté un total de 30 pollutions par hydrocarbures, un record depuis le début de ces campagnes annuelles en 1991.
28 pollutions ont pu être liées directement à une plateforme pétrolière. Toutes ces observations ont été systématiquement rapportées à l’Etat côtier compétent pour suivi ultérieur, conformément aux procédures internationales en vigueur.
En 2023, l’Institut des Sciences naturelles a réalisé des recensements aériens de mammifères marins en avril, en juin et en septembre. Respectivement 282, 32 et 55 marsouins ont été observés respectivement sur les transects de vol. Cela représente beaucoup de marsouins pour une surface semblable à celle des eaux belges : plus que 14.700 en avril, et plus que 1.400 en juin et 2.500 en septembre. Des phoques ont également été régulièrement observés lors de ces vols, soit 2 en avril, 10 en juin et 30 en septembre.
Surveillance maritime élargie
Dans le cadre de la coopération au sein de la Garde côtière, l’avion de surveillance à contribué également à des missions plus larges de mise en application de la réglementation maritime et de la sécurité en mer.
En 2023, pas moins de 15 navires ont été observés sans AIS, le système d’identification automatique qui permet, entre autres, d’éviter les collisions. La grande majorité (93%) de ceux-ci étant des navires de pêche, ce qui confirme la tendance à la hausse observées depuis que les navires de pêche sont tenus d’utiliser un AIS (2020).
En outre, 46 infractions à la navigation dans le dispositif de séparation du trafic (DST) ont été observées par l’avion de la Garde côtière en 2023 dans et aux alentours des eaux belges. Il s’agit là d’une augmentation significative et concerne principalement des navires naviguant en sens inverse (« navigation fantôme ») ou jetant l’ancre dans l’un des couloirs de navigation. Ces observations ont été systématiquement signalées à la Direction générale de la navigation (SPF Mobilité et Transports) pour suivi. Vu le nombre croissant d’infractions et par conséquent le risque accru de collisions, la Direction générale de la navigation assure un suivi juridique spécifique à ce sujet depuis janvier 2023.
Enfin, 3 infractions liées à l’entrée dans des zones interdites ont également été signalées aux autorités compétentes l’année dernière. C’est nettement moins que les chiffres des années précédentes. Une explication possible est que l’introduction des zones interdites à la navigation, telles que la ferme aquacole au large de Nieuport et la zone d’étalonnage des instruments scientifiques (à hauteur d’Ostende) sont entre-temps bien assimilées par les navigateurs.
Le nombre de parcs éoliens offshore en mer du Nord augmente de façon exponentielle. Leur construction répond à l’urgence de transition vers la production d’énergie verte et la neutralité carbone. L’installation de ces structures artificielles a un impact notable sur l’écosystème marin. Certains impacts positifs incluent la fourniture d’un nouveau foyer pour divers animaux et l’offre d’un abri, de nourriture et d’aires de reproduction. Cependant, des taches de sédiments noirs ont été observées dans les sédiments échantillonnés à proximité des fondations des turbines, suggérant un apport élevé de matière organique dans les sédiments, altérant les processus biogéochimiques naturels.
Dans le projet OUTFLOW, la doctorante Esther Cepeda Gamella (Institut des Sciences Naturelles – MARECO et Université de Gand) étudie la source de ces sédiments noirs.
Apprenez-en davantage sur cette recherche dans un article de blog qu’Esther a écrit pour BioVox (en anglais) :
Un jeune petit rorqual mâle échoué à Ostende le 13 mai est très probablement mort de faim. L’estomac vide, le faible poids et la fine couche de graisse vont dans ce sens. L’animal « frais » a probablement été séparé de sa mère pour une raison inconnue. Même si les observations de petits rorquals morts et vivants sont devenues plus fréquentes ces dernières années dans le sud de la mer du Nord, leur échouage sur une plage belge reste un événement exceptionnel.
Le matin du 13 mai 2024, un randonneur a trouvé un jeune petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) mort sur la plage d’Ostende, près du Casino Kursaal. Le secouriste en chef Jonathan Devos a vu l’animal – alors d’identité inconnue – flotter dans les eaux côtières peu de temps auparavant. La zone autour de l’animal échoué a été bouclée afin que les services d’urgence et les scientifiques de l’Institut des Sciences naturelles puissent organiser l’évacuation de l’animal.
« Il était immédiatement évident qu’il s’agissait d’un animal très jeune, très maigre et récemment décédé », explique Jan Haelters, expert en mammifères marins à l’Institut des Sciences naturelles. « Les petits rorquals ne mesurent que 2,5 à 2,8 m à la naissance, on soupçonne donc que ce spécimen de 3,16 m n’a que quelques mois. À cet âge-là, ils sont encore très dépendants de leur mère. »
De l’état frais de l’animal, on peut déduire qu’il est probablement mort peu avant ou pendant l’échouage. Le cadavre a été transféré à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Gand, où une équipe de l’Université de Gand et de l’Université de Liège a procédé le même après-midi à une autopsie.
Le petit rorqual d’Ostende s’est avéré être un jeune mâle.
« Son poids n’était que de 214 kg, ce qui est très peu pour un animal de cette taille. Même à la naissance, ils pèsent plus lourd, jusqu’à 450 kg. Il n’est donc pas surprenant qu’aucun reste de nourriture n’ait été retrouvé dans l’estomac », explique Wannes De Clercq, qui a assisté à l’autopsie pour l’Institut des Sciences naturelles.
« Les résultats suggèrent que ce petit rorqual s’est séparé de sa mère, ce qui est évidemment problématique pour un jeune animal qui ne peut pas encore subvenir à ses besoins alimentaires », a ajouté Wannes. La fine couche de graisse (seulement 7 mm d’épaisseur) conforte également l’hypothèse d’une mort par faim. Un petit morceau de plastique dans l’estomac n’est pas lié à la cause du décès.
Le petit rorqual est un résident permanent de la mer du Nord, mais son aire de répartition est principalement limitée à la partie nord et centrale de celle-ci. L’espèce apparaît moins souvent dans le sud de la mer du Nord, bien que la fréquence des observations de petits rorquals vivants et échoués semble y avoir augmenté ces dernières années.
Jan Haelters fournit des détails : « Nous connaissons onze cas avérés de petits rorquals dans les eaux belges au cours des 25 dernières années. Il y a eu cinq fois des carcasses et six fois des spécimens vivants.»
Les carcasses datent de 2004 (trouvé mort en mer et ramené à terre ; mort suite à une capture accidentelle), 2013 (échoué ; mort suite à l’ingestion d’une grande quantité de plastique), 2017 (carcasse en décomposition en mer), 2020 (mal nourrie et mâchoire inférieure cassée) et 2023 (carcasse en décomposition en mer, echouée ensuite aux Pays-Bas).
Les petits rorquals vivants ont été repérés en 2013, 2017, 2019, 2020 et deux fois en 2024. Ces derniers animaux ont été observés le 20 mars 2024 depuis le RV Belgica par des scientifiques de l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (près du Fairybank) et le 23 avril 2024 lors d’un relevé aérien de mammifères marins par l’Institut des Sciences naturelles (près de la frontière avec les eaux anglaises).
Opération conjointe de sécurité sous pavillon européen
Le 13 mai 2024, le coup d’envoi officiel d’une collaboration temporaire belgo-française sur l’utilisation de drones sur les côtes de la mer du Nord a été donné à Dunkerque, en France. Pendant quatre mois, du 13 mai au 13 septembre 2024, les partenaires des garde-côtes belges pourront utiliser deux drones spéciaux pour soutenir leurs différentes tâches en mer. Cela comprend également l’Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord et de l’estuaire de l’Escaut (UGMM), service scientifique de l’Institut des Sciences naturelles.
Cette opération conjointe de la Belgique et de la France est coordonnée respectivement par l’EMSA et l’EFCA, l’Agence européenne pour la sécurité en mer et l’Agence européenne de contrôle des pêches. Le projet s’appelle MMO (MultiPurpose Maritime Operation) La Manche et Sud Mer du Nord et est donc transfrontalier.
Cet été, les regards seront encore plus nombreux vers la mer pour assurer la sécurité de notre littoral. Par ailleurs, de nombreuses formations sur la sécurité maritime sont organisées par des experts internationaux.
Nathalie Balcaen – co-présidente de la Garde côtière : « C’est une belle opportunité que nous offrons l’EMSA et l’EFCA. Dans un premier temps, nous souhaitons voir comment ces drones peuvent compléter les ressources dont nous disposons déjà. Comment les appareils peuvent-ils aider lors d’une opération de sauvetage en mer ou en hydrographie ? Sont-ils du bon type ou non ? Nous pouvons utiliser pleinement le matériel de l’été et ensuite l’évaluer. Si les résultats sont positifs, nous travaillerons sur les dossiers nécessaires pour acheter nous-mêmes les drones. »
Deux types de drones seront déployés conjointement avec la France. Un soi-disant RPAS (Remotely Piloted Aircraft System), un drone volant, et un ROV (Remotely Operated Vehicle), un drone sous-marin. Différents partenaires des garde-côtes pourront déployer ces drones dans des zones prédéfinies de la mer du Nord.
Utilisation de drones
Le MRCC (Maritime Rescue and Coordination Center) de l’Agence des Services Maritimes et Côtiers (MDK) souhaite utiliser le RPAS pour la recherche et le sauvetage. Par exemple, le drone peut prendre des images d’éventuelles « anomalies » en mer comme des petits bateaux, des personnes qui se noient, des objets, etc. En cas de collision entre deux navires au large des côtes, le drone peut être envoyé en avant pour déterminer d’éventuels dommages aux navires à un stade précoce. Cela permet d’intervenir encore plus rapidement en cas de catastrophe maritime.
La DG Environnement et l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord et de l’estuaire de l’Escaut) souhaitent utiliser le RPAS pour détecter la pollution de l’environnement. L’UGMM peut également utiliser le drone en complément pour vérifier certains rapports sur la faune et la flore de la mer du Nord et pour mesurer des émissions des navires.
L’Agence de l’Agriculture et de la Pêche Maritime souhaite utiliser le RPAS pour des missions dans le cadre du contrôle des pêches en mer.
Le Service hydrographique flamand (Agence des Services Maritimes et Côtiers – MDK) utilisera le ROV, entre autres, pour mieux visualiser et identifier les épaves au fond de la mer du Nord.
Formations et exercices supplémentaires
En plus de l’utilisation de la technologie, des activités d’éducation et de formation sont également dispensées dans le cadre du MMO pour les différents partenaires de la Garde côtière. L’accent est ici mis sur une meilleure identification des navires en mer et sur la communication associée. Par exemple, les services maritimes intégrés (IMS) de l’EMSA fourniront une image détaillée en direct de tous les navires naviguant sur la Manche, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, depuis son siège à Lisbonne. Des algorithmes spéciaux pourront suivre les mouvements des navires. Associés aux images satellite, ces IMS fourniront de nombreuses données permettant d’obtenir une image complète du trafic maritime. La Belgique et la France pourront également utiliser les images satellite du service de surveillance des déversements d’hydrocarbures et de détection de la pollution CleanSeaNet de l’EMSA.
Dans le cadre du MMO, la DG Environnement pourra également pratiquer de manière approfondie un volet de lutte contre les hydrocarbures. Les 14 et 15 mai, les capacités de réponse pétrolière belge et française seront testées lors d’un exercice de grande envergure. Dans un scénario fictif, un pétrolier perdra beaucoup de pétrole après une collision au large des côtes françaises. La France fera appel aux navires belges pour contribuer à lutter contre la pollution. Trois navires belges et un navire de l’agence européenne EMSA travailleront en formation pour retirer le pétrole de la mer.
L’avion des garde-côtes belges, exploité par l’Institut des Sciences naturelles et la Défense, participe également à cet exercice, et les laboratoires écochimiques (groupe ECOCHEM – Ecosystems Physico-Chemistry) de l’Institut des Sciences naturelles jouent également un rôle important. Ils reçoivent des échantillons d’hydrocarbures par hélicoptère pour effectuer une empreinte digitale d’hydrocarbures (oli fingerprinting – processus permettant de déterminer la provenance d’un échantillon d’hydrocarbures). Les résultats sont comparés à ceux des Français, afin de tester également le protocole d’échange d’informations.
Addenda : Images aériennes de la marée noire simulée, prises lors de l’exercice des 14-15 mai 2024 depuis l’avion des garde-côtes belges.
Quinze ans après le début du programme, le suivi des effets écologiques des parcs éoliens offshore belges continue d’apporter de nouvelles informations. Il s’agit d’une conclusion importante du dernier rapport WinMon.BE, qui résume les résultats sur les invertébrés des fonds marins, les poissons, les marsouins et les oiseaux. Ce n’est que grâce à une surveillance continue et adaptative que nous pourrons garantir que nous concevons et construisons des parcs éoliens offshore de la manière la plus respectueuse de l’environnement.
Travail scientifique de terrain dans les parcs éoliens offshore belges avec le RV Belgica. (Image : Institut des Sciences naturelles//MARECO)
Il existe actuellement huit parcs éoliens offshore opérationnels dans la partie belge de la mer du Nord, avec une capacité installée totale de 2,26 gigawatts (GW) et composés de 399 éoliennes offshore. Ensemble, ils couvrent une superficie de 238 km² le long de la frontière avec les eaux néerlandaises et produisent en moyenne 8 TWh par an. Cela représente environ un tiers de la production brute d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables en Belgique.
L’impact sur l’écosystème marin, tant positif que négatif, a été étudié dès le début de la construction du premier parc éolien en 2008 à travers le programme de surveillance et de recherche WinMon.BE. Les connaissances scientifiques obtenues ont toujours éclairé la gestion et le développement de cette première zone éolienne offshore belge. Dans un nouveau rapport, les scientifiques de l’Institut des Sciences naturelles, l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), le Groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand et l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (ILVO) discutent des dernières découvertes de 2022, résument certaines tendances issues de 15 années de surveillance et indiquent où des recherches supplémentaires et le développement de mesures d’atténuation supplémentaires sont nécessaires.
Macrobenthos
Les effets à long terme des parcs éoliens offshore sur les communautés macrobenthiques (approximativement les organismes qui vivent sur le fond marin et sont visibles à l’œil nu) qui habitent les sédiments mous naturels environnants ont été étudiés sur une période de 13 ans (2008-2020). Dans ce contexte, les sédiments autour et entre les éoliennes ont également été étudiés.
Comme les éoliennes influencent l’ecoulement de l’eau, les sédiments fins s’y déposent plus facilement. Les sédiments des parcs éoliens sont également enrichis organiquement par les excréments d’organismes qui ont eux-mêmes colonisé les éoliennes (comme les moules, les anémones et certains crustacés) et par les animaux morts qui tombent des éoliennes. Un nombre plus élevé ainsi qu’une richesse et une diversité d’espèces plus élevées ont été trouvés autour des éoliennes pour le macrobenthos. En outre, des nombres plus élevés ont également été documentés dans les zones plus profondes situés entre les bancs de sable sur lesquels les parcs éoliens sont habituellement construits. La communauté du macrobenthos continue d’évoluer, aucun état stable n’a été atteint après 13 ans d’exploitation de parcs éoliens offshore.
De plus, la diversité, l’abondance et la richesse en espèces du macrobenthos ont également été corrélées aux paramètres liés au climat (température de la surface de la mer et sa variabilité naturelle sur une échelle de temps décennale), démontrant l’importance d’inclure ces variables environnementales dans l’étude.
Poissons démersaux
Des changements dans la répartition des espèces ont été identifiés pour les poissons vivant sur et juste au-dessus du fond marin, comme illustré pour la plie Pleuronectes platessa. Pour cette espèce, la répartition spatiale, le régime alimentaire et les schémas de déplacement ont été largement étudiés en relation avec les parcs éoliens offshore. Une combinaison de transects de plongée visuels (à l’échelle de l’éolienne), d’échantillons de chalut à perche (à l’échelle du parc éolien) et du suivi des animaux balisés a montré que la protection contre l’érosion autour de la base des éoliennes et les zones sablonneuses entre les éoliennes sont devenues un habitat d’alimentation important pour la plie.
Les résultats suggèrent que les parcs éoliens offshore agissent comme un refuge pour la plie, réduisant potentiellement la mortalité directe par pêche et favorisant probablement la production (reproduction). Il a été démontré précédemment que les bateaux de pêche capturaient plus de plie pour le même effort de pêche juste à l’extérieur des parcs éoliens qu’aux mêmes endroits avant la construction des parcs éoliens. Il reste toutefois à déterminer s’il s’agit d’un véritable effet qui persistera à long terme et qui perdurera également dans le contexte de l’expansion à grande échelle attendue des zones d’énergies renouvelables offshore dans l’ensemble de la mer du Nord.
Marsouins
La répartition modifiée des espèces ne doit pas seulement être interprétée en relation avec la présence de parcs éoliens offshore, mais peut également dépendre d’autres activités humaines, telles que le transport maritime, la pêche et la mariculture. C’est particulièrement le cas des espèces très mobiles telles que les mammifères marins. Les données de recensement aérien (2009-2022) ont permis d’analyser la répartition du marsouin Phocoena phocoena en fonction de facteurs environnementaux d’une part et de facteurs de stress induits par l’homme d’autre part.
La répartition du marsouin suit un schéma saisonnier cohérent, avec les densités les plus élevées au printemps. Il a été démontré que l’espèce préfère la partie occidentale des eaux belges de la mer du Nord, avec un fort chevauchement avec la zone marine protégée des « Bancs Flamands ». La distribution est également négativement corrélée à l’intensité du trafic maritime et à la distance jusqu’au parc éolien offshore le plus proche. Il faut toutefois veiller à ne pas surinterpréter ces corrélations. Une surveillance et des recherches plus poussées sont recommandées pour mieux comprendre l’interaction entre les facteurs naturels qui déterminent la répartition spatiale des marsouins, tels que la disponibilité des proies, et les facteurs de stress anthropiques.
Marsouins documentés lors d’un comptage aérien. (Image : Institut des Sciences naturelles/J. Haelters)
Oiseaux marins
La stratégie de surveillance des oiseaux marins vise non seulement à documenter comment les oiseaux recherchent des zones en mer autrement qu’avant la construction des parcs éoliens, mais aussi à quelle distance ils évitent les parcs éoliens (ou y sont attirés) et quel est l’effet de la densité des éoliennes. Les résultats présentés à ce stade (données de février 2021 à avril 2023) doivent être considérés comme indicatifs car davantage de données et de modèles spatiaux avancés sont nécessaires pour tirer des conclusions plus solides.
Néanmoins, sur la base des données actuellement disponibles, il est intéressant de constater que les réponses observées sont cohérentes avec ce qui a été trouvé précédemment et ailleurs pour plusieurs espèces d’oiseaux marins. Les résultats indiquent un effet d’attraction pour le goéland marin Larus marinus et le grand cormoran Phalacrocorax carbo, et un effet d’évitement pour le fou de Bassan Morus bassanus. En revanche, l’évitement des parcs éoliens par les guillemots de Troïl Uria aalge n’a plus été remarqué et un nombre croissant de pingouins torda Alca torda ont été observés dans les parcs éoliens.
Fou de Bassan dans la partie belge de la mer du Nord (Image : Institut des Sciences naturelles/K. Moreau)
Oiseaux migrateurs
Le sud de la mer du Nord étant situé sur l’une des routes migratoires les plus importantes d’Europe, l’atténuation des conséquences des parcs éoliens offshore implique également des mesures visant à réduire le nombre d’impacts sur les oiseaux migrateurs. Les intensités de vol les plus élevées en mer sont enregistrées la nuit lors des migrations printanières et automnales, principalement des oiseaux chanteurs migrateurs. Normalement, ceux-ci migrent à des altitudes plus élevées, mais certains volent à hauteur du rotor des éoliennes et courent donc un risque de collision. Des conditions météorologiques particulièrement défavorables amènent un grand nombre d’oiseaux chanteurs à portée des rotors des turbines.
On s’attend à ce que l’arrêt temporaire des éoliennes pendant les périodes de risque élevé de collision pour les oiseaux chanteurs réduise considérablement la mortalité. Cependant, cette mesure de contrôle n’est pas encore régulièrement appliquée, mais a déjà été testée aux Pays-Bas, entre autres. Un suivi localisé reste nécessaire pour évaluer l’efficacité de cette mesure et affiner la stratégie. En outre, une approche régionale pourrait être la plus appropriée pour maximiser l’efficacité et les avantages environnementaux d’une telle mesure.
Surveillance à long terme et adaptative
La plupart des programmes de surveillance environnementale des parcs éoliens offshore sont arrêtés cinq ans après leur installation. WinMon.BE, quant à elle, applique une philosophie de recherche à long terme, couvrant l’ensemble du cycle de vie des parcs éoliens offshore, de la construction à la phase d’exploitation jusqu’au démantèlement final. Le programme montre que quinze ans après la première installation d’éoliennes offshore dans la partie belge de la mer du Nord, des changements dans l’écosystème marin sont toujours observés, comme ce fut le cas pour les communautés de macrobenthos. Cela souligne l’importance de la recherche à long terme pour une gestion responsable des parcs éoliens offshore.
Le programme de surveillance doit également être adaptatif. Des recherches non seulement continues, mais également adaptées et nouvelles sont indispensables pour mieux comprendre la manière dont les écosystèmes marins réagissent aux parcs éoliens. Ces recherches devraient non seulement se concentrer sur l’attraction d’espèces des substrats durs (où les éoliennes représentent des substrats durs artificiels), mais également sur des espèces moins clairement influencées par les parcs éoliens offshore, comme la plie et autres poissons de fond.
Steven Degraer (Institut des Sciences naturelles/MARECO), coordinateur du consortium WinMon.BE : « Nous devons continuer à réfléchir de manière critique à l’efficacité et à l’efficience du programme de surveillance et de recherche afin de garantir que nous recueillons les meilleures données, comme le montre la conception révisée du programme de surveillance des oiseaux marins. Comme cela a été démontré pour les mammifères marins, nous devons répondre aux questions les plus pertinentes et contextualiser les impacts des parcs éoliens offshore. Des informations progressives sont nécessaires pour développer des mesures d’atténuation efficaces et fondées sur des données probantes, ainsi que pour concevoir et construire des parcs éoliens offshore respectueux de l’environnement. »
Ce n’est pas encore fini pour WinMon.BE
Dans le plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026, une zone belge supplémentaire pour les énergies renouvelables en mer a été désignée, la zone Princesse Elisabeth. Une capacité installée supplémentaire comprise entre 3,15 et 3,5 GW est prévue sur une superficie de 285 km². Les connaissances évolutives de WinMon.BE sont également utilisées pour guider la conception de cette zone d’une manière respectueuse de l’environnement, et pendant les phases de construction et d’exploitation des futurs parcs éoliens, WinMon.BE documentera et apprendra également à comprendre les effets sur le milieu marin. Étant donné que la zone Princesse Elisabeth chevauche la zone marine protégée « Vlaamse Banken », des connaissances supplémentaires sur la conception des parcs éoliens respectueux de la nature ont été rassemblées dans l’étude EDEN2000 « Exploring options for a nature-proof Development of offshore wind farms inside a Natura 2000 area » (2019-2023).
Zones d’énergies renouvelables, y compris des parcs éoliens offshore, dans la partie belge de la mer du Nord. Zone Est (vert) = première phase pleinement opérationnelle ; zone ouest (bleu) = Zone Princesse Elisabeth ; ligne pointillée orange = zone Natura 2000 (source : Plan d’Aménagement des Espaces Marins 2020-2026)
La Belgique n’est d’ailleurs pas le seul pays à investir dans des parcs éoliens dans le sud de la mer du Nord. De nombreux parcs sont déjà opérationnels, en construction ou en projet dans nos pays voisins, et il existe une déclaration d’intention d’installer 300 GW d’énergie éolienne en mer du Nord d’ici 2050. Les effets écologiques cumulatifs à une échelle géographique plus grande que la partie belge de la mer du Nord sont donc également préoccupants. Les résultats de WinMon.BE et d’EDEN2000 peuvent également être directement utilisés dans le cadre de l’Initiative « Greater North Sea Basin Initiative », qui renforce la coopération en matière de planification de l’espace marin entre les pays de la mer du Nord. Une raison supplémentaire pour laquelle il est important que la surveillance des effets écologiques des parcs éoliens offshore se poursuive !
« WinMon.BE a encore un long avenir. Il est également encourageant de constater que le programme sert d’exemple international en matière de surveillance environnementale dans les parcs éoliens offshore. Des discussions sont en cours avec des décideurs politiques et des scientifiques de différents pays qui souhaitent s’inspirer de l’exemple belge », conclut Steven Degraer.
À propos de WinMon.BE
Le programme de surveillance WinMon.BE est réalisé pour le compte du gouvernement fédéral dans le cadre des conditions liées aux permis environnementaux octroyés aux parcs éoliens offshore. Le navire de recherche Belgica a été utilisé pour le suivi (le temps de navigation du RV Belgica a été mis à disposition par BELSPO et l’Institut des Sciences naturelles), le navire de recherche Simon Stevin (exploité par l’Institut flamand de la Mer), plusieurs navires privés, l’équipe scientifique belge de plongée et l’avion de surveillance aérienne de l’Institut des Sciences naturelles.
WinMon.BE est une collaboration entre l’Institut des Sciences naturelles, l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), le Groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand et l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (ILVO), et est coordonné par l’équipe « Marine Ecology and Management » (MARECO) de l’Institut des Sciences naturelles. MARECO a également coordonné l’étude EDEN2000 sur les impacts écologiques attendus des futurs parcs éoliens offshore dans la zone Princesse Elisabeth.
Le matin du vendredi 22 décembre 2023, un dauphin commun (Delphinus delphis) mort s’est échoué sur la plage d’Ostende, près de la digue ouest du port. Il s’agissait d’une femelle de 2,07 mètres de long.
Le dauphin commun est une espèce rare en mer du Nord, mais c’est l’espèce de dauphin la plus commune dans le golfe de Gascogne et dans l’océan Atlantique adjacent. Dans le golfe de Gascogne, des milliers d’entre eux meurent chaque année dans les filets de pêche.
C’est la troisième fois en 2023 qu’un dauphin commun mort s’échoue sur une plage belge, ce qui est très exceptionnel. Le spécimen du 22 décembre était de loin le plus frais des trois et a donc été collecté pour des recherches plus approfondies. Celles-ci n’auront toutefois lieu qu’en 2024 et permettront, nous l’espérons, de faire la lumière sur l’état de santé, la cause de la mort et la zone d’origine de l’infortuné animal.
Betoncentrale Van den Braembussche a soumis le 31 octobre 2023 une demande pour la prolongation de sa concession pour l’extraction de sable sur le plateau continental belge. L’exploitation de sable est soumise à une procédure d’évaluation des incidences sur l’environnement.
La demande de concession et le rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement, l’étude appropriée inclus, est présentée ci-dessous (en néerlandais).
La période d’inspection de la consultation s’étend du 8 décembre 2023 au 7 janvier 2024.
Toutes les parties intéressées peuvent communiquer leur point de vue, leurs observations et leurs objections à Mme Brigitte Lauwaert par courrier ou e-mail jusqu’au 22 janvier 2024.
Institut des Sciences naturelles/UGMM
À l’attention de Mme Brigitte Lauwaert
Rue Vautier 29
1000 Bruxelles
Dans le Bilan de Santé 2023, les 16 parties à la Convention OSPAR, dont la Belgique, évaluent l’état de l’océan Atlantique du Nord-Est. Le rapport confirme que le changement climatique et l’acidification de l’océan sont devenus des moteurs de changement. La biodiversité et les habitats restent menacés, mais on constate une amélioration de la qualité chimique du milieu marin.
Plus de 400 scientifiques et décideurs politiques de toute la région de l’Atlantique du Nord-Est ont travaillé ensemble pour créer une évaluation globale de l’Atlantique du Nord-Est : le Bilan de Santé 2023 (OSPAR Quality Status Report 2023). Les travaux ont été menés sous l’égide de la Convention OSPAR pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est. L’évaluation reflète l’état actuel du milieu marin et des écosystèmes, ainsi que les activités humaines qui bénéficient du milieu marin et interagissent avec lui.
Le Dr. Patrick Roose, directeur opérationnel du département ‘Milieux naturels’ de l’Institut des Sciences naturelles, a été l’un des coordinateurs de ce travail titanesque. Il résume la situation comme suit : « Il est de plus en plus urgent de s’attaquer aux causes de la dégradation et de la perte de biodiversité et ainsi d’améliorer la santé et la résilience des écosystèmes marins de l’Atlantique du Nord-Est. Notre mer du Nord fait également partie de cette zone. Le changement climatique et l’acidification de l’océan sont désormais devenus les moteurs de changements majeurs qui mettent en danger une grande partie de la biodiversité marine de l’océan Atlantique du Nord-Est. En tant que tels, ils amplifient désormais les effets de facteurs auparavant ‘traditionnels’ tels que la surexploitation et la pollution chimique. »
La biodiversité en danger
Le rapport montre que de nombreuses régions de l’océan Atlantique du Nord-Est continuent de souffrir d’un déclin de la biodiversité et d’une dégradation continue de l’habitat, malgré les mesures déjà prises par les parties contractantes OSPAR. Les impacts de la pêche et d’autres activités humaines sur la biodiversité et la qualité des habitats se font encore fortement sentir, et d’autres formes de dégradation, comme la pollution sonore, suscitent une préoccupation croissante.
Bien que l’état des habitats et des espèces individuelles varie considérablement, quelques déclarations générales peuvent être faites : Les habitats de fond continuent d’être endommagés, tandis que le plancton, la base du réseau trophique marin, est affecté dans la colonne d’eau. L’état des chaînes alimentaires marines est très préoccupant. De plus en plus de stocks de poissons sont exploités de manière durable, mais la situation générale des poissons marins reste défavorable. Les oiseaux marins en général sont toujours en difficulté. De nombreux mammifères marins, en particulier les populations de phoques du Nord et les petits odontocètes, restent en péril, tandis que la situation de certains autres mammifères marins reste inconnue. Il semble également que nous en savons relativement peu sur la situation des tortues marines.
Points d’amélioration
Heureusement, la qualité de l’environnement s’est améliorée dans certains domaines : les substances les plus dangereuses telles que les PCB, les HAP et les organochlorés restent préoccupantes (notamment parce qu’elles restent longtemps dans le système), mais les émissions ont considérablement diminué. La pollution par les matières radioactives a été évitée et les rejets de l’industrie pétrolière et gazière ont été considérablement réduits et continuent de diminuer. La quantité de déchets marins reste élevée, mais elle est mieux surveillée et des mesures significatives ont été prises pour la réduire.
L’eutrophisation, processus par lequel l’eau devient excessivement enrichie en nutriments, persiste, mais une réduction progressive de l’excès de nutriments a été observée dans différentes régions de l’Atlantique du Nord-Est. L’introduction de nouvelles espèces non indigènes, autre cause traditionnelle de perte de biodiversité, semble également avoir diminué dans le milieu marin. En tant que communauté, nous devons veiller à poursuivre ces tendances dans la bonne direction. De plus, à la lumière du changement climatique et de l’acidification de l’océan, il faut faire attention à l’optimisme. Après tout, les conséquences de ces phénomènes d’origine humaine sont désormais clairement mesurables et mettent encore plus en danger les écosystèmes.
Mesures appropriées
Les conclusions du Bilan de Santé 2023 aideront OSPAR à élaborer sa stratégie pour l’environnement de l’Atlantique du Nord-Est 2030, une feuille de route pour réaliser la vision d’un Atlantique du Nord-Est propre, sain et biologiquement diversifié, productif, utilisé de manière durable et résilient face au changement climatique et à l’acidification de l’océan.
Dr. Roose ajoute quelques nuances importantes : « Les conclusions générales du Bilan de Santé ne contiennent pas de surprises majeures, mais nous devons mieux développer la politique scientifiquement fondée nécessaire, et donc traduire les connaissances scientifiques en mesures efficaces. Pour être efficaces, nous devons combiner nos efforts et participer à des évaluations internationales et à une action commune. Il ne sert à rien de tout évaluer sur une base nationale, car il n’y a pas de frontières dans les mers et aucun effet indésirable ne peut être surmonté dans les parties nationales d’une zone maritime plus vaste. »
Il y a également encore du travail à faire dans le domaine scientifique : « Il existe encore des indicateurs pour lesquels nous ne disposons pas de données suffisantes et nous pourrions mieux coordonner la collecte de données. Une collecte de données suffisante, continue et coordonnée est cruciale, tout comme un soutien politique continu. De plus, toutes les méthodes d’évaluation et tous les seuils ne sont pas encore prêts, surtout pas pour les effets cumulatifs », ajoute le Dr. Roose.
Dr. Patrick Roose présente les principales conclusions du Bilan de Santé 2023 d’ OSPAR lors de la conférence annuelle du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) à Bilbao, en Espagne, le 13 septembre 2023.
OSPAR et le Bilan de Santé
OSPAR – la ‘Commission d’Oslo et de Paris’ – est le mécanisme par lequel quinze gouvernements et l’UE travaillent ensemble pour protéger l’environnement marin de l’océan Atlantique du Nord-Est. Les quinze gouvernements sont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Islande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.
OSPAR a débuté en 1972 avec la Convention d’Oslo contre les dumpings et a été étendu à la pollution marine provenant des industries terrestres et offshore par la Convention de Paris de 1974. Les deux conventions ont été réunies, mises à jour et élargies par la Convention OSPAR de 1992. En 1998, une nouvelle annexe sur la biodiversité et les écosystèmes a été adoptée pour couvrir les activités humaines non polluantes susceptibles d’avoir un impact négatif sur la mer. Plus d’informations sur le site OSPAR et YouTube.
Le Bilan de Santé 2023 est l’évaluation la plus complète de l’Atlantique du Nord-Est et reflète le travail collectif des 16 parties à la Convention OSPAR. Il évalue l’état de diverses composantes de l’océan Atlantique du Nord-Est et examine l’évolution de cet état depuis le précédent Bilan de 2010.
Le Bilan de Santé 2023 a été présenté lors de la conférence scientifique annuelle du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) à Bilbao, en Espagne, le 13 septembre 2023. En Belgique, les résultats, axés sur la mer du Nord, ont été présentés lors de l’événement ‘Restauration de la nature dans la partie belge de la mer du Nord’, organisé par le SPF Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement, le 5 décembre 2023 à Bruges.
La contribution belge au Bilan de Santé a été réalisée grâce à la coopération de nombreuses organisations, toutes explicitement remerciées pour leur coopération : la Direction Générale Environnement (SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement), l’Institut des Sciences naturelles, l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), l’Agence flamande de l’environnement (VMM), l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (ILVO), l’Institut flamand de la mer (VLIZ) , le Département Accès Maritime (Département de la Mobilité et des Travaux Publics), l’Entreprise Publique Flamande des Déchets (OVAM) et la Direction Générale Navigation (SPF Mobilité et Transports).