BELREEFS: Le premier projet offshore de restauration à grande échelle de bancs d’huîtres en mer du Nord belge

Avant 1850, les bancs d’huîtres plates étaient une composante structurelle et écologique dominante de l’écosystème marin en mer du Nord. Sous l’influence de l’homme et d’un parasite persistant, ils ont pratiquement disparu aujourd’hui. Néanmoins, les récifs d’huîtres sont des écosystèmes importants. Ils sont souvent appelés « ingénieurs de l’écosystème » parce qu’ils créent des habitats qui soutiennent des écosystèmes entiers. Au nom du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement des partenaires scientifiques et industriels mettent actuellement sur pied le projet BELREEFS : le premier projet pilote offshore de restauration à grande échelle de récifs d’huîtres en mer du Nord belge.

BELREEFS est une collaboration entre Jan De Nul Group, l’Institut belge des Sciences Naturelles, Shells & Valves et Mantis Consulting, conformément aux recommandations de la Native Oyster Restoration Alliance (NORA). L’industrie et la science unissent leurs forces pour relever les défis de la restauration des récifs d’huîtres, une opération complexe qui nécessite de l’innovation et des solutions créatives. La complexité du soutien logistique et la sensibilité des huîtres aux perturbations (lors de l’ensemencement, du transport et de l’installation en mer) nécessitent des connaissances couvrant différents domaines d’expertise.

Vicky Stratigaki, ingénieur et coordinateur de projet pour BELREEFS chez Jan De Nul Group :  Nous voulons créer un récif d’huîtres autonome. Notre ambition est de restaurer la nature à long terme, sans autre intervention humaine. L’un des choix que nous faisons pour y parvenir est d’installer les récifs d’huîtres là où ils se trouvaient historiquement : dans ce que l’on appelle les bancs de gravier.

BELREEFS comprend trois phases (voir les images ci-dessous) : du lit de gravier actuel à l’installation d’un substrat pour récifs ensemencés de naissain d’huîtres dans le cadre du projet BELREEFS, et, dans la troisième phase, l’augmentation de la biodiversité. Celle-ci se caractérise par la présence de différentes espèces de faune et de flore marines attirées par un récif ostréicole autonome.

Déterminer l’emplacement précis des récifs d’huîtres est l’une des missions principales de l’Institut belge des Sciences Naturelles.

Vera Van Lancker et Steven Degraer, Institut des Sciences naturelles : « Pour maximiser la survie et la reproduction des récifs d’huîtres, nous identifions les emplacements présentant les conditions environnementales et de fond marin les plus appropriées. De plus, la protection naturelle contre les dommages et les conditions optimales de placement sont cruciales. Par conséquent, nous effectuerons une cartographie détaillée du fond marin. »

Ce projet est particulièrement innovant. Par exemple, les larves d’huîtres pourront s’installer directement sur un substrat approprié à proximité de l’endroit où elles seront ensuite relâchées selon la technique de « mise en place à distance ». Le récif d’huîtres fera l’objet d’un suivi intensif pendant plusieurs années jusqu’à ce qu’il devienne autonome et prospère et puisse soutenir les écosystèmes marins.

Senne Aertbeliën, SPF Santé publique, service Milieu Marin : “L’huître européenne a toujours été une espèce centrale importante en mer du Nord, mais cette espèce a presque complètement disparu depuis. Pour nous, la reconstitution active de ces populations est donc une priorité. Le fait que nous puissions coopérer à cette échelle avec des scientifiques et des entreprises dans ce but est unique ».

BELREEFS – La phase 1 : Lit de gravier initial
BELREEFS – La phase 2 : Substrat de récif d’huîtres après installation
BELREEFS – La phase 3 : Récif d’huîtres autonome qui soutient la biodiversité

La surveillance des émissions des navires saluée pour son impact durable

Le programme de surveillance de l’Institut des Sciences naturelles pour les émissions d’oxydes de soufre (SOx) et d’oxydes d’azote (NOx) des navires en mer a reçu la « Mention spéciale pour son impact durable » dans le cadre de l’initiative Greening Award de l’Agence européenne pour la sécurité maritime. Une reconnaissance bien méritée pour l’impact et la durabilité de nos efforts pour lutter contre la pollution de l’air causée par les navires en mer.

Jean-Baptiste Merveille (Institut des Sciences naturelles) reçoit les honneurs des mains de Maja Markovcic, directrice exécutive de l’EMSA lors de la remise des Greening Awards. Ténérife, 27 juin 2024

En mai 2024, le programme de surveillance des émissions de SOx et de NOx des navires en mer de l’Institut des Sciences naturelles, qui fait partie de la surveillance aérienne de la mer du Nord, a été nominé comme finaliste de l’initiative Greening Award de l’Agence européenne pour la sécurité maritime (European Maritime Safety Agency – EMSA), dans la catégorie « Greening Operations».

L’initiative Greening Award est organisée conjointement avec Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) et l’Agence européenne de contrôle des pêches (European Fisheries Control Agency – EFCA) et célèbre les actions de durabilité des autorités exerçant des fonctions de garde-côtes dans l’UE.

La remise des prix a eu lieu le 27 juin 2024 lors du 7ème événement annuel de la Garde côtière européenne, organisé par l’EFCA à Tenerife, en Espagne, et a réservé de bonnes nouvelles aux opérateurs et pilotes du programme belge de surveillance aérienne. Bien que le premier prix ait été attribué au « Grand Harbour Clean Air Project » de Malte, le programme belge « Remote Measurements for SOx and NOx monitoring » a reçu la « Mention spéciale pour son impact durable ».

Un programme pionnier

Depuis 2015, l’Institut des Sciences naturelles, grâce au financement du programme Connecting Europe Facility, a équipé son avion des garde-côtes belge d’un capteur renifleur pour mesurer les émissions des navires en mer. Cette application en a fait un projet véritablement révolutionnaire et le programme continue d’être une source d’inspiration pour de nombreux autres pays.

Ce programme de surveillance est couronné de succès grâce à une bonne coopération avec le secrétaire d’État à la Politique scientifique et le ministre de la Défense, qui soutiennent la maintenance, l’exploitation et le renouvellement de l’avion, avec le ministre de la Mer du Nord qui, entre autres, a fourni le capteur de NOx, et avec la Direction Générale Navigation, qui organise le suivi des valeurs suspectes de SOx et NOx à terre.

L’avion surveille désormais le CO2, le SO2, les NOx et le carbone noir. Les résultats des opérations de renifleur ont augmenté l’efficacité des inspections portuaires de plus de 50 %.

Une reconnaissance bien méritée

La catégorie « Greening Operations » comprend les actions opérationnelles et les projets qui ont conduit à une amélioration de l’empreinte écologique des navires qui croisent en Mer du Nord. Une attention importante est accordée aux actions ou projets qui permettent une transition verte, contribuent à un avenir plus durable et qui soutiennent directement ou indirectement les objectifs du Green Deal européen.

En utilisant et en développant un capteur renifleur innovant à bord de l’avion garde-côtes, en surveillant en permanence les émissions des navires en mer, en communiquant les résultats aux autorités compétentes et en publiant les résultats dans la littérature professionnelle internationale, le programme belge contribue non seulement au développement technique d’équipements pour mesurer la pollution atmosphérique provenant des navires en mer, mais également au développement des connaissances de l’impact de la réglementation sur l’environnement, ainsi qu’au soutien et au développement des législations nationales et internationales.

Ce n’est donc pas un hasard si le prix spécial, qui souligne à la fois l’impact et la durabilité de cet impact, a été attribué à la surveillance aérienne belge des émissions de SOx et de NOx des navires en mer.

Le Ministre de la Mer du Nord, Paul Van Tigchelt : « L’établissement de zones à faibles émissions en mer du Nord et l’adoption de réglementations internationales telles que MARPOL Annexe VI pour réduire les émissions maritimes ne sont efficaces qu’avec des mécanismes d’application solides en place. La Belgique a été pionnière dans ce domaine avec les capteurs de NOx et de SOx installés sur l’ avion renifleurs. Nous ouvrons la voie à un air plus pur et à un environnement plus sain. Ce prix est une reconnaissance de l’excellent travail de toutes les personnes impliquées dans le projet d’avion renifleur. »

Autres catégories et reconnaissances

De plus amples informations sur l’Initiative Greening Award (y compris les autres catégories « Diffusion et sensibilisation » et « Greening At Work ») et les nominés dans toutes les catégories peuvent être trouvées ici.

Dans la catégorie « Opérations écologisantes », des prix spéciaux ont également été décernés pour « l’excellence technique » (attribuée aux nouveaux navires de patrouille espagnols pour l’inspection et la surveillance des pêches) et pour la « transformation durable » (attribuée aux unités navales à propulsion hybride pour Venise, en Italie).

Le prix « Greening at Work » a été décerné à l’Agence flamande des services maritimes et côtiers (MDK), qui met en œuvre une série ambitieuse de projets de développement durable dans l’ensemble de ses actions et activités sous le dénominateur commun « Travailler ensemble pour une Europe plus verte ».

Consultation publique : Demande de concession pour l’extraction de sable

SA DEME Building Materials a soumis le 5 avril 2024 une demande pour une concession pour l’extraction de sable sur le plateau continental belge pour un project exceptionnel pour l’exploitation de sable dans la zone de contrôle 3. L’exploitation de sable est soumise à une procédure d’évaluation des incidences sur l’environnement. La demande de concession, le rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement et un complément au rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement sont présentés ci-dessous (en néerlandais).

© Institut des Sciences naturelles/K. Moreau

Demande

Rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement et complément

Résultats des consultations

 

La période d’inspection de la consultation s’étend du 22 juin 2024 au 22 août 2024.

Toutes les parties intéressées peuvent communiquer leur point de vue, leurs observations et leurs objections par courrier (UGMM, Rue Vautier 29, 1000 Bruxelles) ou e-mail (bmm@naturalsciences.be) jusqu’au 6 septembre 2024.

Institut des Sciences naturelles/UGMM
Rue Vautier 29
1000 Bruxelles

bmm@naturalsciences.be

Vers un observatoire de la biodiversité et des changements écosystémiques dans la mer de Weddell

La mer de Weddell est un haut lieu de la vie en Antarctique, mais l’impact du changement climatique et de la fonte des glaces de mer sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes est mal connu. Le nouveau projet d’Observatoire de la biodiversité et des changements écosystémiques de la mer de Weddell cartographiera la biodiversité et élaborera une stratégie de surveillance des changements dans une zone marine protégée proposée.

Éponges siliceuses dans la mer de Weddell © Alfred-Wegener-Institut/Tomas Lundalv

La mer de Weddell et le changement climatique

La mer de Weddell est la plus grande mer côtière de l’océan Austral et un véritable haut lieu de vie. C’est ici que se reproduisent les phoques et les manchots empereurs. Les essaims de krill, qui broutent les microalgues sous la banquise, attirent poissons, baleines et oiseaux marins. Des millions de poissons des glaces frayent sur les fonds marins, tandis que des jardins sous-marins remplis d’éponges siliceuses, d’anémones et d’ascidies prospèrent, dont certains atteignent des niveaux de biodiversité comparables à celle des récifs tropicaux.

« La mer de Weddell est un habitat largement intact et donc extrêmement précieux. Non seulement elle a une grande valeur esthétique, mais elle se caractérise également par une biodiversité unique. Cette diversité biologique est également la source de services écosystémiques importants, tels que le stockage du carbone dans les profondeurs marines par les algues de glace et les restes coulants du plancton », explique le Dr Hauke ​​​​Flores, biologiste marin à l’Institut Alfred Wegener (Allemagne) et coordinateur du projet Weddell Sea Observatory of Biodiversity and Ecosystem Change (WOBEC).

Toutefois, le changement climatique s’est également propagé à l’Antarctique. Hauke ​​​​Flores ajoute :   « Ces dernières années, nous avons assisté à un déclin étonnamment rapide de la glace de mer. Nous ne savons pas comment ni si les organismes de la région peuvent s’adapter aux conditions environnementales modifiées. Pour évaluer cet aspect, nous devons d’abord mieux comprendre l’état de l’écosystème et commencer de toute urgence une collecte systématique de données. »

Un essaim de larves de krill antarctique (Euphausia superba) sous la glace de la mer de Weddell © Alfred-Wegener-Institut /Ulrich Freier

Combler le manque de données

L’objectif du projet est d’observer les changements potentiels à long terme de la biodiversité dans l’est de la mer de Weddell. Bien que des pays comme l’Allemagne, la Norvège et l’Afrique du Sud étudient la région depuis des décennies, les études systématiques sur son vaste écosystème font défaut. Pour de grandes parties de la mer de Weddell, les observations à long terme de la biodiversité marine sont même totalement inexistantes.

Afin de collecter de nouvelles données précieuses, une expédition avec le brise-glace allemand Polarstern dans la mer de Weddell est prévue en 2026, coordonnée par l’Université de Rostock. En outre, les partenaires du projet effectueront des recherches dans leurs archives et mettront à disposition des résultats inédits et difficiles à trouver dans des bases de données accessibles.

Dr. Anton Van de Putte de l’Institut des Sciences Naturelles et de l’Université Libre de Bruxelles est responsable de la gestion des données du WOBEC. Il fera également partie de l’expédition 2026 et contribuera au traitement et à l’interprétation des données. « Notre objectif est de créer une stratégie de surveillance environnementale à long terme dans la mer de Weddell, basée sur des données historiques et actuelles, à l’aide d’observatoires autonomes, de télédétection par satellite et d’échantillonnage à bord de navires », explique Anton.

Le navire de recherche allemand Polarstern dans la mer de Weddell © Alfred-Wegener-Institut/Mario Hoppmann

Une aire marine protégée ?

Les parties prenantes du monde politique, du monde des affaires et de la conservation seront impliquées dans le processus, qui se déroulera également en étroite coopération avec la Commission pour la conservation de la vie marine de l’Antarctique (CCAMLR). L’UE et d’autres membres de la CCAMLR réclament depuis des années la protection d’une grande partie de la mer de Weddell. Malheureusement, une proposition soumise précédemment pour une nouvelle zone marine protégée dans la mer de Weddell n’a pas été adoptée, car le vote doit être unanime et la situation géopolitique actuelle rend les négociations de la CCAMLR difficiles.

Cependant, la ratification de la Convention sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (Convention BBNJ, au titre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer) en 2023 constitue une évolution prometteuse. On espère que ce signal positif stimulera le processus de déclaration d’une zone marine protégée dans la mer de Weddell sous l’égide de la CCAMLR. WOBEC offrira l’opportunité de créer une stratégie scientifique pour évaluer la biodiversité au sein de la zone marine protégée et les changements futurs dans celle-ci.

Différentes espèces d’éponges dans l’est de la mer de Weddell © Alfred-Wegener-Institut/Luisa Federwisch

 

L’Observatoire de la biodiversité et du changement des écosystèmes de la mer de Weddell (WOBEC) combine les forces de onze instituts de huit pays (Europe et États-Unis), et est dirigé par le Alfred Wegener Institute, Helmholtz Centre for Polar and Marine Research (AWI). Au cours des trois prochaines années, les chercheurs participants détermineront l’état actuel de la communauté biotique de la mer de Weddell, comme référence pour la surveillance à long terme de l’écosystème de l’océan Austral en transformation.

WOBEC est l’un des 33 projets du programme phare de l’Union européenne BiodivMon, sous les auspices de Biodiversa+, le partenariat européen pour la biodiversité. La réunion de lancement du WOBEC a lieu à Bremerhaven, en Allemagne, du 11 au 14 juin 2024. Les partenaires nationaux ont accordé au WOBEC un soutien financier de 1,9 million d’euros.

Les manchots empereurs observent une bouée de glace de mer que les scientifiques de l’AWI ont installée sur la glace © Alfred-Wegener-Institut/Stefan Hendricks

Mammifères marins et tortues marines en Belgique en 2023

Le nouveau rapport « Mammifères marins et tortues marines en Belgique en 2023 » résume les résultats de la surveillance et de la recherche sur ces animaux en Belgique en 2023. Les marsouins se sont échoués moins qu’au cours des 20 dernières années, mais un nombre élevé a encore été dénombré en mer. Les phoques continuent d’augmenter. Le mammifère marin le plus remarquable de 2023 était une orque, et l’échouage d’une tortue caouanne vivante était une première en Belgique.

Orque au large de Coxyde, 29 octobre 2023 © Institut des Sciences Naturelles / K. Moreau

Marsouins et phoques

En 2023, 26 marsouins se sont échoués en Belgique. La plupart de ces animaux étaient dans un état de décomposition avancé. Il s’agit du plus faible nombre de marsouins morts au cours des 20 dernières années, poursuivant la tendance à la baisse précédemment documentée. Les chiffres les plus élevés datent d’il y a dix ans, lorsque plus de 100 marsouins se sont échoués certaines années (avec un maximum de près de 150 en 2013). La raison de cette baisse reste sujette à des spéculations.

Des relevés aériens de mammifères marins dans les eaux belges ont été réalisés en avril, juin et septembre 2023. Les observations ont permis de calculer qu’il y avait respectivement 14.700, 1.400 et 2.500 marsouins présents dans la zone de recherche à ces périodes. Le nombre d’avril a été l’un des plus élevés jamais enregistrés. Une analyse approfondie des données collectées lors des relevés aériens au cours de la période 2009-2022 a montré que les marsouins sont effectivement présents en fortes densités dans la partie belge de la mer du Nord, notamment au printemps. Ils préfèrent les parties les plus septentrionales et occidentales de nos eaux et semblent éviter les voies de navigation.

48 phoques morts se sont échoués en 2023. Une enquête plus approfondie a fourni des informations sur la cause du décès de 14 de ces phoques. Dix d’entre eux sont probablement morts dans les filets de pêche. Le nombre total de phoques morts échoués sur les côtes est comparable à celui des cinq années précédentes (à l’exception d’un pic en 2021). À plus long terme, on observe une tendance à la hausse. Sealife a soigné sept phoques gris et 17 phoques communs en 2023. Près de la moitié des animaux n’ont pas survécu.

Marsouin mort sur la plage de Middelkerke, 18 janvier 2023. © Bart Mortelmans

Orque à la frontière de Coxyde et La Panne

Le cétacé le plus marquant de 2023 a sans aucun doute été l’orque mâle, qui s’est d’abord déplacé lentement le long de la côte de Coxyde le 29 octobre pour finir par s’échouer à La Panne. L’animal était très maigre et affaibli et est mort presque immédiatement après s’être échoué. Pour l’instant, il n’a pas été possible de déterminer de quelle population il était issu.

C’est depuis le milieu du 19ème siècle que des échouages ​​d’orques ont été recensés dans notre pays. Nous avons essayé de démêler les informations sur ces échouages ​​historiques. Nous rendons également hommage à Louis François Paret, l’homme à qui l’on doit le fait que l’on puisse encore admirer les restes de ces animaux, âgés aujourd’hui de plus de 175 ans.

Orque sur la plage de La Panne, 29 octobre 2023 © Institut des Sciences Naturelles / K. Moreau

Autres espèces rares

Un rorqual commun mort a été ramené à la proue d’un navire dans le port d’Anvers le 29 août 2023. L’autopsie a montré que l’animal était mort des suites de la collision.

Quelques dauphins, rares pour notre pays, se sont échoués en 2023 : un dauphin commun le 22 décembre, et deux dauphins communs ou bleu et blanc très décomposés les 21 juillet et 8 octobre.

Quelques tortues marines se sont également échouées en 2023. Une tortue luth morte le 7 octobre est décédée de causes traumatiques. Une tortue caouanne vivante échouée le 25 novembre constitue le premier échouage confirmé de cette espèce en Belgique.

Tortue caouanne vivante sur la plage de Bredene, le 25 novembre 2023 © W. Rogiers

Le nouveau rapport « Mammifères marins et tortues marines en Belgique en 2023 » est publié par l’Institut des Sciences Naturelles. Le rapport complet et les rapports annuels précédents (disponibles depuis 2014) peuvent être téléchargés ici.

Notre surveillance des SOx et des NOx est finaliste du Greening Award Initiative

Le programme de surveillance de l’Institut des Sciences naturelles des émissions de SOx et de NOx des navires en mer, qui fait partie de la surveillance aérienne, est finaliste du Greening Award Initiative de l’Agence européenne pour la sécurité maritime.

L’initiative Greening Award est organisée conjointement avec Frontex (l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) et l’Agence européenne de contrôle des pêches (European Fisheries Control Agency – EFCA) et met en lumière les actions de durabilité des autorités exerçant des fonctions de garde-côtes dans l’UE.

Depuis 2015, l’Institut des Sciences Naturelles, grâce au financement du programme Connecting Europe Facility, a équipé l’ avions des garde-côtes belges d’un capteur renifleur pour mesurer les émissions des navires en mer.

Ce programme de surveillance réussit grâce à une bonne coopération avec le ministre de la Mer du Nord qui, entre autres, a fourni le capteur de NOx, et avec la Direction Générale Navigation, qui assure le suivi des valeurs suspectes de SOx et NOx à terre.

L’avion surveille désormais le CO2, le SO2, les NOx et le carbone noir, et les résultats des opérations de renifleur ont augmenté l’efficacité des inspections portuaires de plus de 50 %.

Plus d’informations sur le programme peuvent être trouvées sur https://tinyurl.com/vkkzjr8k.

Surveillance aérienne de la mer du Nord en 2023

En 2023, l’Institut des Sciences naturelles, avec son avion de la Garde côtière, a documenté 17 cas de pollution marine opérationnelle provenant de navires. Des niveaux suspectes de soufre et d’azote ont été mesurées dans les panaches de fumée de 24 et 42 navires. D’autres activités comprenaient la surveillance des installations pétrolières et gazières, le dénombrement des mammifères marins et une surveillance maritime plus large au service de la Garde côtière.

© Ben Ullings

Aperçu des vols de surveillance

Dans le cadre du programme national de surveillance aérienne, 244 heures de vol ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord en 2023. Ce programme est organisé par le service scientifique de l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord) de l’Institut des Sciences naturelles, en collaboration avec la Défense.

La majorité des heures de vol ont consisté en des vols nationaux (221 heures):

  • 208 heures dans le cadre des missions de la Garde côtière belge :
    • 164 heures de contrôle de la pollution, réparties à parts égales entre la surveillance des rejets d’hydrocarbures, d’autres substances nocives et d’ordures (annexes I, II et V de MARPOL) et le contrôle des émissions de soufre et d’azote des navires (application de l’annexe VI de MARPOL) ;
    • 39 heures destinées au contrôle des pêches, à la demande du service flamand « Dienst Zeevisserij » ;
    • 3 heures ‘on call’ pendant lesquelles l’avion a été appelé pour vérifier la pollution de la mer après une collision et la détection d’hydrocarbures à proximité des parcs éoliens ;
    • 2 heures dans le cadre d’exercices de contrôle de la pollution .
  • 13 heures de vol pour le recensement des mammifères marins.

En outre, 23 heures ont été consacrées à des vols internationaux dans le cadre de l’accord de Bonn, notamment une mission « Tour d’Horizon » de contrôle des plates-formes de forage en mer du Nord.

Déversements par les navires

En 2023, aucune pollution n’a été détectée suite à des incidents en mer. Le 10 octobre, l’avion des garde-côtes a été appelé après une collision entre deux navires dans le mouillage de Westhinder, mais seuls des dégâts matériels ont été observés.

En revanche, quatre déversements opérationnels d’hydrocarbures ont été recensés. Bien qu’il s’agisse du nombre le plus important des 5 dernières années, la tendance à la baisse des 30 dernières années reste intacte (voir graphique).

La première pollution par hydrocarbures a été observée dans le sillage d’un bateau de pêche, sur une longueur d’un kilomètre et demi. Un PV a été établi par les agents de l’UGMM. La pollution ne pouvait pas être combattue.

Une deuxième pollution par hydrocarbures, de faible ampleur, a été observée à l’embouchure de l’Escaut occidental, dans les eaux néerlandaises. La nappe de pétrole n’a pas pu être reliée à un pollueur et était déjà fortement érodée.

La troisième nappe de pétrole se trouvait au large du dispositif de séparation de trafic du Noordhinder et avait une taille plus importante. La nappe d’environ 16 km2 couvrait les eaux françaises, anglaises et belges et était déjà fortement érodée par l’action naturelle des vagues et le grand nombre de navires passant à cet endroit. Un éventuel pollueur n’a pas pu être identifié.

Une quatrième nappe de pétrole a été observée après avoir été signalée par le parc éolien Norther. Il s’agissait d’une petite nappe d’hydrocarbures déjà altérée à proximité des parcs éoliens. Là encore, aucun pollueur n’a pu être identifié.

En 2023, aucune violation de l’annexe V de la convention MARPOL concernant le rejet d’ordures et de matériaux solides en vrac n’a été détectée. Cependant, 13 cas de pollution opérationnelle par des substances liquides nocives autres que les hydrocarbures (annexe II de la convention MARPOL) ont été observés, dont six ont pu être liés à un navire.

Trois cas concernaient des rejets de FAME (fatty acid methyl ester). Les autres cas concernaient des rejets d’aniline (matière première de base pour l’industrie chimique), d’huile de tournesol et de dérivés d’huile de palme, respectivement. Dans un cas, un PV a été dressé par les agents de l’UGMM car la norme de rejet de l’annexe II de MARPOL n’était pas respectée, qui stipule que de tels rejets doivent avoir lieu lorsque la profondeur de l’eau est supérieure à 25 mètres. Dans les autres cas, les autorités d’inspection portuaires compétentes ont été informées afin  d’assurer un suivi  et éventuellement une enquête.

La contamination par des substances liquides nocives autres que le pétrole reste un problème courant qui, comme déjà communiqué les années précédentes, semble même connaître une légère tendance à la hausse (voir le graphique ci-dessous). Cette tendance à la hausse est également observée par d’autres pays de la mer du Nord. Le fait qu’il s’agisse souvent de rejets autorisés n’enlève rien au fait que, à des degrés divers de gravité, ils peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement marin. Il est important que les États côtiers continuent à surveiller ces rejets, car cela permet d’identifier les problèmes en mer et d’inciter à adapter la législation actuelle si nécessaire.

La pollution par les hydrocarbures dans les ports

Le 14 décembre, une nappe de pétrole a été identifiée dans le port d’Anvers. Il s’agissait d’une pollution antécédente de pétrole libérée du sous-sol, par exemple à la suite d’une opération de dragage. Cette nappe a par la suite été nettoyée par un navire de lutte contre la pollution.

Pollution par les hydrocarbures dans le port d’Anvers. © Institut des Sciences naturelles/ UGMM

Surveillance des émissions de soufre et d’azote

Grâce à l’utilisation d’un capteur renifleur, l’avion peut mesurer les polluants dans l’échappement des navires en mer et notre pays est connu comme un pionnier dans la lutte internationale contre la pollution atmosphérique causée par les navires.

La mesure des émissions de soufre fait déjà partie du programme depuis 2016. Afin de contrôler les limites strictes de soufre qui s’appliquent au carburant des navires dans la zone de contrôle des émissions de soufre de la mer du Nord, 59 vols-renifleurs (pour un total de 79,7 heures) ont été effectués par l’avion en 2023 au-dessus de la zone de surveillance belge. Sur les 902 navires dont les émissions de soufre ont été mesurées, 24 présentaient une teneur en soufre élevée et suspecte. Ces navires ont été dûment signalés aux services d’inspection maritime compétents et ont ensuite été inspectés à terre.

Grâce à l’intégration réussie d’un capteur de NOx en 2020, l’avion de l’UGMM peut également mesurer les concentration de composés azotés (NOx) dans les panaches de fumée des navires afin de surveiller et faire respecter les limites plus strictes qui s’appliquent depuis le 1er janvier 2021 dans la zone de contrôle des émissions de la mer du Nord. La Belgique est ainsi devenue le premier pays prêt à assurer le suivi de ces restrictions plus strictes. Sur les 902 navires pour lesquelles les émissions d’azote ont été contrôlées en 2023, 42 valeurs suspectes ont été signalées.

Depuis 2021, un nouveau capteur a été ajouté à la configuration du renifleur, à savoir le capteur de carbone noir qui mesure la concentration de suie dans les émissions des navires. La concentration en suie de 377 navires a été mesurée en 2023. Lorsque des concentrations de suie exceptionnellement élevées sont constatées, les autorités portuaires maritimes compétentes sont invitées à prélever un échantillon du carburant utilisé. Ces échantillons de carburant seront analysés en 2024 dans les laboratoires de l’Institut des sciences naturelles.

Vérification des polluants dans le panache de fumée d’un navire. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Mission internationale « Tour d’Horizon »

Lors de la mission internationale annuelle « Tour d’Horizon » de surveillance de la pollution marine provenant des plateformes de forage dans la partie centrale de la mer du Nord (dans les eaux offshore néerlandaises, danoises, britanniques et norvégiennes), effectuée dans le cadre de l’accord de Bonn en juillet 2023, l’avion de surveillance a détecté un total de 30 pollutions par hydrocarbures, un record depuis le début de ces campagnes annuelles en 1991.

28 pollutions ont pu être liées directement à une plateforme pétrolière. Toutes ces observations ont été systématiquement rapportées à l’Etat côtier compétent pour suivi ultérieur, conformément aux procédures internationales en vigueur.

Pétrole lié à une plateforme de forage lors de la mission internationale TdH. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Au cours de cette mission, l’équipage a également eu la chance d’observer un groupe d’orques dans les eaux norvégiennes.

Trois orques (Orcinus orca) dans les eaux norvégiennes lors de la mission internationale TdH. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Suivi des mammifères marins

En 2023, l’Institut des Sciences naturelles a réalisé des recensements aériens de mammifères marins en avril, en juin et en septembre. Respectivement 282, 32 et 55 marsouins ont été observés respectivement sur les transects de vol. Cela représente beaucoup de marsouins pour une surface semblable à celle des eaux belges : plus que 14.700 en avril, et plus que 1.400 en juin et 2.500 en septembre. Des phoques ont également été régulièrement observés lors de ces vols, soit 2 en avril, 10 en juin et 30 en septembre.

Surveillance maritime élargie

Dans le cadre de la coopération au sein de la Garde côtière, l’avion de surveillance à contribué également à des missions plus larges de mise en application de la réglementation maritime et de la sécurité en mer.

En 2023, pas moins de 15 navires ont été observés sans AIS, le système d’identification automatique qui permet, entre autres, d’éviter les collisions. La grande majorité (93%) de ceux-ci étant des navires de pêche, ce qui confirme la tendance à la hausse observées depuis que les navires de pêche sont tenus d’utiliser un AIS (2020).

En outre, 46 infractions à la navigation dans le dispositif de séparation du trafic (DST) ont été observées par l’avion de la Garde côtière en 2023 dans et aux alentours des eaux belges. Il s’agit là d’une augmentation significative et concerne principalement des navires naviguant en sens inverse (« navigation fantôme ») ou jetant l’ancre dans l’un des couloirs de navigation. Ces observations ont été systématiquement signalées à la Direction générale de la navigation (SPF Mobilité et Transports) pour suivi. Vu le nombre croissant d’infractions et par conséquent le risque accru de collisions, la Direction générale de la navigation assure un suivi juridique spécifique à ce sujet depuis janvier 2023.

Enfin, 3 infractions liées à l’entrée dans des zones interdites ont également été signalées aux autorités compétentes l’année dernière. C’est nettement moins que les chiffres des années précédentes. Une explication possible est que l’introduction des zones interdites à la navigation, telles que la ferme aquacole au large de Nieuport et la zone d’étalonnage des instruments scientifiques (à hauteur d’Ostende) sont entre-temps bien assimilées par les navigateurs.

© Institut des Sciences naturelles/UGMM

Parcs éoliens offshore et dynamique des sédiments

Le nombre de parcs éoliens offshore en mer du Nord augmente de façon exponentielle. Leur construction répond à l’urgence de transition vers la production d’énergie verte et la neutralité carbone. L’installation de ces structures artificielles a un impact notable sur l’écosystème marin. Certains impacts positifs incluent la fourniture d’un nouveau foyer pour divers animaux et l’offre d’un abri, de nourriture et d’aires de reproduction. Cependant, des taches de sédiments noirs ont été observées dans les sédiments échantillonnés à proximité des fondations des turbines, suggérant un apport élevé de matière organique dans les sédiments, altérant les processus biogéochimiques naturels.

© Institut des Sciences naturelles/E. Cepeda Gamella

Dans le projet OUTFLOW, la doctorante Esther Cepeda Gamella (Institut des Sciences Naturelles – MARECO et Université de Gand) étudie la source de ces sédiments noirs.

Apprenez-en davantage sur cette recherche dans un article de blog qu’Esther a écrit pour BioVox (en anglais) :

https://biovox.eu/the-ecological-impact-of-offshore-wind-farms-and-sediment-dynamics/

Jeune petit rorqual affamé à Ostende

Un jeune petit rorqual mâle échoué à Ostende le 13 mai est très probablement mort de faim. L’estomac vide, le faible poids et la fine couche de graisse vont dans ce sens. L’animal « frais » a probablement été séparé de sa mère pour une raison inconnue. Même si les observations de petits rorquals morts et vivants sont devenues plus fréquentes ces dernières années dans le sud de la mer du Nord, leur échouage sur une plage belge reste un événement exceptionnel.

© A. Deboosere

Le matin du 13 mai 2024, un randonneur a trouvé un jeune petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata) mort sur la plage d’Ostende, près du Casino Kursaal. Le secouriste en chef Jonathan Devos a vu l’animal – alors d’identité inconnue – flotter dans les eaux côtières peu de temps auparavant. La zone autour de l’animal échoué a été bouclée afin que les services d’urgence et les scientifiques de l’Institut des Sciences naturelles puissent organiser l’évacuation de l’animal.

« Il était immédiatement évident qu’il s’agissait d’un animal très jeune, très maigre et récemment décédé », explique Jan Haelters, expert en mammifères marins à l’Institut des Sciences naturelles. « Les petits rorquals ne mesurent que 2,5 à 2,8 m à la naissance, on soupçonne donc que ce spécimen de 3,16 m n’a que quelques mois. À cet âge-là, ils sont encore très dépendants de leur mère. »

De l’état frais de l’animal, on peut déduire qu’il est probablement mort peu avant ou pendant l’échouage. Le cadavre a été transféré à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Gand, où une équipe de l’Université de Gand et de l’Université de Liège a procédé le même après-midi à une autopsie.

© Institut des Sciences naturelles/W. De Clercq

Les résultats de l’autopsie

Le petit rorqual d’Ostende s’est avéré être un jeune mâle.

« Son poids n’était que de 214 kg, ce qui est très peu pour un animal de cette taille. Même à la naissance, ils pèsent plus lourd, jusqu’à 450 kg. Il n’est donc pas surprenant qu’aucun reste de nourriture n’ait été retrouvé dans l’estomac », explique Wannes De Clercq, qui a assisté à l’autopsie pour l’Institut des Sciences naturelles.

« Les résultats suggèrent que ce petit rorqual s’est séparé de sa mère, ce qui est évidemment problématique pour un jeune animal qui ne peut pas encore subvenir à ses besoins alimentaires », a ajouté Wannes. La fine couche de graisse (seulement 7 mm d’épaisseur) conforte également l’hypothèse d’une mort par faim. Un petit morceau de plastique dans l’estomac n’est pas lié à la cause du décès.

© Institut des Sciences naturelles/W. De Clercq

Petits rorquals belges

Le petit rorqual est un résident permanent de la mer du Nord, mais son aire de répartition est principalement limitée à la partie nord et centrale de celle-ci. L’espèce apparaît moins souvent dans le sud de la mer du Nord, bien que la fréquence des observations de petits rorquals vivants et échoués semble y avoir augmenté ces dernières années.

Jan Haelters fournit des détails : « Nous connaissons onze cas avérés de petits rorquals dans les eaux belges au cours des 25 dernières années. Il y a eu cinq fois des carcasses et six fois des spécimens vivants. »

Les carcasses datent de 2004 (trouvé mort en mer et ramené à terre ; mort suite à une capture accidentelle), 2013 (échoué ; mort suite à l’ingestion d’une grande quantité de plastique), 2017 (carcasse en décomposition en mer), 2020 (mal nourrie et mâchoire inférieure cassée) et 2023 (carcasse en décomposition en mer, echouée ensuite aux Pays-Bas).

Les petits rorquals vivants ont été repérés en 2013, 2017, 2019, 2020 et deux fois en 2024. Ces derniers animaux ont été observés le 20 mars 2024 depuis le RV Belgica par des scientifiques de l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (près du Fairybank) et le 23 avril 2024 lors d’un relevé aérien de mammifères marins par l’Institut des Sciences naturelles (près de la frontière avec les eaux anglaises).

Une coopération étroite entre la Belgique et la France en mer cet été

Opération conjointe de sécurité sous pavillon européen

Le 13 mai 2024, le coup d’envoi officiel d’une collaboration temporaire belgo-française sur l’utilisation de drones sur les côtes de la mer du Nord a été donné à Dunkerque, en France. Pendant quatre mois, du 13 mai au 13 septembre 2024, les  partenaires des garde-côtes belges pourront utiliser deux drones spéciaux pour soutenir leurs différentes tâches en mer. Cela comprend également l’Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord et de l’estuaire de l’Escaut (UGMM), service scientifique de l’Institut des Sciences naturelles.

© EMSA/Schiebel

Cette opération conjointe de la Belgique et de la France est coordonnée respectivement par l’EMSA et l’EFCA, l’Agence européenne pour la sécurité en mer et l’Agence européenne de contrôle des pêches. Le projet s’appelle MMO (MultiPurpose Maritime Operation) La Manche et Sud Mer du Nord et est donc transfrontalier.

Cet été, les regards seront encore plus nombreux vers la mer pour assurer la sécurité de notre littoral. Par ailleurs, de nombreuses formations sur la sécurité maritime sont organisées par des experts internationaux.

Nathalie Balcaen – co-présidente de la Garde côtière : « C’est une belle opportunité que nous offrons l’EMSA et l’EFCA. Dans un premier temps, nous souhaitons voir comment ces drones peuvent compléter les ressources dont nous disposons déjà. Comment les appareils peuvent-ils aider lors d’une opération de sauvetage en mer ou en hydrographie ? Sont-ils du bon type ou non ? Nous pouvons utiliser pleinement le matériel de l’été et ensuite l’évaluer. Si les résultats sont positifs, nous travaillerons sur les dossiers nécessaires pour acheter nous-mêmes les drones. »

Deux types de drones seront déployés conjointement avec la France. Un soi-disant RPAS (Remotely Piloted Aircraft System), un drone volant, et un ROV (Remotely Operated Vehicle), un drone sous-marin. Différents partenaires des garde-côtes pourront déployer ces drones dans des zones prédéfinies de la mer du Nord.

Utilisation de drones

  • Le MRCC (Maritime Rescue and Coordination Center) de l’Agence des Services Maritimes et Côtiers (MDK) souhaite utiliser le RPAS pour la recherche et le sauvetage. Par exemple, le drone peut prendre des images d’éventuelles « anomalies » en mer comme des petits bateaux, des personnes qui se noient, des objets, etc. En cas de collision entre deux navires au large des côtes, le drone peut être envoyé en avant pour déterminer d’éventuels dommages aux navires à un stade précoce. Cela permet d’intervenir encore plus rapidement en cas de catastrophe maritime.
  • La DG Environnement et l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord et de l’estuaire de l’Escaut) souhaitent utiliser le RPAS pour détecter la pollution de l’environnement. L’UGMM peut également utiliser le drone en complément pour vérifier certains rapports sur la faune et la flore de la mer du Nord et pour mesurer des émissions des navires.
  • L’Agence de l’Agriculture et de la Pêche Maritime souhaite utiliser le RPAS pour des missions dans le cadre du contrôle des pêches en mer.
  • Le Service hydrographique flamand (Agence des Services Maritimes et Côtiers – MDK) utilisera le ROV, entre autres, pour mieux visualiser et identifier les épaves au fond de la mer du Nord.

Formations et exercices supplémentaires

En plus de l’utilisation de la technologie, des activités d’éducation et de formation sont également dispensées dans le cadre du MMO pour les différents partenaires de la Garde côtière. L’accent est ici mis sur une meilleure identification des navires en mer et sur la communication associée. Par exemple, les services maritimes intégrés (IMS) de l’EMSA fourniront une image détaillée en direct de tous les navires naviguant sur la Manche, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde, depuis son siège à Lisbonne. Des algorithmes spéciaux pourront suivre les mouvements des navires. Associés aux images satellite, ces IMS fourniront de nombreuses données permettant d’obtenir une image complète du trafic maritime. La Belgique et la France pourront également utiliser les images satellite du service de surveillance des déversements d’hydrocarbures et de détection de la pollution CleanSeaNet de l’EMSA.

Dans le cadre du MMO, la DG Environnement pourra également pratiquer de manière approfondie un volet de lutte contre les hydrocarbures. Les 14 et 15 mai, les capacités de réponse pétrolière belge et française seront testées lors d’un exercice de grande envergure. Dans un scénario fictif, un pétrolier perdra beaucoup de pétrole après une collision au large des côtes françaises. La France fera appel aux navires belges pour contribuer à lutter contre la pollution. Trois navires belges et un navire de l’agence européenne EMSA travailleront en formation pour retirer le pétrole de la mer.

L’avion des garde-côtes belges, exploité par l’Institut des Sciences naturelles et la Défense, participe également à cet exercice, et les laboratoires écochimiques (groupe ECOCHEM – Ecosystems Physico-Chemistry) de l’Institut des Sciences naturelles jouent également un rôle important. Ils reçoivent des échantillons d’hydrocarbures par hélicoptère pour effectuer une empreinte digitale d’hydrocarbures (oli fingerprinting – processus permettant de déterminer la provenance d’un échantillon d’hydrocarbures). Les résultats sont comparés à ceux des Français, afin de tester également le protocole d’échange d’informations.

 

Addenda : Images aériennes de la marée noire simulée, prises lors de l’exercice des 14-15 mai 2024 depuis l’avion des garde-côtes belges.

© Institut des Sciences naturelles/UGMM
© Institut des Sciences naturelles/UGMM