Quelles sont les technologies utilisées et susceptibles d’être utilisées à l’avenir pour le contrôle et l’inspection de la pêche ? Quels sont les développements actuels et futurs en matière de contrôle de la pêche ? Comment la Belgique l’effectue-t-elle ? Que fait l’Agence européenne de contrôle de la pêche (European Fisheries Control Agency – EFCA) et comment les Gardes côtières partenaires des autres Etats Membres de l’Union européenne travaillent-ils ? Comment cette mission est-elle remplie dans la pratique ?
L’utilisation de technologies innovantes basées sur des données probantes pour la surveillance et l’inspection des pêches était le thème du troisième atelier organisé sous la présidence belge de l’ECGFF, le Forum des gardes côtières européennes, organe au sein duquel celles-ci collaborent. L’objectif était de partager les expériences et les bonnes pratiques au sein de l’Union européenne.
Du mardi 2 mai au jeudi 4 mai, les délégations se sont réunies à Bruges et ont effectué une visite du port d’Ostende. Au total, 119 participants étaient présents : la majorité d’entre eux physiquement et quelques uns en ligne. Presque tous les Etats membres de l’ECGFF ayant un littoral (soit 22) ont participé.
Piet Pieters, Président en exercice de l’ECGFF, a ouvert la réunion à Bruges en évoquant l’Histoire de la ville: « Pendant le Siècle d’Or, Bruges était une ville commerçante maritime fréquentée par les nations de différents pays européens. Il est donc symbolique que nous, nations maritimes, nous rassemblions précisément ici avec la Commission Européenne et les Agences européennes spécialisées pour établir de nouvelles collaborations tournées vers le futur. Ce dont nous parlons ici n’est pas seulement pertinent pour le contrôle de la pêche, mais aussi pour les autres missions des gardes côtières. »
Lors d’une première session, le Département de l’Agriculture et de la Pêche de la Région flamande a expliqué les possibilités actuelles et futures en matière de contrôle de la pêche et d’utilisation des données en Belgique. Une vidéo a également été projetée sur le contrôle de la pêche en Flandre et sur la manière dont l’EFCA travaille dans les eaux européennes avec son propre navire. L’EFCA a ensuite donné un aperçu des technologies existantes et de leur potentiel en matière de collecte de données pour soutenir le contrôle de la pêche. D’autres agences (EMSA et Frontex) et plusieurs participants ont partagé leurs bonnes pratiques.
L’après-midi, les participants ont visité quelques organismes de surveillance des côtes dans le port d’Ostende, dont le Sirius, l’un des navires du service Vloot Dab de l’Agence des services maritimes et de la côte (MDK) ainsi que l’Ocean Protector de l’EFCA qui jouent un rôle dans le contrôle de la pêche en mer. Enfin, ils ont visité le Centre de coordination des secours maritimes (MRCC), où ils ont assisté à une présentation sur les incidents impliquant des navires de pêche en mer.
Le jeudi 4 mai, une discussion approfondie a été consacrée à des questions pratiques et une table ronde a été organisée sur l’utilisation des données par les nouvelles technologies. La journée s’est terminée par un débriefing de l’exercice organisé par la Défense.
La Garde Côtière est une organisation unique en Belgique sui rassemble en coordonne l’expertise de 17 partenaires du secteur maritime, pour garantir la sécurité et la sûreté en mer. Le service scientifique « Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM) », qui fait partie de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), est un des partenaires.
En 2022-2023, la Garde Côtière belge préside l’European Coast Guard Functions Forum (ECGFF). En collaboration avec les agences européennes FRONTEX, EMSA et EFCA, elle organise un certain nombre d’ateliers au cours de l’année. En coopération avec la DG Mare de la Commission européenne, elle organise également un groupe de travail sur la cybersécurité et le sommet qui aura lieu à la fin du mois de septembre 2023.
Après que les dauphins à bec blanc aient été observées plus fréquemment dans les eaux belges au début du 21e siècle, l’espèce est récemment redevenue plus rare localement. En effet, les observations de groupes le 23 juin et le 14 décembre 2022 représentent les premières observations de dauphins à bec blanc vivantes dans les eaux belges depuis avril 2018. À ces deux dates, les animaux ont été observés depuis le nouveau navire de recherche RV Belgica.
Le jeudi 23 juin 2022, un groupe d’une douzaine de dauphins à bec blanc a été repéré à partir du navire de recherche RV Belgica dans la partie belge de la mer du Nord. Les dauphins ont été repérés par plusieurs membres de l’équipage à environ 5 km de la côte de Knokke, alors que le navire se rendait à sa cérémonie de baptême dans la ville de Gand. Les animaux nageaient en direction de l’ouest, émergeant régulièrement de l’eau. Des chercheurs de l’ILVO ont identifié les dauphins comme étant des dauphins à bec blanc, ce qui a été confirmé par une vidéo que le capitaine de corvette de la marine belge Ilja Van Hespen a pu prendre et qui montre le museau blanc distinctif et les marques claires sur les flancs avec une selle foncée.
Le mercredi 14 décembre 2022, les chercheurs de l’INBO et de l’IRSNB ont été les témoins privilégiés. Dans un premier temps, une dizaine de dauphins ont été repérés à environ 42 km de la côte belge (mesurés perpendiculairement à la côte, c’était au niveau d’Ostende), et étaient déjà soupçonnés d’être des dauphins à bec blanc. Ce n’est qu’un peu plus tard, lorsque deux individus se sont approchés plus près du navire, que cette hypothèse a pu être confirmée et documentée photographiquement par Hilbran Verstraete (INBO).
Aire de répartition
Le dauphin à bec blanc (Lagenorhynchus albirostris) fréquente les eaux tempérées froides et subarctiques de l’Atlantique Nord, principalement confinées à des zones de moins de 1 000 m de profondeur. Son aire de répartition s’étend de la côte est de l’Amérique du Nord (vers le nord à partir du cap Cod), en passant par le sud du Groenland et les eaux autour de l’Islande, jusqu’à la côte ouest de l’Europe, du nord de la France au Svalbard. En mer du Nord, on la trouve presque exclusivement dans les parties centrale et septentrionale, où la population était estimée à 20 000 animaux en 2016 (Hammond et al. ; 2017). Dans le sud de la mer du Nord, l’espèce se rapproche de la limite de son aire de répartition et les dauphins à bec sont plus irréguliers. Le dauphin à bec blanc est rare dans la Manche.
Plus nombreux et plus rares
Au début du 21ème siècle, en particulier entre 2003 et 2011, l’espèce semble avoir été moins rare chez nous pendant un certain temps (Haelters et al. ; 2018). Au cours de la période 2009-2018, 62 observations de dauphins à bec blanc ont été enregistrées dans la partie belge de la mer du Nord (Haelters et al. ; 2019), avec sans doute quelques doubles comptages, mais au cours des dernières années de cet intervalle de temps, le nombre d’observations a connu une forte diminution pour atteindre seulement 1-3 cas par an, avec également quelques observations juste en dehors de la zone belge de la mer du Nord (Haelters et al. ; 2016a, 2016b, 2017, 2018, 2019, 2020, 2021). Dans l’ensemble des données belges, un pic clair peut être observé dans la première moitié de l’année (janvier – mai), mais des observations de presque tous les autres mois sont également connues. Cependant, pour les années 2019, 2020 et 2021, il n’y a plus d’observations belges certaines de dauphins à bec blanc vivantes (Haelters et al. ; 2020, 2021, 2022), deux spécimens le 19 avril 2018 ont été la dernière observation. Jusqu’aux groupes du 23 juin et du 14 décembre 2022, ensuite. Le dauphin à bec blanc semble donc s’être à nouveau retiré plus au nord, peut-être une conséquence du changement climatique et de ses effets associés sur la distribution de leurs proies (IJsseldijk et al. ; 2018).
Échouages
Les dauphins à bec blanc mortes échouées sur le rivage (ou flottant en mer) sont également devenues plus rares le long de la mer du Nord méridionale. Alors qu’entre 2000 et 2013, une baleine à bec s’échouait en moyenne sur le rivage chaque année en Belgique, seuls trois cas sont connus depuis lors (le 29 novembre 2017 à Oostduinkerke, le 17 mai 2018 à La Panne et le 4 mars 2020 en mer près de Middelkerke). Une diminution des échouages a également été observée aux Pays-Bas (Keijl, 2016), après qu’il ait été noté précédemment que le grand dauphin (Tursiops truncatus) a disparu des listes d’échouages au début du 21ème siècle avec la fréquence croissante du dauphin à bec blanc (Camphuysen & Peet ; 2006). Nous ne souhaitons toutefois pas en déduire s’il existe réellement un lien entre les tendances opposées du grand dauphin (qui a récemment été observé plus régulièrement en Belgique) et du dauphin à bec blanc dans le sud de la mer du Nord.
Littérature
Camphuysen, C.J. & Peet, G.H., 2006. Whales and dolphins of the North Sea. Fontaine Uitgevers BV, ’s Graveland, The Netherlands.
Haelters, J., Kerckhof, F., Jauniaux, T., Potin, M., Rumes, B. & Degraer, S., 2016a. Zeezoogdieren in België in 2014 [Marine mammals in Belgium in 2014]. MARECO rapport 16/01. 29 pp.
Haelters, J., T. Jauniaux, F. Kerckhof, M. Potin & T. Vandenberghe, 2016b. Zeezoogdieren in België in 2015 [Marine mammals in Belgium in 2015]. Rapport BMM 16/01 – MARECO 16/03. 26 pp.
Haelters, J., F. Kerckhof, B. Rumes, M. Potin & T. Jauniaux, 2017. Strandingen en waarnemingen van zeezoogdieren en opmerkelijke vissen in België in 2016 [Strandings and sightings of marine mammals and some remarkable fish species in Belgium in 2016]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel. 30 pp.
Haelters, J., F. Kerckhof, K. Moreau, M. Potin, M. Doom & T. Jauniaux, 2018. Échouages et observations de mammifères marins et de poissons remarquables en Belgique en 2017 [Strandings and sightings of marine mammals and some remarkable fish species in Belgium in 2017]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel. 30 pp.
Haelters, J., F. Kerckhof, K. Moreau, B. Rumes, M. Potin, T. Jauniaux & D. Vercayie, 2019. Échouages et observations de mammifères marins et de poissons remarquables en Belgique en 2018 [Strandings and sightings of marine mammals and remarkable other species in Belgium in 2018]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel. 34 pp.
Haelters, J., F. Kerckhof, K. Moreau, B. Rumes, Team SeaLife, T. Jauniaux & P. Cornillie, 2020. Échouages et observations de mammifères marins et de poissons remarquables en Belgique en 2019 [Strandings and sightings of marine mammals and remarkable other species in Belgium in 2019]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel. 34 pp.
Haelters, J., F. Kerckhof, K. Moreau, Team SeaLife, E. Lambert & T. Jauniaux, 2021. Échouages et observations de mammifères marins et de poissons remarquables en Belgique en 2020 [Strandings and sightings of marine mammals and remarkable other species in Belgium in 2020]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel. 34 pp.
Haelters, J., Moreau, K., Team SeaLife, Jauniaux, T. & Kerckhof, F., 2022. Strandingen en waarnemingen van zeezoogdieren in België in 2021 [Strandings and sightings of marine mammals in Belgium in 2021]. Koninklijk Belgisch Instituut voor Natuurwetenschappen (KBIN), Brussel.
Hammond, P.S., Lacey, C., Gilles, A., Viquerat, S., Börjesson, P., Herr, H., Macleod, K., Ridoux, V. & Santos, M.B., 2017. Estimates of cetacean abundance in European Atlantic waters in summer 2016 from the SCANS-III aerial and shipboard surveys. Sea Mammal Research Unit, University of St Andrews, Scotland, UK.
IJsseldijk, L.L., Brownlow, A., Davison, N.J., Deaville, R., Haelters, J., Keijl, G., Siebert, U. & ten Doeschate, M.T.I., 2018. Spatio-temporal trends in white-beaked dolphin strandings along the North Sea coast from 1991-2017. Lutra 61(1): 153-163.
Keijl, 2016. Jaaroverzicht walvisstrandingen 2016. Gedownload van www.walvisstrandingen.nl, 28 maart 2017. Naturalis, Nederland.
Comment le Green Deal affecte-t-il le fonctionnement des gardes-côtes des différents partenaires européens ? Le Green Deal est le plan de la Commission européenne visant à rendre l’Union européenne climatiquement neutre d’ici 2050. Comment pouvons-nous rendre la sécurité et l’application de la loi dans les eaux européennes aussi vertes et durables que possible ? Quelles opportunités ce Green Deal crée-t-il pour les gardes-côtes ? Et quels défis cet engagement en faveur de la durabilité pose-t-il ?
Tels étaient les thèmes du deuxième workshop organisé sous la présidence belge de l’ECGFF, le European Coast Guard Functions Forum (Forum des gardes-côtes européens), au sein duquel les gardes-côtes de plusieurs pays européens travaillent et coopèrent ensemble.
Du lundi 17 au mercredi 19 avril, les délégations se sont réunies à Lisbonne, capitale du Portugal, où se trouve le siège de l’AESM. L’Agence européenne pour la sécurité maritime a été créée en 2002 pour rassembler et échanger l’expertise technique en matière de sécurité, d’application de la loi et de lutte contre la pollution dans les eaux européennes.
Dans son mot de bienvenue Nathalie Balcaen, présidente actuelle de l’ECGFGF, a souligné l’engagement des garde-côtes belges, qui surveillent l’une des plus courtes portions de côte en Europe, mais qui sont en partie responsables de l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde.
Lors d’une première session, des informations et de l’expertise ont été échangées principalement sur la nouvelle législation concernant le Green Deal, les défis et les opportunités pour le transport maritime, c’est-à-dire l’utilisation de sources d’énergie alternatives pour alimenter les navires, et une meilleure surveillance et un meilleur contrôle des gaz d’échappement.
Le sujet de la pollution marine a également été abordé, en particulier la prévention pour protéger l’environnement et le déploiement des ressources en cas de pollution. Comment la Garde côtière peut-elle répondre de manière adéquate à la perte de cargaison d’un navire ou à la fuite d’un réservoir de carburant ? Et surtout, comment éviter une pollution, petite ou grande ?
Carl Decaluwé, gouverneur de la province belge de Flandre occidentale, coordinateur des plans d’urgence en mer et président de l’organe de consultation des gardes-côtes belges, était l’un des orateurs les plus éminents de cette conférence.
La deuxième journée a été largement consacrée à EMTER 2.0, le rapport environnemental sur le transport maritime européen. L’atelier s’est penché sur les résultats de cette nouvelle étude réalisée par l’AESM et l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), qui ne seront pas publiés avant l’année prochaine. L’étude fait suite à la première étude de 2021 et examine les effets considérables du transport maritime sur l’environnement. Elle examine, notamment, les effets du transport maritime sur le climat, la faune et la flore maritimes, et la santé des citoyens européens.
Le prochain workshop européen se déroulera à nouveau sur la côte belge. Il débutera le 2 mai par l’exercice BELCOASTEX, qui permettra de tester différents scénarios de sécurité dans un parc éolien en mer. Du 2 au 4 mai, l’AECP, l’Agence européenne de contrôle des pêches, occupera les devants de la scène. Fin mai, les délégations se réuniront à Bruxelles pour discuter de la cybersécurité. En septembre, un événement de clôture à Knokke formulera les conclusions finales des workshops. Enfin, la présidence belge sera clôturée et transmise au Portugal.
La Garde Côtière est une organisation unique en Belgique sui rassemble en coordonne l’expertise de 17 partenaires du secteur maritime, pour garantir la sécurité et la sûreté en mer. Le service scientifique « Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM) », qui fait partie de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), est un des partenaires.
En 2022-2023, la Garde Côtière belge préside l’European Coast Guard Functions Forum (ECGFF). En collaboration avec les agences européennes FRONTEX, EMSA et EFCA, elle organise un certain nombre d’ateliers au cours de l’année. En coopération avec la DG Mare de la Commission européenne, elle organise également un groupe de travail sur la cybersécurité et le sommet qui aura lieu à la fin du mois de septembre 2023.
Aquaculture circulaire d’espèces de niveau trophique inférieur dans les parcs éoliens offshore
Le nouveau projet ULTFARMS vise à révolutionner l’application des systèmes d’aquaculture d’espèces de niveau trophique inférieur (Low-Trophic Aquaculture – LTA) en intégrant de nouveaux processus techniques, écologiques et biologiques afin d’optimiser la production dans des conditions offshore difficiles, des environnements à faible salinité et des parcs éoliens offshore. Pour ce faire, six projets pilotes d’aquaculture d’espèces de niveau trophique inférieur seront mis en place dans des parcs éoliens offshore (Offshore Wind Farms – OWF) en mer du Nord et en mer Baltique. Les projets pilotes couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur de la production de LTA dans les parcs éoliens offshore et seront menés à Belwind (Belgique), Borssele (Pays-Bas), FINO2, FINO3 (Allemagne), Anholt et Samsø (Danemark).
Au sein d’ULTFARMS, l’équipe de l’IRSNB chargée de l’écologie et de la gestion marines (Marine Ecology and Management team – MARECO) dirige le WP7 « Environmental Sustainability Assessment » (évaluation de la durabilité environnementale). L’équipe participe également à plusieurs autres tâches, offrant son expertise en écologie marine, des services de conseil sur les permis et les évaluations environnementales et la gestion des impacts cumulatifs. L’IRSNB contribuera également de manière significative au projet pilote belge.
Suivi et gestion intégrés
ULTFARMS réunira les parties prenantes de l’ensemble de la chaîne de valeur des OWF et du LTA afin de garantir la production de produits LTA respectueux de l’environnement, à faible émission de carbone et sûrs, de la conception à la commercialisation. Le projet encouragera de nouvelles structures de culture, des systèmes de culture et des mesures de conception respectueuses de l’environnement. Grâce à des plateformes intégrées de surveillance et de gestion telles que la plateforme de service HiSea et à l’utilisation de bases de données ouvertes existantes et de systèmes de prévisions opérationnelles tels que CMEMS (Copernicus Marine Environment Monitoring Service) et SeaDATANET, la planification et l’exploitation des LTA seront soutenues efficacement par le biais de services techniques améliorés.
Grâce à cette collaboration, ULTFARMS fournira des services scientifiquement fondés aux producteurs aquacoles pour la surveillance et la réduction des maladies et des espèces exotiques, la gestion des intrants et l’optimisation de la production durable, y compris l’analyse des risques.
Héritage
Le résultat final attendu d’ULTFARMS est une chaîne de production rentable, durable et écologique d’espèces de niveau trophique inférieur, telles que les algues et les mollusques, dans les parcs éoliens offshore de la mer du Nord et de la mer Baltique. En outre, le projet partagera l’expérience acquise et les innovations développées par le biais de vastes activités de communication et de diffusion, qui seront soutenues par l’implication active de cinq régions associées tout au long du projet.
ULTFARMS est un projet de 42 mois qui a débuté le 1er janvier 2023 et se termine le 30 juin 2026. Il est dirigé par Deltares, un institut indépendant basé aux Pays-Bas pour la recherche sur l’eau et le sous-sol. Le consortium du projet est composé de 25 partenaires issus de neuf pays différents. Le projet est financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon Europe de l’Union européenne dans le cadre de l’accord de subvention n° 101093888.
L’élévation du niveau de la mer met de plus en plus en avant des solutions basées sur la nature. La construction de dunes devant la digue est un exemple de solution fondée sur la nature. Celles-ci nous protègent des inondations, mais fournissent également d’autres services écosystémiques tels qu’un environnement agréable pour les loisirs, une biodiversité accrue, une réduction des nuisances dues au sable derrière les dunes, etc.
Cependant, ces solutions nécessitent elles-mêmes beaucoup de sable, alors que les ressources en sable de la mer du Nord s’épuisent rapidement. En outre, l’extraction de sable a également un impact sur l’écosystème marin. Le projet SUSANA (Sustainable Use of SAnd in NAture-based solutions) développera un modèle couplé de services écosystémiques pour peser le pour et le contre d’une dune devant la digue. Ce modèle soutiendra le développement d’une stratégie à long terme pour l’utilisation durable du sable dans des solutions basées sur la nature. Le projet se concentre sur deux aspects de la durabilité : (1) la (ré)utilisation de matériaux sableux de moindre qualité et (2) la réduction des impacts de l’extraction du sable.
Les questions de recherche spécifiques sont :
Dans quelle mesure les sources de sable alternatives peuvent-elles également fournir les fonctions et services écosystémiques nécessaires dans une dune avant la digue ?
Quel est l’impact des différents régimes d’extraction du sable sur les fonctions et les services de l’écosystème du fond sur les différents bancs de sable et sur les bancs de gravier de valeur plus éloignés ?
Sur la base de ces questions de recherche, un modèle de services écosystémiques liés sera développé, ce qui nous permettra de peser les avantages et les inconvénients de la construction d’une dune par digue et de l’extraction de sable nécessaire à cette fin, respectivement.
Le travail sur le terrain a déjà commencé. Cette vidéo(IRSNB/Vera Van Lancker) illustre le travail à bord du RV Simon Stevin (VLIZ) lors d’une campagne en mer début mars 2023 : prise de vibrocores où des échantillons de sédiments ont été extraits du fond par forage jusqu’à une profondeur de 2,5m. Pour l’IRSNB, l’objectif était de cartographier les zones d’immersion des dragues comme source alternative de sable. L’immersion laisse principalement des matériaux sableux sur le site et les matériaux fins sont emportés par les courants. Les sites étudiés se trouvaient principalement dans la zone côtière. Cependant, la qualité du sable y est considérablement inférieure à celle des zones d’extraction plus éloignées, mais elle pourrait être suffisante pour la construction de défenses côtières naturelles telles que les dunes avant les digues. La nuit, le fond marin et les couches supérieures du sous-sol ont été cartographiés à l’aide de techniques de mesure acoustique.
Le projet SUSANA a débuté en février 2023, dure 3 ans et est soutenu financièrement par VLAIO/The Blue Cluster.
L’équipe du projet se compose des partenaires suivants : Universiteit Antwerpen (coordinateur), Universiteit Gent, Katholieke Universiteit Leuven, ILVO (Instituut voor Landbouw-, Visserij- en Voedingsonderzoek) et IRSNB (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique).
Un nouveau rapport de l’European Marine Board (EMB) présente les principales lacunes en matière de connaissances susceptibles d’entraver le développement durable, équitable et responsable du secteur des énergies renouvelables en mer.
Le nouveau ‘Future Science Brief’ de l’EMB n° 9 « European offshore renewable energy : Towards a sustainable future » a été lancée le 4 avril 2023. La nécessité de réduire de manière urgente et drastique les émissions de carbone figure en bonne place dans l’agenda scientifique, politique et sociétal. L’extraction d’énergie à partir de sources renouvelables en mer est considérée comme une mesure importante pour parvenir à cette réduction des émissions de carbone.
Pour réaliser la vision du Green Deal de l’UE, la capacité installée de production d’énergie renouvelable en mer de l’Europe doit être 30 fois supérieure à la capacité installée actuelle. Cependant, dans la hâte de développer et d’installer de nouvelles installations d’énergie renouvelable en mer dans les bassins maritimes de l’Europe, les impacts environnementaux et sociaux potentiels ne peuvent pas être ignorés. Le Future Science Brief de l’EMB met en évidence les mesures à prendre pour que l’expansion de ce secteur soit gérée de manière durable, responsable et équitable.
Ce document présente l’état technique, environnemental et socio-économique du secteur des énergies renouvelables en mer, en mettant l’accent sur le développement européen. Il présente les principales lacunes en matière de connaissances, de recherche et de capacités qui doivent être comblées pour assurer la mise en œuvre durable du Green Deal de l’UE et conclut par des recommandations clés en matière de politique, de recherche, de capacités et de données pour faire avancer le secteur.
Si vous souhaitez recevoir des exemplaires imprimés de cette publication, veuillez contacter info@marineboard.eu et confirmez le nombre d’exemplaires et votre adresse postale.
L’European Marine Board (EMB) est un groupe de réflexion de premier plan sur la politique européenne en matière de sciences marines. L’EMB est un réseau qui compte plus de 10 000 scientifiques marins issus des principaux instituts marins/océanographiques nationaux, des organismes de financement de la recherche et des réseaux nationaux d’universités de tous les pays d’Europe. L’EMB offre aux organisations membres une plateforme pour développer des priorités communes, promouvoir la recherche marine et combler le fossé entre la science et la politique afin de relever les défis et les opportunités futurs en matière de sciences marines. L’État fédéral belge est représenté au sein de l’EMB par la Politique Scientifique Fédérale (BELSPO) et au sein du panel de communication de l’EMB par l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB).
L’expertise de l’IRSNB en matière de surveillance de l’impact environnemental des parcs éoliens offshore est fréquemment citée dans le nouveau EMB Future Science Brief ‘European offshore renewable energy : Towards a sustainable future’.
Nous sommes en 2035. Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les fortes précipitations, les inondations et les vagues de chaleur sont devenus la nouvelle norme dans toute l’Europe, et il est désormais essentiel de disposer d’informations océanes en temps utile pour répondre à la crise. C’est ce scénario qui a été présenté lors de l’atelier de prospective intitulé « Garantir des prévisions climatiques précises en Europe d’ici 2035 ». L’European Marine Board, soutenu par l’action EuroSea Innovation, a organisé cet atelier de prospective les 15 et 16 mars 2023 au Muséum des Sciences naturelles (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique) à Bruxelles (Belgique).
Après que le président du groupe de travail sur les questions maritimes (Working Party on Maritime Issues), Mattias Rust, représentant de la présidence suédoise du Conseil de l’UE, a planté le décor des débats, les discussions de l’atelier de prospective ont commencé par le scénario de ce à quoi le monde pourrait ressembler en 2035. Un monde dans lequel les événements « extrêmes » en Europe, tels que les fortes précipitations, les inondations et les vagues de chaleur, sont devenus fréquents et constituent la nouvelle norme. En réponse aux coûts énormes pour l’économie bleue de l’UE et au nombre de décès cette année-là, la Commission européenne, en collaboration avec les gouvernements nationaux, a mis en place un mécanisme pour discuter et identifier les moyens d’assurer la fourniture durable d’informations accessibles, opportunes et exploitables à partir du système européen d’observation et de prévision des océans afin de répondre à la crise. L’atelier a été animé par quatre intervenants qui ont décrit les obstacles juridiques à l’observation de l’océan (Erik van Doorn, GEOMAR), les défis financiers (Vicente Fernández, EuroGOOS et Ed Hill, NOC) et la valeur sociétale de l’observation de l’océan (Emma Heslop, GOOS).
Ces thèmes ont été utilisés pour décrire trois scénarios pour l’avenir en 2035 : le pire des cas, le meilleur des cas et l’avenir probable en 2035. Les participants ont examiné ce qu’un scénario optimal pourrait apporter et ce qui pourrait être perdu dans un scénario pessimiste. Les participants ont également réfléchi à ce qui doit se passer pour parvenir au meilleur scénario et aux mesures à prendre pour y parvenir. L’atelier s’est terminé par une discussion sur la manière dont la stratégie-cadre de l’EOOS et la feuille de route pour la mise en œuvre pour 2023-2027 (EOOS Framework Strategy and Roadmap for Implementation for 2023-2027) pourraient nous permettre d’atteindre le meilleur avenir possible.
Les résultats de cet atelier sont des recommandations clés pour les mécanismes de financement durable et de coordination de l’observation de l’océan, de la prévision et de la fourniture d’informations en Europe. Ces recommandations serviront à définir le cadre du système européen d’observation de l’océan (Framework of the European Ocean Observing System EOOS) dans le cadre du projet EuroSea.
Cet atelier sur invitation seulement était animé par Sheila Heymans, directrice exécutive de l’European Marine Board. Parmi les participants figuraient des représentants nationaux du Resources Forum et de l’Operations Committee de l’EOOS, des représentants de la Commission européenne, de l’initiative du G7 sur l’avenir des mers et des océans (G7 Future of the Seas and Oceans Initiative1) et de l’initiative EU4Ocean Obs (EU4Ocean Obs initiative), ainsi que des partenaires d’EuroSea tels que l’UNESCO – IOC GOOS, EuroGOOS et le coordinateur d’EuroSea, GEOMAR.
Texte et images : European Marine Board / EuroSea.
Dans leur dernier rapport annuel, les scientifiques chargés de surveiller l’impact environnemental des parcs éoliens offshore dans la partie belge de la mer du Nord mettent l’accent sur la poursuite du développement du programme et sur son expansion dans la perspective de l’augmentation de la capacité éolienne dans nos eaux. Parmi les résultats notables, citons l’absence d’impact significatif des parcs éoliens sur l’abondance des invertébrés et des poissons vivant sur les fonds sablonneux (pas d’impact négatif), la plus grande diversité des communautés d’organismes vivant au-dessus du fond dans les parcs éoliens (impact positif) et les modèles de dispersion qui permettent désormais de déterminer combien d’oiseaux marins se déplacent en raison des parcs éoliens (l’ampleur de l’impact varie selon les espèces, la plus grande sensibilité étant observée à l’extérieur des parcs éoliens existants et à venir). En outre, les connaissances sur la promotion de l’effet de récif artificiel et la réduction du risque de collision d’oiseaux et du dérangement des marsouins continuent de se développer.
Depuis la fin de l’année 2020, le nombre d’éoliennes offshore et leur capacité combinée dans la partie belge de la mer du Nord sont restés inchangés. À cette date, 12 années de construction dans la première zone d’énergie marine renouvelable de Belgique se sont achevées, donnant lieu à huit parcs éoliens avec un total de 399 turbines dans une zone de 238 km² le long de la frontière avec les eaux néerlandaises. Ensemble, ils représentent une capacité installée de 2,26 gigawatts (GW) et une production annuelle moyenne de 8 TWh, soit environ un tiers de la production brute d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables en Belgique.
Assurer la durabilité écologique des activités humaines en mer est une tâche importante pour le développement de l’économie bleue. C’est pourquoi le programme de surveillance WinMon.BE génère des informations écologiques de base dans la zone d’énergie renouvelable offshore belge depuis le début de sa construction en 2005, en se concentrant sur les impacts à différentes échelles spatiales et temporelles. L’objectif est double : quantifier les impacts attendus et inattendus et comprendre les relations de cause à effet. Les connaissances acquises jusqu’à présent ont permis d’ajuster les pratiques de construction et d’exploitation des parcs éoliens offshore lorsque cela s’avérait nécessaire, contribuant ainsi à la durabilité environnementale de la production d’énergie éolienne dans la partie belge de la mer du Nord. Tous les rapports scientifiques de la surveillance WinMon.BE sont accessibles au public.
Préparer l’expansion
Pour atteindre l’objectif européen de zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050, notre pays prévoit d’ajouter une capacité installée de 3,15 à 3,5 GW en construisant des parcs éoliens offshore supplémentaires dans une deuxième zone d’énergie renouvelable – la zone Princess Elisabeth (285 km²) – désignée dans le plan national d’aménagement des espaces marins 2020-2026. Il va sans dire que les connaissances acquises par WinMon.BE seront également appliquées à la conception et à l’exploitation respectueuses de l’environnement des futurs parcs éoliens offshore dans la zone Princess Elisabeth.
Zones d’énergie renouvelable, y compris les parcs éoliens offshore, dans la partie belge de la mer du Nord. Zone orientale = première phase pleinement opérationnelle, zone occidentale (Hinder North, Hinder South et Fairybank) = zone Princess Elisabeth (source : Plan d’aménagement des espaces marins 2020-2026).
Cependant, la Belgique n’est pas le seul pays à développer la production d’énergie éolienne dans le sud de la mer du Nord. Outre les 523 km² désignés pour les parcs éoliens offshore opérationnels et prévus dans la partie belge de la mer du Nord, 344 km² sont prévus dans la zone néerlandaise voisine de Borssele, et 122 km² dans la zone française de Dunkerque. L’expansion internationale a également des répercussions sur le programme de surveillance.
Steven Degraer (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique/MARECO), coordinateur du consortium WinMon.BE, déclare : « Les impacts écologiques cumulatifs potentiels du nombre croissant de parcs éoliens offshore dans le sud de la mer du Nord étant une préoccupation majeure, leur détection et leur compréhension deviennent un défi supplémentaire important pour WinMon.BE. Nous devons également internationaliser la coopération dans la région élargie de la mer du Nord, où les frontières nationales ont fait obstacle à une approche régionale. »
Afin d’être prêt à surveiller les impacts environnementaux du secteur croissant de l’énergie éolienne offshore dans la partie belge de la mer du Nord, le rapport WinMon.BE 2022 aborde de nouvelles connaissances sur la distribution des invertébrés et des poissons, l’identification des zones où les oiseaux marins sont les plus sensibles aux parcs éoliens offshore, la « promotion du bon » (communautés colonisatrices du substrat dur artificiel) et « l’atténuation du mauvais » (collisions d’oiseaux marins et pollution sonore pour les marsouins). Le rapport est basé sur des données collectées jusqu’en 2021.
Modèles de répartition spatiale et zones sensibles
Sur les fonds marins – épibenthos et poissons démersaux (ILVO)
Pour détecter et comprendre les effets des parcs éoliens offshore existants, et pour évaluer les effets possibles de la future zone d’énergie renouvelable, il faut d’abord documenter et comprendre la situation avant la construction. Pour l’épibenthos (invertébrés vivant sur les fonds marins, tels que certains mollusques, crustacés et calmars) et les poissons benthiques, une analyse des communautés a donc été réalisée pour l’ensemble de la mer du Nord belge. Ainsi, la distribution et l’abondance de ces organismes ont été vérifiées et des communautés d’espèces cooccurrentes ont été définies.
Il en ressort que les communautés d’épibenthos et de poissons diffèrent nettement entre la zone côtière et la zone offshore. Dans la zone côtière, deux communautés différentes habitent respectivement les sédiments vaseux et sableux, tandis que les communautés offshore sont également structurées par la topographie des bancs de sable. La zone d’énergie renouvelable existante chevauche largement les communautés d’épibenthos et de poissons au large, mais la surveillance entre les turbines n’a pas montré d’effets significatifs des parcs éoliens.
Au-dessus des fonds marins – hyperbenthos (Université de Gand)
WinMon.BE s’est également intéressé pour la première fois à l’hyperbenthos. Cette communauté se compose d’organismes vivant dans la colonne d’eau directement au-dessus du fond marin, y compris une grande variété de petits crustacés et de vers, de stades de vie d’hydrozoaires ressemblant à des méduses, et de larves de crustacés et de poissons de plus grande taille. La présence d’éoliennes (effet de récif artificiel) et l’arrêt de la pêche (effet d’exclusion de la pêche) devraient entraîner un enrichissement des communautés hyperbenthiques à l’intérieur des parcs éoliens. Pour vérifier cette hypothèse, des échantillons prélevés à l’intérieur et à l’extérieur de deux parcs éoliens offshore belges ont été comparés, chacun présentant des conditions d’habitat locales spécifiques, un type de fondation, une durée de construction et des distances différentes par rapport à la côte.
Bien que les communautés d’hyperbenthos à différentes distances de la côte se soient révélées différentes en termes de composition des espèces (plus d’espèces côtières près de la côte) et de densité (densités plus élevées près de la côte), les densités étaient systématiquement plus élevées dans les parcs éoliens que dans les sites de contrôle correspondants situés en dehors des parcs éoliens. Des différences dans la richesse des espèces (plus élevée à l’intérieur du parc éolien) et dans la structure des communautés ont également été observées plus au large. Ces résultats confirment l’hypothèse de l’enrichissement. Plus près de la côte, aucune différence dans la richesse des espèces et la structure des communautés n’a été observée.
A la surface de la mer – les oiseaux marins (INBO)
Une connaissance détaillée de la distribution des oiseaux marins est importante pour concevoir un programme de surveillance qui permette de mieux comprendre la sensibilité des différentes espèces aux parcs éoliens offshore. Sur la base des comptages effectués par bateau en mer du Nord belge entre 2000 et 2018, des modèles de distribution ont été créés pour quatre espèces d’oiseaux marins connues pour être sensibles à la présence de parcs éoliens : le plongeon catmarin (Gavia stellata), le fou de Bassan (Morus bassanus), le guillemot de Troïl (Uria aalge) et le pingouin torda (Alca torda). Ces données ont été combinées dans une carte et un indice intégré montrant où la sensibilité des oiseaux marins au développement des parcs éoliens offshore est la plus élevée.
Les modèles de distribution permettent également de quantifier le nombre d’oiseaux marins dont la distribution devrait se déplacer en raison de la présence des parcs éoliens existants et futurs. Avec environ 1 600 individus, le guillemot de Troïl est l’espèce la plus touchée en nombre absolu. En ce qui concerne les oiseaux marins, une zone a été identifiée comme particulièrement sensible au développement des parcs éoliens offshore. Cette zone se situe entre 5 et 12 milles nautiques de la partie occidentale de la côte belge, et bien en dehors de tous les parcs éoliens belges existants et futurs.
Afin de mieux comprendre les effets d’une colonisation à grande échelle des éoliennes, les communautés sur les fondations ont été comparées à celles de structures artificielles plus anciennes, notamment des épaves. Les épaves abritaient une plus grande richesse d’espèces que les éoliens (165 contre 114 espèces). Les deux types de substrat contiennent également d’autres espèces : les épaves comptaient 95 espèces uniques contre 44 pour les éoliens. Ces différences peuvent être attribuées à l’âge plus avancé et à la plus grande complexité structurelle des épaves. Le fait d’apporter une plus grande complexité structurelle aux fondations des turbines et autour de celles-ci pourrait augmenter la richesse en espèces de la communauté colonisatrice, qui est souvent considérée comme un atout des parcs éoliens en mer.
« Le mauvais » – les collisions d’oiseaux marins (IRSNB & INBO)
Les éoliennes offshore ayant une durée de vie relativement courte, des scénarios de remplacement sont déjà à l’étude pour les parcs éoliens les plus anciens. Ce faisant, les développements technologiques conduisent à des éoliennes plus grandes avec un plus grand espace ouvert entre elles. Entre-temps, le risque de collisions d’oiseaux marins – un problème important et de longue date des parcs éoliens offshore – a été évalué pour un scénario hypothétique de remplacement du premier parc éolien offshore dans les eaux belges. Pour toutes les espèces d’oiseaux considérées, le risque de collision estimé a diminué (40 % de moins en moyenne pour les turbines de 15 MW) en raison de la plus grande distance entre la pointe inférieure du rotor et le niveau de la mer et du plus petit nombre de turbines par km². L’augmentation de la hauteur du moyeu des turbines de 10 m a encore réduit le nombre prévu de collisions avec les oiseaux marins de 37% en moyenne.
Des turbines plus grandes peuvent donc permettre de réduire la mortalité des oiseaux marins. Pour les oiseaux terrestres et les chauves-souris qui migrent également par la mer, l’effet des grandes turbines est moins clair. Il est probable que des stratégies prévoyant l’arrêt des turbines en cas de forte intensité migratoire seront encore nécessaires pour réduire l’impact sur ces groupes.
« Le mauvais » – perturbation des marsouins (IRSNB, Université de Gand & VLIZ)
Un deuxième problème important et de longue date des parcs éoliens offshore est la perturbation des mammifères marins pendant les opérations de battage, où des niveaux élevés de bruit impulsif sont produits. Sur la base d’ensembles de données de surveillance acoustique passive de 2018 à 2020, y compris les périodes de construction de trois parcs éoliens offshore, il a été démontré que les marsouins communs (Phocoena phocoena) réagissent au battage des pieux sur une période allant de quelques heures à quelques jours. Les détections de marsouins ont diminué jusqu’à 20 km du site de battage de pieux. l’ampleur et la durée de la réduction diminuaient sensiblement plus les marsouins étaient éloignés de la source de perturbation.
L’utilisation de techniques d’atténuation du bruit a clairement permis aux marsouins de moins s’échapper de la zone de construction, mais la fréquence à laquelle les marsouins sont détectés à proximité immédiate d’un site de construction semble diminuer même avant le battage des pieux. Cela suggère que les efforts visant à réduire l’effet du bruit sous-marin provenant de la construction de futurs parcs éoliens offshore sur la vie marine devraient se concentrer non seulement sur la limitation des niveaux de bruit générés, mais aussi sur la durée totale de la construction.
Steven Degraer : « Il est nécessaire de poursuivre les efforts de collecte de connaissances, non seulement pour continuer à surveiller l’impact des parcs éoliens déjà construits, mais aussi pour affiner la conception et l’exploitation respectueuses de l’environnement des futurs parcs éoliens en mer. Des progrès significatifs ont été réalisés et se sont avérés applicables pour une bonne gestion de l’énergie renouvelable en mer. Cependant, de nombreuses inconnues doivent encore être levées. »
Parmi les exemples de la manière dont ces efforts en cours se traduiront dans la pratique, on peut citer une plus grande attention portée aux communautés d’invertébrés et de poissons des fonds marins (particulièrement pertinente dans la deuxième zone d’éoliennes en mer, moins étudiée), des efforts d’échantillonnage accrus pour caractériser pleinement les communautés d’hyperbenthos et renforcer la capacité statistique à détecter les impacts des parcs éoliens en mer sur ces communautés, et un affinement de la modélisation des oiseaux marins, prenant en compte d’autres espèces d’oiseaux marins et les pressions anthropogéniques, afin d’informer le processus d’aménagement des espaces marins. Le cas échéant, les mesures d’atténuation doivent être conçues et appliquées au fur et à mesure que le programme de surveillance apporte de nouvelles informations.
Le programme de surveillance WinMon.BE est une coopération entre l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), l’Institut de recherche sur la nature et la forêt (INBO), l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO) et le groupe de recherche en biologie marine de l’Université de Gand. Il est coordonné par l’équipe Écologie et gestion marines (MARECO) de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique.
WinMon.BE est commandé par le gouvernement fédéral dans le cadre des conditions de permis d’environnement pour les parcs éoliens offshore. Pour le suivi, on a fait appel au navire de recherche Belgica (le temps de navigation sur le RV Belgica a été mis à disposition par BELSPO et l’IRSNB -DO Nature), au navire de recherche Simon Stevin (exploité par l’Institut de la mer flamande – VLIZ), à plusieurs navires privés, à l’équipe scientifique belge de plongée et à l’avion d’observation de l’IRSNB.
Dans le cadre de la présidence belge du European Coast Guard Functions Forum (ECGFF), Frontex et la Police de la Navigation, avec le soutien du secrétariat de la Garde Côtière, ont organisé un atelier du 28 février au 2 mars. Avec une centaine de participants de plusieurs pays européens, des présentations intéressantes, un débat entre experts et de nombreuses possibilités de réseautage et d’échange d’expertise, ce premier événement a été un succès.
La coopération, clé du succès
Pendant trois jours, les travaux ont porté sur le thème « Renforcer les synergies intersectorielles et transfrontalières ». L’objectif principal était de partager l’expertise en matière de sécurité maritime, d’opérations multifonctionnelles et de création de synergies opérationnelles, mais aussi d’envisager d’éventuelles nouvelles collaborations pour le futur. Les 15 intervenants des différents Etats membres européens ont cité de nombreux exemples de collaborations prouvant leur utilité au-delà des frontières et des services. Une fois de plus, la coopération s’est avérée être la clé du succès.
Trois thèmes majeurs
Le workshop a abordé trois thèmes majeurs qui sont d’actualité dans les domaines de la sécurité et de la sûreté maritimes.
Le premier thème était la surveillance maritime. Des exemples de synergies dans la surveillance maritime ont été détaillées et différentes opérations réussies en coopération avec Frontex ont été examinées et une grande attention a été portée sur la formalisation du partenariat entre MAOC-N (Maritime Analysis and Operations Centre – Narcotics), la Belgique et plusieurs Etats membres européens. L’adhésion de la Belgique au MAOC-N est une étape importante pour optimiser l’échange d’informations sur le trafic de drogue et la contrebande. Le rôle du carrefour d’information maritime belge (MIK) dans la surveillance des menaces pour la sécurité a également été discuté en détail.
Ensuite, l’accent a été mis sur les opérations conjointes multifonctionnelles. Il est important d’organiser des opérations transfrontalières et interservices, d’établir des partenariats et de se renforcer mutuellement. Un échange de vues à ce sujet a eu lieu entre l’EFCA, l’EMSA et FRONTEX au cours d’un panel de discussion. L’atelier s’est également intéressé aux partenariats de collaboration dans le processus de lutte contre l’immigration irrégulière.
Le troisième volet de l’atelier était tourné vers l’avenir. Toute une série d’opportunités et de défis ont été passés en revue. Par exemple, les développements technologiques peuvent aider à améliorer l’imagerie sous-marine et des cadres juridiques adaptés sont en cours d’élaboration pour assurer une surveillance efficace des infrastructures critiques telles que les parcs éoliens, les câbles de données sous-marins et les pipelines.
La Garde Côtière est une organisation unique en Belgique sui rassemble en coordonne l’expertise de 17 partenaires du secteur maritime, pour garantir la sécurité et la sûreté en mer. Le service scientifique « Unité de Gestion du Modèle Mathématique de la Mer du Nord (UGMM) », qui fait partie de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), est un des partenaires.
En 2022-2023, la Garde Côtière belge préside l’European Coast Guard Functions Forum (ECGFF). En collaboration avec les agences européennes FRONTEX, EMSA et EFCA, elle organise un certain nombre d’ateliers au cours de l’année. En coopération avec la DG Mare de la Commission européenne, elle organise également un groupe de travail sur la cybersécurité et le sommet qui aura lieu à la fin du mois de septembre 2023.
Du 20 février au 4 mars, les toutes dernières négociations BBNJ visant à adopter un traité international pour la protection de la biodiversité en haute mer ont eu lieu à New York. L’accord a été obtenu après 17 ans de discussions et négociations intenses au sein des Nations Unies. La Belgique a joué un rôle actif dans l’élaboration et la finalisation de ce traité historique. Il sera désormais possible, entre autres, de créer des zones protégées en haute mer, en dehors des eaux territoriales.
Le nouveau traité revêt une importance capitale pour la Belgique. En tant que fondateur des Blue Leaders en 2019, notre pays est un grand défenseur de la protection de l’océan et de la conservation de ses ressources. L’adoption de l’objectif de protéger 30 % des océans d’ici 2030 lors de la COP Biodiversité à Montréal en décembre dernier constituait une première étape importante. La conclusion de ce nouveau traité pour la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ – Biodiversity Beyond National Jurisdiction) pose le dernier jalon qui permettra de procéder réellement à cette protection.
L’importance de l’océan
L’océan est essentiel au maintien de la vie sur Terre. Il est la source de nourriture et d’énergie de millions de personnes, il régule le climat et apporte de l’oxygène. Malheureusement, l’océan est menacé par la pollution, la surpêche, le changement climatique et d’autres activités humaines.
La protection de notre océan est donc essentielle pour l’avenir de la planète. L’une des principales raisons est le rôle unique que joue l’océan dans la lutte contre le changement climatique. Par exemple, il absorbe environ un tiers du CO2 émis dans l’atmosphère par les activités humaines. Cela contribue à réduire le réchauffement de la planète et à stabiliser le climat.
Vincent Van Quickenborne, ministre de la Mer du Nord : « C’est un traité historique. Une étape cruciale pour tous ceux qui se soucient de l’océan. Le traité BBNJ est pour l’océan ce que l’accord de Paris de 2015 est pour le climat. Après plus de 17 ans de négociations, nous pouvons enfin créer des zones protégées en haute mer. »
L’importance des réserves naturelles en haute mer
L’objectif du nouveau traité BBNJ est de pouvoir créer des zones protégées (reserves naturelles) en haute mer. 70 % de la surface de la Terre est constituée d’eau, dont les trois quarts se situent en haute mer et n’ont pas encore pu être protégés par la communauté internationale de quelque manière que ce soit.
Grâce à ce traité, la dernière étape a été franchie pour transformer 30 % de la haute mer en zones marines protégées d’ici 2030. Les réserves naturelles de haute mer sont des zones où les activités humaines sont strictement réglementées : la navigation durable, le tourisme nautique durable, l’utilisation durable des ressources biotiques (stocks de poissons et autres organismes marins) et abiotiques (sable, gravier, métaux, etc.), la recherche scientifique dans le respect de la nature.
Les scientifiques s’accordent à dire qu’il faut protéger au moins 30 % des zones protégées en haute mer pour que les océans soient résilients face au changement climatique. Ce taux de 30 % permettrait en effet d’atteindre le point de basculement nécessaire afin que les 70 % restants demeurent également vivables.
Sophie Mirgaux, envoyée spéciale belge pour les océans (SPF Santé publique), qui suit les négociations depuis le début en tant que membre de l’équipe de négociation de l’UE : « Ce traité change véritablement la donne en matière de protection des océans. Ce sera un défi de fournir cette protection de manière efficace dans une zone aussi éloignée de la côte. Il faudra beaucoup de moyens pour y parvenir et ce sera un travail de longue haleine. Mais c’est nécessaire, et nous devons donc nous lancer en tant que communauté internationale. »
Outre les zones protégées, le traité règle également l’accès aux ressources génétiques marines ainsi que le partage équitable des bénéfices qui en découlent, l’évaluation de l’impact environnemental des activités en haute mer, le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines. À l’instar du traité sur le climat, ce nouveau traité historique prévoit également l’organisation d’une conférences des parties (COP).
Rôle de la Belgique
Notre pays a contribué de manière active au succès des négociations sur les BBNJ, notamment en participant activement au processus et en entretenant des contacts bilatéraux avec les autres pays. L’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique a également collaboré de manière intensive : Hendrik Segers, en tant que membre de la délégation belge et de l’équipe de l’UE, a participé à l’élaboration des positions belge et européenne et était responsable des aspects concernant les ressources génétiques marines. L’importance de la finalisation du traité BBNJ a également été soulignée lors d’un événement high level que le ministre de la Mer du Nord Vincent Van Quickenborne a co-organisé à la veille de la Conférence Our Ocean 2023 à Panama. Des responsables politiques du monde entier y ont appelé à finaliser le traité BBNJ.
L’appel de haut niveau a été renforcé par l’annonce d’un financement de plus de 100 millions de dollars pour soutenir la ratification et la mise en oeuvre du traité. Cette promesse de financement a été rendue possible grâce à des institutions philanthropiques privées et publiques telles que Bloomberg Philanthropies, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), Oceans5 et d’autres. La Commission européenne s’est également engagée à verser 40 millions d’euros dans le cadre du traité BBNJ. En outre, la Commission consacre 816 millions d’euros à la recherche océanique.
En tant que Blue Leader, la Belgique va peser de tout son poids pour réaliser rapidement la première zone protégée. Cependant, certaines étapes doivent encore être franchies pour que cela soit possible.
Hendrik Segers, Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, explique : « Pour procéder à la délimitation des aires marines protégées dans les zones ne relevant pas de la juridiction nationale, la convention doit d’abord être ratifiée par les États membres de l’UE et par la Commission, et intégrée dans la législation nationale et européenne. Il sera également important pour la recherche scientifique en haute mer de connaître les conséquences de la convention ».
La Belgique candidate au secrétariat à Bruxelles
Comme c’est le cas pour d’autres conventions internationales, un secrétariat sera également créé pour la BBNJ. Il s’agira d’un secrétariat distinct, c’est-à-dire qui ne sera pas placé sous l’égide des Nations unies à New York. Ce point est important pour donner du poids au nouveau traité. En effet, il y aura un important lobby contre l’installation de zones protégées en haute mer. Un secrétariat autonome, avec son propre personnel et un budget distinct, fera office de contrepoids. La Belgique, l’un des fondateurs des Blue Leaders, est candidate à la création de ce secrétariat à Bruxelles. Cette démarche est non seulement conforme à l’engagement pris par notre pays ces dernières années, mais elle renforcerait aussi considérablement la position de la Belgique sur la scène maritime internationale.