Le roi Philippe visite le navire de recherche Belgica

Le jeudi 21 avril 2022, Sa Majesté le roi Philippe a visité le nouveau navire de recherche RV Belgica. À cette occasion, le chef de l’État belge et commandant en chef de l’armée belge (la composante navale fournit le personnel de pont et le port d’attache de Zeebrugge) a été reçu et accompagné de M. Thomas Dermine, secrétaire d’État chargé de la politique scientifique, M. Arnaud Vajda, président du conseil d’administration de la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO), Mme Patricia Supply, directrice générale a.i. de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), M. Léandre Brehier, directeur administratif et financier de Genavir, et bien sûr par le capitaine de corvette et commandant du RV Belgica Gaëtan Motmans et le coordinateur IRSNB du RV Belgica M. Lieven Naudts.

©Belgian Navy/Jorn Urbain

Au cours d’un court voyage en mer, l’importance et le fonctionnement du RV Belgica ont été expliqués en détail. Celle-ci pouvait compter sur un grand intérêt du roi Philippe, ce qui se traduisait par de nombreuses questions aux personnes impliquées.

Le programme a débuté par une explication experte du navire et de son programme scientifique par le capitaine Gaëtan Motmans et le coordinateur du Belgica Lieven Naudts. Leurs propos ont constitué un tremplin parfait pour quelques démonstrations des diverses activités scientifiques que les scientifiques belges et internationaux peuvent mener grâce au RV Belgica, et qui placent notre pays à la pointe de la recherche scientifique marine au niveau international. L’attention a été portée sur la recherche biologique, chimique, physique, géologique et hydrodynamique, et les démonstrations comprenaient à la fois des prélèvements (échantillons d’eau et du fond marin) et des activités de laboratoire (avec des remerciements à l’équipage du RV Belgica, ainsi qu’à Laura Lemey et Coenraad Deputter – ILVO, David Van Rooij – Ugent, et Kyra Gesquiere et Tom Scholdis – IRSNB). Par la suite, le roi Philippe a pris le temps de s’entretenir plus longuement avec les marins réguliers. Outre les personnes mentionnées ci-dessus, le 2nd commandant Anthony Willaert, l’ingénieur en chef Antoine Samzun et l’électricien en chef Andrejs Jankins du RV Belgica ont également eu l’honneur de s’entretenir avec le Roi, ainsi que M. Patrick Roose, directeur opérationnel Environnement Naturel de l’IRSNB, Mme Alice Matossian (Ugent), M. Kris Hostens (ILVO) et M. Michael Fettweis (IRSNB).

A l’occasion de sa visite, le Roi Philippe a également signé le Livre d’Or de la nouvelle RV Belgica.

Après la visite royale , le RV Belgica s’est préparé pour sa première campagne internationale. L’après-midi même, le Belgica a mis le cap sur la mer Méditerranée.

©Belgian Navy/Jorn Urbain
©Belgian Navy/Jorn Urbain
©Belgian Navy/Jorn Urbain
©Belgian Navy/Jorn Urbain
©Belgian Navy/Jorn Urbain
©IRSNB/Kelle Moreau
©IRSNB/Kelle Moreau
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©Belgian Navy/Jorn Urbain
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Surveillance aérienne de la mer du Nord en 2021

En 2021, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a effectué 248 heures de vol au-dessus de la mer du Nord dans le cadre du programme national d’observation aérienne. Treize cas de pollution marine opérationnelle par des navires ont été observés. Des taux de soufre suspects ont été relevés dans les panaches de 16 navires ainsi que des taux d’azote suspectes pour 23 navires. En 2021, un nouveau capteur de carbone noir a également été ajouté au dispositif de reniflage qui mesure les émissions de carbone noir. Avec cette extension, la Belgique continue de jouer un rôle de pionnier au niveau international dans le contrôle des émissions des navires. Malgré la pandémie de Covid-19, l’avion a également participé avec succès à une surveillance coordonnée au niveau international des installations pétrolières et gazières dans la partie centrale de la mer du Nord et à une mission internationale de contrôle de la pollution dans le détroit du Skagerrak. En outre, deux recensements saisonnières des mammifères marins ont été réalisées. L’avion a également effectué 2 vols « sur appel » suite à des situations d’urgence en mer : le premier après une collision entre navires, le second après un appel de détresse concernant des transmigrant en mer.

L’avion de surveillance belge en action au-dessus du navire de recherche océanographique Belgica. ©Belgian Navy/Jorn Urbain

Aperçu des vols de surveillance

Dans le cadre du programme national de surveillance aérienne, 248 heures de vol ont été effectuées au-dessus de la mer du Nord en 2021. Ce programme est organisé par le service scientifique de l’UGMM (Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la mer du Nord) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, en collaboration avec le ministère de la défense. Grâce à un plan opérationnel établie pour limiter les risques lié au Covid-19, toutes les heures de vol initialement prévues ont pu être effectuées.

La majorité des heures de vol étaient des vols nationaux (177 heures) :

  • 168 heures dans le cadre des missions de la Garde côtière belge:
    • 119 heures de contrôle de la pollution : 54 heures pour le contrôle des rejets d’hydrocarbures et d’autres substances nocives (annexe I, II et V de MARPOL) et 65 heures pour le contrôle des émissions de soufre et d’azote des navires (application de l’annexe VI de MARPOL / SO2 et NOx ECA – Emission Control Area, voir plus loin) ;
    • 45 heures destinées au contrôle des pêches, à la demande du service flamand « Dienst Zeevisserij » ;
    • 2 heures pendant lesquelles des vols ont été activés suite à des signalements, à savoir une collision sans pollution et un bateau avec des migrants à bord à la dérive dans les parcs éoliens ;
    • 2 heures dans le cadre d’exercices de contrôle de la pollution qui ont été effectués avec succès ;
  • 9 heures de vol pour le recensement des mammifères marins.

En outre, 71 heures ont été consacrées à des vols internationaux, dont 34 heures à la surveillance des émissions de soufre et d’azote dans les eaux néerlandaises pour le compte du gouvernement néerlandais (Inspectie Leefomgeving en Transport). Dans le cadre de l’accord de Bonn, 19 heures de mission Tour d’horizon pour le contrôle des plates-formes de forage en mer du Nord et 18 heures de mission Super-CEPCO (Coordinated Extended Pollution Control Operation) pour surveiller les rejets des navires dans le détroit de Skagerrak.

Déversements opérationnels de navires

Étant donné qu’il n’y a pas eu de pollution accidentelle dans les zones marines belges en 2021, seuls les rejets opérationnels des navires ont été observés. Il s’agit de rejets délibérés, qui peuvent être légaux ou illégaux, comme le stipulent les différentes contributions de la Convention MARPOL.

Dans aucun de ces cas, on n’a trouvé de polluants par les hydrocarbures. Cela confirme la tendance à la baisse des chiffres, qui montrent que ce qui confirme que ce type de pollution a fortement diminué au cours de la dernière décennie (voir graphique ci-dessous).

En 2021 également, aucune violation de l’annexe V de la législation MARPOL concernant le rejet d’ordures et de matériaux solides en vrac n’a été détectée.

Pas moins de 13 cas de pollution opérationnelle par les navires ont été observés :

  • 11 pollutions par des substances liquides nocives autres que les hydrocarbures (annexe II de MARPOL) dont une pourrait être liée à un navire. Un contrôle a été demandé à l’escale suivante, qui a révélé un rejet autorisé d’EMAG (ester méthylique d’acide gras). Trois de ces contaminations ont été vérifiées par l’avion à la suite d’une alerte de détection par satellite. Ce service de surveillance par satellite Clean Sea Net (CSN) est fourni par l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) et envoie régulièrement des alertes en cas de détection par satellite d’une éventuelle pollution marine dans la zone de surveillance belge.
  • 2 détections de pollution nocturne sur radar d’un liquide inconnu (non vérifié visuellement). Les deux détections étaient également une vérification d’une alerte de détection de satellite CSN.

La pollution par des substances nocives autres que le pétrole reste un problème courant, qui, comme les années précédentes, semble même connaître une légère tendance à la hausse (voir le graphique suivant). Il convient de noter qu’il s’agit souvent de rejets autorisés par les navires, qui sont effectués conformément aux normes internationales de rejet, telles qu’elles figurent à l’annexe II de la convention MARPOL. Depuis 2021, on observe également un renforcement des normes de rejet de l’annexe II de MARPOL pour les flottants dits persistants tels que les substances paraffiniques, pour lesquels aucune violation n’a été observée.

La pollution par les hydrocarbures dans les ports belges et l’Escaut occidental

Lors de vols de transit entre l’aéroport d’Anvers (la base d’attache de l’avion) et la mer du Nord, 2 nappes de pétrole ont également été observées dans le port d’Anvers, qui n’ont pas pu être reliées à un navire. Également dans le port d’Ostende, 2 nappes de pétrole ont été observées en 2021, là aussi il n’a pas été possible d’identifier le pollueur avec certitude. Toutes les constatations ont été immédiatement signalées aux autorités compétentes afin d’assurer un suivi.

Pollution pétrolière dans le port d’Ostende vue de l’avion des garde-côtes © IRSNB/UGMM

Surveillance des émissions de soufre et d’azote des navires en mer

Grâce à l’application d’un capteur renifleur dans l’avion, notre pays est considéré comme un pionnier dans la lutte internationale contre la pollution atmosphérique des navires en mer. Ce capteur permet de mesurer sur le terrain les polluants présents dans les émissions des navires.

Des mesures de soufre font déjà parti du programme depuis 2016. Pour surveiller les limites strictes de soufre pour le carburant des navires dans la zone de contrôle des émissions de soufre de la mer du Nord, 57 vols de renifleurs (89 heures) ont été effectués en 2021, à la fois au-dessus de la zone de surveillance belge et au-dessus des eaux néerlandaises pour le compte du gouvernement néerlandais (Inspectie Leefomgeving en Transport). Sur les 1015 navires dont les émissions de soufre ont été mesurées, 16 présentaient une valeur de soufre élevée suspecte. Ils ont été signalés aux services d’inspection maritime compétents pour un suivi à terre.

Un étalonnage du capteur renifleur est effectué avant chaque vol. © IRSNB/UGMM

Grâce à l’intégration réussie d’un capteur de NOx en 2020, l’avion peut désormais également mesurer la concentration de composés azotés (NOx) dans les panaches de fumée des navires afin de surveiller et de faire respecter les restrictions strictes sur les émissions d’azote des navires qui s’appliqueront à partir du 1er janvier 2021 dans la zone de contrôle des émissions de la mer du Nord. La Belgique a été la première à contrôler ces restrictions plus strictes. Sur les 1004 navires dont les émissions d’azote ont été contrôlées en 2021, 23 ont été signalés comme ayant des valeurs suspectes.

Depuis 2021, un nouveau capteur a été ajouté à la configuration du renifleur, à savoir le capteur de carbone noir. Ce capteur mesure le carbone noir, qui est une mesure de la concentration de suie dans les émissions des navires. Lorsque des concentrations de suie exceptionnellement élevées sont mesurées, les autorités portuaires maritimes compétentes sont invitées à prélever un échantillon du carburant utilisé. Ces échantillons seront analysés dans les laboratoires de l’ODN d’Ostende en 2022.  Le capteur de carbone noir et les analyses d’échantillons d’huile permettront d’obtenir de nouvelles informations importantes sur les émissions de carbone noir provenant de la navigation mondiale, dans la perspective d’éventuelles réglementations internationales visant à limiter les émissions.

Approche d’un navire pour vérifier les émissions de soufre, d’azote et de carbone noir. © IRSNB/UGMM

Mission internationale « Tour d’Horizon »

Lors de la mission internationale annuelle « Tour d’Horizon » de surveillance de la pollution marine provenant des plateformes de forage dans la partie centrale de la mer du Nord (dans les eaux offshore néerlandaises, danoises, britanniques et norvégiennes), effectuée dans le cadre de l’accord de Bonn en juillet 2021, l’avion de surveillance a détecté un total de 20 pollutions, dont 18 nappes d’hydrocarbures et 2 détections de polluants d’une substance inconnue qui n’ont pas pu être vérifiées visuellement en raison du brouillard local.

19 pollutions ont pu être liées directement à une plateforme pétrolière. La nappe (d’hydrocarbures) restante a été observée sans qu’un navire ou une plate-forme se trouve à proximité.  Toutes les observations ont été systématiquement signalées à l’État côtier compétent pour un suivi ultérieur, conformément aux procédures internationales.

Pétrole lié à une plateforme de forage, observé depuis l’avion de surveillance lors de la mission internationale TdH en 2021. © IRSNB/UGMM

Mission internationale « Super-CEPCO »

En 2021, il y a également eu la participation à une opération internationale Super-CEPCO (Coordinated Extended Pollution Control Operations). Au cours de cette mission, des avions de surveillance de différents pays de la mer du Nord effectuent conjointement une surveillance continue d’une certaine zone (dense en traffic maritime), et ce pendant plusieurs jours.  Au cours de la mission de 2021, organisée par la Norvège, des avions de 6 pays de la mer du Nord se sont retrouvés à Oslo pour effectuer un contrôle de la pollution au-dessus du détroit de Skagerrak pendant 3 jours. Pendant le vol vers Oslo, l’avion des garde-côtes belges a observé 1 rejet opérationnel MARPOL Annexe II dans les eaux allemandes et 1 petite nappe de pétrole sans pollueur dans le fjord d’Oslo.

Suivi des mammifères marins

En 2021, l’IRSNB a réalisé deux recensements de mammifères marins afin de déterminer la densité et la distribution des mammifères marins dans les eaux belges. Ce type de surveillance est également effectué dans d’autres pays de la mer du Nord de manière standardisée. Cela permet d’évaluer la distribution saisonnière et les tendances de la présence des marsouins communs (Phocoena phocoena) et d’autres cétacés dans le sud et le centre de la mer du Nord.

Comme en 2020, les enquêtes ont été réalisées en juin et en septembre. Le même nombre de marsouins communs a été observé lors des deux enquêtes : 52, dont 4 et 9 baleineaux respectivement. La densité moyenne estimée dans les eaux belges était plus élevée lors des deux enquêtes qu’en 2020: respectivement 0,81 (0,52-1,28) et 0,78 (0,44-1,35) marsouins communs par km² de zone maritime, soit un total estimé à 2700 individus.

Le nombre de phoques est plus frappant que celui des marsouins : en juin, on comptait neuf animaux, dont (d’après la taille) au moins un phoque gris. En septembre, 20 phoques ont été vus, dont probablement (au moins) sept phoques gris : le plus grand nombre de phoques jamais vus lors d’un relevé aérien.

Un groupe de phoques au repos sur un banc de sable dans l’Escaut occidental (en dehors de la zone d’enquête belge) © IRSNB/UGMM

Interventions d’urgence : Collision en mer et problématique de la transmigration

Le 13 mars 2021, une collision mineure s’est produite entre deux navires dans la zone de mouillage de Westhinder. Les navires impliqués étaient le XING ZHI HAI (vraquier) et l’ASTREA (pétrolier) au mouillage. L’avion des garde-côtes a été activé ce jour-là et a confirmé que les deux navires n’ont subi que des dommages mineurs et qu’il n’y a pas eu de pollution.

L’avion travaille aussi régulièrement en soutien aux garde-côtes, même dans des domaines pour lesquels l’UGMM n’est pas spécifiquement mandaté ou équipé. Par exemple, l’équipage documente régulièrement diverses autres observations (non environnementales) qui sont systématiquement signalées aux centres de garde-côtes et aux organisations partenaires compétentes.  L’avion de surveillance a ainsi malheureusement été confronté à plusieurs reprises en 2021 aux problèmes accrus de transmigration dans et autour de nos eaux. Le 27 octobre 2021, alors que l’avion était en opération côtière, il a été appelé par le centre de garde-côtes avec le signalement qu’un bateau avec de transmigrants était en détresse près des parcs éoliens. L’avion a pu décoller rapidement et a été la première plate-forme des garde-côtes sur les lieux. Elle a pu informer les autorités compétentes de la situation. Il s’agissait d’un bateau pneumatique avec 24 personnes à bord qui dérivait vers les parcs éoliens. Les hélicoptères de sauvetage de Koksijde et un navire de la marine sont ensuite arrivés sur les lieux et ont réussi à mettre toutes les personnes à bord en sécurité. Tout au long de l’année, d’autres observations liées à la transmigration ont également eu lieu, mais sans la présence de personnes à bord. Il s’agissait principalement de bateaux abandonnés ou de gilets de sauvetage.

Bateau pneumatique avec 24 personnes à la dérive dans les parcs éoliens © IRSNB/UGMM

Dix recommandations stratégiques pour une exploitation durable du sable

Le sable est vital pour la construction des fondations de notre société. Actuellement, environ 50 milliards de tonnes de cette matière première sont extraites chaque année dans le monde, et l’augmentation de la population mondiale ne fait qu’accroître la demande. Les incidences environnementales et sociales nous obligent à repenser nos relations avec le sable. Dans un nouveau rapport lancé aujourd’hui par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), des experts du monde entier formulent des recommandations pour passer à de meilleures pratiques d’extraction et de gestion du sable. Des experts de Belgique ont également été impliqués. Les nouveaux développements de la politique belge anticipent de manière proactive une demande croissante de sable marin.

50 milliards de tonnes, c’est la quantité de sable (et de gravier) que nous consommons chaque année en tant que population mondiale, ce qui en fait la deuxième ressource la plus utilisée au monde après l’eau. Assez pour construire un mur de 27 mètres de large et 27 mètres de haut autour de la planète Terre. Malgré l’importance stratégique du sable, son extraction, son utilisation et sa gestion ne font l’objet d’aucune réglementation dans de nombreuses régions du monde, ce qui entraîne de nombreuses conséquences environnementales et sociales qui sont largement négligées. Là où le sable joue un rôle actif dans l’écosystème, comme dans les rivières, les côtes et les mers peu profondes, l’extraction peut entraîner l’érosion, la salinisation des aquifères, la perte de protection contre les tempêtes et des impacts sur la biodiversité, qui à leur tour menacent notre approvisionnement en eau, la production alimentaire, la pêche ou l’industrie du tourisme, entre autres.

Une demande croissante

Le sable est indispensable pour construire les fondements de notre société : nos maisons, nos routes, nos ponts, nos hôpitaux, nos écoles, nos barrages, mais aussi, par exemple, les panneaux photovoltaïques pour produire de l’énergie renouvelable, … ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses applications du sable que nous avons développées. Le sable peut à juste titre être considéré comme le héros méconnu de notre développement.

Nous nous sommes habitués à des réserves de sable facilement accessibles, ce qui fait que le sable est souvent utilisé plus vite qu’il ne peut être reconstitué par les processus géologiques naturels. Comme la population mondiale augmente rapidement et que la proportion de la population urbaine devrait atteindre plus de 68 % d’ici 2050, la demande de sable ne fera qu’augmenter.

10 recommandations pour éviter une crise

Il est donc grand temps de réévaluer notre rapport au sable et de le reconnaître comme une ressource stratégique. C’est ce qui ressort du nouveau rapport intitulé ‘Sand and Sustainability: 10 strategic recommendations to avert a crisis’ (Sable et durabilité : 10 recommandations stratégiques pour éviter une crise), lancé aujourd’hui par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Dans ce rapport, des experts du monde entier et de différents secteurs rassemblent des recommandations pour évoluer vers de meilleures pratiques d’extraction et de gestion du sable.

Les recommandations portent notamment sur la mise en place de cadres politiques et législatifs intégrés, la cartographie des ressources en sable, la promotion de l’efficacité des ressources et de la circularité, les achats responsables et la restauration des écosystèmes dégradés. L’objectif principal de ce rapport est d’encourager les décideurs à tous les niveaux de gouvernement à adopter des politiques et des normes pertinentes et à promouvoir les meilleures pratiques en fonction des dépendances locales au sable et des besoins de développement.

Les 10 recommandations

  1. Reconnaître le sable comme une ressource stratégique qui fournit des services écosysté-miques essentiels et constitue la base de la construction d’infrastructures vitales dans les villes en développement du monde entier.
  2. Consultation de toutes les parties prenantes (concernées et impactées) sur la prise de décision et la mise en œuvre de l’exploitation du sable.
  3. Permettre la transition vers une économie régénérative et circulaire.
  4. Mettre en œuvre des cadres politiques et législatifs stratégiques et intégrés, en accord avec les réalités locales, nationales et régionales.
  5. Les droits de propriété et l’accès réglementé aux ressources en sable par le biais de droits miniers et de permis contribuent à une exploitation durable du sable.
  6. Cartographier, surveiller et rendre compte des ressources en sable pour une prise de décision transparente, fondée sur la science et les données.
  7. Promouvoir l’élaboration de lignes directrices sur les meilleures pratiques et de normes nationales, ainsi que d’un cadre international cohérent.
  8. Réduire l’utilisation du sable et le remplacer par des alternatives et des produits de sable recyclé lorsque cela est possible.
  9. Achetez du sable de manière éthique, durable et socialement responsable.
  10. Restaurer les écosystèmes et compenser les pertes en augmentant la base de connaissances, en intégrant des mesures d’atténuation dans les opérations minières et en promouvant des solutions fondées sur la nature.

Gestion pro-active des ressources en sable marin en Belgique

Aussi en Belgique, la demande de sable, et en particulier de sable marin, est en constante augmentation. Le Service Plateau continental du Service Public Fédéral Economie gère les ressources en sable marin de la Belgique et le fait de manière proactive, en s’appuyant sur les meilleures connaissances et méthodes de surveillance disponibles. Sur la base des résultats de la recherche, une politique innovante est en vigueur, qui impose une limite inférieure à l’extraction en fonction de la réserve géologique, ainsi que des critères visant à minimiser l’impact sur l’environnement des fonds marins. Ce nouveau référentiel est en place depuis 2020, fait l’objet d’un suivi attentif et représente un véritable changement de paradigme en faveur d’une gestion durable de la ressource.

Une évaluation de l’exploitation du sable marin dans la partie belge de la mer du Nord permet de conclure que la gestion de notre stock de sable marin est déjà conforme aux recommandations 1, 4, 5, 6, 7 et 9 du nouveau rapport du PNUE. Les recommandations 2, 3 et 8, qui portent sur la transition vers une économie circulaire du sable, sont évidemment aussi très importantes à mettre en œuvre, et s’inscrivent dans un cadre de transition plus large qui, entre-temps, ne devrait pas nous empêcher de poursuivre l’exploitation actuelle du sable marin dans les limites environnementales et socio-économiques durables établies. Sur la base des résultats de la surveillance (bathygéomorphologie, sédiments et biote benthique) obtenus avant, pendant et après l’extraction de sable dans diverses zones d’extraction de sable belges, la recommandation 10 sur la restauration de l’écosystème n’est pas critique pour la partie belge de la mer du Nord.

Contribution belge au rapport du PNUE

Vera Van Lancker, de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et professeur à l’université de Gand, était responsable de la recommandation sur la cartographie et l’utilisation du sable, la surveillance de l’environnement et l’établissement de rapports, en mettant l’accent sur la nécessité de systèmes d’aide à la décision (recommandation 6). Au niveau mondial, mais aussi régional, la qualité et la quantité de sable disponible ne sont guère connues. Cependant, la demande de sable n’a jamais été aussi forte et ne cesse d’augmenter, l’exploitation minière à grande échelle pouvant devenir la nouvelle norme. Cependant, la base de connaissances pour soutenir une telle extraction est minimale. La prise en compte conjointe des paramètres géologiques, environnementaux et socio-économiques est donc d’une importance capitale pour prendre des décisions éclairées. Avec l’augmentation de l’extraction, et la possible raréfaction, les dépendances entre l’homme et la nature, mais aussi entre les régions sablonneuses et les régions pauvres, sont mises à l’épreuve. Pour une compréhension plus systématique de ces dépendances et pour soutenir la prise de décision (transfrontalière), le besoin de données, de connaissances et d’informations, ainsi que de science prédictive, est plus grand que jamais.

Vera: « L’augmentation de l’utilisation du sable pose de grands défis, car les pratiques contemporaines et les impacts associés peuvent ne pas être appropriés. Une cartographie accélérée des ressources en sable est nécessaire, pour laquelle la coopération structurelle offre le plus de perspectives. Cela nécessite une plus grande normalisation de la classification des matières premières, qui tienne également compte de la dimension environnementale et socio-économique. La modélisation prédictive des scénarios d’extraction et des dépendances homme-nature devient de plus en plus importante. »

Modèle transnational des ressources de subsurface des sédiments quaternaires de la mer territoriale et de la zone économique exclusive de la Belgique et des Pays-Bas (au sud de Rotterdam). (Source : Van Lancker et al. 2019 p.32)

Aurora Torres, boursière postdoctorale Marie Skłodowska-Curie à l’Université Catholique de Louvain, a dirigé, avec d’autres experts, la recommandation sur la restauration des écosystèmes dégradés (recommandation 10). Le sable est fondamental pour maintenir la biodiversité et la variété des services écosystémiques qui répondent aux besoins de la société. Les décideurs politiques, l’industrie et les autres parties prenantes sont donc encouragés à prendre des mesures pour éviter et minimiser les risques pour la biodiversité et les services écosystémiques, restaurer les écosystèmes et compenser les pertes restantes. Toujours dans la perspective des objectifs des Nations Unies en matière de restauration des écosystèmes (2021-2030), des efforts supplémentaires sont nécessaires pour mieux documenter les impacts de l’exploitation minière sur la biodiversité et les services écosystémiques, pour améliorer l’efficacité des efforts d’atténuation et de restauration, et pour garantir l’utilisation d’une évaluation et d’un suivi fondés sur la science comme base de l’évaluation des impacts, de la planification de l’atténuation et de la compensation. Enfin, le sable contribue également à la restauration et à la protection des terres, des systèmes d’eau douce ou des zones côtières contre l’érosion ou les inondations. Les solutions basées sur la nature et les approches de ‘construction avec la nature’ sont fortement recommandées ici.

Aurora: « La transition vers une économie circulaire exige que nous soyons moins dépendants des systèmes naturels en tant que fournisseurs de matériaux. Lorsque l’extraction est jugée nécessaire, les ressources en sable doivent être obtenues d’une manière responsable qui empêche ou minimise les dommages causés aux écosystèmes et aux personnes. »

©Unplash/Marcin Jozwiak

Astrid Smeets et ses collègues de Bureau Brussels ont contribué aux recommandations sur la manière d’inclure la durabilité dans la chaîne de l’origine du sable à l’utilisateur, et sur la manière d’obtenir un changement social plus large (recommandations 3 et 9). Cela va de la (ré)éducation des architectes à l’utilisation de matériaux alternatifs à une politique fiscale qui oriente les flux financiers vers des alternatives au sable ou vers une extraction et une utilisation plus durables. Afin de créer une politique stimulante, il est important que les gouvernements et les entreprises se réunissent pour partager et appliquer les meilleures pratiques. En s’attaquant à une politique du sable plus durable au niveau international, on peut tirer des enseignements des solutions locales qui existent déjà et qui, moyennant quelques ajustements mineurs, peuvent facilement être appliquées à l’autre bout du monde. Cette méthode est à la fois efficace en termes de temps et de coûts.

Astrid: « La transition vers une politique plus durable concernant les matières premières se fera également sentir ici en Belgique. Nous voyons l’Europe s’attaquer à la durabilité des chaînes à un rythme inédit avec, entre autres, la taxonomie européenne et l’extension de la responsabilité des chaînes. Les entreprises et les gouvernements devront rendre compte de l’impact de leurs activités sur l’homme et l’environnement. En outre, ils devront démontrer le caractère durable de leurs activités et de celles de leurs fournisseurs. Le sable sera sans doute aussi à l’ordre du jour dans un avenir proche. Grâce aux dix recommandations du rapport, les gouvernements, les institutions de la connaissance, le monde des affaires et les consommateurs peuvent se mettre au travail pour éviter une crise majeure. Plus tôt nous commencerons à chercher des solutions, mieux ce sera pour les personnes, la planète et notre économie.»

Projet de restauration de Millingerwaard, Pays-Bas (© Rijkswaterstaat – pour un usage non commercial uniquement)

 

ANNEXE 1 : Plus d’informations sur l’extraction de sable marin en Belgique

Des chiffres et des informations supplémentaires sur la gestion des ressources en sable marin dans la partie belge de la mer du Nord, la base scientifique et l’impact écologique :

 

ANNEXE 2 : Partenaires belges

Le SPF Economie, PME, Classes moyennes et Energie, Service Plateau continental, est l’agence gouvernementale compétente pour l’extraction de sable en mer. En collaboration avec l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche maritime et l’alimentation (ILVO), les changements physiques et biologiques dans les zones d’extraction de sable sont surveillés et des recommandations sont formulées pour minimiser l’impact. Lors des journées d’étude triennales, les résultats sont présentés de manière intégrée, et l’attention est également portée sur le cadre plus large de la durabilité.

Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Institut scientifique fédéral combinant recherche fondamentale et appliquée, entre autres pour l’estimation des effets des activités humaines dans les eaux marines. En ce qui concerne l’extraction du sable, des efforts sont déployés pour mieux comprendre la variabilité des caractéristiques et des processus sédimentaires, pour modéliser les effets de la chaîne activité-pression sur le milieu marin et pour formuler des recommandations en vue d’une utilisation plus durable des ressources marines. À cette fin, l’IRSNB a coordonné le projet TILES (Belspo) qui a cartographié la qualité et la quantité des stocks de sable. Une valorisation supplémentaire et de nouvelles initiatives sont en cours de développement dans le cadre de l’action européenne « Service géologique de l’Europe », dans laquelle les services géologiques européens unissent leurs forces pour relever les défis de la société.

Université Catholique de Louvain, Institut pour la Terre et la Vie, a pour objectif majeur de concevoir des solutions durables à certains des plus grands défis auxquels nos sociétés sont confrontées (par exemple, l’utilisation durable des terres se concentre sur les transitions, l’influence de la mondialisation sur les décisions, et les interactions entre la gouvernance publique et privée). L’UCLouvain collabore avec la Michigan State University pour étudier les liens importants entre l’utilisation du sable, l’activité économique, les pressions environnementales et les impacts sociaux (SANDLINKS : https://cordis.europa.eu/project/id/846474).

Bureau Brussels est un cabinet de conseil européen qui soutient les entreprises, les autorités publiques et les organisations à but non lucratif dans le processus d’élaboration des politiques européennes. Le Bureau Bruxelles travaille pour des clients dans divers domaines tels que les soins de santé pour les femmes, l’économie circulaire, la durabilité, les secteurs numériques et financiers. D’un point de vue circulaire et d’une approche en chaîne, le thème du ‘sable’ est également à l’ordre du jour depuis plusieurs années.

La contribution Océan Austral à la Décennie ONU de l’Océan

Dans l’Océan Austral, la présence humaine et les effets combinés de diverses formes de pollution, des transports, des infrastructures et de la recherche de ressources vivantes, ainsi que l’accélération du changement climatique, exercent des pressions croissantes sur l’environnement. Ces changements sont susceptibles de modifier le rôle de l’Océan Austral dans la régulation du climat mondial et d’autres systèmes, ce qui aura un impact sur une multitude d’autres services écosystémiques importants. Bien adaptées à des conditions environnementales stables et dotées de caractéristiques uniques, les espèces de l’Antarctique sont considérées comme plus vulnérables aux perturbations environnementales et aux polluants, par rapport aux espèces des latitudes plus septentrionales. L’environnement vaste, éloigné et difficile des régions polaires signifie qu’aucune nation ne peut à elle seule développer et mettre en œuvre une stratégie de recherche et de données pour comprendre et gérer ces régions.

La Décennie ONU de l’Océan et la Communauté Océan Austral

En 2017, les Nations Unies ont proclamé une Décennie pour les Sciences Océaniques au service du Développement Durable (ci-après dénommée la Décennie ONU de l’Océan) de 2021 à 2030 afin de soutenir les efforts visant à inverser le cycle de déclin de la santé des océans. Pour atteindre cet objectif ambitieux, cette initiative vise à rassembler les parties prenantes dans le monde entier autour d’un cadre commun qui garantira que l’océanographie peut pleinement aider les pays à créer de meilleures conditions pour le développement durable des océans. L’initiative s’efforce de renforcer la coopération internationale nécessaire pour développer la recherche scientifique et les technologies innovantes qui peuvent relier l’océanographie aux besoins de la société à l’échelle mondiale.

Les résultats sociétaux de la Décennie ONU de l’Océan s’alignent fortement sur les attributions du Traité sur l’Antarctique (voir ci-dessous). La Communauté Océan Austral, qui comprend non seulement la communauté de recherche scientifique mais aussi un groupe beaucoup plus large avec des représentants de l’industrie ainsi que des organismes de gouvernance et de gestion, reconnaît donc la nécessité de développer et de mettre en œuvre un plan international coordonné qui s’appuie sur notre compréhension actuelle de la façon dont l’interaction humaine avec l’Océan Austral peut bénéficier aux personnes et aux sociétés de manière à contribuer à la protection et à la conservation des caractéristiques uniques de ces régions.

Améliorer les Actions Océan Austral pour atteindre les normes mondiales

L’Océan Austral est sous-représenté au niveau international, alors qu’il joue un rôle important dans la régulation du climat et de nombreux autres systèmes à l’échelle mondiale. La Task Force Océan Austral profitera de la Décennie ONU de l’Océan afin d’offrir une plate-forme permettant de souligner l’importance de l’océan Austral et de mettre en évidence sa pertinence dans le système terrestre. En raison de son fonctionnement bien établi, la Communauté Océan Austral est particulièrement bien placée pour participer à la Décennie ONU de l’Océan.

Sur la base des recommandations du Plan de Mise en œuvre de la Décennie ONU de l’Océan, la Communauté Océan Austral s’est engagée dans un processus axé sur les parties prenantes afin d’élaborer le Plan d’Action pour l’Océan Austral. Dans le cadre de cet effort mondial, la Task Force Océan Austral a identifié les besoins de la Communauté Océan Austral pour relever les défis liés aux caractéristiques environnementales et à la structure de gouvernance uniques de l’Océan Austral. Grâce à ce processus dirigé par la communauté large, les synergies au sein de la Communauté Océan Austral et au-delà ont été identifiées afin d’élaborer un plan d’action qui fournit un cadre aux parties prenantes de l’Océan Austral pour formuler et développer des actions et des résultats tangibles qui soutiennent la vision de la Décennie ONU de l’Océan.

Le Plan d’Action pour Océan Austral

Grâce à un financement obtenu via la Politique scientifique fédéfale (BELSPO), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) a assumé un rôle de premier plan dans la coordination de la Task Force Océan Austral et dans l’orientation du processus de l’Océan Austral.

La semaine « Southern Ocean Decade and Polar Data Forum Week 2021 », co-organisée en septembre 2021 par l’IRNSB et le European Polar Board, a été l’une des nombreuses initiatives concrètes. Cet événement d’une semaine a rassemblé plus de 400 participants d’horizons divers, ce qui a permis de croiser les idées entre chercheurs, gestionnaires de données, décideurs politiques, entreprises, représentants de l’industrie, etc. Les discussions et le travail de collaboration ont abouti à la publication du Plan d’Action pour l’Océan Austral, qui a été lancé publiquement lors d’un webinaire le 12 avril 2022.

Le plan d’action décrit les conditions à remplir pour obtenir l’Océan Austral que nous souhaitons, en ce qui concerne

  • Financement : L’obtention d’un financement suffisant et à long terme, ainsi que la coordination de ce financement, sont particulièrement cruciales pour l’Océan Austral, car de nombreuses zones sont inaccessibles pendant la saison hivernale. Il est donc nécessaire de coordonner les appels afin d’améliorer les capacités technologiques permettant d’opérer dans des zones inaccessibles et de les observer tout au long de l’année, de transporter, de conserver et d’analyser rapidement les échantillons, et de soutenir la mise en place d’un réseau collaboratif durable d’observatoires à long terme.
  • Dépasser les frontières : Pour une stratégie de recherche intégrée et à long terme, il est essentiel de transcender les efforts nationaux au niveau international, de relier les disciplines de recherche et de définir conjointement les priorités de la recherche polaire mondiale.
  • Identifier et mettre en relation les parties prenantes : Améliorer le dialogue à l’interface science-politique, veiller à ce que les besoins sociétaux soient reflétés et pris en compte par la recherche, et relier l’industrie à la recherche, aux infrastructures et à la logistique, illustrera le potentiel des connaissances disponibles et l’assimilation par les parties prenantes (y compris la prise de décision) et conduira à de meilleures pratiques de gestion et à une protection renforcée de la fragile région de l’Océan Austral.
  • Données, observations et modélisation : La prise de décision éclairée pour obtenir l’océan que nous souhaitons repose sur des avis scientifiques appropriés, qui eux-mêmes reposent sur des données scientifiques. Afin d’exploiter au mieux ces données, nous devons améliorer la couverture spatiale et temporelle, veiller à ce que les données soient pleinement exploitées, maintenir les séries de données et les mettre continuellement à la disposition des nouvelles générations de chercheurs, et utiliser au maximum la modélisation et les techniques nouvelles et inédites (telles que l’intelligence artificielle et les techniques d’apprentissage automatique).
  • Renforcement des capacités, inclusion et diversité : La capacité actuelle de la Communauté Océan Austral n’est pas suffisante pour répondre à tous les problèmes qui se posent actuellement, dont beaucoup ont des implications sociétales importantes. Il est donc nécessaire de garantir la diversité des voix à la table (à tous les stades de la planification, de la recherche, du financement et du partage des données), d’investir dans le renforcement des capacités et d’améliorer la technologie pour un meilleur accès aux données et aux informations.

« Grâce à la publication du Plan d’Action pour l’Océan Austral, la Task Force Océan Austral vise à mobiliser la Communauté Océan Austral et à inspirer toutes les parties prenantes à rechercher l’engagement et à tirer parti des opportunités pour fournir des solutions innovantes qui maintiennent et favorisent les conditions uniques de l’Océan Austral », déclare Annemie Rose Janssen de l’IRNSB, auteur principal du Plan d’Action. « Ce cadre fournit une feuille de route initiale pour renforcer les liens entre la science, l’industrie et la politique, ainsi que pour encourager les activités de collaboration internationale afin de combler les lacunes existantes dans nos connaissances et notre couverture de données. »

À ce titre, et dans le cadre de la Décennie ONU de l’Océan, le Plan d’Action pour l’Océan Austral vise à contribuer à la réalisation de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de ses objectifs de développement durable dans un contexte polaire. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons obtenir un Océan Austral propre, sain & résilient, productif, prévisible, sûr, transparent & accessible, et inspirant & engageant.

Plus d’informations

Pour en savoir plus sur cette initiative décennale, veuillez consulter le site web du projet et le Plan d’Action pour l’Océan Austral, vous abonner à notre bulletin d’information et nous suivre sur Twitter et Vimeo.

Nous remercions la Politique scientifique fédérale (BELSPO) pour le soutien financier sous le contrat BELSPO n°FR/36/ AN1/AntaBIS et BL/36/FWI34_PUNDOS-PPODS dans le cadre de EU-Lifewatch.

Le Traité sur l’Antarctique a été signé en 1959 par les 12 pays dont les scientifiques avaient été actifs autour de l’Antarctique en 1957-58, dont la Belgique (il y a 54 membres aujourd’hui). Il est entré en vigueur en 1961 et décrit, entre autres, les intentions d’utiliser l’Antarctique uniquement à des fins pacifiques, de garantir la liberté d’investigation scientifique en Antarctique et de rendre librement accessibles les observations et les résultats scientifiques en provenance de l’Antarctique.

Une coopération unique et de nouveaux défis scientifiques pour le navire de recherche Belgica !

Le jeudi 31 mars 2022, le vice-premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord, M. Vincent Van Quickenborne, et le secrétaire d’État aux Relances et aux Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, M. Thomas Dermine, ont visité le nouveau navire de recherche belge « RV Belgica » (« RV » signifiant « Research Vessel »). La présence de la ministre de la Défense, Mme Ludivine Dedonder, était également prévue, mais elle a malheureusement dû s’excuser. Au cours de la visite, l’accent a été mis sur la coopération unique entre les trois domaines politiques en ce qui concerne la gestion, l’exploitation et le déploiement du navire. Une attention particulière a également été accordée aux nouveaux défis scientifiques que les scientifiques marins belges et internationaux devront relever grâce au nouveau RV Belgica. La visite a eu lieu à la base navale de Zeebrugge, le port d’attache du nouveau RV Belgica.

Le nouveau RV Belgica dans son port d’attache de Zeebrugge, en février 2022. ©Marine belge/J. Urbain

Depuis que la Belgique s’est dotée d’un navire de recherche marine, l’ancien RV A962 Belgica (1984 – 2021), nos scientifiques se sont illustrés dans des contextes nationaux et internationaux en matière de recherche et de surveillance marine, d’aménagement de l’espace marin et d’économie bleue. Le navire a également joué un rôle important dans la formation des scientifiques marins. On ne soulignera jamais assez la nécessité de disposer d’un navire de recherche national performant. Après plus de 1 000 campagnes scientifiques, plus d’un million de kilomètres parcourus et 37 ans de service, le vieux RV Belgica devait être remplacé pour que la Belgique puisse rester à la pointe des sciences et technologies liées à la mer.

Le nouveau RV Belgica est arrivé en Belgique le 13 décembre 2021 et, après les tests et la formation nécessaires, a commencé ses activités scientifiques le 27 janvier 2022. C’est l’aboutissement d’un long processus : des études de faisabilité et de financement sur un éventuel remplacement ont été réalisées entre 2005 et 2014, le 28 octobre 2016, le Conseil des ministres a décidé de construire un nouveau navire de recherche, le 31 mars 2017, le marché public pour la construction a été lancé, et le 16 mars 2018, le contrat a finalement été attribué au chantier naval espagnol Freire Shipyard (Vigo). Après une étude de conception, la construction a commencé concrètement le 13 février 2019 avec la découpe de l’acier. La pose de la quille le 27 mars 2019 et le premier lancement le 11 février 2020 ont été quelques-unes des étapes importantes du processus de construction.

Explications dans la salle de conférence. ©Marine belge/J. Urbain

Une coopération unique

Les départements de la politique scientifique, de la défense et de la mer du Nord du gouvernement fédéral ont non seulement collaboré étroitement à la réalisation du nouveau RV Belgica, mais sont également des utilisateurs et des clients importants du navire. La visite ministérielle du 31 mars a été agrémentée d’une visite du navire et d’explications expertes sur le navire et ses missions par le capitaine de corvette et le capitaine du RV Belgica Gaëtan Motmans, et par le Dr. Lieven Naudts, coordinateur RV Belgica a l’IRSNB. Enfin, le Livre d’or de la nouvelle Belgica a été signé.

Thomas Dermine, secrétaire d’État chargé de la politique scientifique : « Le nouveau RV Belgica dispose des équipements les plus modernes à bord et offre quatre fois plus d’espace de laboratoire que le précédent navire de recherche belge. Cela permettra à la communauté scientifique de relever de nouveaux défis, de la mer Méditerranée jusqu’au-dessus du cercle arctique. Le RV Belgica contribuera de manière significative au leadership mondial de l’Europe en matière d’exploration marine ».

Vincent Van Quickenborne, vice-premier ministre et ministre de la Mer du Nord : « Le nouveau Belgica est une icône pour le monde de la recherche et une valeur inestimable pour la politique de la Mer du Nord. Elle est notamment chargée de surveiller les effets de l’extraction de sable, des parcs éoliens et du dépôt de munitions de Paardenmarkt. En mer du Nord, nous sommes des pionniers dans de nombreux domaines : les éoliennes, la navigation autonome, l’aménagement de l’espace marin et aussi la recherche scientifique. Grâce à ce navire, les scientifiques belges peuvent faire mieux que leur poids dans la recherche marine. »

Explication dans le « laboratoire humide ». ©Marine belge/J. Urbain

La coopération entre les domaines politiques se traduit par les aspects pratiques de l’exploitation et de la gestion du RV Belgica : la Politique scientifique fédérale (BELSPO) représente l’État belge en tant que propriétaire du RV Belgica, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) gère le calendrier, le budget et l’instrumentation scientifique du navire de recherche multidisciplinaire, et la composante marine belge fournit le personnel de pont et le port d’attache de Zeebrugge. De cette manière, le modèle de coopération autour de l’ancien Belgica, qui remonte aux années 1960, est poursuivi et peut être qualifié de facteur de réussite. Le nouveau Belgica implique également un nouveau partenaire : l’opérateur privé français Genavir, qui gère également la flotte océanographique française, est chargé de la gestion et de l’exploitation intégrées du navire.

Missions et spécifications

Le nouveau RV Belgica multidisciplinaire garantit le suivi des obligations nationales et internationales de notre pays et assure la continuité du soutien aux sciences marines (pêche, biologie, géologie, climat, chimie, …). Ainsi, tant la recherche scientifique menée par les universités et les instituts de recherche que la surveillance de l’état des eaux marines belges et environnantes sont abordées. Les activités de surveillance soutiennent également une série de dossiers qui relèvent de l’autorité du ministre de la mer du Nord Van Quickenborne, tels que la mise en œuvre nationale de la directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » de l’UE et la documentation de l’impact écologique de diverses activités humaines en mer. De cette façon, les connaissances nécessaires pour soutenir l’économie bleue sont construites. Pensez par exemple à la pêche durable, aux parcs éoliens en mer, à l’extraction de sable et de gravier, aux activités minières en haute mer, au stockage d’énergie au large des côtes, etc. Tout comme l’ancien RV Belgica, le nouveau navire de recherche restera également actif dans le réseau européen EUROFLEETS, qui permet aux scientifiques internationaux d’obtenir du temps de navigation sur des navires de recherche étrangers.

Le nouveau RV Belgica lors de sa première arrivée dans les eaux belges, le 13 septembre 2021. ©Marine belge/J. Urbain

Cependant, le nouveau RV Belgica permet également à la communauté scientifique de se concentrer sur de nouveaux défis. En effet, par rapport à son prédécesseur, le nouveau navire est plus grand (71,4 m contre 50 m), et offre plus d’espace aux scientifiques (quatre fois plus d’espace de laboratoire avec la capacité d’accueillir jusqu’à 28 scientifiques à bord). Le nouveau RV Belgica est également équipé d’un matériel scientifique de pointe qui permet, entre autres, de prélever des échantillons jusqu’à une profondeur de 5 000 m. C’est également un navire silencieux (important pour la recherche sur la pêche, entre autres), doté d’un léger certification glace pour pouvoir mener des recherches dans les zones arctiques pendant l’été. Bien que la mer du Nord reste la principale zone d’intérêt, la zone de recherche s’étend plus loin : vers le nord jusqu’au-dessus du cercle polaire arctique, vers le sud jusqu’à la Méditerranée et la mer Noire, et vers l’ouest jusqu’à l’océan Atlantique. Le navire a une autonomie de 30 jours et effectuera des recherches jusqu’à 300 jours en mer par an.

Depuis le début des opérations le 27 janvier 2022, plusieurs groupes de recherche ont mené leurs premières campagnes scientifiques avec le nouveau RV Belgica. Ces expériences ont été évaluées de manière très positive. Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur la partie belge de la mer du Nord, mais en 2022, certaines campagnes internationales sont déjà à l’ordre du jour. Cette année, le nouveau Belgica sera également actif dans les eaux anglaises, irlandaises, françaises, espagnoles, portugaises et italiennes. Pour 2023, une première expédition polaire est attendue, avec le Groenland en ligne de mire. La marine belge se réjouit également des nombreuses données recueillies par le Belgica. Par exemple, à l’avenir, les nouveaux navires de lutte contre les mines utiliseront les informations du Belgica lors de la recherche de mines au fond de la mer.

Les visiteurs ont été les premiers à avoir l’honneur de signer le livre d’or ©Marine belge/J. Urbain

Informations supplémentaires et événements futurs

Le nouveau RV Belgica sera inauguré le samedi 25 juin à Gand, ville parraine du navire. Cela se fera en présence de Son Altesse Royale la Princesse Elisabeth, qui a accepté d’être la marraine du navire. Pendant le week-end du 25 et 26 juin, le grand public aura également l’occasion de visiter le navire et d’en apprendre davantage sur diverses activités scientifiques. La presse recevra en temps utile de plus amples informations sur le programme complet, les moments de presse et les possibilités d’inscription.

Vous trouverez de plus amples informations sur le nouveau RV Belgica sur les sites web suivants :

Grâce à la construction des parcs éoliens offshore, la Belgique protège au mieux des zones naturelles

Etude EDEN2000 : la Belgique précurseur en Europe

Les parcs éoliens offshore sont importants pour notre approvisionnement en énergie. Les éoliennes actuelles situées en mer du Nord belge fournissent de l’énergie à 2 millions de ménages belges. Grâce à la zone Princesse Élisabeth, cette part sera majorée et l’ensemble des familles belges pourront bénéficier de l’énergie verte provenant de la mer du Nord. En effet, dans le Plan d’Aménagement des Espaces Marins 2020-2026, trois zones supplémentaires ont été désignées pour les énergies renouvelables. Deux d’entre elles sont situées au sein ou contre une zone Natura 2000, dans laquelle la biodiversité présente nécessite une protection supplémentaire. Il est essentiel, également lors du développement de parcs éoliens dans ces zones, de maintenir, voire même de renforcer cette protection si possible. Par le biais de 25 études distinctes actuellement en cours, le projet EDEN2000 entend apporter une réponse à la question de savoir sous quelles conditions nous pourrons réaliser cela. Ces études seront intégrées dans la procédure d’appel d’offres qui sera lancée l’année prochaine. Le vice-Premier ministre et ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, a visité le 22 mars 2022 la Faculté d’Agriculture de l’UGent où est menée l’une de ces études. Ces recherches en laboratoire portent sur les effets des champs électromagnétiques sur le développement des animaux marins.

Le ministre Van Quickenborne et Rik Van de Walle, recteur de l’Université de Gand, reçoivent des explications expertes des scientifiques de l’IRSNB, Silvia Paoletti et Robin Brabant, sur la recherche en laboratoire concernant les effets des champs électromagnétiques sur le développement des animaux marins. ©UGent

Les parcs éoliens offshore sont importants pour notre approvisionnement en énergie. Les éoliennes actuelles de la partie belge de la mer du Nord approvisionnent 2 millions de ménages belges en énergie verte. Ce faisant, notre pays occupe actuellement la sixième place en termes d’éolien offshore. Avec la nouvelle zone Princesse Élisabeth, nous augmentons cette part et l’ensemble des familles belges pourront bénéficier de l’énergie verte produite en Mer du Nord.

La partie belge de la mer du Nord comprend déjà 37 % de zones naturelles et notre pays sera désormais le premier pays européen à construire des éoliennes au sein d’une zone naturelle, plus précisément dans la zone Natura 2000 « Vlaamse Banken ». Il s’agit d’une zone dans laquelle la biodiversité présente doit bénéficier d’une protection renforcée. Notamment les bancs de sable et les lits de gravier constituent des refuges uniques pour des espèces menacées telles que l’alcyon et la chaline. La Belgique veut s’assurer que ces zones naturelles ne seront pas affectées par la construction d’éoliennes et maintenir, voire dans la mesure du possible renforcer, leur protection.

Zones Natura 2000 et les zones énergie renouvelable. (Source : Plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026)

EDEN2000 : une étude à plusieurs volets

Pour construire ces parcs éoliens, il faut non seulement disposer d’un permis environnemental mais également d’un permis Natura 2000 complémentaire. Ce permis a pour objectif de vérifier si le projet en mer aura ou non des effets significatifs sur les espèces et les habitats à protéger.

La partie belge de la mer du Nord fait l’objet d’études approfondies depuis longtemps. En effet, au travers du projet Winmon.be, l’état de l’environnement marin dans les premiers parcs offshore fait l’objet d’un suivi, démarche qui a permis d’accumuler de nombreuses connaissances. Toutefois, nombre de lacunes subsistent encore dans ces connaissances scientifiques sur l’impact des parcs éoliens sur la nature. Ces lacunes concernent tant les connaissances permettant d’éviter les effets négatifs que celles permettant de renforcer les effets positifs.

Parc éolien dans la première zone énergétique offshore belge. ©IRSNB/UGMM

Le projet EDEN2000 (Exploring options for a nature-proof Development of offshore wind farms inside a Natura 2000 area) par le biais de 25 études distinctes qui ont démarré en 2019 et seront finalisées d’ici la fin de cette année, devrait donc apporter une réponse à la question de savoir sous quelles conditions nous pourrons réaliser les parcs éoliens dans les zones naturelles.

Il s’agit, entre autres de cartographier les lits de gravier, l’impact sur l’habitat, les effets des éoliennes sur les oiseaux marins ainsi que l’impact des techniques et des matériaux utilisés sur la biodiversité présente.

Le 22 mars 2022, le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne a visité la Faculté d’Agriculture de l’UGent où des chercheurs affiliés à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et à l’UGent mènent une des études du projet EDEN2000. La recherche en laboratoire portent sur les effets des champs électromagnétiques sur le développement d’animaux marins tels que la petite roussette (Scyliorhinus canicula), la seiche commune (Sepia officinalis), le homard européen (Homarus gammarus) et le calmar commun (Loligo vulgaris). On s’attend à ce que ces espèces se reproduisent à nouveau avec succès dans les lits de gravier une fois que le parc éolien sera construit et que partant la pêche perturbant le fond sera éliminée.

L’écologiste marin Steven Degraer (IRSNB) et le ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne présentent les études Eden 2000. ©UGent

Les connaissances sur la sensibilité de ces espèces aux champs électromagnétiques, associées aux connaissances détaillées sur l’emplacement des précieux lits de gravier, seront utilisées pour déterminer un positionnement écologiquement rationnel des câbles dans le parc éolien.

Le 18 mars, le gouvernement fédéral a décidé d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables par des investissements supplémentaires dans l’énergie éolienne offshore. Le ministre Van Quickenborne s’y engage et souligne que le rapport final sur les études environnementales sera prêt au début de 2023.

Vincent Van Quickenborne, vice-Premier ministre et ministre de la Mer du Nord : « Le développement de la zone Princesse Élisabeth est important pour l’approvisionnement énergétique de notre pays. Ce qui rend l’offshore belge si particulier vient du fait que notre pays sera le premier à construire des éoliennes dans une zone naturelle. Nous pouvons le faire parce que nous avons déjà accumulé une très grande expertise scientifique sur l’impact environnemental des éoliennes. Nous pourrons donc définir les conditions préalables de manière très précise et stricte dans la procédure d’appel d’offres. Pas moins de 25 études environnementales seront réalisées à cette fin. »

Steven Degraer, écologue marin à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique : « La mobilisation des connaissances scientifiques approfondies sur le milieu marin et sur la manière dont il est affecté par les activités humaines en mer est la garantie d’une croissance bleue respectueuse de l’environnement. Ces connaissances permettent non seulement d’éviter de manière ciblée les effets négatifs, mais aussi de renforcer les effets positifs. »

Plus d’informations

EDEN2000 est un partenariat de coopération entre le vice-Premier ministre et ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne, le Service Milieu Marin du SPF Santé publique, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique – DO Nature, 4Sea (une organisation faîtière d’ONG) et la Belgian Offshore Platform. Les résultats de cette étude scientifique seront intégrés dans les conditions d’appel d’offres pour la construction d’éoliennes.

De gauche à droite : Silvia Paoletti (IRSNB), Robin Brabant (IRSNB), Patrick Roose (Directeur opérationnel OD Nature, IRSNB), Rik Van de Walle (Recteur Université de Gand), Steven Degraer (IRSNB) et le Ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne. ©UGent

Une défense fossilisée d’un éléphant à défenses droites provenant de la mer du Nord.

Début juillet 2020, un crevettier néerlandais qui pêchait dans les eaux territoriales belges a remonté dans ses filets rien de moins qu’une défense d’éléphant. Le fossile de 60 kg et de 2,37 m de long n’appartient pas à un mammouth, comme c’est souvent le cas dans nos régions, mais semble provenir d’un Palaeoloxodon antiquus, l’éléphant à défenses droites. Il s’agit d’un type d’éléphant de forêts qui a habité la région entre les périodes glaciaires. C’est la première fois qu’un spécimen aussi complet est découvert ici. La pointe et une partie de la base de la dent sont manquantes. Du vivant de l’éléphant cette défense devait faire plus de 2 m 80 de long. Palaeoloxodon antiquus était un géant plus grand que les éléphants qui peuplent la Terre aujourd’hui ! La défense appartient à un individu adulte mâle d’environ 3,5 mètres de haut. L’âge du fossile est estimé entre 130.000 et 115.000 ans.

Grâce aux efforts conjoints du Vice-Premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord, M. Vincent Van Quickenborne, et du Secrétaire d’État pour le Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, M. Thomas Dermine, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a pu intégrer la défense dans ses collections. A partir du mardi 8 février 2022, le grand public peut venir admirer la défense au Muséum des Sciences naturelles à Bruxelles.

À côté de la défense fossile de l’éléphant à défenses droites (au premier plan) celle de l’éléphant de savane d’Afrique contemporain (au second plan) n’est qu’une broutille. (Image : IRSNB/T. Hubin)

Qui était l’éléphant à défenses droites ?

Palaeoloxodon antiquus, l’éléphant à défenses droites, est un éléphant de forêts qui a disparu de nos régions avant le mammouth. L’espèce était largement répandue en Europe et a prospéré principalement pendant les périodes plus chaudes entre deux périodes glaciaires (les interglaciaires). Cette découverte est remarquable car nous n’avions que peu de traces de la présence de cet éléphant en Belgique. Palaeoloxodon antiquus était longtemps considéré comme l’ancêtre de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus) mais est maintenant considéré comme un proche parent de l’éléphant de forêt d’Afrique actuel (Loxodonta cyclotis). Palaeoloxodon antiquus est probablement aussi originaire du continent africain, mais on ne sait toujours pas à quel point cette espèce était répandue dans la préhistoire.

Grâce à la géologie du lieu, la localisation précise et aux découvertes d’autres restes de mammifères, on estime que la défense date de la dernière période interglaciaire de l’Eémien, une période du Pléistocène supérieur (il y a environ 130 000 à 115 000 ans).

La défense fossile de l’éléphant de forêt est pratiquement intacte, seules de petites parties de la pointe et de la base manquent.

Un lieu propice aux fossiles

La défense a été remontée dans « Het Scheur », un canal de navigation dans la partie belge de la mer du Nord, au large de la côte de Zeebrugge. Des activités de dragage y sont régulièrement entreprises pour permettre aux gros navires de faire escale au niveau de l’Escaut ou de l’Eurogeul. Cela provoque l’érosion des berges. De nombreux fossiles de mammifères ont déjà fait surface ici de cette manière. On y trouve notamment les restes de la colonie de morses la plus méridionale du Pléistocène, des ossements d’anciennes baleines qui nageaient ici il y a des dizaines de millions d’années, ainsi que des restes de mammouths.

La région où la découverte a été faite a changé radicalement d’aspect à plusieurs reprises au cours de l’histoire. Il a alterné entre mer et terre, a été recouvert d’une calotte glaciaire pendant les périodes glaciaires et, était un paysage de marée avec des forêts pendant les périodes interglaciaires. Cela explique pourquoi on y trouve de nombreux fossiles d’organismes très différents. Cependant. Toutefois, jamais dans cette zone une défense d’éléphant à défenses droites n’avait été retrouvée.

Le fait que cette défense soit restée intacte est dû à la méthode de pêche. Lors de la pêche aux crevettes, aucune chaîne n’est utilisée et le fond du filet roule librement sur et au-dessus du fond grâce à des « roues » en caoutchouc. Les crevettes s’y engouffrent tandis que le filet reste exempt de pierres et d’autres prises secondaires indésirables. Les fossiles ne sont que très rarement capturés avec ce type de filet.

Via un détour par le Muséum des Sciences naturelles

Les pêcheurs hollandais ont vendu la défense à North Sea Fossils, un commerce privé de fossiles à Urk, aux Pays-bas. Après, elle a été initialement étudiée par des chercheurs associés au Muséum d’histoire naturelle de Rotterdam.

Grâce aux efforts conjoints du Ministre de la Mer du Nord, Vincent Van Quickenborne, et du Secrétaire d’État chargé de la Politique scientifique, Thomas Dermine, des discussions ont été entreprises afin de récupérer le fossile belge. Finalement, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a pu intégrer la défense dans ses collections, où elle reste disponible pour la recherche et est également rendu accessible au public. A partir du mardi 8 février 2022, le grand public peut venir admirer la défense au Muséum des Sciences naturelles. La signature de la déclaration de donation a eu lieu le 7 février 2022 au Muséum des Sciences naturelles, Bruxelles, à l’occasion de l’inauguration de la défense fossile.

Le ministre Van Quickenborne, le secrétaire d’État Dermine et le directeur général Supply admirent la défense de l’éléphant à défenses droites au Muséum des Sciences naturelles. (Image : IRSNB/T. Hubin)

Un nouvel protocole de coopération

La découverte de la défense fossile a également suscité la rédaction d’un protocole de coopération dans le cadre de la Loi relative à la mise en œuvre de la Convention de l’UNESCO du 2 novembre 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique et la protection d’épaves de valeur. Dans cet accord, le Gouverneur de la Flandre occidentale, la Direction Générale Navigation (SPF Mobilité et Transports), l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, l’Agence flamande du patrimoine et l’Institut flamand de la mer formaliseront désormais la coopération en matière de protection du patrimoine culturel subaquatique, y compris le patrimoine paléontologique, et de protection des épaves de valeur. L’accord garantit que les futures découvertes en mer seront également enregistrées, étudiées et, le cas échéant, rendues accessibles au public.

Le ministre Van Quickenborne : « Notre mer du Nord ne nous révèle ses trésors que de manière éparse. Pourtant, les objets que nous y trouvons constituent une part importante de notre patrimoine. Depuis l’année dernière, nous avons une nouvelle loi qui protège automatiquement le patrimoine de plus de 100 ans. Plus de 55 épaves historiques ont déjà été reconnues. Grâce à cette loi, nous pouvons également inclure les fossiles dans notre patrimoine. La signature de l’accord de coopération aujourd’hui est la dernière pièce de cette nouvelle loi. De cette façon, la défense de l’éléphant à défenses droites ne disparaîtra pas dans une archive privée, mais nous pourrons faire profiter tout le monde de la richesse de notre patrimoine de la mer du Nord. Dans le même temps, les scientifiques de l’IRSNB pourront l’étudier et ainsi affiner leurs connaissances sur la préhistoire de nos régions. »

Le Secrétaire d’Etat Dermine : « La défense fossilisée d’un éléphant à défenses droites, trouvée au large de Zeebrugge, s’est retrouvée à sa place après une courte errance. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique est le centre de recherche le plus important de Belgique en matière de paléontologie et jouit d’une renommée mondiale. Le fossile, vieux de plus de 115 000 ans, est étudié par l’IRNSB et mis en corrélation avec d’autres découvertes de son immense collection de pas moins de 3 millions de fossiles. Elle constitue ainsi une pièce du puzzle dans l’image de la vie d’autrefois dans nos régions, que le Muséum des Sciences naturelles fait revivre. À partir du 8 février, la défense pourra être admirée par les 350 000 visiteurs qui se rendent chaque année au musée. »

Directeur général a.i. IRSNB Patricia Supply : « Les sciences de la terre, y compris la paléontologie mais aussi la géologie et l’archéologie, ont toujours été un domaine de recherche important a l’IRSNB, ce qui nous a permis de nous forger un niveau réputé de connaissances et d’expertise paléontologiques. L’acquisition et l’exposition de cette défense d’éléphant à défenses droites sont étroitement liées aux objectifs de l’IRSRB : outre la recherche et les services scientifiques, la gestion et le développement du patrimoine et des collections scientifiques, ainsi que la diffusion des connaissances sur les sciences naturelles sont également des tâches essentielles de l’institut. Aujourd’hui, la défense occupe une place très importante dans notre muséum, à côté du mammouth de Lier et de l’éléphant d’Afrique qui vivait autrefois au zoo de Bruxelles. »

Impact environnemental des parcs éoliens offshore dans la mer du Nord belge – Attraction, évitement et utilisation de l’habitat à différentes échelles spatiales

Dans un nouveau rapport annuel, les scientifiques qui surveillent l’impact environnemental des parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord résument leurs dernières conclusions. Une fois de plus, des révélations surprenantes y figurent. Les résultats montrent que la vie dans et autour des parcs éoliens n’a pas encore atteint la stabilité, 13 ans après leur construction. Par exemple, la biodiversité des communautés qui colonisent les éoliennes offshore augmente à nouveau après un déclin les années précédentes. Ou encore, les mouvements des oiseaux de mer sont plus variables dans l’espace et dans le temps que constaté précédemment. Le risque de collision avec les oiseaux chanteurs est désormais mieux compris, et des mesures d’atténuation sont proposées pour les périodes de migration intense des oiseaux. Les récifs artificiels entre les turbines continuent de se developper étant donné que certaines espèces de poissons sont attirées par la quantité croissante de nourriture qu’ils fournissent. Les données d’écholocation indiquent que les mesures d’atténuation du bruit sous-marin réduisent de manière efficace l’impact du battage des pieux sur les marsouins communs.

Le 31 décembre 2019, la Belgique a soumis à la Commission européenne un plan national pour l’énergie et le climat qui envisage un objectif chiffré de 17,5 % pour la contribution de la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables d’ici 2030. Les parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord devraient apporter une contribution importante pour atteindre cet objectif. En fait, ils le font déjà, puisqu’actuellement 10 % de la demande totale d’électricité en Belgique, soit 50 % de la demande d’électricité de tous les ménages belges, est déjà produite par des parcs éoliens offshore. Cette production est réalisée par un total de 399 turbines dans huit parcs éoliens, regroupés dans une zone de 238 km² le long de la frontière avec les Pays-Bas. Après 12 ans de construction, cette zone est pleinement opérationnelle depuis fin 2020 et représente une capacité installée de 2,26 gigawatts (GW) et une production moyenne de 8 TWh. Cela place la Belgique au 5e rang mondial pour la production de cette forme d’énergie. Une deuxième zone pour les énergies renouvelables de 285 km² est prévue par le nouveau plan d’aménagement des espaces marins belge (2020-2026), visant une capacité installée de 3,1 à 3,5 GW dans cette zone.

Zones pour les énergies renouvelables, y compris les parcs éoliens offshore, dans la partie belge de la mer du Nord. Zone orientale = première phase complètement opération-nelle, zone occidentale (Hinder Nord, Hinder Sud et Fairybank) = deuxième phase, construction prévue à partir de 2023 (source : Plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026).

Science, politique et industrie travaillent ensemble vers le même objectif

Avant d’installer un parc éolien, un promoteur doit obtenir une concession de domaine et un permis environnemental. Le permis environnemental comprend des conditions destinées à minimiser et à atténuer l’impact du projet sur l’écosystème marin. Comme l’exige la loi, le permis impose également un programme de surveillance pour suivre les effets sur l’environnement marin.

Pour les parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord, le programme de surveillance WinMon.BE surveille l’ampleur des impacts prévus et inattendus sur l’écosystème marin et vise à révéler les processus à l’origine de ces impacts.

Une meilleure connaissance de l’impact environnemental

Les scientifiques de WinMon.BE ont commencé à surveiller l’impact des parcs éoliens offshore en Belgique dès le début de la construction des premières éoliennes en 2008. Cela leur a permis de développer des connaissances et une expertise approfondies en ce qui concerne les méthodes de surveillance et l’impact environnemental réel. « La Belgique dispose désormais de la plus longue série chronologique de données sur l’impact environnemental des parcs éoliens offshore au monde, et de nombreux pays s’inspirent de l’exemple belge pour lancer des programmes similaires », déclare Steven Degraer (IRSNB/MARECO), coordinateur du consortium WinMon.BE. « La série chronologique a déjà révélé des aperçus uniques, mais nous sommes encore régulièrement confrontés à des résultats surprenants qui conduisent à de nouvelles connaissances. Cela montre l’importance de maintenir l’effort de suivi à long terme et permet de comprendre pourquoi nous devons rester flexibles dans nos interprétations et dans l’ajustement des activités humaines en mer. »

Dans leur dernier rapport, les partenaires de WinMon.BE présentent une vue d’ensemble des plus récents résultats scientifiques du programme belge de surveillance environnementale des parcs éoliens offshore, sur la base des données collectées jusqu’en 2020 inclus. Ils font un zoom sur les schémas d’attraction, d’évitement et d’utilisation de l’habitat à différentes échelles spatiales (échelles du parc éolien, de la turbine et du microhabitat) et à travers différentes composantes de l’écosystème (mammifères marins, oiseaux, poissons et invertébrés vivant au fond de la mer et sur les turbines), et démontrent les avantages de l’accroissement des connaissances pour concevoir des mesures appropriées afin d’atténuer les impacts indésirables ou de promouvoir les effets souhaités.

Aperçu des résultats

Effets sur les fonds marins et la vie associée

Le début de la surveillance dans le parc éolien le plus proche de la côte a montré que cette zone abrite des communautés biologiques très diverses vivant sur le fond marin. La réponse de ces précieuses communautés à la présence long terme des éoliennes et à l’exclusion de la pêche fera l’objet d’un suivi attentif au cours des prochaines années.

Dans les parcs éoliens établis depuis plus longtemps, la colonisation par les organismes marins et les effets sur le fond marin ont été surveillés en permanence. Au départ, la colonisation par les invertébrés et les poissons qui préfèrent les substrats durs était principalement visible à proximité immédiate des éoliennes individuelles. Dix ans après la construction, on observe maintenant que ces effets locaux s’étendent aux sédiments mous situés entre les éoliennes. Des récifs artificiels se forment et un plus grand nombre d’espèces épibenthiques et de poissons associées aux substrats durs vivent désormais sur les sédiments mous. Les espèces concernées sont la moule commune (Mytilus edulis), les anémones, l’astérie (Asterias rubens), le petit oursin vert (Psammechinus miliaris), le crabe poilu rouge (Pilumnus hirtellus) et le bar commun (Dicentrarchus labrax). Pour les espèces épibenthiques (les organismes vivant à la surface des fonds marins), cela se traduit également par des densités et des biomasses globales nettement plus élevées à l’intérieur des fermes.

Documentation des organismes colonisateurs sur un monopieu Belwind. Notez la présence de touffes de moules entre et sous les anémones plumeuses. ©IRSNB/MARECO

L’attraction des poissons vers les parcs éoliens offshore se fait principalement à l’échelle des turbines individuelles. La plie d’Europe (Pleuronectes platessa), une espèce commerciale de poisson plat, est attirée par les zones sablonneuses entre la protection contre l’affouillement autour des éoliennes offshore, car celles-ci offrent des possibilités optimales de nourriture et d’abri. Il a déjà été démontré que les poissons benthopélagiques comme le tacaud (Trisopterus luscus) et la morue de l’Atlantique (Gadus morhua), qui s’attardent traditionnellement autour des turbines et de leurs fondations, sont attirés par les récifs artificiels en développement, car ils offrent d’excellentes possibilités d’alimentation pour ces espèces.

Les possibilités de s’abriter et de se nourrir dans les parcs éoliens offshore belges constituent un attrait majeur pour les espèces de poisons telles que la plie et la morue (ici sur la couche de protection contre l’érosion autour d’une éolienne Belwind). ©Johan Devolder

Développements dans la colonne d’eau

Dans la communauté d’organismes qui se développe sur les fondations des turbines (les biosalissures), les interactions entre espèces commencent à jouer un rôle important. Les coquilles des moules communes fournissent un habitat secondaire de substrat dur attrayant pour les organismes colonisateurs, et contribuent ainsi à une augmentation de la diversité des espèces. Une comparaison de la composition des espèces des communautés colonisatrices précoces (moules non répandues) et matures (moules répandues) a montré que 21 des 47 espèces identifiées poussaient uniquement sur des coquilles de moules. Toutes ces espèces étaient des espèces sessiles, principalement des mollusques, des arthropodes, des annélides et des bryozoaires. Cet effet contrebalance l’appauvrissement de la richesse en espèces qui avait été constaté auparavant en raison de la présence abondante de l’anémone plumeuse (Metridium senile).

Les activités de battage de pieux lors de la construction de parcs éoliens offshore provoquent une pollution sonore considérable. Les marsouins communs (Phocoena phocoena), cétacés bien établis dans la partie belge de la mer du Nord, sont connus pour éviter les zones où les niveaux sonores sont excessifs. Par conséquent, l’application et les effets des mesures d’atténuation potentielles ont reçu beaucoup d’attention. En comparant les données de surveillance acoustique de 2016 (où aucune mesure d’atténuation n’a encore été appliquée) et de 2019 (application de rideaux à double bulle), il a été déterminé que les mesures d’atténuation du bruit sous-marin réduisent de manière efficace l’étendue spatiale et temporelle de la zone de construction évitée par le marsouin commun.

Et au-dessus de la surface de l’eau ?

Le déplacement des oiseaux marins causé par les parcs éoliens offshore s’est avéré être un processus complexe. L’attraction et l’évitement des parcs éoliens par les oiseaux marins ont des causes multiples, notamment la perturbation visuelle induite par les turbines et la présence de repos en mer et de possibilités de recherche de nourriture. Ils peuvent également s’expliquer en partie par l’absence de pêche dans les parcs éoliens belges. Le suivi en cours commence maintenant à fournir un meilleur aperçu de la variation spatiale et temporelle des réponses des oiseaux de mer. La variation spatiale peut résulter des différences de qualité de l’habitat local, de la taille et de la configuration du parc éolien, ainsi que de son emplacement par rapport aux colonies d’oiseaux et aux zones d’alimentation privilégiées. La variation temporelle peut dépendre du cycle de vie de l’espèce. Dans ce contexte, il apparaît aujourd’hui que les goélands bruns (Larus fuscus) adultes, étiquetés par GPS et provenant de colonies de reproduction proches, ne sont pas attirés par le parc éolien Norther, tandis que les congénères attirés par le parc Belwind, situé plus au large, comprenaient des individus migrateurs et immatures. À plus long terme, certains oiseaux de mer peuvent également s’habituer à la présence d’éoliennes offshore. Cela pourrait être le cas pour le fou de Bassan (Morus bassanus), le guillemot de Troïl (Uria aalge) et le pingouin torda (Alca torda), qui semblaient éviter les parcs éoliens dans le passé mais qui étaient tous présents en bon nombre lors de la dernière étude de suivi.

Suivi des oiseaux marins dans un parc éolien offshore belge. ©INBO

Lorsqu’ils volent à hauteur de rotor, les oiseaux chanteurs migrateurs risquent d’entrer en collision avec les éoliennes offshore. L’intensité de la migration des oiseaux chanteurs est particulièrement élevée la nuit, comme l’ont confirmé les relevés de radar continus des oiseaux dans un parc éolien offshore belge. Le risque de collision augmente lorsque les conditions météorologiques se détériorent. Une mesure efficace pour réduire les collisions avec les oiseaux consiste à mettre temporairement les éoliennes au repos lorsque ces événements se produisent à hauteur du rotor de l’éolienne. Il a été modélisé qu’un nombre total de 682 collisions d’oiseaux chanteurs aurait été évité à l’automne 2019 si les turbines de tous les parcs éoliens offshore belges avaient été mises au ralenti lorsque le flux d’oiseaux à la hauteur du rotor a dépassé 500 oiseaux par km et par heure. Bien que nous ne sachions pas quelles espèces sont concernées, il est peu probable que ces collisions d’oiseaux chanteurs aient un effet significatif au niveau de la population. On ne sait pas encore si ce sera également le cas pour les effets cumulés de tous les parcs éoliens prévus en mer du Nord.

 

Le programme de surveillance WinMon.BE est une coopération entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et le groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand. Il est coordonné par l’équipe Écologie et gestion marines (MARECO) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.

WinMon.BE est commandé par le gouvernement fédéral dans le cadre des conditions de permis d’environnement pour les parcs éoliens offshore. Pour le suivi, on a fait appel au navire de recherche Belgica (le temps de navigation sur le RV Belgica a été mis à disposition par BELSPO et l’IRSNB -DO Nature), au navire de recherche Simon Stevin (exploité par l’Institut marin de Flandre – VLIZ) et à l’avion d’observation de l’IRSNB.

Tous les rapports scientifiques de la surveillance de WinMon.BE sont accessibles au public.

Vidéo teaser du nouveau RV Belgica

Vous avez sans doute tous entendu la grande nouvelle : le nouveau RV Belgica est bien arrivé en Belgique le 13 décembre 2021, tous les tests, formations, contrôles et paperasses ont été effectués et, surtout, les activités scientifiques ont commencé ! !!

Il est temps de nourrir l’enthousiasme des futurs utilisateurs et visiteurs, ainsi que de tous les sympathisants, avec une toute nouvelle vidéo teaser !!

 

CLIQUEZ ICI POUR REGARDER LA VIDÉO

 

L’honneur de démarrer les activités scientifiques revient à l’IRSNB : le jeudi 27 janvier, le RV Belgica a pris le large pour des programmes scientifiques sous la supervision de nos collègues Michael Fettweis (Suivi biogéochimique des particules en suspension dans des conditions limites hydrodynamiques) et Xavier Desmit (Interactions biogéochimiques entre particules et boucles de rétroaction sur le plateau continental belge).

 

Pour plus d’informations sur le RV Belgica, son programme et ses activités, veuillez consulter le site web mis à jour :

https://odnature.naturalsciences.be/belgica/en/

Vous pouvez également suivre les aventures du RV Belgica sur les médias sociaux HowBigIsBelgica :

Facebook https://www.facebook.com/HowBigIsBelgica.be/

Twitter https://twitter.com/HowBigIsBelgica

Comparaison des dimensions et de la capacité d’accueil de l’équipage et des scientifiques entre l’ancien et le nouveau RV Belgica (vidéo).

Parcs éoliens en mer : des efforts incessants de nombreux partenaires

Un an après l’achèvement de la première zone d’énergie éolienne en mer du Nord belge, les parcs éoliens offshore restent pour beaucoup un sujet sensible. Nous sommes tous conscients de l’importance de la production d’énergies renouvelables dans le contexte de la crise climatique, et les médias nous informent régulièrement de la contribution des parcs éoliens en mer à la production énergétique belge, de leur impact sur l’environnement et de la surveillance scientifique de ces incidences environnementales. Peu de gens savent cependant qu’une multitude d’acteurs sont impliqués dans le suivi des demandes de permis, dans la définition et le contrôle des règles de sécurité, dans la communication avec les personnels navigants et dans bien d’autres activités. Qu’est-ce qu’implique la création et l’exploitation d’un parc éolien, outre les aspects techniques associés à la construction et à l’entretien du site ? Qui sont ici les différents intervenants ? Quel est l’impact de la présence de parcs éoliens offshore sur la navigation ? Nous examinons dans cet article ces différentes questions, le Werkgroep Windmolenparken & CIA (Groupe de travail « Parcs éoliens » & Activités commerciales et industrielles) étant ici au cœur du dispositif.

Parc éolien dans la partie belge de la mer du Nord en vue aérienne. ©IRSNB/UGMM

Fin 2020, la Belgique confortait sa place parmi les leaders mondiaux de l’éolien offshore : la première zone d’énergie éolienne offshore belge venait d’être achevée, se positionnant d’emblée comme la plus grande zone opérationnelle au monde. Les derniers navires de soutien regagnèrent les ports et les bouées de signalisation furent enlevées. Le Plan d’aménagement des espaces marins 2014-2020 avait réservé, dans une première phase, une zone de 238 km2 le long de la frontière maritime avec les Pays-Bas pour la construction des parcs éoliens. Le chantier a démarré en 2008 et après 12 ans de travaux, cette zone d’énergie compte à présent huit parcs éoliens, avec un total de 399 turbines opérationnelles à ce jour, ce qui correspond à une capacité installée de 2,26 GW, soit une production moyenne de 8 Twh/an. Cela représente environ 10 % de la production d’électricité en Belgique, soit près de la moitié des besoins en électricité des ménages. Les parcs éoliens offshore belges apportent ainsi une contribution importante à l’objectif fixé par la Commission européenne aux États membres (directive 2009/28/CE). Pour la Belgique, 13 % de la consommation totale d’énergie – dont une partie « électricité » – devait en effet être couverte par des énergies renouvelables en 2020.

Le fait que la première zone d’énergie éolienne offshore soit à présent achevée ne signifie cependant pas que tous les usagers de la mer peuvent reprendre tranquillement leurs activités, ou que les nombreux intervenants peuvent à présent se reposer sur leurs lauriers jusqu’à la fin de la durée de vie de chaque turbine, c’est-à-dire environ 25 ans. Jusqu’à présent, la communication sur nos parcs éoliens offshore a surtout été axée sur la quantité d’énergie renouvelable ainsi produite et sur l’impact de ces installations sur l’écosystème marin (la Belgique est à la pointe en ce qui concerne le suivi et l’atténuation des incidences sur l’environnement). Il y a toutefois bien d’autres choses à dire à ce sujet. L’exploitation des parcs éoliens offshore a en effet elle aussi de nombreuses répercussions et plusieurs autres secteurs doivent en permanence tenir compte de leur présence. Dans ce contexte, toute une série d’acteurs assurent et se partagent les tâches d’octroi de permis, d’évaluation, de suivi, de contrôle et de communication, tant pendant les phases de demande que de construction et d’exploitation.

Groupe de travail « Parcs éoliens »

L’augmentation du nombre de demandes de permis et d’autorisations pour la construction de parcs éoliens offshore a mis en avant la nécessité de créer un point de contact central. Comme les compétences pour les parcs éoliens et leurs câbles sous-marins sont partagées entre de nombreux partenaires de la Garde côtière, c’est l’organe stratégique de la Garde côtière, chargé de coordonner la coopération entre différents services fédéraux, flamands et le gouverneur et de présenter des propositions et des avis aux ministres compétents qui en a été averti. Le 5 mars 2008, l’organe stratégique mettait ainsi en place le Groupe de travail « Parcs éoliens ». Ce groupe est présidé par l’Unité de Gestion du Modèle mathématique de la mer du Nord (UGMM), qui relève de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). Le soutien administratif et à la communication est, quant à lui, confié au secrétariat de la Garde côtière. Ce groupe de travail fait rapport sur ses principales activités et décisions à l’organe de concertation et à l’organe stratégique de la Garde côtière.

Le Groupe de travail « Parcs éoliens » est un « guichet unique » de services aux porteurs de projets éoliens offshore. Il apporte à ce titre une réelle valeur ajoutée dans le paysage complexe des services publics et des administrations fédérales et flamandes compétentes. Via ce groupe, toutes les parties concernées peuvent aussi obtenir facilement une vue d’ensemble du statut des différentes demandes concernant des parcs éoliens. Cette coordination présente d’autres avantages. Elle facilite l’atteinte rapide d’un consensus sur l’octroi des permis et les avis, garantit la transparence des accords conclus entre les différents partenaires de la Garde côtière et les exploitants de parcs éoliens, harmonise les tâches de contrôle et de surveillance des services publics, et favorise les collaborations et la concordance entre la communication interne et externe. Le groupe de travail apporte également sa contribution à la commission consultative du Plan d’aménagement des espaces marins.

À la suite d’une décision de l’organe stratégique de la Garde côtière du 21 février 2020, d’autres activités commerciales et industrielles ont été ajoutées aux tâches du Groupe de travail « Parcs éoliens ». Pour cette raison, il a été décidé de le rebaptiser Werkgroep Windmolenparken & CIA (Groupe de travail « Parcs éoliens » & Activités commerciales et industrielles). Cet article ne traite que des nombreuses activités des partenaires du groupe de travail dans le domaine des parcs éoliens, que nous avons regroupées sous les intitulés « Permis et conditions », « Impact sur la navigation », « Assistance à la navigation », « Respect de la réglementation et sécurité », et « Communication avec les personnels navigants ». Nous conserverons donc ici la dénomination Werkgroep Windmolenparken/Groupe de travail « Parcs éoliens ».

L’Apollo quitte le port d’Ostende avec des composants du parc éolien. ©MDK

Permis et conditions

La construction d’un parc éolien est soumise à une procédure administrative préalable qui impose entre autres aux exploitants potentiels d’introduire une demande de permis d’environnement et de concession domaniale. Les futurs exploitants doivent aussi recevoir une autorisation pour la pose de câbles en mer. Diverses enquêtes préparatoires sont ici nécessaires.

La partie belge de la mer du Nord est un écosystème fragile soumis à l’influence d’un large éventail d’activités humaines, telles que l’extraction de sable et de gravier, le déversement de déblais de dragage, la pêche, l’aquaculture, la navigation, le tourisme… et donc aussi la construction et l’exploitation de parcs éoliens. La procédure d’octroi de permis et d’autorisation pour la construction et l’exploitation d’un parc éolien est régie par la loi visant la protection du milieu marin et deux arrêtés royaux, l’un établissant la procédure d’octroi des permis et autorisations requis pour cette activité et l’autre fixant les règles relatives à l’évaluation des incidences sur l’environnement.

Conformément à ces deux AR, le demandeur doit soumettre à l’UGMM un rapport sur les incidences environnementales (RIE), qui sera mis à la disposition du public pour consultation. Si des incidences environnementales transfrontalières sont à craindre, une procédure de concertation est également organisée avec les pays concernés. C’est sur cette base que l’UGMM délivre son avis au ministre compétent pour la mer du Nord quant à l’acceptabilité du projet. La décision d’accorder ou non le permis d’environnement appartient au ministre. Ce permis impose un programme de surveillance scientifique visant à évaluer les incidences du projet sur l’écosystème marin et est assorti de conditions visant à minimiser et/ou atténuer tout impact jugé inacceptable.

Le demandeur doit également introduire une demande de concession domaniale pour la zone du projet proposée et une demande d’autorisation de pose de câbles électriques pour injecter l’énergie générée dans une Modular Offshore Grid of Offshore High Voltage Station (une sous-station à haute tension en mer qui collecte l’énergie produite par plusieurs turbines ou parcs éoliens) ou dans le réseau terrestre d’électricité. La demande de concession domaniale et d’autorisation de pose de câbles doit être introduite auprès de la Direction générale de l’Énergie du service public fédéral Économie, PME, Classes moyennes et Énergie. Ce service délivre son avis au ministre de l’énergie, qui décide sur cette base d’octroyer ou non la concession domaniale et l’autorisation de pose de câbles. Le Vlaamse Dienst met Afzonderlijk Beheer (DAB) Loodswezen (pilotage) de l’Agence des services maritimes et côtiers (Agentschap Maritieme Dienstverlening en Kust, MDK) formule des avis en ce qui concerne la localisation et l’aménagement des parcs éoliens et des parcours de câble. La Division « Accompagnement maritime » (Afdeling Scheepvaartbegeleiding) de la MDK impose des conditions particulières supplémentaires qui doivent être respectées pendant la phase préparatoire de la construction des parcs éoliens (et plus largement pour toutes les activités humaines en mer), comme une enquête bathymétrique (cartographie de la profondeur et du relief), des relevés magnétométriques (entre autres pour détecter les munitions non-explosées et les épaves inconnues) et des relevés géotechniques (structure du sous-sol).

Impact sur la navigation

Pour prévenir les échouages et autres accidents impliquant des turbines éoliennes, il est important d’établir autour de celles-ci un périmètre de sécurité. Le Groupe de travail « Parcs éoliens » a participé aux négociations du projet d’Arrêté royal sur les distances de sécurité aux côtés de la direction générale Navigation du service public fédéral Mobilité et Transports et de la MDK qui ont joué ici le rôle de locomotives. L’AR stipule qu’aucun navire ne peut approcher les turbines éoliennes à moins de 500 mètres. La pêche est donc interdite à l’intérieur de cette zone. La seule exception concerne les navires ayant reçu une autorisation préalable de la Garde côtière, notamment les bateaux de service et bateaux-ateliers des exploitants de parcs éoliens, les navires chargés de missions de contrôle ou de surveillance et les navires de sauvetage. Tout navire non-autorisé ne respectant pas ce périmètre de sécurité est passible de sanctions. Ces faits sont qualifiés d’intrusions dans un parc éolien. Ces intrusions font l’objet d’une surveillance par la Garde côtière, le Groupe de travail « Parcs éoliens » ayant participé quant à lui à l’élaboration du formulaire de notification d’intrusion.

Le Groupe de travail « Parcs éoliens » a également été associé à la préparation d’un premier dossier pour l’Organisation maritime internationale (OMI). Ce dossier a entre autres débouché sur l’adaptation de la zone d’énergie éolienne initialement délimitée, avec pour résultat un meilleur équilibre entre les routes de navigation existantes et la superficie pouvant être réservée aux parcs éoliens. La DG Navigation défend notamment les intérêts de la Belgique auprès de l’OMI. Cette direction générale, chargée de garantir la sécurité de la navigation en mer et la liberté de navigation, a en effet compétence pour l’élaboration de la législation nationale ainsi que pour la mise en œuvre de la réglementation internationale. La zone tampon de précaution (precautionary area) autour des parcs éoliens a également été définie par l’OMI (Sous-comité de la navigation, des communications et de la recherche et du sauvetage). Un dossier est pour l’instant en cours de préparation afin d’en faire une « zone à éviter » (Arear To Be Avoided), soumise à une réglementation encore plus stricte.

La construction d’une éolienne commence. ©IRSNB/UGMM

Assistance à la navigation

La création de parcs éoliens, et dans une moindre mesure, leur entretien régulier et les travaux de réparation (par ex. le remplacement des pales ou des boîtes d’engrenage), génèrent un trafic maritime important entre les ports et la zone d’énergie éolienne. Pendant la phase de construction en particulier, des navires de très grandes dimensions sont en effet impliqués dans le transport et l’assemblage des éléments des turbines et de leurs Offshore High Voltage Stations (OHVS). Le Centre de coordination et de sauvetage maritimes (Maritiem Reddings-en Coördinatie Centrum, MRCC), le service Vessel Traffic Services (VTS) de la Division « Accompagnement maritime » et Loodswezen jouent un rôle important dans la régulation et l’accompagnement de ce trafic. Ces acteurs sont habilités à délivrer des autorisations de transport maritime exceptionnel ainsi qu’à sécuriser et à fluidifier ce trafic. Les pilotes font office d’experts locaux et de conseillers auprès des capitaines de navire. Ils sont physiquement présents sur les navires de construction lors du lamanage, accompagnent les convois maritimes exceptionnels et guident les navires pendant les travaux.

Les navires de très grandes dimensions peuvent engorger momentanément les ports. Dans de tels cas, la Police de la navigation (SPN) prête assistance à la gestion de l’engorgement. Cette assistance doit toujours être demandée par l’autorité portuaire (conformément au permis) et nécessite absolument la coopération du navire lui-même, des pilotes, des responsables du trafic portuaire et dans certains cas aussi du MRCC.

Respect de la réglementation et sécurité

Des contrôles sont aussi régulièrement effectués pour surveiller le respect du périmètre de sécurité. La Police de la navigation joue ici un rôle de premier plan. Elle a pleine compétence pour faire respecter la quasi-totalité de la législation et de la réglementation maritimes. Les contrôles à bord des navires impliqués dans la construction et l’entretien des installations de la zone d’énergie, qu’ils se trouvent à l’intérieur ou à l’extérieur de ce périmètre, relèvent également de ses compétences. Il s’agit par exemple du contrôle aux frontières, ou des contrôles des membres d’équipage et des documents de bord. Pour exercer ces compétences, la Police de la navigation dispose d’une flotte. Un patrouilleur au moins est toujours disponible. Dans certains scénarios, elle peut également faire appel à la flotte aérienne de la Police fédérale.

Pour ce qui est de la surveillance des intrusions et du respect du périmètre de sécurité, la Police de la navigation travaille en étroite collaboration avec la Marine belge (Défense), la Douane (Administration générale des Douanes et Accises, service public fédéral Finances) et la DG Navigation. Ces acteurs travaillent en partenariat au sein du Carrefour de l’information maritime (MIK) de la Garde côtière et s’emploient à améliorer la « maritime situational awareness » pour les menaces potentielles de « security ». Si nécessaire, cette tâche peut associer d’autres partenaires de la Garde côtière.

Depuis l’achèvement de la zone d’énergie éolienne, le rôle de la DG Navigation se concentre de plus en plus sur la surveillance des intrusions dans les parcs éoliens. Le Service fédéral des amendes administratives est habilité à infliger des amendes aux contrevenants, même s’ils ne font pas l’objet de poursuites policières. La DG Navigation est également compétente pour dresser des PV, à l’instar de la Défense et de la Police de la navigation. En l’absence de poursuites policières, le Service des amendes administratives est donc autorisé à intervenir. Quelques navires de pêche et navires de plaisance ont déjà été condamnés à de lourdes amendes, ce qui a eu pour effet de diminuer le nombre d’intrusions.

En vue d’assurer la surveillance de la sécurité en mer, entre autres dans le cadre du contrôle et du respect des routes de navigation et des périmètres de sécurité autour des parcs éoliens, la Marine belge (Défense) met également à disposition des moyens (navires, matériel) et du personnel, et délivre des avis sur la base du point de vue de la Défense. Les préparatifs éventuels pour le déploiement de matériel militaire dans les zones d’énergie éolienne et l’utilisation de ces zones (et infrastructures) relèvent également de la mission de la Défense. Enfin, la Défense assure aussi, avant la phase de construction, le déminage des zones de construction, des parcours de câble et des routes de navigation.

Dans certaines situations, il peut s’avérer nécessaire d’imposer des périmètres ou distances de sécurité supplémentaires, en-dehors de la zone d’énergie éolienne. C’est à cette fin qu’a été créé le groupe de travail « Mesures provisoires » (Werkgroep tijdelijke maatregelen). Dans ce groupe de travail, l’UGMM, le MRCC, le SPF Économie et la DG Navigation formulent des avis sur les distances de sécurité à respecter autour des installations fixes en mer. Ces avis servent de base aux arrêtés ministériels que le ministre compétent pour la mer du Nord peut prendre s’il est d’accord avec ces avis.

Communication avec les personnels navigants

Le personnel navigant doit pouvoir disposer à tout moment d’informations précises sur l’évolution de la situation à l’intérieur de la zone d’énergie et autour de celle-ci. Pour répondre à ce besoin, le service hydrographique (Vlaamse Hydrografie) de l’Agence des services maritimes et côtiers (MDK) actualise les cartes nautiques pendant la construction des parcs éoliens, et communique des Avis aux personnels navigants lorsque des travaux peuvent temporairement avoir un impact sur la navigation. Des données bathymétriques et nautiques sont aussi régulièrement actualisées et mises à la disposition des entreprises qui ont besoin des informations les plus récentes, par exemple pour planifier la pose de câbles et leurs parcours. Des cartes détaillées sont aussi fournies pour permettre l’actualisation des Portable Pilot Units utilisées par les pilotes. Ces derniers peuvent en outre avoir accès à des plans de sondage actualisés qui garantissent la sécurité des services de pilotage. Les données hydrométéorologiques (sur les vents et les vagues par exemple) du Meetnet Vlaamse Banken sont également mises à la disposition des exploitants maritimes, qui les utilisent régulièrement, tant pendant la préparation des travaux que pendant leur mise en œuvre. Ces données complètent utilement les bulletins météorologiques qui sont également mis à disposition des navires par Vlaamse Hydrografie.

Le MRCC est pour sa part chargé de rédiger et de diffuser des messages de sécurité maritime. Il délivre également des conseils pour l’élaboration des plans de balisage et d’éclairage et vérifie ces derniers.

De leur côté, les personnels navigants doivent pouvoir aussi s’adresser aux autorités lorsqu’ils constatent des irrégularités, ou s’ils sont eux-mêmes en difficulté. Le Groupe de travail « Parcs éoliens », et surtout le MRCC, jouent ici un rôle important. Le MRCC est le point de contact pour la déclaration d’incidents, pour les conseils relatifs à l’élaboration des plans d’urgence et leur vérification, ainsi que pour l’organisation et la coordination d’exercices d’évacuation médicale. Lorsqu’un incident survient et que le Plan général d’urgence et d’intervention (PGUI) pour la mer du Nord est activé, des membres du groupe de travail jouent le rôle d’expert au sein du Poste de commandement des Opérations (PC-Ops) et du Comité de coordination provincial (CC-PROV).

L’avenir

Les travaux d’aménagement des parcs éoliens dans la partie belge de la mer du Nord sont pour l’instant terminés. Bien que les membres du Groupe de travail « Parcs éoliens » aient dû faire face à une charge de travail plus importante pendant cette phase de construction aujourd’hui terminée que pendant la phase d’exploitation actuelle, il est clair que la mission du groupe et de ses membres est loin d’être terminée et que leur contribution reste précieuse. Il en restera ainsi à l’avenir, non seulement dans le cadre de la poursuite des activités en lien avec la phase opérationnelle, mais aussi dans la perspective de la création d’une deuxième zone d’énergie renouvelable de 285 km², prévue dans le Plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026, qui a pour objectif de multiplier par trois la capacité de production d’énergie éolienne offshore belge. Le Groupe de travail « Parcs éoliens » restera ainsi un guichet unique de services pour les exploitants des futurs parcs éoliens qui seront construits et exploités dans cette deuxième zone.