Les marsouins évitent le transport maritime

Le bruit croissant des navires traversant la mer du Nord modifie l’environnement marin. Une nouvelle étude à grande échelle analysant les observations aériennes des mammifères marins et les données de navigation a montré que les marsouins communs évitent les zones à fort trafic maritime. Cela peut perturber leur alimentation et leur comportement social.

Marsouins communs, Zeebrugge, 15 août 2024 (© Filip De Ruwe)

Les chercheurs ont combiné des observations aériennes de mammifères marins avec les données du système d’identification automatique des navires (SIA) pour cartographier l’impact de la navigation sur la répartition des marsouins communs (Phocoena phocoena). L’intensité du trafic maritime a été utilisée comme référence pour l’intensité du bruit. Le bruit sous-marin peut perturber les marsouins et rendre leur environnement moins propice à l’habitat.

Entre 2015 et 2022, des chercheurs ont recensé 6 511 groupes de marsouins communs en Belgique et dans les pays voisins. L’étude a comparé plusieurs variables, telles que le bruit des navires, la proximité des navires et la fréquence des passages de navires, afin de déterminer quel facteur expliquait le mieux la présence ou l’absence de marsouins communs. L’équipe de recherche internationale était dirigée par Rémi Pigeault de l’Institut de recherche sur la faune terrestre et aquatique (Institute for Terrestrial and Aquatic Wildlife Research, ITAW) de l’Université de médecine vétérinaire de Hanovre (Allemagne), avec la contribution de Jan Haelters de l’Institut des Sciences naturelles.

Les résultats montrent une corrélation entre une forte densité de navires et une présence réduite de marsouins communs. Plus on s’éloignait des voies de navigation, moins les marsouins étaient affectés, mais l’effet restait perceptible jusqu’à 9 kilomètres de distance. L’étude, publiée dans Marine Pollution Bulletin en novembre 2024, confirme l’impact croissant du bruit sous-marin sur les écosystèmes marins.

L’impact du trafic maritime

La mer du Nord est l’une des régions maritimes les plus fréquentées au monde et le trafic maritime devrait encore augmenter en raison de l’expansion des industries offshore telles que les parcs éoliens et les installations pétrolières et gazières. La navigation provoque des bruits sous-marins qui se propagent sur de longues distances et affectent la vie marine.

Les marsouins utilisent l’écholocation pour chasser, naviguer et communiquer avec leurs congénères, et leur ouïe extrêmement sensible les rend vulnérables à la pollution sonore. Des études antérieures ont montré que le bruit fort des navires induit un comportement d’évitement chez les marsouins communs, comme des mouvements de plongée rapides, un effort de nage accru et un comportement alimentaire interrompu.

Les résultats ont montré que les modèles prenant en compte les mouvements réels des navires prédisaient mieux l’emplacement des marsouins que les modèles basés uniquement sur des niveaux de bruit théoriques. « Les déplacements forcés des marsouins par la navigation peuvent limiter leur capacité à trouver de la nourriture », explique Jan Haelters.

Conséquences pour la conservation et les politiques

L’étude souligne la nécessité de prendre en compte l’impact du transport maritime sur la vie marine et de prendre des mesures lorsque cela est possible. Comme le souligne Rémi Pigeault : « Avec l’augmentation du transport maritime et la croissance des industries offshore, il est essentiel de mettre en œuvre des mesures qui minimisent la pollution sonore et protègent les habitats importants des marsouins communs avant que les perturbations ne deviennent irréversibles. »

Une solution possible est la désignation d’aires marines protégées où les mouvements de navigation sont restreints afin de protéger les espèces vulnérables. Une autre approche consiste à développer des technologies qui provoquent moins de pollution sonore sous l’eau. Des restrictions saisonnières sur la navigation ou d’autres activités humaines qui provoquent un bruit important dans les zones critiques d’alimentation et de reproduction des marsouins communs peuvent également être une mesure efficace.

La recherche fournit des informations précieuses qui peuvent contribuer à une planification durable des activités en mer, afin que les marsouins et les autres espèces marines de la mer du Nord puissent continuer à prospérer.

Trajectoires de recherche sur les mammifères marins en mer du Nord entre mars 2015 et mars 2022 (lignes rouges) et densité moyenne de navires en 2022 (voir échelle). Les lignes orange indiquent les limites de la zone d’étude.

Premier rorqual commun vivant dans les eaux belges

Le lundi 17 février, un rorqual commun a été aperçu près du parc éolien C-Power dans les eaux belges. Il s’agit de la première observation confirmée par image d’un individu vivant de cette espèce en Belgique ces derniers temps.

Ce fut sans aucun doute un choc lorsqu’un employé du parc éolien C-Power a remarqué un grand cétacé dans le parc éolien, le lundi 7 février, à quelques dizaines de kilomètres de la côte belge. L’animal a pu être filmé et les images ont été transférées à l’Institut des Sciences naturelles, qui coordonne le suivi des effets des parcs éoliens offshore sur le milieu marin. Les images ont permis d’identifier l’animal comme étant un rorqual commun (Balaenoptera physalus), un individu d’apparence mince.

Rorqual commun dans le parc éolien de C-Power le 17 février 2025 (© C-Power)

À quel point est-ce rare ?

Tous les rorquals observés jusqu’à présent en Belgique, et dont il a été confirmé qu’ils étaient des rorquals communs, étaient des spécimens morts. L’observation du rorqual commun près du parc éolien C-Power est donc tout à fait exceptionnelle. Il s’agit du premier cas confirmé par image d’un individu vivant dans les eaux belges.

Au XXe siècle, trois échouages ​​de rorquals communs ont été enregistrés sur la côte belge. Des spécimens en état de décomposition avancée ont été échoués sur le rivage en 1939 et 1978, suivis de l’échouage d’un animal récemment décédé en novembre 1997 (Ostende). On ne peut pas affirmer avec certitude qu’un morceau de peau, qui s’est échoué en septembre 1994 (également à Ostende), provenait d’un rorqual commun.

Bien que six cas belges soient connus au XXIe siècle, ils impliquaient toujours des animaux morts. À quatre reprises, des rorquals communs ont été heurtés par les bulbes de gros navires. Le premier n’a été observé qu’en mer (7 juin 2004), les trois autres ont été retrouvés à l’entrée des navires dans les ports (22 septembre 2009 Anvers, 9 novembre 2015 Gand, 29 août 2023 Anvers).

Une carcasse observée en mer le 24 octobre 2018 a échoué de manière contrôlée au Coq le 25 octobre, et le 30 septembre 2022, un animal mort a dérivé le long de la côte belge et s’est échoué à Westkapelle aux Pays-Bas le 2 octobre.

Un géant des océans à la coloration asymétrique

Avec une longueur pouvant atteindre 27 mètres, le rorqual commun est le deuxième plus grand cétacé et donc la deuxième plus grande espèce animale sur Terre. Seule la baleine bleue est plus grande. Le rorqual commun est gris brunâtre sur la face dorsale et blanc sur la face ventrale. La coloration asymétrique de la tête est frappante. La mâchoire inférieure gauche est sombre, tandis que la mâchoire inférieure droite a une couleur blanche ou gris clair. Sur les images de l’animal observé dans le parc éolien C-Power, la mâchoire inférieure droite blanche est à peine visible.

Comme beaucoup d’autres grands rorquals communs, le rorqual commun est une espèce cosmopolite. Cela signifie qu’il est présent dans tous les principaux océans et dans les eaux allant des pôles aux tropiques. L’espèce se nourrit de krill, de poissons et de calmars. L’espèce n’a rien à faire dans les eaux peu profondes de la mer du Nord. Bien que les rorquals communs visitent généralement les zones d’alimentation du nord pendant la saison estivale et migrent vers les zones de reproduction du sud pendant la saison hivernale, leur schéma de migration global dans l’océan Atlantique n’est pas bien compris. De plus, certains rorquals communs restent à des latitudes plus élevées toute l’année.

Augmentation des cas en Belgique

La population de rorquals communs de l’Atlantique Nord se rétablit lentement après avoir atteint des niveaux historiquement bas causés par la chasse à la baleine. Seuls le Japon, la Norvège et l’Islande autorisent encore la chasse à la baleine. Un nombre plus important de rorquals communs dans les eaux plus profondes de l’Atlantique augmente le risque de perte d’un spécimen dans les eaux peu profondes de la mer du Nord.

En outre, l’augmentation du nombre de navires en mer contribue à une augmentation du nombre d’incidents impliquant de grands mammifères marins. Une proportion importante des rorquals communs qui nous sont parvenus étaient morts à la suite de collisions avec de gros navires, sans doute en dehors des eaux belges.

Enfin, la probabilité de signaler une faune marine particulière – morte ou vivante – a considérablement augmenté au cours des dernières décennies en raison du nombre croissant de personnes en mer et de la facilité avec laquelle les observations, les photos et les vidéos peuvent désormais être partagées.

Rorqual commun dans le parc éolien de C-Power le 17 février 2025 (© C-Power)

Trois publications du European Marine Board en 2024

En juin 2024, le European Marine Board (EMB) a publié son Future Science Brief n° 11 « Marine habitat mapping » lors d’un événement « Brown bag lunch » organisé par la DG Environnement à Bruxelles. Ce document met en évidence les méthodes actuelles et les tendances futures dans l’acquisition de données sur les fonds marins et la colonne d’eau, discute de la combinaison des données pour produire des cartes à l’aide d’approches de modélisation et présente des recommandations pour l’adoption de systèmes de classification des habitats adaptés. Il donne également un aperçu de ce qui a été cartographié dans les bassins maritimes européens, souligne la nécessité d’augmenter la qualité et la résolution des cartes des habitats marins, identifie les lacunes critiques dans les types d’habitats et l’étendue géographique, et décrit la nécessité d’améliorer l’évaluation et la communication de l’incertitude et de la confiance dans les cartes.

En octobre 2024, l’EMB a lancé sa publication phare Navigating the Future VI « Placing the Ocean within the wider Earth system » lors d’un événement dédié à Bruxelles. Ce document explore le rôle essentiel de l’océan par rapport au climat mondial, à la biodiversité, à l’eau douce et aux populations, offrant une orientation stratégique concernant l’avenir de la recherche et de la politique marines. Vous pouvez revoir un enregistrement de l’événement ici et accéder à la présentation de l’EMB ici.

En décembre 2024, l’EMB a publié son Policy Brief n° 12 « Requirements for Coastal Resilience in Europe ». Ce Policy Brief présente des recommandations politiques, scientifiques et sociales clés pour renforcer la résilience côtière et améliorer la capacité à faire face aux impacts des pressions côtières, en résumant les principaux messages et recommandations du document de position n° 27 de l’EMB « Building Coastal Resilience in Europe ». Les recommandations de ce document seront discutées plus en détail lors du 9e Forum de l’EMB sur « Addressing coastal and water resilience on the land-sea interface » qui se tiendra le 2 avril 2025 à l’Institut des Sciences naturelles à Bruxelles.

La manière dont les publications de l’EMB et leurs recommandations scientifiques et politiques de haute qualité contribuent à la Décennie de l’océan et à ses défis est mise en évidence dans chaque document individuel.

Vous trouverez ici d’autres publications de l’EMB.

L’État fédéral belge est représenté au sein de l’EMB par la Politique scientifique fédérale (BELSPO) et au sein du EMB Communication Panel par l’Institut des Sciences naturelles.

Consultation publique: Demandes de concession pour l’extraction de sable et de gravier

TV Zeezand Exploitatie, Dranaco NV, Charles Kesteleyn NV en Satic NV ont soumis le 13 décembre 2024 une demande pour la prolongation et/ou une extension spatiale de leur concession pour l’extraction de sable et de gravier sur le plateau continental belge. L’exploitation du sable et gravier est soumise à une procédure d’évaluation des incidences sur l’environnement. Les demandes de concession et le rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement, l’étude appropriée inclus, sont présentés ci-dessous (en néerlandais).

© Institut des Sciences naturelles/K. Moreau

Demandes

Rapport d’évaluation des incidences sur l’environnement

Bijkomende informatie

Journée d’étude sur le sable marin 2021

Journée d’étude sur le sable marin 2021

Ateliers

Résultats des consultations

 

La période de consultation s’étend du 31 janvier au 2 mars 2025.

Toutes les parties intéressées peuvent communiquer leur point de vue, leurs observations et leurs objections à l’UGMM par courrier ou e-mail jusqu’au 17 mars 2025.

UGMM
À l’attention de Patrick Roose
Rue Vautier 29
1000 Bruxelles

bmm@naturalsciences.be

northseabelgium.be regroupe des informations sur la politique belge en mer du Nord

Toute personne concernée par la gestion durable de la partie belge de la mer du Nord ou souhaitant rester informée sur la politique de la mer du Nord peut désormais visiter northseabelgium.be. Le site résume les derniers développements en matière de politique et de recherche scientifique et constitue une initiative du ministre de la Mer du Nord et des services gouvernementaux fédéraux actifs autour de notre onzième province.

Avec une superficie de 3.452 km² et un littoral de 67 kilomètres, la partie belge de la mer du Nord est une petite zone marine, mais avec de grandes ambitions. C’est notre 11e province et essentielle pour l’avenir de notre pays. La Belgique est notamment un pionnier en ce qui concerne le plan d’aménagement des espaces marins, les efforts pour gagner des énergies renouvelables en mer et réduire l’impact environnemental du transport maritime, et travaille activement à l’intégration des possibilités de restauration et de développement de la nature dans l’ensemble des activités humaines en mer. Nous avons de nombreuses raisons d’être fiers et pouvons à juste titre nous qualifier de Blue Leader.

Différents services gouvernementaux fédéraux et leurs différents partenaires sont impliqués dans l’élaboration de la politique belge de la mer du Nord. Chacun d’eux rend compte de ses activités et de ses réalisations via son propre site web et d’autres canaux de communication, mais les parties intéressées et les personnes impliquées manquent souvent d’une vue d’ensemble.

A l’initiative et en collaboration avec le Ministre de la Mer du Nord, le Service Scientifique ‘Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM, Institut des Sciences Naturelles), le Service Milieu Marin (Service Public Fédéral Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement) et la Direction Générale Navigation (Service Public Fédéral Mobilité et Transports) le site web commun northseabelgium.be. Ce site web fournit des informations claires sur les dernières nouvelles concernant la politique belge en mer du Nord et la recherche scientifique, ainsi que sur les services et activités des services concernés.

Trois thèmes bleus

Les nouvelles, services et activités sont classées en trois thèmes : Nature BleueNavigation Bleue et Economie Bleue.

Nature bleue – Notre mer du Nord belge abrite l’espace naturelle le plus grand de notre pays, une biodiversité riche et dynamique d’espèces animales et végétales, ainsi que le paysage sous-marin unique des bancs flamands. La gestion durable et la protection de la nature bleue marine sont essentielles pour la prospérité et le bien-être des générations actuelles et futures. Nous sommes pleinement engagés dans la conservation, la restauration et le développement de la nature bleue au niveau national, européen et international. Nous accordons une attention particulière à la nature dans les zones protégées ainsi que dans les zones de concession pour diverses activités humaines.

Navigation bleue – La partie belge de la mer du Nord se trouve sur la route d’accès à nos ports maritimes et à ceux de l’étranger, ce qui en fait l’une des zones maritimes les plus fréquentées au monde. Au sein de l’Organisation maritime internationale (OMI), nous adoptons une position ambitieuse en matière de réduction des émissions des navires. Cependant, la Navigation bleue représente bien plus, puisque nous travaillons également sur la gestion des déchets, les ressources essentielles à bord, le bien-être et les conditions de travail des marins, la sécurité et la sûreté maritimes, les réglementations relatives aux bateaux de travail et à la pêche, et la durabilité des pêcheries, entre autres. La navigation de plaisance fait également l’objet d’une attention particulière.

Economie bleue – Production d’énergie, pêche, aquaculture, extraction de sable et de gravier, élimination des déblais de dragage, … la mer du Nord belge a bien d’autres fonctions et utilisateurs que la conservation de la nature et la navigation ! Le plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026 détermine quelles activités peuvent être développées en toute sécurité et dans le respect de la nature, à quel endroit et dans quelles conditions, et où les activités peuvent être combinées. La protection du patrimoine sous-marin (par exemple les épaves) et l’installation de diverses infrastructures de mesure (bouées, poteaux de mesure, radars) font également l’objet d’une attention particulière, des zones d’entraînement militaire sont prévues et la gestion et la dépollution du dépôt de munitions du Paardenmarkt sont examinées.

Mer du Nord : petite mer, grandes ambitions

Le lancement de northseabelgium.be souligne la force de la coopération entre les différents services fédéraux de la mer du Nord et constitue une étape importante dans le renforcement de la sensibilisation du public à la politique belge de la mer du Nord. La plateforme est une invitation à tous – des décideurs politiques aux citoyens, des entreprises aux scientifiques – à participer à l’avenir durable de notre mer du Nord. En outre, des dossiers d’information numériques sont également proposés aux élèves du secondaire afin de sensibiliser les jeunes à l’importance de notre mer du Nord. Visitez le site web et découvrez comment nous travaillons ensemble pour bâtir un avenir équilibré, innovant et durable pour notre 11e province.

Le ministre de la mer du Nord, Paul Van Tigchelt : « Notre mer du Nord est une source inestimable de nature, d’énergie et d’innovation. La Belgique est un leader mondial en matière de conservation de la nature, de transport maritime bleu et d’économie bleue. Ce succès est dû à une étroite coopération et à un partage d’informations entre les services impliqués dans la politique de la mer du Nord, ce qui est essentiel pour atteindre nos objectifs ambitieux. Avec northseabelgium.be, nous franchissons une étape importante dans le renforcement de la transparence et de la coopération, et nous démontrons notre rôle de leader dans le développement durable de la mer du Nord. »

SWiM – Combiner l’énergie éolienne et solaire en mer du Nord belge

Dans le projet SWiM, six partenaires unissent leurs forces pour mener des recherches sur la combinaison des technologies marines en mer du Nord belge. L’accent est mis sur une intégration écologiquement durable de panneaux solaires flottants dans les parcs éoliens.

La technologie du photovoltaïque flottant a fait de grands progrès ces dernières années. Des systèmes destinés aux lacs et aux réservoirs sont déjà déploiés à l’échelle du gigawatt dans le monde entier. Plusieurs approches ont été développées pour une utilisation en mer, et les premiers démonstrateurs sont en cours d’installation pour cette technologie innovante.

© KU Leuven, 2023

En raison de l’environnement difficile, avec les fortes vagues, le vent, les risques de corrosion et d’encrassement, cette technologie nécessite un développement structurel entièrement nouveau. Couvrant une surface inférieure à 10 % d’un parc éolien, les systèmes photovoltaïques d’une puissance nominale correspondant à celle des éoliennes peuvent être raccordés au même réseau, ce qui contribue à réduire les coûts.

Les limites exactes et les pertes de réduction doivent être déterminées par une analyse détaillée. La complémentarité de la production d’électricité entre l’éolien et le solaire tout au long de l’année est un facteur bénéfique majeur, comme nous avons pu le montrer dans une étude précédente.

Concept

Le projet SWiM – « Solar and Wind in the Belgian Marine Zone » – est financé par le Fonds pour la transition énergétique du SPF Economie et vise à élaborer des lignes directrices techniques et des recommandations politiques pour une utilisation multiple des zones commerciales en mer dans ce que l’on appelle des « Mariparcs ».

Ce concept combine différentes technologies prenant en compte les effets possibles de ces parcs sur l’environnement marin. L’intégration efficace et efficiente de la production d’électricité par l’énergie éolienne offshore et l’énergie photovoltaïque (panneaux solaires flottants) jouera un rôle clé à cet égard.

Les résultats seront largement diffusés pour servir de base aux décisions des acteurs commerciaux et des autorités.

Méthode

  • Les forces et les faiblesses des structures existantes seront analysées et les options de placement de panneaux solaires flottants dans les parcs éoliens ainsi que les effets écologiques seront cartographiés. Les règles d’installation au sein des parcs éoliens doivent être affinées pour prendre en compte les différentes exigences et les intérêts de tous les utilisateurs. Des consultations auront lieu avec les parties prenantes pour élaborer des règles sûres et efficaces.
  • La performance électrique des panneaux solaires sera modélisée en détail sur la base d’un cadre de simulation de rendement énergétique existant. De plus, des mesures spécifiques seront développées pour garantir la fiabilité des composants dans des conditions offshore difficiles.
  • Les limites détaillées sont déterminées par la charge thermique des câbles, et les modèles associés seront affinés pour assurer la meilleure mise à l’échelle tout en maintenant des conditions de fonctionnement sûres.
  • Outre les dimensions, la conception de l’ancrage et de l’amarrage détermine en grande partie la meilleure utilisation de l’espace en mer. À cela s’ajoutent des exigences relatives aux distances de sécurité et aux zones spéciales pour d’autres utilisations. Les effets biologiques doivent également être pris en compte lors de la planification.
  • L’un des objectifs clairs du projet est de formuler des conseils politiques et d’influencer la planification spatiale marine et les règles d’octroi de licences. Par conséquent, une série d’ateliers sera également organisée au cours de laquelle les parties prenantes de tous les domaines concernés pourront apporter leur contribution. Le projet vise donc à développer des lignes directrices permettant une utilisation partagée efficace et sûre de la zone maritime à des fins commerciales.

Johan Driesen, Professeur de Génie Électrique à la KU Leuven et affilié à EnergyVille : « Grâce à l’expertise complémentaire des partenaires, nous déterminerons les conditions limites de l’intégration de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne en mer. Nous nous engagerons avec les parties prenantes à élaborer des voies pour un déploiement efficace de la combinaison de ces technologies. Cela permettra aussi à la Belgique d’assoir son postionnement sur la carte en matière de production d’énergie renouvelable innovante ».

Les partenaires

Le projet rassemble six partenaires issus de la recherche, de la politique et de l’industrie.

  • Laborelec dispose d’une large expertise dans le domaine des énergies renouvelables et des systèmes et infrastructures électriques, notamment l’énergie éolienne offshore, l’énergie solaire, le stockage d’énergie, les systèmes de conversion d’énergie et les tests de câbles électriques. L’équipe énergies renouvelables mène depuis plusieurs années des projets de recherche internes sur l’énergie éolienne offshore et énergie solaire flottante, financés par ENGIE Research&Innovation.
  • Avec une économie bleue durable comme cœur de métier, Blue Cluster a acquis une expertise considérable en matière de politique maritime (internationale) et conseille les décideurs politiques à propos de technologies innovantes dans ses projets. Blue Cluster est impliqué dans divers projets innovants traitant de l’utilisation multiple des espaces marins ainsi que dans leurs aménagements. Il constitue aussi un lien solide avec la communauté des entreprises.
  • L’Institut des Sciences naturelles possède une expertise significative en écologie marine, couvrant la modélisation hydrodynamique et biogéochimique, les études expérimental et les travaux de terrain. Les compétences en quantification et évaluation des impacts environnementaux des panneaux solaires flottants en mer, et plus généralement des activités humaines en mer (y compris les parcs éoliens offshore), ont été développées et appliquées dans plusieurs projets de recherche antérieurs.
  • Imec/EnergyVille gère et développe un cadre de modélisation permettant de calculer le rendement énergétique de plusieurs applications photovoltaïques intégrées en fonction des conditions environnementales et des contraintes d’installation. En étendant un modèle établi dans le projet « MarineSPOTS », le système énergétique s’appuiera sur des modèles de dégradation des systèmes photovoltaïques soumis à différents facteurs de stress, qui peuvent être affinés en fonction de l’environnement unique de l’énergie photovoltaïque en mer.
  • UHasselt/EnergyVille dispose d’une grande expertise dans le domaine de la fiabilité des systèmes énergétiques au sein du département imo-imomec, en collaboration avec imec. Dans des projets antérieurs, ce groupe de recherche a travaillé sur la modélisation de la fiabilité, les essais de modules solaires et de systèmes électroniques de puissance sous différentes contraintes thermiques, mécaniques, électriques, ainsi que sur la conception de systèmes photovoltaïques, la détection in situ et l’optimisation de l’énergie.
  • En plus du vaste savoir-faire existant en matière de conception structurelle marine, la KU Leuven/EnergyVille a acquis une expertise significative en matière de photovoltaïque offshore au cours des deux dernières années, notamment dans le cadre du projet « MarineSPOTS ». La structure électrique des systèmes d’énergie renouvelable, tant pour les convertisseurs électroniques de puissance que pour l’intégration des systèmes d’alimentation, fait partie de leurs compétences, au même titre que la conception du réseau et les aspects liés au marché.

SWiM est soutenu par le Fonds pour la transition énergétique du SPF Economie, PME, Classes moyennes et Énergie, et peut compter sur l’encadrement d’un conseil consultatif composé de dix membres issus de l’industrie active dans l’espace maritime et les énergies renouvelables.

Surveillance des plateformes pétrolières et gazières en mer du Nord en 2024

Du 9 au 13 septembre 2024, l’avion de surveillance de l’Institut des Sciences naturelles a effectué sa mission annuelle Tour d’Horizon (TdH) pour surveiller les plates-formes pétrolières et gazières offshore en mer du Nord. Malgré les conditions météorologiques difficiles, huit contaminations ont été documentées.

Le Tour d’Horizon est réalisée chaque année dans le cadre de l’Accord de Bonn. La Belgique collabore à cette fin avec les autres pays riverains du centre et du nord de la mer du Nord. Au cours de cette mission, l’avion belge visite également les eaux néerlandaises, allemandes, danoises, norvégiennes et britanniques. L’équipage est composé de pilotes de la Défense et d’opérateurs aériens de l’Institut des sciences naturelles.

L’équipage de la mission TdH ’24 était composé (de gauche à droite) de Kobe Scheldeman (opérateur Institut des Sciences naturelles), Alexander Vermeire (pilote Défense), Geert Present (pilote Défense) et Annelore Van Nieuwenhove (opérateur Institut des Sciences naturelles). © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Les contributions TdH des différents pays de la mer du Nord sont coordonnées selon un calendrier prédéterminé et selon des points de passage établis. Cela garantit une couverture et une supervision optimales de l’infrastructures pétrolière et gazière offshore.

Huit pollutions

En 2024, huit contaminations ont été constatées lors du mission TdH belge, ce qui est nettement moins que les années précédentes. Cela s’explique principalement par les conditions météorologiques difficiles en mer, qui font que les polluants sont presque immédiatement décomposés de manière naturelle.

Pollution liée à une plateforme pétrolière dans les eaux norvégiennes. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Les substances polluantes observées correspondent à six nappes d’hydrocarbures, dont cinq peuvent être liées à des plates-formes de forage pétrolier. Une nappe en revanche a été observée alors qu’aucun pollueur ne se trouvait à proximité. Il s’agit également de la seule nappe de taille significative (c’est-à-dire d’un volume estimé à plus de 1 m3). Deux autres pollutions qui ont été associées à une plate-forme de forage pétrolier, n’ont pas pu être examinées visuellement, faute de temps et de carburant pour vérifier s’il s’agissait ou non d’hydrocarbure. Toutes les détections ont été signalées aux autorités nationales compétentes conformément aux procédures établies dans le cadre de l’ Accord de Bonn.

Détail d’une marée noire dans les eaux allemandes. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Assumer la responsabilité internationale

Grâce à la longue expérience de l’équipage ainsi qu’à la fonctionnalité et à la déployabilité de l’avion de surveillance, la Belgique continue d’honorer ses engagements dans le cadre de l’Accord de Bonn. L’Institut de Sciences naturelles continue de démontrer son engagement pour une meilleure protection de la mer du Nord.

Observation d’une plateforme pétrolière dans les eaux agitées de la Norvège. © Institut des Sciences naturelles/UGMM

Le projet JOMOPANS finaliste des « Regiostars 2024 Awards »

De 2018 à 2022, une équipe enthousiaste de spécialistes de 11 organisations autour de la mer du Nord – dont l’équipe MARECO de l’Institut des Sciences naturelles (représentée par le spécialiste du bruit sous-marin et plongeur scientifique Alain Norro), a travaillé sur le projet JOMOPANS (Joint Monitoring of Ambient Noise in the North Sea). Le projet a été nominé aux prix européens « REGIOSTARS 2024 Awards ».

L’objectif de JOMOPANS était de développer un cadre pour un programme conjoint de surveillance opérationnel du bruit ambiant en mer du Nord, et le projet a développé efficacement des outils pour intégrer les effets du bruit ambiant dans les évaluations de l’état environnemental de la mer du Nord et pour évaluer les mesures visant à améliorer l’environnement.

Cette réalisation a reçu une large reconnaissance et a finalement permis à JOMOPANS de devenir finaliste des prix européens « REGIOSTARS 2024 Awards ». Une grande réussite en soi, car seuls 25 finalistes ont été choisis sur un total de 262 candidatures ! Les prix ont été répartis en cinq catégories, pour JOMOPANS, il s’agissait de la catégorie « Une Europe verte ».

Le 9 octobre 2024, les lauréats ont été annoncés. JOMOPANS n’a finalement pas remporté de prix, mais le véritable prix est que le projet a mis le sujet du bruit sous-marin sur la carte et a contribué à attirer davantage l’attention sur l’environnement marin et le problème du bruit sous-marin. En tant que tel, JOMOPANS a un impact durable sur les politiques européennes relatives à l’environnement marin.

Consultation publique ‘stratégie pour les eaux marines belges’

Du 1 octobre au 29 novembre 2024 inclus, le Service Milieu marin du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement organise une consultation publique sur le projet de l’actualisation de l’analyse socio-économique des usagers de la mer, de l’évaluation de l’état du milieu marin, la définition du bon état écologique et des objectifs environnementaux pour les eaux marines belges.

La directive-cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) oblige chaque État membre européen à élaborer une stratégie marine pour la protection, la conservation et la restauration du milieu marin. L’objectif est d’atteindre un bon état environnemental et de garantir une utilisation durable des eaux marines.

Le Service Milieu marin (DG Environnement, SPF Santé) coordonne la mise en œuvre de la DCSMM pour la Belgique. Le Service Scientifique UGMM de l’Institut des Sciences naturelles est responsable de la coordination du suivi et de l’évaluation de la situation. Ce processus est effectué en collaboration avec divers partenaires.

Le rapport sur lequel porte cette consultation publique donne un aperçu de l’état actuel de l’écosystème marin dans les eaux marines belges et décrit la révision de la définition du bon état écologique et les objectifs environnementaux qui y sont liés.

Votre avis compte !

Le projet de rapport peut être obtenu ici: Stratégie Marine pour les eaux marines belges – Partie 1(This hyperlink opens a new window).

La consultation publique donne à chacun la possibilité de donner son avis afin qu’il puisse être pris en compte lors de l’élaboration du rapport final.

Les commentaires peuvent être livrés

  • de préférence par e-mail à Saskia Van Gaever (saskia.vangaever@health.fgov.be), en mentionnant « consultation STRATEGIE MARINE » ;
  • ou par voie postale, en mentionnant sur l’enveloppe « consultation STRATEGIE MARINE» :SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement
    DG Environnement – Service Milieu marin
    Avenue Galilée, 5 boîte 2
    1210 Bruxelles

L’évaluation de l’état du milieu marin repose sur des dizaines d’analyses d’indicateurs individuels. Toute personne souhaitant également recevoir ces analyses peut envoyer un email à Saskia Van Gaever (saskia.vangaever@health.fgov.be).

Veuillez indiquer clairement, pour chaque remarque écrite, le titre ou le passage spécifique du projet auquel elle se rapporte.

Les remarques doivent être deposes au plus tard le 29/11/2024 à 18 h.

Les remarques reçues lors de la consultation publique seront prises en compte lors de la préparation du rapport final. Dès que le rapport sera adopté, il sera rendu public sur le site du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement. Il sera également expliqué comment les résultats de la consultation ont été pris en compte.

Plus d’informations sur la directive-cadre sur la Stratégie pour le milieu marin (DCSMM)(This hyperlink opens a new window).

La mission internationale ECA border 2024 de la Belgique s’est achevée aves succes

L’Institut des Sciences naturelles, par l’intermédiaire de son Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM), a mené à bien sa campagne aux frontières ECA 2024. La campagne s’est déroulée du 29 juillet au 2 août 2024. Cette mission aérienne essentielle visait à contrôler le respect de l’Annexe VI de la Convention MARPOL, en se concentrant sur la pollution atmosphérique des navires dans la zone de contrôle des émissions (ECA) le long de la frontière sud de la mer du Nord et de la Manche.

Zone ECA (ombré en orange) et zone de travail de la campagne belge aux frontières de l’ECA (rectangle rouge)

Au cours de 10 vols d’une durée totale de plus de 21 heures, répartis sur cinq jours, l’équipe SURV a effectué un total de 198 mesures d’émissions de navires à bord de l’avion de la garde côtière belge OO-MMM, équipé d’un capteur embarqué de pointe. Ces mesures, axées sur les oxydes de soufre (SOx) et les oxydes d’azote (NOx), ont permis d’identifier 17 infractions potentielles aux réglementations de l’annexe VI de la convention MARPOL, qui ont été signalées aux autorités compétentes en vue d’une inspection plus approfondie. Les 17 rapports concernaient 15 navires différents (deux navires ont été signalés deux fois), dont 12 étaient des alertes FSC (« Fuel Sulphur Content », ou teneur en soufre du carburant) et trois des alertes NOx. Parmi les navires signalés, sept ont été inspectés à leur prochain port d’escale, ce qui démontre le lien fonctionnel entre l’OO-MMM et les services d’inspection par l’État du port des pays de l’UE (plus la Norvège et l’Islande) dans la chaîne réglementaire maritime, et confirme ainsi le rôle de l’avion de la garde côtière belge en tant que système d’avertissement préliminaire.

Cette mission, exécutée conformément aux engagements pris par la Belgique dans le cadre de l’accord de Bonn, met en évidence les intérêts et les efforts régionaux continus pour surveiller et réduire la pollution maritime dans la région de la mer du Nord. Des recommandations ont été faites pour améliorer les campagnes futures, en mettant l’accent sur une meilleure coordination avec la France et le Royaume-Uni et sur l’inclusion du polluant NOx dans Thetis-EU, une plateforme européenne développée par l’Agence européenne pour la sécurité maritime (European Maritime Safety Agency – EMSA) pour enregistrer et échanger des informations sur les résultats des vérifications de conformité individuelles effectuées par les autorités compétentes des États membres dans le cadre de la directive Soufre.

Lors de la surveillance des émissions atmosphériques, l’avion de la garde côtière belge traverse le panache de fumée des navires en mer.